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GUIDE ULTIME: BIEN CHOISIR ET NOUER SA CRAVATE, AVEC DES MOTIFS DE BON GOUT

Il n’y avait pas encore d’articles sur ce sujet, et pourtant bien choisir et apprendre à nouer correctement sa cravate est bien l’un des thèmes les moins intuitifs de la mode masculine. Pour résumer, si pour une raison ou pour une autre votre père ne vous a pas apprit à bien choisir et assortir une cravate, ainsi qu’à faire un joli noeud, c’était cuit pour vous sans Internet.

Il devenait de plus en plus urgent de se renseigner sur le sujet, d’autant plus que la cravate revient dans des tenues casuals.

Alors qu’elle était autrefois un impératif du travail en col blanc, elle devient de plus en plus facultative au fur et à mesure que la tenue de travail devient casual. Pour certain, elle se ringardise même au profit d’un nouveau type de management plus jeune en jean veste et chemise.
Si elle reste encore le symbole de la figure d’autorité, sa disparition progressive pourrait très bien finir par en faire une nouvelle façon de se distinguer et d’exprimer sa personnalité, après avoir été le meilleur symbole de la conformité.

Bref, vous trouverez dans cet article les principaux signes de qualité à retenir pour une bonne cravate, les différences entre les principaux motifs et textures (la cravate paisley en soie par rapport à la cravate en tricot de laine ? Rien à voir 🙂 ) et quelques tutoriaux pour choisir le noeud de cravate qui vous ira et bien le faire.

Je vous explique lundi prochain comment bien porter une cravate, et surtout comment bien l’assortir. J’ai trouvé une belle quantité d’exemples à suivre et d’erreur à ne pas commettre et ça méritait bien un article complet tellement le sujet est fourni.

I Signes de qualité

1 La matière

Pour apprécier le toucher d’une cravate, les puristes parlent de la “main”: elle est surtout influencée par la texture, le poids et le touché d’un tissu.
La cravate cousue en soie est ainsi celle qui offre le meilleur compromis en terme de qualité de la main et de richesse du motif.

2 Les finitions

Le fil de tension se situe dans le pan le plus fin de la cravate: il s’agit d’une petite boucle, sur laquelle on peut tirer pour retendre le tissu de la cravate, détendu au fil du temps.
Le passant arrière assure le maintien de la partie la plus fine de la cravate. Une couture à la main assure le meilleur maintien possible, surtout s’il s’agit de trois points.
Coudre le fil de tension à la main permet plus de flexibilité et un meilleur tombé. La couture doit rejoindre parfaitement les deux côtés de la cravate et la relier à la doublure.

Le point d’arrêt est la couture généralement situé juste avant l’ouverture, là où le fil de tension est le plus fragile. Il sert à le solidifier.

Ce schéma d’Atelier Particulier en offre une excellente illustration:

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II Les motifs

Deux méthodes existent pour créer un motif
– un motif conçu avec le tissage de fils de couleurs différents pour créer une figure généralement proche du jacquard.
– une impression directe sur de la soie brute ou teinte, déjà cousue.

1 Les motifs tissés

Certains motifs de cravates sont classiques et d’autres sont vulgaires, on ne peut pas vraiment le deviner de manière innée (à part pour les imprimés les plus grotesques).

La meilleure solution reste de bien connaître les classiques et leur origine pour être certain de ne pas se tromper.
Ainsi, les figures les plus typiques du 20è siècle nous viennent d’Angleterre et des cravates de Macclesfield, une petite ville du Lancashire. Les motifs sont simples et sont en fait des dérivés de carrés, de losanges et de cercles, déclinés dans des tons de noir, blanc et gris. Elles sont un choix sans failles pour les mariages et sont toujours prisées de la haute société britannique.

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Un dérivé plus moderne est le Spitalfield (produit dans la ville du même nom, en banlieue de Londres), qui se distingue par des motifs plus larges et plus exhubérants, avec davantage de couleurs : entre deux et quatre. Moins austères que les Macclesfield, elles sont ainsi plus polyvalentes et se généralisent plus rapidement.

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Le motif plaid

Sa géométrie est un peu plus complexe et se compose de différents rectangles se superposant. Il provient directement des tartans et des kilts.
Normalement en laine (la matière des kilts), il fût réinterprété dans une version plus habillée en soie.

La superposition de différents rectangles crée un joli effet de relief, qui donne beauccoup de profondeur à une tenue une fois combiné à d’autres motifs et qui rend un costume uni un peu moins ennuyeux.

Evitez de les porter en situation ultra formelle: la tradition britannique voudrait même les réserver uniquement aux chefs de clans, en Ecosse.

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Les rayures

Elles viennent à la base des cravates de régiment britanniques dans les colonies, qui affichaient les couleurs de leur garnison: une fois revenus dans la métropole, les soldats portaient fièrement leur cravate comme signe d’appartenance.
Petite particularité qui a son importance: les rayures descendent de gauche à droite, pour suivre l’exacte logique de fonctionnement d’une veste (qui se ferme avec le côté gauche par dessus le côté droit).

C’est Brooks Brothers qui provoque la fureur de ces anciens soldats en proposant des cravates rayées avec les mêmes couleurs, mais dont les rayures ont la direction opposée: Brook Brothers justifie apparemment ce choix par pur respect pour les régiments britanniques, pour être sûr de ne pas s’affilier par mégarde avec eux.
Pour les soldats et les puristes britanniques, le mal était fait: les Américains portant ce genre de cravates au Royaume-Uni étaient alors considérés comme d’énorme parvenus.

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Avantage morphologique: Ces rayures inclinées avaient l’avantage d’amincir considérablement la silhouette, ainsi que d’affiner les visages un peu trop rond.

Cravates imprimées

Moins chères, plus faciles à produire et permettant une plus grande variété de motifs, elles constituent l’écrasante majorité des cravates distribuées de nos jours.
Et le phénomène s’est évidemment largement accentué dans les années 80, lorsque la production est devenu informatisée et a permit l’exploitation de n’importe quelle image.
La diversité de motifs a explosé, et cette cravate est devenue le standard: c’est ce qui a fait qu’une cravate Mickey en polyester est devenue plus connue qu’une bonne vieille cravate Macclesfield en soie.

Le motif Charvet, un des rares all-over sobres

Les gros imprimés all-over sur une cravate sont généralement vulgaires, et Charvet est la rare exception. Portées dans les stations balnéaires françaises, elles sont vites répérées dans les années 20 par la classe dirigeante américaine pour leurs motifs à la fois sobres et affirmés. Ils pouvaient se porter aussi bien avec des costumes à motifs qu’avec des costumes unis.

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Les pois (ou polka dots en anglais), un motif accessible

Un des premiers motifs de la mode masculine, les pois sont en fait censés rendre hommage au dieu du soleil.
Une combinaison infaillible est la cravate à pois portée avec le costume gris anthracite à rayures.
Le fond: Choisissez le bordeaux, bleu foncé, bleu clair (en été) ou marron pour une tenue de campagne.

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Petite règle de puriste sur les pois (mais qui est de plus en plus rarement appliquée):
Des pois toujours blancs, jamais plus de deux millimètres de diamètre et jamais éloignés de plus d’un cm.

Le motif Paisley, à la fois le plus BCBG et le plus obscène d’entre eux

Motif d’origine babylonien et repris par les Indiens, il représente selon Freud la fertilité (vous vous doutez bien pourquoi) et donc la virilité.
Pour d’autres, c’est la seule cravate imprimée au motif apparent qui puisse être toléré chez les hommes de bonne famille, du fait de son héritage Ivy League. C’est un peu la cravate fun des plus rigoureux d’entre nous.

Au sein d’un assemblage: Un paisley n’est ni une rayure, ni un carreaux, ni des pois: il s’agit d’un des rares motifs classique et communément accepté qui puisse rajouter de la consistance à une tenue.
Il s’agit d’une cravate très classique dans la tradition britannique, portée généralement en rouge et en bleu.

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Plus de variété chez la marque Marinella

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Les rayures: le signe d’appartenance par défaut

Les cravates cub sont d’abord popularisées à travers le sport dans les années 20, et sont surtout prisées des joueurs de golf et de polo.
C’est surtout Hermès dans les années 50 et son designer Henri d’Origny qui dessine un imprimé cheval pour la cravate. Cet étrange concept est ensuite décliné en éléphants et autres ballons.

Les cravates club standard sont à rayures, et reprennent la même signification que leurs équivalents tissés: les couleurs des rayures sont traditionnellement un symbole d’appartenance. Ce système fût d’abord utilisé en Grande Bretagne par les écoles prestigieuses, puis les régiments militaires et fût enfin adopté par les clubs de rugby.

Une règle se vérifie généralement: plus les rayures sont épaisses, et avec des couleurs vives, moins l’endroit désigné est noble et prestigieux.

Evidemment, je vous dis ça juste pour votre information: de nos jours personne ne vous regardera de travers si vous portez une cravate club rouge et bleu sur lequel il n’y a plus de vrai monopole symbolique.

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La marque japonaise Marinella donne un autre bel aperçu:

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PAR CONTRE, évitez à tout prix les cravates club avec écusson, qui sont encore plus ostentatoires que celles à rayures simples. (dans le formel strict, il n’y a a priori rien de pire que de porter des fausses armoiries). Le pire reste les cravates à deux rayures, avec énormes écussons.

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Porter ça, c’est aller aussi loin dans le mauvais goût que de porter fièrement un polo Ralph Lauren avec le joueur de polo en énorme.

Cravates unies

Les cravates unies sont indispensables pour atténuer une tenue déjà chargée en motifs.
Son autre rôle peut également être d’ajouter du détail avec une confection qui va jouer sur la texture et les variations de relief du ton sur ton.

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La grenadine de soie est une texture que j’aime beaucoup, qui fait presque penser au tricot de laine, mais avec beaucoup plus de finesse. C’est l’une des rares textures très travaillées qui peut se porter facilement dans un contexte formel.

Le cas des cravates en laine

Pour avoir des textures un minimum élaborées, on utilisera évidemment une laine d’une certaine finesse: souvent du cachemire, et parfois des mélanges de soie et cachemire.
La texture généralement privilégiée pour ce type de cravate est plutôt les chevrons.

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III Le noeud de cravate

Quel noeud de cravate choisir ? Pour Alan Flusser, le noeud de cravate s’apprends par le père, puis évolue ensuite en fonction de son style et de son histoire personnelle. A l’inverse pour Luciano Barbera, le noeud de cravate est plutôt fonction de l’époque et de la mode.

La plupart des hommes ne connaissent qu’une manière de nouer sa cravate, et le portent en toutes circonstances, sans se soucier de critères comme par exemple le col.

Les critères à prendre en compte

Un noeud trop petit par rapport à un col large, aux pointes très écartées se voit tout de suite et est éliminatoire.

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Ca sera encore plus évident avec un noeud énorme débordant d’un petit col, à l’ouverture des pans étroites.

C’est l’ouverture du col de la chemise dont vous devez tenir compte.
Un col largement ouvert, avec un angle plus grand que 90 degrés recquiert une cravate plus large et plus proche d’un triangle tandis qu’un col droit, avec un angle inférieur à 60 degrés demandera un noeud de cravate plus étroit et longiligne.

Le physique rentre évidemment aussi en compte: un cou large et musclé s’accompagnera mieux d’un noeud de cravate proportionnel tandis que les plus maigres pourront porter un noeud plus petit et plus longiligne.

La cravate elle même est enfin à prendre en compte: une cravate épaisse en soie, à la texture travaillée (en grenadine de soie) sera mieux mise en valeur avec un noeud épais et triangulaire.
Les cravates à motifs, comme les club, ont par contre besoin d’un noeud plus discret, comme un noeud simple.

Le noeud simple (en anglais le Four in Hand)

Il s’agit d’une évolution plus casual par rapport au noeud papillon.
Ses origines remontent au 19è siècle: selon la légende, les cochers pouvaient le faire à une main, tout en conduisant leur carrosse à quatre chevaux de l’autre main (habile !)

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La cravate dans une main, les 4 chevaux dans l’autre, ni vu ni connu.

Il s’agit du noeud de cravate le plus polyvalent et le plus simple à executer. Il s’intègre à plus de cols de chemise grâce à sa relative finesse (comparé aux épais noeuds Windsor). Sa forme cônique favorise beaucoup plus de visages différents, par rapport aux Windsor qui rajoutent trop d’horizontalité et contrastent trop avec les visages allongés.

Voici la vidéo la plus simple que j’ai trouvée: (le point de vue aide bien)

Le demi Windsor

C’est la plus petite version du noeud Windsor, parfois appelé Windsor simple. Il a une forme plus triangulaire que le noeud simple.
Il s’agit d’un choix parfait pour un col de chemise avec une ouverture moyenne et une cravate épaisse.

C’est une bonne alternative au double Windsor pour les grands car il nécessite moins de longueur de cravate. Il s’agit d’un des noeuds les plus polyvalents mais pourtant les moins utilisés.

Voici une seconde vidéo:

Le Windsor

Appelé en France le double Windsor, il s’agit d’un noeud les plus prisés actuellement par les hommes (c’est en tout cas le plus recherché sur Google).

Pourtant, il est vraiment très loin d’’aller à tout le monde, en plus de ne pas être si facile à bien faire et de ne se porter que dans des occasions bien spécifiques.

Sa forme est plus triangulaire et ne convient quasiment qu’aux cols cutaway, avec une large ouverture (et donc aux larges cous). Elle mets bien en valeur les cravates rayées ou à imprimés Paisley. Elle demande une assez importante longueur de cravate vu qu’elle recquiert deux passages.

La petite note chic: les plus puristes du style et de l’élégance britannique considèrent le combo Double Windsor + col cutaway comme une véritable hérésie ultra vulgaire, probablement à cause de son caractère massif et ostentatoire.
De manière générale, tout ce qui s’inspire d’ailleurs du duc de Windsor fait parti d’une période noire du classicisme britannique.

Voici une troisième vidéo:

J’ai emprunté ces vidéos plutôt ben faites au site Tieclub, où vous pouvez retrouver des infos sur d’autres noeuds de cravate.

La cuillère

La touche finale d’un noeud de cravate, c’est ce petit renfoncement juste en dessous du noeud, qui peut faire penser à une cuillère et qui creuse le haut.
Il apporte plus de richesse à l’allure générale de la cravate et lui donne un tombé et un touché parfait.
Il s’effectue à la fin du noeud, en pincant le centre de la cravate sur toute la longueur (même à l’arrière du noeud) au moment où vous ressererez votre noeud:

Valery

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lorens
lorens
8 années il y a

Ils ont beau être jolis ces motifs, mais je préfère les cravates unies. Je trouve ces dernières beaucoup plus classes. 🙂