Plus le temps passe, et plus nous découvrons de marques aux offres toujours plus intéressantes et pertinentes. L’offre du marché de la mode masculine ne cesse de s’étoffer, au point qu’elle commence à être considérable. On compte désormais beaucoup d’acteurs, qui rivalisent d’idées originales pour se démarquer ! Cependant, cela devient difficile : les hommes s’éduquent au vêtement et deviennent continuellement plus exigeants. C’est donc toujours une agréable surprise quand on découvre une marque comme Lopez Aragon qui propose une offre qui nous plaît beaucoup et qui arrive surtout à nous surprendre !
Sommaire
Lopez Aragon : Un style classique au service d’une offre contemporaine
Il y a quelques mois de cela, j’ai repéré une petite marque via Instagram : Lopez Aragon. En arrivant sur leur site (assez original d’ailleurs) j’ai été percuté par le parti-pris stylistique. Ils proposaient des pièces d’inspirations sartoriales, très classiques, tout en étant d’un goût moderne et original.
Dis comme cela, ça semble facile et évident, sauf que je ne compte plus le nombre de marques qui proposent de belles pièces bien faites, mais dont le style et la coupe sont terriblement vieillottes. Même dans le choix des tissus, ça sent la poussière et franchement hormis mes grands-parents, personne ne serait prêt à porter cela. C’est souvent dommage car on trouve de belles pièces, réalisées par de beaux ateliers, mais ça ne suffit plus aujourd’hui.
Un vestiaire sartorial : l’assurance de pièces solides et de belles matières
Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas familiers avec l’adjectif « sartorial », c’est un néologisme qu’on utilise depuis quelques années maintenant, pour parler de l’art tailleur. Concrètement, on l’utilise aujourd’hui pour définir un style précis, celui qui s’inspire des techniques du tailoring. On le retrouve à travers plusieurs éléments de style : les revers généreux, la construction artisanale du costume, les pinces sur un pantalon, le pli central, les pattes de serrages ..
En fait, le style sartorial c’est simplement l’accumulation de finitions et de détails luxueux qui en disent long sur la qualité de confection d’un vêtement. Certaines finitions sautant aux yeux, d’autres non. Mais, il faut bien avouer qu’un vêtement réalisé selon l’art sartorial crève forcément les plafonds sur le plan de la qualité, et cela se ressent visuellement ! C’est donc souvent l’assurance d’un atelier qualifié et de matières de qualité.
Prenons un exemple simple, la taille d’un pantalon. À priori vous me direz que ce n’est pas une finition déterminante sur le style, qui ne détermine pas la qualité d’une confection. Sauf que, voici la démonstration :
La plus courante manière de fabriquer un pantalon aujourd’hui, c’est de le doter de passants ceintures (qui ornent 9 pantalons sur 10 dans le marché de la mode masculine). La tendance est aux tailles basse, voilà donc ce qu’on trouve dans la plupart des cas :
C’est basique, efficace et c’est parfait lorsque vous portez une ceinture. Mais pour ceux qui désirent aller plus loin en termes de style, ça peut paraître un peu fade et ordinaire. Or ce que j’aime bien dans le style sartorial, c’est qu’ils proposent également des pantalons munis de passants ceinture, mais avec un peu plus de caractère et de finitions : une taille haute, un ardillon, des passants plus larges, et une fermeture à bouton travaillée comme ceci.
Sauf que ça ne s’arrête pas là, on peut aller bien plus loin et proposer des choses avec un caractère et un style nettement plus pointus et prononcés comme le fait Lopez Aragon en proposant un de ces fameux pantalons Gurkha.
Ou bien différentes formes, toujours sans passants de ceinture car vous connaissez, l’adage : » gentlemen don’t wear belts« . Voici un autre exemple de taille très inspiré.
Que cela plaise ou non, vous conviendrez aisément que ça ne laisse personne indemne. L’allure du pantalon, de votre taille et surtout de votre style en est tout autre. Vous ne verrez jamais cela dans les marques grand public, car leurs usines sont tout simplement incapables de réaliser cela.
J’ai pris l’exemple du pantalon, mais c’est valable pour toutes les pièces de Lopez Aragon. On retrouve un style et des finitions de qualité sur les vestes de costume, sur les sahariennes, sur les chemises … C’est l’ensemble de son vestiaire qui propose des pièces travaillées et originales qu’on ne retrouve pas ailleurs.
Un style sartorial résolument moderne
Selon moi, le vrai risque des marques qui proposent un style sartorial, c’est de ne pas réussir à proposer quelque chose de moderne, qui puisse faire rêver une génération de client plus jeune, qui n’a pas les mêmes goûts et les mêmes références que leur clientèle classique.
Sur ce point là, Lopez Aragon s’en sort plutôt bien et propose des pièces iconiques revisitées comme le teddy en laine & cachemire que je trouve à tomber par terre, surtout quand on parle de son prix : 260€.
Prenons un autre exemple, son manteau d’hiver en 100% laine mérinos (800 grammes) qui est en fait un manteau raglan entièrement déstructuré (j’en parle plus loin dans la partie du test). Je vous laisse regarder le résultat ci-dessous, l’allure est dingue et je n’avais encore jamais vu ça ailleurs. Pour un excellent prix (le grammage est très lourd mais ça permet de porter cela en plein hiver) : 569€.
Je pourrais faire le tour de toutes les pièces (mais bon un article de 15 000 mots ça ferait beaucoup) car elles proposent toutes un prix très compétitif pour ce niveau de qualité.
Trois différentes offres chez Lopez Aragon
GMTO
Vous vous en doutez, pour proposer de tels prix, il y a une astuce ! En effet, Lopez Aragon propose une façon très originale de proposer ses collections. Une saison à l’avance, elle propose une multitude de prototypes qui seront potentiellement disponibles la saison d’après. Ce sont ses clients qui décident en votant ou en réservant à l’avance les dites pièces ! Ainsi, ils déterminent quelles seront les collections prochaines parmi sa proposition initiale. Cette offre se trouve dans l’onglet « Special Sales » (qui est actuellement vide mais qui sera bientôt de retour pour la prochaine co).
Cela lui permet donc d’ajuster au maximum sa production, évitant ainsi les problèmes de stockage et de trésorerie ! C’est tout simplement brillant. Seul couac, c’est qu’il faut être patient. En effet, lorsque vous commandez votre pièce, elle doit être validée, puis ensuite vient le délai de production. Il faut donc compter plusieurs semaines pour les nouveautés.
Collection Prêt à Porter
En revanche, pour la collection actuelle qui se situe dans l’onglet « Collection » (celle décidée la saison dernière dans l’onglet Special Sales) c’est nettement moins long ! En effet, les pièces sont déjà validées et il ne reste plus qu’à la confectionner (il faut compter 6 semaines maximum). Vous l’aurez compris, l’offre de la marque n’est pas faite pour les impatients, ou ceux qui cherchent à démarrer un dressing en urgence.
Pour tout vous dire, quand j’ai commencé à travailler chez Jamais Vulgaire, j’étais très impatient et souvent frustré au début lorsque j’ai compris que la plupart des produits issus de l’art sartorial n’étaient pas disponibles de suite, prêt à être embarqué avec soi en sortant de la boutique. Sauf que, j’ai rapidement compris, que c’était parti prenante du plaisir. En effet, lorsque vous languissez votre pièce pendant un mois, c’est d’autant plus agréable quand elle arrive enfin ! Avec le temps, j’ai fini par comprendre que j’en tirais bien plus de satisfaction qu’une offre de prêt à porter ordinaire.
MTO
Pour les plus exigeants d’entre nous, Lopez Aragon propose également une offre Made to Order (offre sur demande en français). C’est une offre qui se situe à mi-chemin entre le prêt à porter et la mesure.
En effet, vous pouvez choisir parmi les produits iconiques de la marque que vous préférez (on y retrouve notamment des produits qui ne sont pas disponibles cette année mais qui ont fait un carton les années précédentes).
Une fois le produit sélectionné, vous aurez le choix entre plusieurs tissus ! Une offre très pertinente pour ceux qui adorent un modèle en particulier, mais qui ne sont pas séduits par les tissus proposés cette saison. Reste plus qu’à rentrer votre taille, à valider votre commande et votre création arrive 6 semaines plus tard.
Test du manteau raglan laine & cachemire Mainland
Maintenant qu’on a fait le tour de l’offre et du site de Lopez Aragon (un détour nécessaire selon moi car son site est un peu flou et difficile à appréhender), passons à la partie essentielle : le test. J’ai choisi une pièce avec beaucoup de caractère : Le manteau raglan (Mainland sur le site) C’est le même modèle que l’on aperçoit plus haut dans l’article en bleu marine mais à un prix nettement inférieur (car le grammage est plus léger) : 399€.
Le manteau raglan : un manteau iconique réputé pour son confort
Le manteau aux épaules raglan fut développé par Aquascutun au début du XIXe siècle, à la demande de FitzRoy James Henry Somerset, Baron de Raglan. Un aristocrate anglais, qui désirait porter un manteau qui lui permettrait de manier son épée avec plus d’aisance et de rapidité après qu’il ait perdu un bras dans la bataille de Waterloo.
Lord Raglan est véritablement séduit par ce modèle proposé par Aquascutum. Un manteau confortable, qui offre beaucoup d’aisance grâce à son absence de structure (on en parle juste après), de plus il disposait également d’une laine déperlante ! Un modèle qui lui plaît à tel point, qu’il en fera porter aux troupes qu’il commande durant la guerre de Crimée (entre temps il fût promu commandeur des armées de l’est).
Ce manteau sort du registre militaire et devient rapidement populaire, notamment dans les années 20, et pour cause il est beaucoup plus confortable que les manteaux très structurés que proposaient jusqu’alors les anglais.
En effet, on constate l’absence de padding et de cigarette, bref aucune structure sous le manteau. Des finitions qui assurent un confort maximal, comme si l’on posait simplement un drap sur soi. Une construction très légère qui donne une allure avec beaucoup de volume, permettant ainsi de booster votre carrure, la rendant plus massive. De plus, on le porte forcément sur une coupe plus large que d’ordinaire, afin que le volume et le tombé des matières soit cohérent de haut en bas.
Un tissu anglais
Cohérence oblige, le drapier qui fournit le beau tissu de ce manteau est anglais : il s’agit de Bower & Roebuck (ce dernier appartient désormais au célèbre fournisseur Scabal). Un acteur connu, originaire de la célèbre région du Yorkshire (l’équivalent anglais de Biella), une région réputée pour la pureté de ses cours d’eau. Bower & Roebuck fait partie d’un des derniers acteurs qui possède encore un moulin, lui permettant de tisser depuis la région du Yorkshire.
Le tissu présente un mélange de laine d’agneau & cachemire (80% laine et 20% cachemire) dont le pourcentage de cachemire est deux fois plus élevé que la norme (d’ordinaire les pièces proposant un mélange laine & cachemire dépassent rarement les 10% de contenance en cachemire). Une part généreuse qui se ressent aussitôt au toucher, qui est particulièrement doux.
Le tissu est orné d’un motif pied de poule gris et blanc et apporte un rendu global gris clair. Petit et fondu, le motif donne l’impression d’être un faux uni de loin, et dévoile sa richesse et sa subtilité quand on s’en approche Pas de doute, c’est un tissu qui en impose ! À 390 grammes/mètre, ce manteau vous tiendra chaud jusqu’à zéro degré en portant un pull et une écharpe avec. En deçà, il vaut mieux opter pour manteau au grammage plus épais.
Des finitions de caractère
En plus d’un tissu luxueux, on trouve également de nombreuses finitions, attestant de la qualité de confection (qui est entièrement réalisée en Espagne). Voici ce que j’ai pu relevé en inspectant soigneusement le manteau.
Une doublure soignée
La doublure intérieure que l’on trouve sur ce manteau se décompose en deux tissus . Une doublure noire en polyester qui apporte du contraste avec le tissu extérieur du manteau et c’est tant mieux (un manteau trop clair ça pique les yeux).
On trouve également une deuxième doublure (superbe) plus colorée à l’intérieur des poches. Quand on y regarde de plus près, on y trouve un beau tissu à carreaux tissé en chevrons. Un soucis de finitions qui, encore une fois, en dit long sur le travail de perfectionniste réalisé par Lopez Aragon sur ses pièces.
Des boutons en corne
Je ne suis pas étonné de trouver de beaux boutons en cornes, qui possèdent de légers reflets nuancés. Ils sont noirs, ce qui génère du contraste avec la couleur du manteau.
Une boutonnière cachée
Des boutons, qui sont eux mêmes camouflés lorsque vous boutonnez le manteau. En effet, on y trouve une boutonnière comportant un tissu supplémentaire qui camoufle le tout. Un détail qui hausse le ton de la pièce, l’inscrivant dans un registre formel tout en épurant l’ensemble du manteau, mettant ainsi en avant le tissu.
Une patte de boutonnage au col
Traditionnellement on trouve une patte qui se boutonne sous le col. En théorie cela vous permet de fermer entièrement l’encolure pour vous protéger le cou des intempéries. Cela étant dit, c’est inconfortable et une écharpe fera bien mieux le travail. C’est donc une finition purement décorative, mais qui n’est pas dénuée de charme car c’est une finition technique qui fut plus utile par le passé pour se protéger du froid.
Des pattes de serrages
On trouve également deux grandes pattes de serrages au niveau des avant-bras. Ceux-ci ont en revanche une véritable fonction qui vous permet d’ajuster au mieux le fit du manteau au niveau de vos bras. Comme les miens sont fins, je suis ravi de pouvoir serrer le tissu à ce niveau, pour éviter d’avoir trop d’espace (un espace dans lequel l’air pourrait s’engouffrer).
Double couture renforcées
Elles sont invisibles si on n’y regarde pas de très près car le motif les camoufle intelligemment. Mais, si l’on regarde attentivement, on trouve une double couture sur chaque couture classique, permettant ainsi de renforcer la tenue du vêtement qui est beaucoup plus sensible aux mouvements car il est entièrement déstructuré.
La ceinture
Un élément de style sartorial, très en vogue depuis quelques années au Pitti Uomo. C’est à mes yeux, l’élément déterminant qui fait basculer cette pièce dans une ère moderne. En effet, les manteaux raglan d’autrefois n’en sont pas pourvus, ce qui donnait une coupe beaucoup plus large, ne laisse apparaître aucune cassure au niveau de la taille du manteau. Or, la ceinture permet de provoquer cette cassure, affinant ainsi votre silhouette et surtout le fit global du manteau. L’air de rien, cette ceinture est probablement l’une des finitions la plus importante en termes de style concernant cette pièce. Sans celle-ci, j’aurais trouvée la coupe trop large, et le manteau difficilement portable.
Les passants sont solides et imposants et surtout ils sont façonnés à partir du même tissu que le manteau.
Un détail qui a son importance, car pour avoir déjà porté un manteau équivalent il y a deux ans, qui était pourvu de passants tout petits en corde, qui avait pour conséquence d’avoir un aspect très « cheap ». Une lacune qui dénotait fortement sur la pièce, à tel point que je ne la porte plus aujourd’hui.
Encore un petit détail important, qui fait parti prenante de la réussite stylistique de cette pièce !
Conclusion sur Lopez Aragon
Lopez Aragon est une belle découverte. En effet, on y trouve des pièces au style très pointu, avec des matières fournies par des drapiers au dessus de ce qu’on peut attendre pour cette gamme de prix (399€ pour le manteau du test). Une confection espagnole, des tissus anglais et italiens de renom, et des marges serrés … Il n’y a pas grand chose à redire ici, excepté le fait qu’il faut compter 6 semaines une fois la pièce commandée. Une marque qui ravira les amateurs de style sartorial qui désirent s’offrir des pièces qui sortent de l’ordinaire, à un prix très compétitif.
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