Vous le savez, nous mettons en avant certaines marques de manière très régulières.
Pourquoi ? Grâce à une belle créativité et une capacité à se réinventer chaque saison: c’est justement ce que fait très bien Malfroid.
Nous n’allons dans cet article évidemment pas faire un récapitulatif de l’histoire de la marque, vous le connaissez bien. Voici d’ailleurs une liste complète des précédents articles pour vous y retrouver:
Présentation de la marque et test des double boucle Scapin
Test des richelieu Rosewood (été)
L’art de la patine & test des richelieu Lannistair
L’ouverture de la boutique rue Saint Honoré
On va surtout vous parler des nouveautés Automne-Hiver ici, et tester la bottine balmorale Astoria MK2, que j’ai adorée pour sa grande polyvalence.
Arthur : Petit apparté ! Pour cet article, Gustave et moi avons collaboré avec le co-fondateur de Malfroid, Victor, pour réaliser une vidéo de test sur cette paire ! N’hésitez pas à nous faire un retour dans les commentaires de la vidéo
Pour rappel, j’ai récemment lancé une chaîne Youtube avec Gustave, qui se nomme Art of Style ! Je vous encourage à nous suivre et vous abonner pour découvrir de nouveaux contenus. C’est un projet dans lesquels nous investissons beaucoup de temps et d’énergie, un commentaire ou un like nous aide énormément !
Sommaire
I Malfroid: Les petites perles de la nouvelle collection Automne/Hiver 2020
L’intérêt de vous proposer des tests de marque, c’est de vous aider à différencier les marques: de vous montrer les produits qu’on approuve et qu’on ne trouve pas ailleurs.
Deux gammes de produits remplissent ici bien ces conditions:
La gamme balmoral Astoria
C’est également ce que nous mettons en avant dans ce test. il s’agit de balmoral qu’on reconnaît grâce à l’empiècement horizontal qui divise les quartiers.
Celui-ci est doté d’un chevron, qui est la découpe en V de la couture balmoral, et qu’on ne voit que rarement sur le marché, en particulier à ce prix là (on les retrouve plus facilement chez des maisons comme Edward Green).
On trouve deux types de balmoral:
– les richelieu en cuir grainé: difficile de ne pas penser au registre formel quand on voit des richelieu noir bout droit. Pourtant, cette couture balmoral à chevrons rend la paire moins austère qu’une richelieu classique. Et le cuir grain quant à lui permet une très belle texture et une allure plus décontractée (en plus de la souplesse et du
confort de cette matière par rapport à un box calf classique).
Bref, on imagine sans problèmes cette paire en noire dans une tenue casual (et on ne parle même pas des paires marrons foncé et claires). J’éviterais en revanche des contrastes trop marqués, comme le combo jean délavé et richelieu noir.
– les bottines Astoria: l’idée était également de proposer une bottine polyvalente, assez fine et habillée pour se porter avec un costume, tout en donnant un peu plus de caractère qu’une richelieu. Elles peuvent également se porter simplement avec une tenue casual, mais qui garde une finesse certaine. On évitera ainsi tout ce qui est cargo, baggy, oversize ou encore un denim 21oz ultra bourrin.
On les trouve en marron ou en noir: je trouve les marrons bien plus faciles à porter.
Voici déjà une bonne première idée du rendu avec un pantalon de costume:
La gamme Defender
Sur un tout autre registre, beaucoup plus workwear, Malfroid introduit la gamme Defender. Si vous êtes un amateur de souliers (ou que vous avez lu notre guide des beaux souliers, vous avez forcément déjà à un moment envisagé un derby bout chasse (Split toe Derby pour les anglophones).
A travers cette gamme Defender, on a une construction similaire, mais sans le bout chasse, afin de conserver une ligne plus raffinée. Cette derbie joue en tout cas à fond le côté country, avec une semelle commando et un cousu norvégien.
C’est aussi ce que permettent le cuir grainé et surtout cette très belle édition khaki en cuir gras qui contraste bien avec le débordant marron clair et les coutures blanches (un cuir bien résistant, qu’on avait déjà testé avec Heschung).
II Notre test des bottines Astoria
La couture balmorale
C’est elle qui change un peu la donne: elle est assez basse pour qu’on la remarque bien, mais pas trop basse pour ne pas tasser la botte.
Et c’est surtout sa couture en V, le chevron, qui donne un sacré caractère au tout.
Des perforations quarter brogues sur le bout rapporté
Attention, seule la couture est perforée ici et pas le bout. Encore une fois c’est un bon compromis en terme de formalité:
-un bout fleuri aurait rendu les bottines trop affirmées et moins faciles à porter dans un cadre strictement formel
-un bout droit classique, avec une simple couture, aurait en revanche rendu la paire trop austère et sans grand intérêt pour un port casual plus marqué
Ce qui est aussi intéressant ici, ce sont les proportions équilibrées entre le bout rapporté et l’empeigne qui donnent un style intemporel, très britannique.
La forme 361
Il s’agit de la forme que nous avons testée avec chacun des modèles: une allure anglaise ronde mais qui reste adaptée aux pieds fins. Elle s’affine bien au niveau de la voûte plantaire pour mettre en avant le double cambrion en bois
Le cuir
Il s’agit d’un cuir pleine fleur box calf des tanneries du Puy: un cuir formel donc qui s’assouplira au fur et à mesure des ports. C’est le cuir par défaut qu’on retrouve sur les chaussures formelles, en particulier les richelieu noir bout droit.
Le cuir est légèrement plus fin (16mm au lieu de 17mm en général) ce qui le rend plus souple et confortable.
Montage et semelle
Voici comment elle se différencie:
–un cousu Goodyear: Un montage résistant sur lequel l’atelier portugais de Malfroid est particulièrement expert, avec un fil poissé pour favoriser l’étanchéité.
–semelle d’usure en cuir avec un tannage végétal extra-lent, qui permet une meilleure étanchéité et durabilité
–une belle lisse ronde au niveau de la voûte plantaire
Si certaines bottines peuvent avoir des talons plus imposants, ce n’est pas le cas ici. Pour rester proche de la formalité d’une richelieu, les talons ont ici la même hauteur.
Finitions
Les oeillets
Il s’agit d’une bottine huit oeillets: un bon compromis en terme de hauteur. Les oeillets sont renforcés à l’intérieur mais pas à l’extérieur (ce qui aurait surchargé le rendu de la paire).
La collaboration avec Atelier Desbois
Il est possible pour 49 euros de faire poser un patin Vibram, ainsi qu’un fer Triumph chez Atelier Desbois, une cordonnerie dans le quartier parisien des Batignolles, dont les artisans ont été formés par les compagnons du devoir. Quelle différences par rapport à un cordonnier classique ? Les voici:
– le patin Vibram: il est plus épais qu’un patin en crêpe classique ((2mm contre 1,8mm) mais aussi plus dense. Il résiste mieux à l’usure et est doté d’une excellente accroche:
– le fer vissé en laiton Triumph: il est lui aussi plus épais qu’un fer classique (2mm) et est surtout beaucoup plus couvrant, avec une surface de contact à l’avant plus importante.
III Conseils de style
1 La tenue casual hivernale
L’association col cheminée + col boutonné en oxford rayé est pour moi une valeur sûre facile à porter et plus originale que l’éternel col rond. Il faut en tout cas une chemise un minimum texturée pour bien faire echo à l’aspect très légèrement chiné de cette maille resserrée.
Le contraste entre le velours taupe très effacé et les bottines en cuir lisse est assez rare et passe plutôt bien ici.
Je porte les bottines balmoral avec:
– le pull col cheminée Paris-Yorker
– une chemise oxford rayée Octobre Editions
– un pantalon habillé en velours côtelé coton et cachemire Abensia
2 La tenue marine hivernale
J’ai joué à fond sur le style marin en portant avec le caban Cygogne Armor Lux. Ce vert est parfait pour se porter avec le tweed orangé car il rentre parfaitement dans le registre Gentleman Farmer. Les bottines Malfroid complètent encore bien le tout.
Je porte les bottines balmoral avec:
– un caban Armor Lux
– un pull col marin Paris-Yorker
– une chemise oxford rayée Octobre Editions
– un pantalon gurkha en tweed Abensia
3 La tenue sartoriale hivernale
On vous parlait de Peaky Blinders dans la vidéo: le costume trois pièces rayé fait justement bien echo à ce style. Le trench lui aussi renvoie à un coté urbain, mais aussi utilitaire et avec du caractère: coton ciré, flanelle et cuir forment un mélange efficace.
Je le porte ici avec les bottines balmoral:
– un trench coat en coton ciré Editions MR (ex Melinda Gloss)
– un costume Scavini
– une écharpe en soie sauvage Krama Héritage (disponible jusqu’au 30/11)
– une chemise La Maison de l’Homme
– une pochette Maison Bayle
– une cravate Gentlemenclover
4 La tenue sartoriale estivale
J’avais un peu peur que le costume soit dans un registre trop estival par rapport aux bottines, mais le marron box calf est au final plutôt polyvalent. Le marron très particulier de Malfroid fait d’ailleurs presque penser à du bordeaux, ce qui rappelle bien les nuances du tissu Solaro.
Je porte ces bottines avec:
– un costume solaro Blandin&Delloye (test à venir)
– une chemise Hast en popeline à rayures rouges (test à venir)
– une cravate Gentlemenclover
5 La tenue casual habillée toutes saisons
Une tenue plus casual avec le fameux Gurkha que nous avions développé avec Blandin&Delloye:
Je porte ces bottines avec:
– un gurkha en laine froide de la collaboration JamaisVulgaire x Blandin&Delloye
– une chemise Hast en popeline à rayures rouges (test à venir)
Conclusion
Une paire originale c’est bien, mais c’est encore mieux quand elle reste polyvalente et facile à porter dans de nombreux registres différents. Et c’est précisément ce que Malfroid a réussit ici avec ces bottines balmoral à chevrons.
Il s’agit d’un véritable travail d’équilibriste, très subtil, où Victor a joué à la fois sur le patronage, sur la forme et sur le cuir pour obtenir une paire qui fera un sans fautes au boulot, mais qui saura aussi satisfaire les plus puristes d’entre vous dans leurs tenues décontractées plus travaillées. Le tout en conservant les standards de qualité et le rapport qualité/prix qui caractérise la marque.
La bottine balmoral Astoria MKII est disponible ici à 345€
Crédits: merci à @lea.chamboncel pour les photos