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TEST ARDILLON : SCAVINI SOUFFLE UN VENT NOUVEAU SUR LE PÀP

Ardillon : Quand Scavini apporte un vent de fraîcheur dans le costume prêt à porter (test costume flanelle)

Vous savez ce qui me fait le plus plaisir quand je fais un test ?

C’est de voir des marques qui se différencient et qui proposent une vraie nouveauté dans leur offre. Et c’est justement ce que j’ai retrouvé à travers Ardillon, la marque de Julien Scavini. Si la confection et les matières sont habituelles, c’est vraiment dans le style, les proportions et la construction que l’enseigne se différencie en proposant une offre introuvable autrement sous la barre des 400 euros.

Vous verrez dans cet article en quoi ce style beaucoup plus classique est en fait vraiment intemporel et pertinent pour la silhouette et de quelle manière il a été influencé par la riche expérience et le savoir-faire encyclopédique de Julien Scavini, un tailleur qui n’en est encore pourtant qu’à ses débuts.

I JULIEN SCAVINI: UN PARCOURS RICHE ET UNE VERITABLE CULTURE DU PARTAGE

1 Un parcours de tailleur riche et atypique

Stiff Collar

Articles

Lancé en 2009 alors que Julien Scavini voulait simplement relater de ses débuts à l’école de tailleurs, il s’agit d’une véritable encyclopédie qui n’aurait quasiment rien à envier à un Dressing The Man d’Alan Flusser.
On y trouve des articles assez communs (sur la largeur des revers etc) aussi bien que des sujets spécifiques, assez rarement traités dans les blogs de mode masculine comme le costume marron ou encore la laine solaire (le solaro).

Ces articles sont très denses mais restent quand même digestes grâce à une longueur la plupart du temps sous les 1000 mots.

Illustrations

L’autre particularité, ce sont des illustrations épurées et claires mais pile poile assez travaillée pour bien rendre compte des variations de texture, de proportions, de coupes et de finitions.

A4 Portrait _ Master Layout illustration-solaro

2 Une gamme impressionnante de publications

Mode Men

Mode Men est l’ouvrage principal de Julien Scavini: avec 224 pages, il référence toutes les pièces du vestiaire masculin avec des conseils de style et des bonnes adresses. Le tout avec le même parti pris très classique.
Attention par contre, c’est un peu plus technique que les autres guides de vulgarisation à la mode masculine. (un peu à l’image de Stiff Collar donc).

Disponible ici à 15€

Guide 100% Chic

Une version un poil allégée de ModeMen avec 100 conseils pour  être élégants: une manière du coup un peu différente de consulter les conseils de Julien Scavini si vous n’aimez pas le format plus encyclopédique pièce par pièce.

Disponible ici à 9.90€

Du fil au crayon, le carnet de dessin

Il s’agit d’une compilation annotée des meilleures dessins de Julien Scavini: à acheter du coup davantage pour la collection, le confort de lecture et la qualité des illustrations sur un beau papier.

Disponible ici à 19,50€

De manière plus anecdotique, vous pourrez aussi retrouver Julien Scavini sur le petit écran dans l’émission cousu main avec Cristina Cordula:

test-ardillon-julien-scavini-cousu-main

Vous l’autre compris, Ardillon s’appuie du coup les connaissances encyclopédiques de Julien Scavini du vestiaire masculin, et une conception plus classique et intemporelle que ce que l’on peut voir d’habitude.

II ARDILLON: UNE OFFRE SURPRENANTE QUI RENOUE AVEC LES CLASSIQUES

1 Analyse de l’offre

L’offre couvre à peu près tous le vestiaire classique, mais avec un peu plus de prise de risque que d’habitude. On trouve aussi bien un costume en flanelle bleue rayures craies (très business donc), qu’un costume polyvalent bleu marine, une version un peu plus estivale en caviar ou une alternative plus osée en marron, qui reste extrêmement rare dans l’offre de costume de prêt à porter de moins de 400 euros.
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Pareil pour les vestes sport et le blazer: l’offre est assez surprenante. Ce qui marque surtout, c’est la longueur beaucoup plus traditionnelle et classique de ces pièces par rapport à ce qu’on peut voir d’habitude.

Enfin, les noeuds papillon font parti intégrante du vestiaire quotidien de Julien Scavini: c’est donc logiquement qu’il en propose aussi une belle variété dans la collection d’Ardillon.

2 Style général

La confection

Elle est réalisée par un énorme atelier en Roumanie, que vous commencez à bien connaître (mais que je ne peux pas nommer) et qui produit pour beaucoup d’autres marques et de tailleurs en demi-mesure. C’est un atelier qui permet des finitions ultra qualitatives pour un prix très bas (le montage des chaînes a été effectué  par Alberto Caruso) et qui propose aux marques partenaires du tissu VBC à des prix imbattables (grâce à des effets de volume maîtrisés).

Le seul défaut que je trouverais à cet atelier, c’est que de nombreuses marques innovent assez peu sur l’esthétique de base et qu’on a l’impression de se retrouver toujours un peu avec le même costume. Et vous allez voir, ce n’est pas du tout le cas d’Ardillon qui a réussit à imposer une vraie identité.

Vous pouvez consulter notre guide sur les costumes si vous souhaitez approfondir ce sujet !

Caractéristiques principales

On approfondira ça en détail dans le test à proprement parler du costume, mais voici en gros les principales caractéristiques qui différencient vraiment la marque:
épaules napolitaines: elles ont très très peu de padding, pas de cigarette et un léger froncement. C’est très rare d’en voir en prêt à poter car ce genre d’épaules est plus exigeante sur le fit
veste non doublée: pour plus de confort, de fluidité et de légèreté
revers  bien proportionnés: 8.5 cm. Et c’est très dur d’en trouver des aussi généreux dans des budgets inférieures à 400 euros qui privilégient les revers slim à la The Kooples
un pantalon avec une taille haute et de l’amplitude aux cuisses: un style plus classique, mais plus confortable et intemporel et qui permet tout de même une silhouette cohérente
une veste à la coupe ajustée  et un peu plus longue: elle respecte davantage la longueur classique d’une veste de costume, qui peut tomber au creux de la main

III TEST DU COSTUME ARDILLON REDA EN FLANELLE A RAYURES CRAIE

Pour ce test de la marque Ardillon, j’ai choisi un costume assez business, en flanelle de laine Reda avec des rayures craies:

Il est disponible ici à 399 euros.

J’ai beaucoup aimé voir ce type de rayures très formelles sur un simple costume deux boutons (et donc pas un trois pièces ou un croisé) avec une structure légère et décontractée qui permet d’atténuer ce côté sérieux.

1 Des proportions plus classiques

Vous allez le voir, les proportions sont beaucoup plus classiques que sur la plupart des costumes de cette gamme  de prix.  Généralement, on est en dessous des 400 euros sur du mass market qui prend le moins de risque possibles et qui s’adresse à une population assez jeune: on retrouve du coup pêle mêle des caractéristique d’une mode plus éphémère et moins durable comme des coupes slims sur la veste et le pantalon, des revers ultra fins, un pantalon taille basse, une veste courte etc.

Chez Ardillon, c’est tout le contraire: et c’est tant mieux car c’est justement ce qui va permettre d’avoir une silhouette véritablement intemporelle.

Revers

Ils sont de 8.5cm de largeur: leur ligne se continue donc pile poil au milieu de la ligne d’épaule. C’est un excellent compromis qui s’adapte bien aux carrures massives d’un côté, et qui donne de la consistance à une silhouette plus fine et menue.

Pantalon taille haute/naturelle

Le pantalon se pose très naturellement juste au dessus des hanches: ça peut être assez déstabilisant si vous avez l’habitude des pantalons  de  taille intermédiaire qui arrivent pile au niveau des hanches, ou ceux de taille basse qui arrivent en dessous (ce qu’on retrouve généralement plus sur les jeans ou les chinos).
Le gros mérite des pantalons taille haute est d’allonger les jambes, et donc d’agrandir de manière générale la silhouette.

Amplitude aux cuisses

Vous constaterez aussi une aisance relativement supérieure à la moyenne au niveau des cuisses qui permettent davantage de confort, plus de durabilité car moins de frottements et un tissu moins tiraillé en position assise.
Pour autant, il permet tout de même de suivre harmonieusement les lignes de la silhouette.

Malgré cette coupe plus confortable aux cuisses, le bas reste relativement fuselé avec une ouverture à la cheville d’un peu moins d’une vingtaine de cm. J’ai choisi ici un ourlet un poil prononcé, d’environ 5cm  qui colle plutôt bien à ce style classique et qui permet à mon sens d’affiner davantage la silhouette pour équilibrer les cuisses plus amples.

Avec ce genre de rayures, des richelieu bout droit sont une

Veste plus longue

De la même manière, la veste est aussi un poil plus longue que d’habitude et se situe  entre le début du poignet et le creux des mains. C’est une longueur idéale pour une veste de costume formel et qui convient à la plupart des morphologies. Par contre, ça rend la veste impossible à dépareiller.

Vous l’aurez compris: rien qu’à travers les proportions on remarque tout de suite que le style est plus classique (au sens traditionnel du terme) mais ça reste dans l’absolu un style intemporel.

2 Une construction plus italienne et nonchalante

La veste est entièrement non doublée pour plus de légèreté: cela mets d’ailleurs bien en valeur les finitions intérieures qui sont discrètement gansées.

On retrouve sinon des signes assez caractéristiques d’un costume bien fini: des coutures en demi-lune, des salières au niveau des aisselles (qui permettent de protéger le tissu de la transpiration). Les double passepoils en satin apportent un joli contraste de couleur: leur couleur très particulière entre le blanc cassé et le gris rappelle subtilement les rayures craies de la matière.

La construction est globalement très à l’italienne: il s’agit d’un « semi-intelato ». On a un thermocollage partiel (principalement sur le torse) à peine perceptible et un entoilage plus traditionnel à l’épaule, mais toujours relativement fin.

3 Des finitions soignées et rares en prêt à porter (mais pas superflues)

Fausse boutonnière

Pour proposer un rapport qualité/prix compétitif, les finitions non indispensables ont été mises de côté: c’est notamment le cas de la boutonnière qui n’est ici pas fonctionnelle. Ce n’est pas vraiment un grand inconvénient étant donné que c’est une fonctionnalité gadget, qui ne permet plus vraiment de distinguer un costume de bonne facture (on en trouve même chez  H&M) et qui en plus gêne la retouche de la longueur de manche.

Des épaules napolitaines

L’épaulette est extrêmement fine et apporte le strict minimum de structure  nécessaire à une bonne tenue de la veste: on voit ainsi que la ligne d’épaule reste très propre.

L’épaule napolitaine est vraiment originale pour du prêt à porter et ses fronces caractéristiques (qu’on appelle aussi shirring) apportent un plus discret en terme de style.

Alors pourquoi n’en voit-on pas plus en prêt à porter ?

C’est une question légitime et c’est vrai qu’on en voit en fait surtout en demi-mesure. C »est une épaule déstructurée, et sur laquelle les défauts se verront donc beaucoup plus facilement, en particulier si vous ne la remplissez pas complètement.

C’est mon cas et la photo ci-dessous montre effectivement les plis qui laissent deviner un léger vide au niveau de l’épaule. C’est assez  peu perceptible mais ça fait parti des légers inconvénients de ce genre d’originalités.

Coupe ajustée

Malgré des proportions très classiques en terme de longueur, de taille de pantalon ou de largeur aux cuisses on retrouve une silhouette globale bien mise en valeur. C’est en particulier ce qu’on voit sur cette photo de la veste fermée vu de dos: elle épouse parfaitement les flancs et mets en valeur les épaules à travers un V discret.

 

Finitions sur le revers: boutonnière à la milanaise et couture  AMF

D’autres finitions qui n’auront pas échapées aux connaisseurs se retrouvent aussi sur les revers: le fameux point de couture AMF qu’on retrouve le long du revers et la boutonnière à la milanaise  faite main qui se reconnait par son léger relief.

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3 Conseils de style

La combinaison de couleurs est simple: bleu, blanc et rouge avec un poil de violet au niveau de la pochette. Les rayures craies appellent un mélange assez formel et j’ai du coup opté pour une chemise  à rayures, une cravate club et une pochette à pois.

Avec  la cravate, la chemise et le costume on a effectivement rayures sur rayures sur rayures mais avec des dimensions différentes. Les pois apportent un autre type de motif qui reste assez discret et se fond facilement dans la tenue.

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Le costume se distingue au premier abord par ses motifs et sa matière: du coup la chemise (ici Howards, testée ici) se différencie par son pin collar (c’est l’appelation anglo saxonne de ce type de col à épingle) et son côté légèrement club . Il donne un côté beaucoup plus habillé à la tenue et permet aussi de mettre en valeur le noeud et la goutte de la cravate.

J’ai choisi pour la cravate un modle de chez Cinabre dans une grenadine de soie très marquée, avec un motif club simple formel. Cette cravate permet de très beaux volumes en terme de gouttes sur un double noeud four-in-hand.

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La pochette apporte un dernier détail en terme de motif (les pois) et de couleur: ici le violet est proche du rouge de la cravate, tout en restant assez éloigné pour ne pas matcher complètement. (il faut éviter tant que possible d’assortir sa cravate à sa pochette).

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Dernier détail que j’apprécie beaucoup et qu’on voit bien sur cette photo: la texture très laineuse du costume flanelle (ce qui est normal) qui ressort bien à la lumière.  C’est assez rare d’avoir ce genre de texture en été car les flanelles de laine aussi légères sont peu communes.

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CONCLUSION

Note formelle: 9/10 (le côté déstructuré donne un côté un poil plus décontracté, même si on est sur une flanelle à rayures craies qui est typiquement formelle)
Note casual: 0/10 (avec un pantalon taille haute et une veste aussi longue, on est  pas  sur des pièces qui peuvent se porter en dépareillé).
Prise de risque: 3/10 (attention si vous êtes comme moi un peu gringalet, vous aurez de léger plis à l’épaule à cause de la construction napolitaine plus souple)
Rapport qualité/prix: 10/10 (difficile de trouver mieux  à ce prix dans ce style avec des proportions aussi réussies et ce degré de finitions)

Vous l’aurez compris, j’ai été convaincu par le rapport qualité/prix de la marque Ardillon et surtout son parti prit stylistique courageux et à l’image de ce  que prône Julien Scavini: des proportions et coupes beaucoup plus classiques, qui feront peut-être peur à ceux qui sont habitués aux modèles slim visibles dans cette gamme de prix dans le commerce traditionnel, mais qui mettent aussi bien en valeur la silhouette et résisteront largement mieux aux effets de mode.

Valery

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Koncassor
Koncassor
7 années il y a

Bonjour Valéry. Si on est grand et mince est ce que la taille haute ne va pas accentuer l’effet « grandes jambes » ?

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a
Répondre à  Koncassor

La longueur de la veste et la largeur aux cuisses devraient équilibrer le tout.

Abdelouahed Ben'
Abdelouahed Ben'
7 années il y a

Bonjour Valery,

je suis ravi que tu aies enfin passé le cap des vestes de longueur « normale ». Ta silhouette reste très bonne, ça ne te tasse aucunement.

Pour le dépareillage je pense que c’est plus les rayures que la longueur qui le rendent impossible. Un blazer ou une veste sport de longueur équivalente se dépareillent tout à fait. Surtout que la matière choisie (flanelle) n’est pas lisse/brillante comme un sergé le serait.

Sinon tu ne cites pas l’atelier roumain, ça fait un moment que j’essaie pourtant de le découvrir. Tu peux pas m’aider avec un indice ? 😀

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a
Répondre à  Abdelouahed Ben'

Oui je suis agréablement surpris cette longueur passe bien: c’est effectivement surtout le registre très business des rayures qui rendent le dépareillage compliqué.
Sinon je ne peux malheureusement pas répondre à ta dernière question.

Max_
Max_
7 années il y a

Bonjour Valéry,

Sympa le test, j’avais repéré la marque à sa sortie mais le manque de photos sur le site m’a refroidi.
J’adore ce costume, il rend bien mieux sur tes photos que sur le site ardillon. Sais-tu s’il est possible de les voir en vrai (point de vente physique) ?

Merci d’avance ☺️

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a
Répondre à  Max_

Je pense que tu peux aller voir des modèles à la boutique de demi-mesure de Scavini (vers La Tour Maubourg) mais tu devrais leur envoyer un mail pour confirmer ça.

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a

Ici oui elle est légère et en plus de ça la veste est déstructurée. Après évidemment au delà des 25 degrés c’est bien trop chaud.

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a

Il n’y a qu’un léger padding à l’épaule mais pas d’entoilage traditionnel à proprement parler. (même si on retrouve bien de la toile au niveau du plastron)

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a

Avec ce genre de parti pris plus prononcé pas vraiment.

jamaisvulgaire
jamaisvulgaire
7 années il y a

Il n’y a qu’un léger padding à l’épaule mais pas d’entoilage traditionnel à proprement parler. (même si on retrouve bien de la toile au niveau du plastron)