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Test&Avis Yema x Kavinsky: l’épopée des montres LED

En horlogerie, les puristes considèrent souvent que d’un côté il y a des vrais montre c’est-à-dire les automatique et mécaniques et de l’autre il y a celles qui sont beaucoup moins intéressantes et qui méritent à peine le titre de montre, en particulier celles avec un mouvement à quartz.

Sur Jamais Vulgaire, nous essayons d’aller au-delà de ces clichés (c’est la même chose pour les vêtements et les chaussures: nous avions par exemple vu il y a quelques semaines qu’un montage Blake pouvait avoir une étanchéité très satisfaisante).

De la même manière, beaucoup de montres à quartz n’ont rien à envier aux modèles mécaniques en termes de travail horloger, il suffit de regarder par exemple la gamme Grand Quartz de chez Seiko.

Parmi les montres à quartz, on peut distinguer celle avec des affichages digitaux, notamment les montres LCD et LED.

Connaissant très mal cette catégorie de montre, j’estimais jusqu’à présent qu’elles étaient plus ou moins des jouets par rapport à une montre traditionnelle, sans véritable intérêt.
La marque Yema, dont nous avons déjà parlé à de multiples reprises, m’a fait parvenir la nouvelle version de sa montre LED (sortie pour la première fois dans les années 70) élaborée en partenariat avec l’artiste Kavinsky.

En quelques mots, les finitions m’ont rapidement fait comprendre que ce n’était pas un jouet que j’avais entre les mains: c’était donc l’occasion parfaite pour faire un article complet sur l’histoire des montres LED, avant d’aborder le modèle Yema.

I Les montres LED: la révolution futuriste des années 60.

Tout commence à la fin des années 60: on y utilise déjà beaucoup des horloges digitales, créés en 1956.

Une des premières horloges digitales, par Thomas Bromley, en 1964

Et de la même manière en 1957, la marque Hamilton créé la première montre traditionnelle à aiguilles qui tourne à l’électricité, la 500. Rapidement supplantée par les montres quartz, ça sera un échec commercial

À cette époque de conquêtes spatiales et de visions futuriste, il apparaît évident aux ingénieurs de concilier ces 2 inventions et de créer des montre à affichage digital.

Le souci, c’est que les réveils LED de l’époque s’apparentent plutôt à des mini-ordinateurs et qu’ils fonctionnent avec une prise de courant : il y a donc un véritable défi technologique à relever pour faire rentrer ça dans une montre.
C’est surtout Hamilton qui s’investit dans ces recherches: la marque souffre à l’époque énormément de la concurrence des montres à quartz Seiko et elle doit montrer qu’elle est toujours pertinente en R&D. C’est le modèle Pulsar qui est ainsi propose au public en 1972: toujours dans le champ lexical de la conquête spatiale, il est présenté comme « silent as space ».
Son esthétique est d’ailleurs largement influencée par Stanley Kubrick et son film 2001 l’Odyssée de l’Espace.

Ce modèle Pulsar est vendu à l’époque 2100$ pour la version or 18 carats: en ajustant cette somme avec l’inflation, elle vaudrait en 2022 14100$.

Présentées comme les premières montres ordinateur au monde (il fallait tout de même faire tenir 3474 transistors au poignet), elles feront le gadget idéal pour le film James Bond de l’époque Vivre et laisser mourir.

Le marché des montres LED prospère jusqu’en 1977, date à laquelle Texas Instrument (la marque de vos calculatrices scientifiques au lycée) étouffe la concurrence avec une politique de prix ultra-agressive: des montres LED proposées à 9,95$.

C’est le LCD (les écrans qui s’appuient sur la réflexion de lumière de cristaux liquides à la différence de l’émission de lumière directe par des diodes) qui reprendra le flambeau aux Etats-Unis avec Timex.
Pour la petite histoire, Pulsar ,alors devenue une filiale d’Hamilton, est par la suite rachetée par Seiko qui utilisera le nom pour l’entrée de gamme de ses montres à quartz.

Yema et les montres LED

Si vous lisez le blog depuis un certain temps, vous connaissez déjà bien la marque Yema. Sinon, voici les articles que nous lui avions déjà consacré:
Test & Avis Yema: le retour des montres des pionniers
Test&Avis: la montre Yema Superman Armée de l’Air, une édition limitée originale avec du sens
Test&Avis Yema Superman Steel Bronze: un mouvement automatique français sur Kickstarter
Test&Avis Yema Rallygraf Michel Vaillant

Yema avait ainsi dans les années 70 également sorti une gamme de montres LED: il s’agissait en réalité d’une sous-gamme de sa collection UFO (dont la forme arrondie pouvait rappeler un ovni), un nom cohérent avec le champ lexical de conquête spaciale normalement associé à l’époque à ce type de montres.

Vous verrez qu’elle a très largement inspirée la gamme Yema LED sortie fin 2020. En revanche, je n’ai malheureusement pas pu trouver d’informations pertinentes sur son histoire ni d’anecdotes marquantes.

La collaboration avec Kavinsky

Pour être honnête ça fait un certain temps que je ne m’étais pas intéressé à l’actualité de Kavinsky: cette artiste appartient à la même génération que la vague électro française de la fin des années 2000 (Yuksek ou Brodinsky par exemple). Il se fait connaître par le single Testarossa Autodrive qui sort en 2007 et est choisi la même année pour faire la première partie de la tournée de Daft Punk , Alive.

Le succès est confirmé avec Nightcall, qui devient le thème principal du film Drive. Enfin, toute la génération Club Dorothée ne restera pas indifférente en écoutant Rampage, son remix d’un thème récurrent dans les batailles de l’animé Dragon Ball Z, qui ont bercé mon enfance et que je vous repartage juste par nostalgie:

Kavinsky revient en 2022 avec son album Reborn dans lequel le premier single Renegade le mets en scène jouant un zombie qui revient à la vie après le crash de sa Testarossa en 1986 (d’où le look début années 80).

Test de la montre Yema LED Kavinsky

Au-delà du simple test de la montre, vous trouverez également quelques comparaison entre cette édition spéciale Kavinsky et la version plus classique de la montre LED Yema sortie elle fin 2020.

On va le voir plus en détails, mais je trouve cette collaboration beaucoup plus juste et recherchée que le modèle classique (dont j’aime surtout le cadran).

Une montre LED en acier 316L

C’est surtout la prise en main qui surprend le plus au début: pour une montre LED, elle est plutôt lourde. On sent tout de suite que c’est une vraie montre qu’on a entre les mains et pas un vulgaire gadget électronique. Les jeux de lumière permis par les alternances de finitions polies/brossées soulignent cette première impression.

Boîtier

Dimensions

Cette forme de boîtier est forcément un peu plus exigeante en terme de dimensions pour bien s’adapter à tous les poignets (surtout aux plus petits): ici, les 42mm de longueur (corne à corne), 35mm de côté et enfin 10mm d’épaisseur permettent une montre adaptée aux petits poignets qui ne sera pas ridicule sur les poignets plus imposants.

Contraste de finition brossé/poli

Tout comme l’édition classique, le boîtier profite d’un beau jeu de lumière crée par le contraste des finitions: brossée sur l’avant du boîtier, de part et d’autres du cadran, et poli sur les côtés.

Au-delà de ce contraste, cette collaboration se différencie du modèle classique par une finition striée entre les cornes, ce qui permet d’habiller davantage la montre là où cet endroit était auparavant simplement brossé.

Fond de boîtier

Le fond de boîtier signé Kavinsky est un peu plus sobre que dans le reste de la gamme Yema (qui comporte normalement le blason de la marque): il colle bien au registre années 70 futuriste. Ce fond de boîtier est clipsé, et non pas vissé ce qui explique une étanchéité réduite à 50 mètres: chacun aura cependant compris que c’était tout sauf une montre de plongée.

Poussoir

Pour moi qui n’y connait strictement rien aux montres LED, j’ai été assez étonné de devoir appuyer sur le bouton poussoir à chaque fois que je voulais voir l’heure. Dans le fond, ça paraît en revanche assez logique pour la batterie et la durée de vie générale de la montre de ne laisser les diodes allumées en permanence.

Elle reste ainsi allumée environ 3 secondes, ce qui est suffisant pour lire l’heure mais très difficile d’en faire une photo correcte.

Si au premier abord cela m’a semblé un peu contraignant, on se surprend rapidement à prendre du plaisir à executer ce geste à la fois désuet, exclusif voire même un peu snob.

Le premier bouton poussoir sert ainsi à faire défiler les informations délivrées par les différentes fonctions de la montre:
– heures et minutes
– mois et jour (au format américain)
– secondes

Le second bouton poussoir, teinté en rouge (autre détail différenciant cette collaboration du modèle sorti en 2020), sert quant à lui à régler ces différentes fonctions.

Affichage

Contrairement à la version classique, l’affichage ne prend pas ici toute la largeur: il est entouré d’une bande noire qui permet selon moi de mieux rappeler la forme octogonale du boîtier.
L’espace réel utilisé par les diodes est en fin de compte assez réduit par rapport à la taille totale du cadran, ce qui donne pour moi un aspect global plus minimaliste, tout en étant suffisant pour la lisibilité.

Une fois rétro-éclairé, les chiffres ressortent très bien même à la lumière du jour. Cela reste en revanche étrangement difficile à restituer en photo avec mon appareil hybride: on se rend bien mieux compte de la lisibilité avec une photo de smartphone

Les 3 secondes d’affichage de l’heure ne laissent en fait pas assez de temps pour faire une mise au point correcte: les trois nuances de rouge de l’affichage ne se distinguent ainsi pas assez en photo. C’est le seul point à m’avoir vraiment agacé sur cette montre, mais cela importe peu pour un usage classique.

Une photo de smartphone est étrangement plus représentative:

Verre

Il s’agit ici d’un verre minéral, comme on pouvait en trouver sur ce genre de montres dans les années 70: il résiste bien aux rayures et dégage peu de reflets pour une meilleure lisibilité.

Entrecorne et bracelet

Le bracelet est lui aussi en acier inoxydable 316L avec finition brossée: il donne un côté plus habillé et plus sérieux à cette montre. L’entrecorne est en revanche ici spécifique à la montre: vous ne pourrez pas changer de bracelet (ce qui pour moi n’aurait pas grand sens ici).

Il est enfin réglable avec un système de goupilles (ce n’est pas le plus facile à régler mais c’est le plus répandu).

Conseils de style

Vous l’aurez compris: une montre LED se porte forcément dans une tenue décontractée. Il n’y a par ailleurs pas de différence de registre fondamentale dans les styles entre la montre argentée et la montre gunmetal. Je n’ai ainsi réalisé qu’une tenue avec la gunmetal (qui fonctionne aussi bien pour la montre argentée).

La tenue présentée ici joue à la fois sur un registre Gentleman Farmer à travers:
– la laine à chevrons de la veste
– la flanelle rouille du gurkha
– les derbies bout chasse

Elle est cependant modernisée, facilement portable en ville et surtout avec ce genre de montre années 70 grâce à
– la coupe épurée de la veste de travail
– la couleur bordeaux du pull col roulé

Je porte avec la montre Led Yema x Kavinsky:
– une surchemise en laine à chevrons de chez Soubacq (je vous en reparle prochainement)
– un pull col roulé Paris-Yorker
– notre gurkha en flanelle VBC couleur rouille en collaboration avec Maison Singulier
– des derbies bout chasse en collaboration avec CNES

Conclusion

A travers cette collaboration avec Kavinsky, Yema apporte un coup de neuf bien exécuté à sa gamme de montres LED avec des finitions plus soignées (le poussoir rouge contrastant, les stries entre les cornes, le cadran octogonal) qui donnent une vraie touche année 70 tout en créant une belle valeur ajoutée par rapport au modèle de base inspiré des Ufo LED vintage.

Si l’esthétique de cette montre à la fois retro et futuriste détonne, on est tout de même loin du gadget: son poids nous le rappelle dès la première prise en main, tout comme l’acier 316L du boîtier et du bracelet avec les alternances de finition brossées et polies.

L’affichage au fonctionnement atypique devient quant à lui un rituel amusant dont vous aurez le secret, qui suscitera la curiosité et intéressera les amateurs éclairés. Seul reproche: j’aurais apprécié un affichage de l’heure qui dure un peu plus longtemps que 3 secondes, surtout pour les photos.

Cette montre sera disponible en pré-commande sur Kickstarter à partir du 18 Mars 2022 au prix de 234€ (soit 29% de remise par rapport au prix public de 329€). A titre de comparaison, la gamme LED classique est quant à elle à 249€.

Toutes les informations sont ici.

Valery

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