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Test & Avis Malfroid : un soulier de puriste pour moins de 300 euros

Cela fait à peine un petit mois que l’on entame 2019 et nous vous avons déjà déniché quelques pépites qui méritent votre attention ! Nous sommes constamment à l’affût des nouveaux acteurs qui proposent des offres aux produits et services toujours plus innovants et compétitifs sur le marché.

Il y a quelques mois de cela, a ouvert une très jolie boutique qui a attiré mon attention dans le XVIIe arrondissement (tout près de la fnac avenue des Ternes) : Malfroid. Les vitrines sont belles et la boutique est située dans un angle, ce qui offre une belle perspective et un joli panorama ! Quand on s’approche un peu plus, on peut y voir de belles paires de souliers, dont les patines nous font de l’oeil.

Malfroid : Un soulier exigeant et un service complet

J’en ai pris plein les yeux, je décide donc de lui envoyer un petit mail pour lui proposer une rencontre. Ca tombe bien, Victor connaît le blog ! Le rendez-vous est donc fixé. Une petite semaine plus tard je rencontre Victor dans sa boutique. La décoration intérieure est très épurée, chaque soulier est bien mis en valeur. Rapidement, je m’aperçois que son offre est très complète, que Victor a beaucoup à proposer et à dire concernant ses souliers.

Malfroid  : L’histoire de Victor, un passionné du métier

Avant d’ouvrir sa propre boutique l’année dernière, Victor a travaillé presque une décennie pour un autre chasseur parisien ! 8 ans de bons et loyaux services dans l’ancienne boutique qui était située au même endroit. D’ailleurs, les habitués de longue date sont surpris lorsqu’ils reviennent le voir. Ils comprennent rapidement que Victor voulait proposer une alternative différente, sa vision propre du soulier qu’il a façonnée et mûrie pendant 10 ans. Il s’associe avec sont ami Thomas de Bascher, qui est également un véritable amateur de souliers. C’est lui qui s’occupe en grande partie des formes des chaussures Malfroid.

Un soulier Malfroid : C’est un soulier qui mêle tradition et confort

En discutant avec Victor, j’ai appris pas mal de choses concernant le confort d’un soulier ! Il ne propose que du cousu Goodyear, et c’est souvent un montage que l’on trouve rigide, et qui n’est pas très agréable à porter lorsque le soulier est neuf (j’en ai fais plusieurs fois l’amère expérience et certaines chaussures ont mis beaucoup de temps avant d’être confortables au port). Sauf que, il s’avère que c’est un peu plus compliqué que ça (comme à peu près tout dans la vie) ! En effet, le confort d’un soulier ne relève pas exclusivement du montage, mais également de l’épaisseur du cuir, du cambrion, de la forme, du travail sur la voûte plantaire …

C’est donc un ensemble de paramètres qui font qu’un soulier peut devenir un tank qui va démolir vos pieds ou au contraire, un soulier agile qui s’adaptera rapidement à votre pied. Victor a bien conscience que les hommes (notamment les plus jeunes) tolèrent de moins en moins ce genre de tracas.

Malfroid : Des finitions dédiées au confort

Pire encore, certains jeunes hommes qui n’ont jamais rien porté d’autre que des sneakers, font l’amer expérience d’un pied martyrisé lorsqu’ils chaussent un soulier de cuir un peu trop rigide pour la première fois (et souvent à raison, je me souviens moi même être passé par ce moment-là sans grande joie). Tout d’abord parce que leur pied n’est pas habitué à la peausserie d’un cuir, mais surtout parce que très souvent, les marques de référence ont un peu de retard sur le sujet et proposent des modèles super rigides.

J’en ai fais l’expérience récemment avec la plus belle paire de souliers de ma collection : mes Oxfords noires Carmina. Elles sont superbes, le rapport qualité/prix est dingue et c’est ma véritable première paire de luxe, mais il faut bien avouer que j’ai bien souffert les premiers ports (même en les portant par demi-journée).

Pour réussir le pari de proposer un soulier en cousu Goodyear qui soit confortable rapidement, Victor s’est entêté à travailler plusieurs petits détails qui font la différence. Tout d’abord il utilise un cuir de 16 mm d’épaisseur, qui est légèrement plus fin ( pas trop non plus pour ne pas impacter la qualité et la longévité de la peausserie) qui permet à la peausserie du soulier d’être plus souple, et ainsi de se faire bien plus vite aux formes de votre pied.

En plus de cela, ses souliers possèdent un double cambrion en bois. Il est souple et permet d’obtenir plus de confort. On note également un gros travail sur la voûte plantaire et les formes, pour que lorsque vous soyez en marche, votre pas soit agréable. Pour avoir marché avec, il faut bien reconnaître que ça reste confortable, même après 20 minutes de trajet à pied.

En plus d’avoir bien bossé sur le confort de ses chaussures, Victor ne fait pas d’économies sur les peausseries. Ce qui signifie que, chaque partie du soulier est composée par un cuir de veau pleine fleur. Comme ça, on n’a pas de mauvaise surprise, il n’y a pas de cuir creux. Ca évite les déconvenues auprès des clients.

Victor assume un soulier utilitaire, On ne trouve donc pas de semelle cousu sous gravure. Bien que je sois le premier à reconnaître que c’est une belle finition, il faut bien avouer que c’est également un peu fragile. Ca peut se dégrader rapidement, notamment lorsqu’il pleut à verse et que vous ne portez pas de patin. Au lieu de ça il a préféré reporter le coût dans une semelle plus solide.

Une offre large et complémentaire

Comme je le disais un peu plus haut, la boutique Malfroid a beaucoup à offrir. Une offre particulièrement large et complémentaire qui propose un service particulièrement pointu. Commençons par l’essentiel : sa gamme de souliers.

Elle est fabriquée par un petit atelier familial au Portugal, et les cuirs sont issues de tanneries françaises (Du Puy et Annonay pour les cuirs lisses) et l’anglais Steed pour les velours.

Malfroid : des modèles essentiels et des modèles plus sophistiqués

Chez Victor, vous trouverez des souliers de ville (quelques oxfords, quelques derbies, des monks à tomber par terre) mais également quelques modèles qui régaleront les puristes du genre comme des balmoral boots, des brogues boots, des chelsea … Il n’y a que les mocassins qu’on trouve en petit nombre (un modèle qui se décline en deux couleurs) mais vu la saison, ça n’a rien de très étonnant !

En plus de trouver de nombreux modèles, on trouve surtout de nombreuses formes, pour couvrir un maximum de pieds différents. Il y a un gros travail sur le bout, qui est racé et plus bas que d’ordinaire (afin de travailler au maximum les formes comme chez un bottier plus traditionnel).

  • Pour les Richelieu il propose deux formes : la 533 qui possède un bout rapporté (une allure plus effilée) et la 361 dont les formes sont plus rondes (les amateurs du style anglais seront ravis).
  • Concernant les derbies, on retrouve la forme 533, à bout rapporté sur trois oeillets
  • Les mocassins quant à eux possèdent leur propre forme : la 374 à bout rapporté
  • Pour les bottines on retrouve la forme arrondie 361 ainsi qu’une autre forme plus arrondie encore : la 363

Victor propose tout juste un nouveau modèle de richelieu audacieux (que nous pouvons désormais vous annoncer) : Le Jacques. Un modèle qui rend hommage à l’oncle de Thomas (l’associé de Victor) : Jacques de Bascher. Un dandy parisien, qui fréquentait le beau monde de la mode (dont Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld qui l’affectionnait particulièrement). M. De Bascher était quelqu’un de particulièrement élégant, et cela leur tenait à cœur, de lui rendre honneur. Un soulier raffiné qui ravira les calcéophiles ! Le Jacques se porte en cuir lisse, tout comme en veau velours.

 

Une offre de patine réalisée par un compagnon du devoir

Bien que les patines proposées soient de très bon goût, Victor propose également à ses clients de pouvoir patiner leurs souliers sur demande. Elle est réalisée par un compagnon du devoir et le résultat parle de lui même (je vous laisse une photo un peu plus bas). Personnellement je vous recommande une patine marron/chocolat, très subtile avec simplement quelques reflets !

Un service facturé 70 euros, en plus de votre paire de souliers « vierge » de patine.

Un service de cordonnerie bottier dirigée par un compagnon du devoir

La marque Malfroid ne fait pas les choses à moitié, et propose un service de cordonnerie d’excellence, réalisé également par un compagnon du devoir dont c’est le métier. Il propose donc un beau patin type bottier pour la modique somme de 39 euros, auxquels vous pouvez ajouter 9 euros pour la pose de fers ou un patin crêpe.

Un travail très propre, solide et plus résistant qu’un patin topy classique.

Des accessoires et de la petite maroquinerie

En plus de tout ce que je viens de vous présenter, on trouve également quelques accessoires en cuir très intéressants chez Victor. Tout d’abord, il propose quelques paires de gants Atelier Particulier (au même prix que sur le site bien entendu) que l’on peut voir et essayer en vrai ! Il suffit de se rendre dans sa boutique et de lui demander. Une opportunité à ne pas manquer pour ceux qui peuvent s’y rendre, car c’est impossible de les voir ailleurs.

On trouve également plusieurs bracelets de montre provenant de chez Joseph Bonnie !

Test Malfroid  : La double boucle Scapin marron café

Difficile de faire un choix, plusieurs modèles me plaisaient vraiment (et ça n’arrive pas souvent). Cependant, en naviguant sur le site avant de rencontrer Victor, un modèle m’avait tapé dans l’oeil : la double boucle Scapin marron café.

Ca fait maintenant 2 ans que je suis en quête de la double boucle parfaite. Un modèle qui convient à mon pied, avec de jolies finitions, une belle forme et surtout une patine marron foncée, avec de jolies reflets un peu plus sombres. Quand je suis tombé sur la photo, il semblait qu’à priori ce modèle remplissait tous mes critères !

En discutant avec Victor, il m’explique que d’ordinaire les monks sont maintenues par les boucles. Une manière de faire qui pose problème. En effet, avec ce système, les boucles sont mises sous tension permanente et il n’est pas rare qu’elles sautent ou s’abîment. Pour palier ce problème, il a décidé de  repenser le chaussant, pour qu’il maintienne lui même le pied, plutôt que de laisser les boucles faire tout le travail ! Une petite « révolution » technique qui a son charme.

La forme ronde 361

Jusqu’ici les vendeurs passaient leurs temps à me dire que j’ai un pied fin, et que je ne pourrais jamais chausser une forme arrondie, qu’il fallait que j’oublie les anglaises. J’avais fini par me faire à l’idée, jusqu’à ce que Victor viennent réveiller la flamme ! Je n’ai pas un pied fin me dit-il, simplement le coup de pied démarre un peu plus tard, et donc la partie supérieure avant de mon pied a tendance à flotter légèrement dans mes souliers (ou alors le reste est trop étroit).

Une fois en boutique, j’essaye la paire, dans ma taille habituelle et je tombe très bien dedans. Miracle, j’arrive à chausser une forme arrondie pour la première fois ! A peine devant la glace, je comprends que le modèle Scapin (en forme 361) est l’élue. Je n’ai pas essayé les autres formes car celle-ci me convient à merveille, je me sens bien dedans et la forme de mon soulier est plus arrondie que ce que je porte d’ordinaire.

Le cuir et sa patine

Comme je le disais en introduction, le cuir provient d’une tannerie française réputée, et il possède une largeur de 16 mm, il est donc légèrement plus fin que ce qu’on peut trouver sur le marché. Il est ainsi plus maléable, moins rigide et donc le pied est moins malmené !

Tout le soulier, y compris les parties cachées, sont façonnés avec le même cuir de veau pleine fleur. Enfin, j’ai un gros faible pour la patine marron café, que je trouve parfaitement équilibrée. Elle n’est ni trop foncée (comme ça on peut la porter dans une tenue décontractée) ni trop claire (pour que ça puisse passer avec un costume bleu marine). C’est probablement le marron le mieux réussi que j’ai croisé jusqu’alors. Victor a gentiment proposé de glacer le bout avant ainsi que la tige arrière, pour accentuer la profondeur de la patine.

Les finitions

Je présente ici les finitions propres à ce modèle, auxquelles doivent s’additionner celles mentionnées plus haut, qui sont présentes sur toute sa collection.

le cousu Goodyear

Réputé pour être plus solide (notamment face à la pluie) que le cousu Blake, le cousu Goodyear permet également le ressemelage d’un soulier au bout d’un certain temps ! Le problème : c’est qu’il est très rigide, et qu’il demande du temps avant de se faire aux pieds (parfois une quinzaine de port pour les plus durs d’entre eux).

Comme je le disais plus tôt, Malfroid s’est vraiment concentré sur ce désagrément, pour proposer un soulier le plus confortable possible, en dépit du montage Goodyear. J’ai donc porté les monks 4 fois avant le shooting, et elles étaient parfaitement confortables au bout du troisième port. Le premier port était inconfortable (mais pas douloureux) et cela s’est nettement amélioré au fur et à mesure. Pari tenu !

les boucles

Elles sont fines, rectangulaires mais légèrement arrondies. On se rend compte qu’il y a un vrai boulot sur le travail des formes de la Scapin proposée par Malfroid. La plupart des monks proposent des boucles carrées en laiton un peu vilaines, ici c’est du travail raffiné sur la forme, et les boucles sont argentées (ce qui est nettement plus beau que le laiton).

les surpiqûres

La paire de double boucle est unie, et ne propose pas de bout fleuri ou de perforation et c’est tant mieux. Personnellement je trouve que ce modèle doit se porter très épuré, car le modèle en soi sort déjà bien des sentiers battus pour une paire de chaussures formelle.

la tige

On note également une tige bien travaillée sur l’arrière du soulier. On trouve généralement des tiges droites, or ici elle se retrouve en biais sur la partie haute ! Une petite finition sympathique qui ajoute une petite touche de caractère discrète à l’ensemble.

 

Conseils de style : La monk à double boucle est un modèle polyvalent

À mes yeux, les double boucles sont un modèle à mi chemin entre une paire de richelieu et une paire de derby. Elles se glissent très facilement sous un costume, tout comme un jean ou un pantalon habillé ! C’est pour cela que c’est probablement mon modèle préféré, car je peux les assortir avec presque toutes mes tenues, et en toute saison (contrairement à d’autres modèles qui sont disponibles qu’en hiver comme les bottines ou qu’en été comme les mocassins).

Une tenue formelle : Un combo facile pour le bureau

Un pardessus chesterfield bleu marine, un pantalon en flanelle grise : des pièces principales sans prise de risques. On ajoute des accessoires colorés pour relever le tout et insuffler un peu de caractère dans la tenue ! La tenue est sobre, formelle, et les souliers ne dénotent pas.

Quand on se rapproche d’un peu plus près, on peut voir que la composition des matières n’est pas choisie au hasard : du cachemire, de la laine, et de la flanelle de laine. Des matières lourdes et chaudes qui sont toutes cohérentes et qui amènent un joli travail de texture, en plus de vous tenir à l’écart du froid ! On ne trouve pas de motif, mais cela pourrait très bien être le cas, sur le pantalon par exemple (un petit Prince de Galles fondu ou une rayure craie discrète).

Une tenue plus décontractée mais qui reste habillée

Je troque le pantalon en flanelle pour un pantalon habillé en denim brut, et une paire de chaussettes plus colorée, pour amener un peu de caractère à l’ensemble ! Très simple à faire, facile à porter, il suffit d’ajouter un blouson en cuir, une veste ou bien un manteau ou simplement un pull d’une autre couleur et le tour est joué ! Vous présentez une tenue casual habillée, qui en impose.

Conclusion sur Malfroid

Difficile de trouver des choses à redire pour le moment … Victor n’a pas lancé sa marque Malfroid par hasard. C’est la maturation d’une dizaine d’années de service dédiées aux pieds de ces messieurs. Un joli cuir qui tient la route, une approche contemporaine du soulier, un service irréprochable proposé par des compagnons du devoir … Ça fait beaucoup pour un soulier à moins de 300 euros Surtout quand on sait qu’on peut l’essayer directement depuis sa boutique du XVIIe arrondissement, près des Ternes.

Photos par Iléna Théa Khim, @ilenaatheakim

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