Les chaussures (et les bottes) sont un poste de dépense central. Certains font cependant encore l’impasse dessus: je vous donne quelques bonnes raisons d’éviter les marques d’entrée de gamme (à 100 euros et moins).
J’ai aussi inclus quelques bonnes raisons d’investir très cher dès le début pour avoir des chaussures qui vous dureront véritablement des décennies. C’est d’ailleurs ce genre de modèles que j’ai inclus dans le guide des bottes.
Sommaire
I Une bonne répartition du budget: bien rentabiliser vos chaussures
Consacrer une bonne part de votre budget aux chaussures, ou aux bottes est avant tout une question de bon sens.
Il n’est pas difficile d’économiser ailleurs: en vous y prenant bien, vous pouvez acheter un bon pull en cachemire en occasion pour trois fois rien (j’en parle un peu dans le guide des pulls et cardigans d’hiver), vous pouvez acheter d’occasion un blazer ou un costume dans une matière et avec des finitions potables et faire faire quelques retouches.
Enfin, vous pouvez également faire des sacrifices sur certaines chemises de votre garde-robe et sur leur coupe, qui ne se verra pas forcément sous un pull, un cardigan ou une veste (mais c’est généralement quand même à éviter).
Le problème, c’est que des chaussures bon marché se reconnaîtront forcément: les semelles en caoutchouc se remarquent tout de suite. Une tige en mauvais cuir quant à elle fera mal au pied, en plus de mal vieillir. Un bon cuir sera hyper confortable après quelques semaines de ports, une fois que la tige se sera bien adaptée à vos pieds. C’est un confort incomparable par rapport à un mauvais cuir. On trouve sinon des solutions abordables qui restent confortables chez des marques spécialisées comme Karl&Max.
Le coût d’une bonne chaussure est lui aussi bien inférieur aux chaussures d’entrée de gamme: une chaussure Alden en cordovan vous coûtera environ 800 euros à l’achat, et éventuellement 300 à 400 euros en entretien et resemellage sur 20 ans (oui).
Une paire de Alden vieille de 20 ans réhabilitée
On dépense donc 1200 euros sur cette période, soit 60 euros par an.
De l’autre côté une paire à 100 euros vous durera à peine un an, et une paire à 150-200 euros 2 à 3 (en rajoutant des coûts d’entretien): c’est généralement moins rentable. D’autant plus que le confort est incomparable.
C’est un peu comme si vous vouliez loger vos pieds: vous pouvez payer un loyer pour un appart médiocre et en changer tous les 3 ans, ou vous pouvez investir et vous acheter votre appart’, l’entretenir et le conserver toute une vie.
II Les composantes d’une chaussure
1 Le montage
On ne rentrera pas trop dans les technicités: les particularités des montages sont détaillées dans le guide des bottes.
Le montage de la semelle sera majoritairement un montage Goodyear: la chaussure sera largement mieux ventilée (tout en restant imperméable), ce qui rendra le cuir plus durable et résistant. Cette construction est par contre beaucoup plus longue à produire: ce processus s’effectue la plupart du temps à la machine, et très rarement à la main.
Un montage Goodyear a deux avantages: il est plutôt bien imperméabilisé du fait des deux rangées de coutures et l’eau n’est jamais en contacte avec la semelle intérieure. C’est déjà moins le cas avec un montage Blake.
Elles sont également plus confortables, notamment grâce à un une couche de liège superposée à la semelle intérieure, qui se moule à la plante du pied et qui permet un plus grand confort.
2 La semelle
Les chaussures bon marché n’auront pas des semelles en cuir mais plutôt des semelles en caoutchouc. Lorsqu’on aura des semelles en cuir, elles seront assemblées à l’aide de glue pour économiser le processus coûteux de montage et de couture. Elles seront impossibles à resemeller (ce qui ne vaudra d’ailleurs pas vraiment le coût vu que la tige aura dans ce cas-là un cuir de piètre qualité).
3 Le cuir
J’en ai déjà beaucoup parlé sur l’article qui vous explique comment reconnaître un bon cuir. Une première étape est de savoir reconnaître un cuir pleine fleure par rapport à un cuir à grain corrigé, mais il faut ensuite rester vigilant sur les appelations: on peut avoir un cuir pleine fleur de mauvaise qualité à cause d’un tannage effectué à la va vite.
4 L’emplacement
Un prix faible peut aussi s’expliquer par une fabrication délocalisée avec une main d’oeuvre peu qualifiée, qui utilisera des matières premières cheap. Ces production se concentreront davantage sur la quantité que sur la qualité.
Il est possible de fabriquer de bonnes chaussures ailleurs qu’aux Etats-Unis, en France, en Italie, en Grande-Bretagne ou en Portugal, mais les prix resteront dans le haut du panier
III Deux exemples de chaussures de mauvaise qualité
1 John Doe
Pour faire une bien mauvaise blague, on pourrait dire que John Doe est un peu une variation inconnue et anonyme de John Lobb.
John Doe est une marque d’entrée de gamme qui offre des chaussures à semelle Goodyear à 135$: à ce prix là, il y a forcément des concessions à faire.
S’il s’agit bien de chaussures à semelles Goodyear avec un cuir pleine fleur, des économies sont forcément réalisées ailleurs sur les finitions.
Les coutures sur la semelle extérieure ne sont pas droites.
La perforation des bouts fleuries n’est pas effectuée correctement: certains emplacements ne sont quasiment pas percés. Le motif n’est donc pas régulier.
La trépointe de la paire de chaussures suédées est d’ailleurs entourée d’un fin tube plastique. Les tubes ne se rejoignent d’ailleurs pas correctement.
La qualité du cuir laisse aussi à désirer: s’il s’agit d’un cuir pleine fleur, c’est probablement l’un des plus cheap.
Le TOE PUFF doit normalement donner à la chaussure sa structure: il est conçu ici à partir d’un plastique peu rigide et qui donne donc une forme peu stable.
Le cuir de la tige et le cuir de la doublure ne sont pas correctement assemblés: comme en témoignent les rides présentes autour des oeillets et qui laissent deviner un décollage futur du cuir de la tige.
L’ouverture de la chaussure est d’ailleurs particulièrement ratée, avec un cuir qui gondole.
N’oubliez jamais que l’intérêt premier d’une semelle Goodyear est, en plus d’un montage solide, de pouvoir facilement resemeller votre chaussure. Le cuir de la tige est censé survivre à la semelle et être utilisé de 5 à 10 ans, ce qui est peu probable sur une telle paire.
2 Beckett Simonon
Je vous avais déjà parlé de Beckett Simonon, une des nouvelles marques américaines qui veut réduire drastiquement ses marges en éliminant les intermédiaires et en évitant les campagnes marketing coûteuses: un créneau déjà bien exploité par Everlane, Maison Standards et plus récemment BonneGueule.
Le côté cheap et éphémère est par contre bien plus assumé: la semelle est collée et on se doute bien que la paire n’a aucune chance de durer des années, contrairement à une semelle cousue Goodyear (même si certains modèles sont en goodyear). La qualité du cuir laisse aussi apparemment à désirer, avec une usure marquée rapidement.
On pourrait déjà s’estimer heureux si la marque arrive à challenger les designers classiques avec des modèles à seulement 79 dollars.
Les avis sur la blogosphère américaine sont assez mitigés, et le fait que la semelle soit collée, et en caoutchouc sur certains modèles est effectivement un peu décevant. La qualité du cuir est apparemment aussi à désirer, avec une usure marquée très rapidement.
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Bonjour,
Mon grand père a acheté après quelques années de travail le top du top de la bottine. Une sur mesure. Le meilleur cuir, le meilleur montage pour l’époque, la forme la plus adaptée, le top.
A sa mort, plus de 60 ans plus tard, ils les portait encore.
Elles étaient tellement faites pour son pied, avaient tellement vieillies avec lui, que personne d’autre n’aurait pu les mettre, mais sur lui, elles étaient encore là.
Je ne suis pas totalement d’accord quand on dit que c’est rentable d’investir dans de belles chaussures pour 20 ans, parce que le calcul de Valery oublie que quand on investi, on porte généralement sa paire de chaussures une fois par semaine, et on en a 6 autres. Ca fait autrement plus cher que la paire annuelle de André. Mais garder une paire 15, 20, 30 ans, c’est beau, c’est faire attention à ses affaires, c’est s’approprier un objet, c’est écologique, et bien sur c’est s’assurer d’une élégance incomparable. Une Church d’il y a 30 ans est autrement plus élégante que n’importe quelle M***de André Bata achetée hier.
Exact, mais après quand on a un petit budget on peut aussi tourner avec deux paires la semaine et une paire de sneakers le we 🙂
C’est très vrai ce que tu dis sur Church’s surtout vu ce que la marque propose maintenant.
Et Grenson, ça vaut quoi ?
Tu peux y aller 🙂
Merci ! J’aime beaucoup le design de leurs chaussures, je vais tester ça très bientôt…
Mou j’adore la marque Pete Sorensen personnellement rien à redire
Cool ! Quelle paire as tu essayée ?
Je possède trois paires chez eux les Boots détroit , les derbis ours et les gershwins 🙂
aprés niveaux chaussures j’ai une petite collection j’aime bien aussi les Red Wing et les 1000 boots Wolverine 😉
Je possède 3 paires les Gershwin , les boots Détroit et les derbis Ours
mais en dehors de ça j’ai une paire de Red Wing et de Wolverine 1000 boots 🙂