Ce qui me stimule le plus sur JamaisVulgaire, c’est pouvoir vous parler de marques qu’on connaît depuis des années, et assister avec plaisir à leur développement, avec souvent des prises de risques qui méritent d’être saluées.
Nous suivions Léo et Violette depuis ses débuts dans la maroquinerie en 2013: tout ce savoir-faire dans le travail du cuir est une extension logique du succès de la marque dans la maroquinerie.
Quand une marque est aussi bien installée dans un domaine, c’est toujours un pari audacieux de se diversifier tout en réussissant à garder son identité. Léo&Violette l’a bien compris puisque ces baskets Doppio sont finalement disponibles après « 2 ans de réflexion et 11 prototypes ».
Voyons ensemble le fruit de cette réflexion.
Sommaire
I Léo&Violette: une marque sans intermédiaire qui a su créer une vraie identité
Nous avions déjà sorti un article assez complet sur Léo&Violette en 2015: on va vous faire ici un rapide récapitulatif. Pour en savoir plus, je vous invite à jeter un coup d’oeil à l’ancien article.
1 Un succès Kickstarter concrétisé
C’est en 2013 que Léo Dominguez et Violette Polchi commencent l’aventure avec un Kickstarter sur le Petit Cartable en s’appuyant sur:
– la fonctionnalité: Léo travaillait auparavant en tant que spécialiste Apple Store et avait remarqué l’absence de maroquinerie pouvant transporter à la fois ordinateur et tablette
– le savoir-faire: tout est fait dans un atelier napolitain avec près de 40 ans d’expérience, avec une production limitée et à taille humaine
– la qualité des matières: la marque utilise du cuir italien qui va développer une belle patine au fur et à mesure de son vieillissement.
Le Petit Cartable: fonctionnel, minimaliste et qualitatif
Le crowdfunding est un succès et permet à la marque de développer une gamme simple, avec un Petit Cartable et des sacs à dos en cuir.
2 Le développement prudent d’une DNVB de référence
Léo&Violette est une DNVB (Digital Native Vertical Brand): ce terme un peu barbare signifie que la marque est née sur Internet et qu’elle distribue en direct ses produits, sans passer par des intermédiaires, afin de proposer le meilleur rapport qualité/prix possible.
Tout comme d’autres marques comme Hast ou Atelier Particulier, le développement se fait en général de manière très prudente, avec des élargissements de gamme au fur et à mesure des saisons.
La gamme
A ces débuts, la marque compte 5 modèles:
Elle se diversifie rapidement, pour ensuite proposer notamment d’autres modèles:
Ce qu’on retient de ces élargissements de gamme successifs, c’est que Léo&Violette a su garder la même identité de marque: des designs minimalistes, de bon goût avec des matières nobles pour des produits raffinés mais qui n’en font pas trop.
C’est probablement le plus gros challenge pour une DNVB: réussir à construire un univers de marque cohérent, pour ne pas que les clients ne soient attirés QUE par un bon rapport qualité/prix (sinon, on devient simplement un achat utilitaire).
La boutique
Même pour une DNVB, il est important de permettre au client de voir et de toucher les produits, surtout lorsqu’on fait de la maroquinerie
Ce n’est par exemple qu’après s’être essayé à des dizaines de pop-ups store à Paris que la boutique en propre, baptisée Le Studio, ouvre en Juillet 2017.
Pour ceux que le développement économique de la marque intéresse davantage, Léo a livré une interview très complète sur le blog de Shopify: on y apprend notamment que Léo&Violette était en 2013 une des premières marques à être complètement transparente sur ses coûts.
3 Présentation de la ligne de sneakers
« 2 années de réflexion et 11 prototypes plus tard »: ce qu’on espérait, c’est que ces sneakers arrivent à se différencier sur le marché existant.
Au premier abord, elles se distinguent d’abord à travers leur matière et le coloris. Gros coup de coeur de notre côté pour le taupe, le camel et le khaki. On regrette en revanche que le bordeaux ne soit disponible que pour femme.
Le travail sur les couleurs se remarque aussi à travers les nuances de blanc sur les semelles Margom: un blanc classique pour les noir, taupe et bleu marine et un blanc cassé pour les khaki et camel.
En revanche, à partir d’une simple consultation du site, il est difficile de se rendre compte du travail qui a été effectué sur la forme.
Pour ça, il faut avoir la sneaker au pied: c’est ce qu’on va voir dans la partie test.
II Test du modèle Doppio Homme Taupe
Se lancer dans le marché de la sneaker, où la bataille du rapport qualité/prix est déjà assez rude, demande d’avoir un positionnement bien défini: ça serait compliqué de nos jours d’arriver avec une énième réplique de Common Projects. Voyons comment s’en tirent ces baskets Doppio.
1 La forme
La forme de la sneaker est au début déstabilisante: elle est très affinée sur le devant, presque autant qu’une chaussure de ville. Les sneakers de ce type ont généralement une forme un peu plus ronde, avec pas mal d’espace à l’avant.
Sur le papier, ça peut sembler être un mélange un peu bâtard. Dans les faits, on y prends très vite goût:
– la forme affinée: elle mets bien en valeur le pied, en l’allongeant légèrement. Je craignais au début que ça fasse un pied trop grand, mais ça reste au final parfaitement proportionné.
Ca donne en plus au pied une allure un poil plus habillée qu’une paire de sneakers classique, plus streetwear.
– un confort supplémentaire: la tige est beaucoup plus proche du dessus du pied, et ça se sent à la marche. Combinée à la semelle Margom et à un cuir souple, on arrive à une paire extrêmement confortable.
2 Le cuir hydrofuge
Il s’agit d’un daim imperméabilisé de chez Caponi Giuseppe: j’ai bien pu tester ce côté imperméable vu la météo des dernières semaines à Paris. Le cuir n’a été ni marqué ni attaqué par la pluie (bien sûr, je ne les ai par contre pas portées des heures en continu sous une averse).
Le cuir est par ailleurs souple, confortable et au grain régulier.
3 Les finitions
Léo&Violette ont trouve le bon équilibre pour à la fois éviter d’avoir une paire trop chargée, mais qui ne soit pas trop commune. On aime en particulier:
– les perforations à l’avant
– les coutures latérales
– l’empiècement en cuir pleine fleur à l’arrière
Avec cette forme un peu plus allongée et ces finitions, les sneakers Doppio se distinguent bien sans en faire trop: elles se positionnent comme des sneakers plutôt habillées.
Cette esthétique globale nous ferait presque oublier qu’elles sont dotées de semelles Margom, qu’on remarque d’habitude sur des modèles plus imposants et streetwear.
III Conseils de style: bien porter des sneakers habillées
Quand on parle de sneakers habillées, on parle de modèles qui peuvent bien s’intégrer dans un style casual chic: c’est à dire dans une tenue avec par exemple une veste et une chemise.
C’est ce qu’ont voulu faire Léo&Violette: « dessiner un modèle élégant et unisexe, que l’on porterait aussi bien en costume qu’avec un jean brut ».
Evidemment, ce n’est pas le genre de paire à porter avec un costume dans un vrai environnement formel très codifié, mais ces sneakers sont effectivement assez fines et habillées pour se porter avec un costume dans un cadre décontracté. C’est par exemple ce qu’illustre très bien l’esprit « cool tailoring » du style de Florent, de la maison de demi-mesure Confident Paris.
On vous aurait bien aussi proposé une tenue dans cet esprit là, mais on ne peut pas dire que la météo le permette actuellement 🙂
Bien porter des sneakers dans une tenue habillée
Trois critères sont à respecter pour une paire qui s’intègre bien dans ce genre de tenue:
– pas de sneakers montantes qui alourdissent la silhouette (évitez aussi les modèles type running et bien entendu les coussins d’air)
– des sneakers basses pour laisser deviner la cheville
– préférez des modèles sobres unis (vu la palette de couleurs pastels très subtiles disponibles notamment chez Léo&Violette, vous avez largement de quoi faire)
Côté pantalon:
– évitez les matières un peu trop rugueuses et orientée héritage comme du gros tweed: une paire de sneakers sobres aura l’air trop lisse en comparaison
– évidemment, ne cassez pas le pli sur les sneakers. Optez plutôt pour des revers apparents de quelques cm et une longueur feu de plancher
– privilégiez une ouverture étroite pour bien mettre en valeur la sneaker
Notre tenue d’hiver casual chic
Nous n’avons ici pas opté à proprement parler pour une tenue costume + sneakers. L’ensemble, en particulier du fait du manteau long reste tout de même dans le registre casual chic.
En haut, on porte ce manteau long en cachemire double face de chez Johnston of Elgin avec un pull en laine mérinos extra-fine et une chemise en popeline de chez Lafaurie Paris: il s’agit d’un ensemble pull col rond + chemise assez habillé du fait des matières qui restent très précieuses. Pour rester dans le même registre de matières, fines et précieuses mais texturées, j’ai choisi l’écharpe en laine et soie Atelier Particulier, qui convient bien pour une température supérieure aux 7-8 degrés.
J’ai choisi en bas le pantalon Flanelle Air de chez Le Pantalon la flannelle VBC a un pied de poule de caractère mais reste habillée car elle reste assez fine: la pièce correspond parfaitement au registre recherché.
Le gris anthracite étant une couleur plutôt neutre, il fait parfaitement l’affaire pour mettre en valeur le ton Taupe subtil de ces sneakers.
Crédits photo: Claire Solomianski
Tenue:
Manteau Johnston of Elgin (test à venir)
Echarpe en laine et soie Atelier Particulier
Chemise et pull Lafaurie Paris
Gilet Adresse (test à venir)
Pantalon Flanelle Air par Le Pantalon
Chaussettes Mes Chaussettes Rouges
Conclusion sur les sneakers Léo&Violette
Quand je propose un article sur une marque, je me demande toujours très concrètement ce qu’elle apporte de neuf au marché.
Et je dois vous avouer que ce n’était au premier abord, en m’appuyant seulement sur les photos du site Léo&Violette, pas forcément évident dans le cas des baskets Doppio. Ce n’est qu’après les avoir eu au pied que j’ai compris tout le travail qui avait été fait sur cette forme beaucoup plus fine et habillée: un pari audacieux dans le monde des sneakers mais qui permet à ce modèle de se différencier intelligemment, tout en restant dans l’identité sobre et élégante de Léo&Violette.
Si l’on s’en tient strictement au rapport qualité/prix, on a aussi une très belle proposition de valeur avec un cuir hydrofuge qualitatif, des finitions de qualité, une semelle Margom, le tout fait en Italie (et sans être un énième clone de Common Projects) pour moins de 200 euros.
Les baskets Doppio sont disponibles ici à 195 euros.