Vous savez ce que je regarde en premier quand je test plusieurs fois la même marque ?
Si elle a évolué au fur et à mesure des collections, et si elle a su trouver son identité et son positionnement en se démarquant de ses concurrents. Et quand en plus ses collections évoluent significativement au fur et à mesure des années, c’est du bonus.
C’est justement ce qu’est parvenue à faire la jeune marque polonaise Poszetka: si nous l’avions présentée en 2019 comme un SuitSupply polonais, force est de constater qu’elle a réussit presque quatre ans plus tard à trouver sa propre voie. C’est ce qu’on va voir dans cet article.
Voici nos précédents tests sur la marque:
Test&Avis Poszetka: des matières estivales travaillées à un prix accessible
Test & Avis Poszetka: la marque confirme sa maîtrise du vestiaire automne-hiver
Test & Avis sur Poszetka : l’e-shop polonais sartorial et accessible
A l’occasion des soldes, Poszetka offre des frais de port pour les commandes en Europe d’une valeur supérieure à 60 euros.
Sommaire
I Poszetka: évolution de la marque
1 Ouverture de boutiques
La boutique historique de Poszetka est située à Katowice: il s’agit pour rappel de la 10è plus grande ville de Pologne (un bon équivalent français serait Lille).
Depuis la marque s’est installée dans des métropoles polonaises majeures: Wroclaw, Cracovie et évidemment Varsovie. Un joli succès en un peu moins de 4 ans.
2 MTM
Notons par ailleurs que Poszetka a depuis développé une offre de MTM, disponible uniquement en Pologne. Ca ne nous concerne pas directement mais on peut examiner les créations sur l’onglet MTM dans les stories Poszetka: une bonne manière de voir jusqu’où la marque peut aller en termes de créativité.
3 La collection
Je serai assez bref là-dessus car j’en parle en détails dans les tests plus bas, mais Poszetka s’est pour moi bien développée sur les manteaux et pantalons, avec des constructions osées (raglan croisé par exemple) et des matières affirmées.
II Test du manteau Raglan Rudolf
Lorsque je teste une marque, je cherche en priorité la pièce sur laquelle celle-ci a été la plus créative. Celle qu’on ne retrouve pas chez des concurrents et qui souligne bien toute la valeur ajoutée de la marque: il ne faisait pas l’ombre d’un doute que dans cette collection, c’était ce superbe Robe Coat.
C’est exactement le type de pièces que j’ai pu voir chez des tailleurs asiatiques (encore une fois) sans jamais vraiment pouvoir les retrouver facilement en France (ou alors dans des versions assez aseptisées avec une coupe un peu trop près du corps et toujours un boutonnage).
1 La matière: une laine 800g de chez Angelico
Une laine bien lourde dont le vert me rappelle presque de loin un tartan Blackwatch (qui aurait été trop difficile à porter sur un manteau): ici, on a un Prince de Galles qui mets bien en valeur ce vert forêt très particulier.
Son poids de 800g permets un tombé bien net et procure une sensation enveloppante très réconfortante. Un peu ce que l’on attendrait d’une robe de chambre d’extérieure en somme.
2 La coupe: les épaules raglan
Pour rappel, des manches raglan sont construites d’une seule pièce, sans couture au niveau de l’épaule. Elles suivent ainsi mieux les épaules
Les épaules raglan sont ce qui m’a convaincu à choisir ce manteau: mine de rien, c’est une finition rare, qui implique un patronage complètement différent de ce qui se fait d’habitude. Peu d’ateliers le proposent (sinon je vous en aurais probablement déjà proposé un sur une collab’), surtout avec une laine aussi affirmée et un côté Robe Coat aussi assumé (avec l’absence de boutons).
Autre remarque notable sur la coupe: les manches sont très fittées (attention donc si vous avez des superpositions très travaillées en hiver).
3 Les finitions
Poszetka joue le côté robe coat à fond avec l’absence de bouton: ce côté robe de chambre donne énormément d’allure. On peut cependant se demander si la ceinture suffit à elle seule à maintenir un côté assez enveloppant et à vous protéger du froid ?
La question se pose d’autant plus à vélo ou à trottinette, même si selon Poszetka ce manteau est parfait pour ceux d’entre vous « always on the move ».
J’ai donc fait le test à vélo, sous 2 degrés (avec tout de même en dessous une écharpe en cachemire double face). Verdict: ça passe complètement (à ma plus grande surprise).
Par contre, la ceinture se dénoue assez souvent en vélo. Il faut dire que je me contente d’un noeud très simple mais la ceinture est assez longue pour permettre des noeuds plus complexes.
La manteau raglan Rudolf est disponible ici à 574 au lieu de 718 euros
III Le pantalon en velours côtelé Alfred
Poszetka se différencie également sur les pantalons non pas sur les ceinturages qu’on peut retrouver ailleurs, mais sur l’originalité des matières. Ce velours côtelé de chez Albini en est un excellent exemple.
1 Un velours côtelé lourd de chez Albini
On a plutôt l’habitude de parler d’Albini pour des chemises, mais cette filature est plus généralement spécialisée dans le coton, y compris le velours de coton.
En plus d’être confortable et d’avoir un joli tombé grâce à son poids de 470g, ce velours est très graphique. Cet adjectif peut surprendre quand on parle de velours, tant cette matière est normalement sage et traditionnelle. Ici, c’est l’alternance de côtes épaisses et de côtes fines qui lui donne tout son caractère et ce rendu plus original et moderne.
Ca rend vraiment bien sur un pantalon car ça crée de la verticalité et ça allonge les jambes. Ca serait par contre too much sur une veste, sur laquelle on ne cherche pas de la verticalité mais à élargir les épaules.
Ce coton est tellement lourd et marqué qu’il permet un port d’un pull grosse maille (pas trop épais tout de même) rentré dans le pantalon en restant cohérent sur les matières.
2 Un ceinturage large à double patte
Il s’agit d’un ceinturage sartorial classique et bien choisi. Une patte simple avec un velours aussi affirmé aurait probablement été un peu trop grossière.
On a aussi des ajusteurs latéraux sur les côtés (que j’ai relâchés allègrement pour porter le pantalon avec une grosse maille).
3 La coupe
Il s’agit d’une belle taille haute avec une coupe assez droite et une double pinces pour plus d’aisance. Le pantalon est livré avec un revers apparent déjà fait que je n’ai même pas eu besoin de retoucher (c’était trop long sur le dernier modèle donc la longueur doit varier en fonction des coupes).
Seul point perfectible: l’ouverture à la cheville de seulement 18 cm (pour ma taille) qui gagnerait à être un peu plus grande pour éviter que le tissu ne se prenne dans des mi-bas en laine épais. C’est cela dit plus du détail car il y a tout de même au moins 1 cm de réserve de tissus à l’intérieur pour élargir à ce niveau.
Le pantalon en velours côtelé Alfred est disponible ici à 184€ au lieu de 230€
IV La chemise rayée col italien
Chez Poszetka, les tailles ne commencent malheureusement qu’au 37 slim (alors que je suis plutôt un 36.5. Ainsi le col était à la réception trop grand pour moi: ça s’est bien amélioré après deux lavages.
La chemise rayée col italien est disponible ici à 86€ au lieu de 107€
1 Le tissu
Il s’agit d’une popeline de coton plutôt douce et assez classique, je l’ai surtout choisie pour ses rayures fines et espacées qui changent un peu de ce que j’ai dans ma garde-robe.
2 Les finitions
Le col est extrêmement souple: aucun thermocollant n’est utilisé aussi bien dans le col que sur le pied de col en lui-même. C’est beaucoup plus confortable et léger, par contre il vaut mieux éviter de porter une cravate trop épaisse qui pourrait créer des plis.
Les finitions sont assez correctes pour cette gamme de prix.
– boutons en nacre Mother of Pearl et boutonnage en croix
– couture anglaise aux épaules et sur les côtés
– dernière boutonnière à l’horizontale et hirondelles de renfort
Sans se démarquer singulièrement, il s’agit d’une belle confection polonaise bien pricée.
V Les accessoires
La cravate
Il s’agit d’une cravate non doublée et roulottée main, réalisée à Macclesfield avec la technique d’impression caractéristique des cravates madder, par sérigraphie (l’envers le confirme car on voit le motif, contrairement à l’impression digitale où il reste blanc).
Côté dimension, ça reste assez classique avec une largeur de 8.5 cm.
La triplure en laine commence dès le bas de la cravate.
La cravate madder avec impression par sérigraphie est disponible ici à 102€
La pochette
Poszetka propose un large choix pochettes historiques (sur lesquelles figurent des tableaux classiques) mais aussi de plus en plus d’illustrations originales. Je préfère quant à moi m’en tenir à une belle pochette géométrique, avec des couleurs originales et une matière un peu texturée.
Il s’agit ici d’un mélange 78% Coton 20% Modal et 2% Cashmere. Elle est distribuée à 38 euros, ce qui est plutôt correct pour un motif si travaillé et des bords roulottés main.
Malheureusement, la pochette n’était plus disponible le temps d’écrire l’article.
VI Conseil de style
Tenue Héritage
Voici une première tenue surtout destinée à mettre en avant le manteau, je le porte ici avec une tenue très décontractée qui s’appuie sur des tons clairs (beige et blanc) mais sur des matières hivernales.
Les mocassins en cuir cavalry bordeaux donnent un côté habillé à l’ensemble et contrastent à la fois bien avec le blanc et le vert du manteau.
Je porte le robe coat Rudolf avec:
– un pull col roulé en laine recyclée de notre collaboration avec Paris-Yorker
– un gurkha en velours côtelé de chez Craftman Clothing
– des mocassins Boston en cuir cavalry de chez Crockett&Jones
Tenue Gentleman Farmer
Dans cette tenue, je mets en avant à la fois le manteau et le pantalon. L’association logique était avec un pull foncé qui contraste bien: le coloris bleu outremer de notre collaboration avec Paris-Yorker était un choix logique.
Ensuite, il fallait une paire de chaussures de caractère: j’ai préféré ici des chaussures basses plutôt que des bottines pour garantir un beau tombé au pantalon. Les derbies bout demi-chasse de chez CNES Shoemaker étaient un choix logique en termes de registre, et le cuir au style cuir de Russie répondait bien au velours affirmé du pantalon.
Je porte le robe coat Rudolf et le pantalon Alfred avec:
– un pull col roulé en laine recyclée de notre collaboration avec Paris-Yorker
– des derbies bout chasse de notre collaboration avec CNES Shoemaker
Tenue sartoriale
Il s’agit de la tenue la plus habillée, dans laquelle on pourrait dire que je vais un peu trop loin sur les couleurs: en réalité on s’appuie ici surtout sur des variations de bordeaux/aubergine (veste, cravate et chaussures), de vert (manteau et gants) et de bleu (cardigan). Le tout est soutenu par des couleurs plus neutres avec la chemise blanche à rayures bleues et le pantalon beige.
Pour les chaussures, j’ai choisies les richelieu cousu trépointe de notre collaboration avec CNES Shoemaker. Un cuir lisse uni aurait été un peu trop fade à côté de ce velours: ici, sa patine légère lui donne assez de consistance pour s’associer de manière cohérente au pantalon.
Je porte le robe coat Rudolf, le pantalon Alfred avec:
– la chemise col italien à rayures
– un cardigan en laine/cachemire épaisse de notre collaboration avec Paris-Yorker
– la pochette et la cravate Poszetka
– une veste d’Avenza
– des richelieu cousues trépointes de notre collaboration avec CNES Shoemaker
Conclusion
Vous l’aurez compris, Poszetka mets pour moi bien en avant ses deux forces dans sa nouvelle offre d’hiver 2022-2023: d’abord un outerwear de qualité, avec des constructions pas si faciles à trouver et des matières de caractère. Ensuite des pantalons avec une coupe réussie et des matières qu’on ne retrouve nul part ailleurs en prêt-à-porter (et peut-être dans de rares boutiques de MTM).
Les accessoires et chemises viennent en support mais on appréciera de trouver des cravates non doublées avec une vraie impression en sérigraphie pour une centaine d’euros, ainsi que des pochettes classiques bien executées aussi bien en termes de motifs que de couleurs.
Si vous voulez tenter l’expérience, Poszetka offre à présent les frais de port en Union Européenne pour tout achat supérieur à 60€.