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Test&Avis Septième Largeur: les bottines Moissac dainite, de belles Jumper Boots colorées main

J’ai parfois une étrange réalisation.

Ca fait déjà 8 ans que j’ai commencé JamaisVulgaire: je n’ai pas vu le temps passer et certaines marques que je considère encore un peu comme des nouvelles étoiles montantes sont en fait déjà dans le paysage depuis 11 ans et sont devenues bien établies.

C’est le cas très précisément de Septième Largeur, est crée en 2009 par Marcos Fernandez et son neveu Mathieu Preiss. On vous a déjà fait un article complet sur l’historique et le concept de la marque.

Avec l’apparition de beaucoup de nouvelles marques sur ce segment de prix, je me suis dis qu’il était temps de vous faire une petite piqûre de rappel sur cette marque là, ses nouvelles sorties et sur ce qui a fait son succès.

I Septième largeur: nouvelles gammes et modèles icôniques

La nouvelle collection

Outre la bottine Moissac qu’on va tester, on note beaucoup de bottes de villes classiques réinterprétées avec au choix des semelles Vibram et des semelles Dainite.
La Tobar est probablement une des paires les plus symboliques de cette collection: il s’agit de l’icônique Triple Boucle de septième Largeur déclinée en cuir grainé avec semelle Vibram.

Petit coup de coeur également pour la Basile qu’on imagine extrêmement confortable (Chelsea boots + dainite = confort)

Et enfin la Gatsby. Hugo Jacomet de PG avait eu d’ailleurs un petit coup de coeur sur la version estivale:

La collaboration avec Swann&Oscar

On vous a déjà parlé de Swann&Oscar dans  deux articles: cette marque au départ de chemises sur-mesure s’est faite l’ambassadrice de l’élégance décontractée. On en parle ici et ici.

En terme d’élégance décontractée, ce penny loafer était donc le choix logique pour une collaboration avec Septième Largeur dans le style Ivy League. Pour rappel, on appelle ce mocassin penny loafer car les étudiants glissaient un penny dans la languette pour avoir toujours de quoi se téléphoner.

Je vous parle de cette collaboration car elle illustre bien le savoir-faire de Septième Largeur, en particulier à travers le plateau cousu main. Comme vous le voyez, il s’agit de deux empiècements de cuirs cousus ensemble avec une couture double aiguille faite main.

Vous l’avez compris, il faut une belle dose de force et de technique pour réaliser une couture au travers de ces deux morceaux de cuir.

Ce qui différencie Septième Largeur et sa fabrication Espagnole

Si vous suivez la mode masculine depuis un moment, vous savez bien que le segment 200-400 euros en chaussures est assez encombré.
Et justement, notre boulot est de vous aider à bien différencier ces offres pour vous aider à choisir ce qui peut le mieux vous convenir. Avant de démarrer le test technique des bottes Moissac à proprement parler, voici donc les spécificités des souliers Septième Largeur, que vous retrouverez en général sur toutes les paires.

Pour rappel, les souliers Septième Largeur sont fabriqués en Espagne, à côté de Valence: il s’agit d’un atelier avec lequel le fondateur, Marcos Fernandez, travaille depuis plus de 40 ans.

Le talon en strate de cuir:

Les talons sont composés de strates de cuir (100% cuir donc) posées main. Ca peut paraître une évidence mais les ateliers qui proposent cette construction sont au final assez rares. Beaucoup de talons sont construits à partir de cuir reconstitué, avec de la résine ou du salpa (beaucoup moins durable donc).
Vous vous en doutez, un talon en cuir coûte beaucoup plus cher à produire, d’autant que les couches de cuir sont extrêmement fines

Une paire protégée avant votre passage chez le cordonnier

Pour Matthieu, il est important de porter un peu une chaussure et d’assouplir la semelle avant de l’emmener chez le cordonnier et de poser patin et fer.
Deux finitions sont ainsi prévues pour protéger la couture Goodyear et l’avant de la semelle lors de ces premiers ports.

a Goodyear sous gravure

La couture petits points, caractéristique du Goodyear, est protégée par une fine bande de cuir qu’on appelle gravure fermée. Son rôle est de protéger la couture en particulier pendant les premiers ports.

Ainsi, on peut facilement assouplir (« casser ») la semelle de la chaussure pendant les premiers ports avant de faire poser un patin et un fer, le tout en préservant l’intégrité de la couture.

b Les 7 clous de laiton

Vous trouverez à l’avant des modèles avec semelle en cuir classique 7 petit clous en laiton, qui vont protéger l’avant lors des premiers ports en attendant la pose d’un fer.

Le chevillage bois

Il ne se remarque pas forcément sur la paire testée du fait de la semelle en dainite: il s’agit d’un montage réalisé à partir de 14 clous en bois qui aident le cambrion en métal à rester bien en place. On se rapproche ainsi des cambrions en bois et en cuirs utilisés par les bottiers pour les chaussures sur-mesure.

Les clous sont ici en bambou, retenu pour sa durabilité et sa souplesse: on compte 7 clous de chaque côté du cambrion.

II Test des bottines Moissac dainite

J’ai donc choisi pour ce test des bottes Moissac : des Jumper Boots (issues du monde militaire et portées notamment par les aviateurs) bien faites, en cuir grainé, avec un montage résistant et des semelles increvables.

1 Construction increvable Storm Welt

Vous connaissez déjà bien le cousu Goodyear: si ce n’est pas le cas je vous invite à jeter un coup d’oeil à notre guide ultime des chaussures sur le sujet.

Ici, il ne s’agit pas exactement d’un montage Goodyear mais d’un montage Goodyear façon Storm Welt: au lieu d’avoir une trépointe classique, on a en effet une trépointe bourrelet, qui va légèrement remonter et qui sera plus couvrante. Elle assure ainsi plus d’étanchéité.

Evidemment, on recherche ici des bottes résistantes: il s’agit donc d’un cousu Goodyear 360 (trépointe et couture petits points), qui fait le tour du modèle, talon compris (c’est ce qu’on appelle dans ce cas « talon baraquette »).

2 Matière et couleur

a Le cuir box calf grainé

Il s’agit ici d’un cuir box calf grainé brut de la Tannerie Du Puy coloré en manufacture à plat (à partir de formules de couleurs exclusives à Septième Largeur): les cuirs grainés sont en général un peu plus épais, et la texture les rends plus résistants aux intempéries et aux marquages.

Ce qui est encore plus intéressant ici, c’est le coloris chocolat très particulier de la paire. Quand je l’ai vu en vrai, dans la boutique, je me suis dit qu’il avait une profondeur et une richesse très inhabituelle pour une paire sortie d’usine dans cette gamme de prix.

b Une erreur de couleur pour un résultat fait main

Et effectivement, il y a bel et bien une histoire derrière cette couleur, que Mathieu ne voulait pas forcément mettre en avant au départ.

C’est en fait au départ la couleur Gold qui a été livrée au flagship Septième Largeur à Saint-Lazare: une bonne cinquantaine de paires.
Même si le résultat passe bien, le coloris best-seller sur ces bottines chez Septième Largeur est le chocolat: il n’était donc pas envisageable d’attendre davantage et d’en recommander, sous peine de perdre des ventes.

Mathieu et son équipe ont donc passé des jours à patiner à la main eux-même toutes les paires pour se rapprocher du fameux rendu chocolat obtenu normalement à l’usine.

Je dis bien se rapprocher car, étant donné qu’il est réalisé à la main au pinceau, il est beaucoup plus riche, profond, irrégulier (et donc intéressant) que le coloris industriel classique réalisé à plat à l’éponge.

Bref, grâce à cette erreur très fortuite, c’est un peu comme si vous aviez une paire avec une patine offerte 🙂

Semelle et talon

a Semelle en Dainite

Il s’agit des semelles mythiques anglaises en 100% gomme naturelle: elles sont étanches, relativement souples, isolent et accrochent bien.
C’est exactement le genre de semelles que vous devez avoir si vous privilégiez l’adhérence avec des crampons qui ne prennent pas la poussière, et surtout une finesse étonnante qui autorise un port en ville.

Dainite est en fait une filiale du producteur britannique de caoutchouc Harboro: son nom est une contraction de « Day and Night », qui désigne le travail acharné et l’obsession pour la qualité de la firme.

A part Vibram, il n’y a pas vraiment d’équivalent sur le marché pour des bottes robustes. Son point fort, c’est qu’elle ne retient pas la saleté: elle ne saliront pas votre intérieur et seront faciles à nettoyer.

Pourquoi ? Grâce à la forme circulaire des crampons, qui laissent simplement la poussière circuler librement sous la semelle sans l’emprisonner (comme ça peut être le cas avec des crans classiques). Il n’y a littéralement pas de recoins où la poussière est susceptible de se loger.

Elles ne possèdent par ailleurs pas de traces de carbone (ce qui peut parfois salir les sols) et sont renforcées en minériaux avec de la silice et du silicate d’aluminium.

Quelle différence entre Dainite et Vibram ?

En 2 minutes: la semelle Dainite est bien adaptée des bottes affirmées mais dans un cadre plutôt urbain, et éventuellement un peu à la campagne. Les semelles Vibram sont quant à elles plutôt réservées aux vraies bottes d’outdoor, de randonnée etc (des contextes où on préfère que ça accroche plus, et tant pis si ça prend plus de saleté).

Talon en strates de cuir

On vous en a déjà parlé au dessus: le talon est 100% cuir.

3 Forme

Il s’agit de la forme 7505, une forme inspirée des bottes d’équitation et adaptée aux pieds standards à larges.
Si le site présente la forme comme généreuse et courte, je trouve qu’elle est pile assez allongée pour conserver un peu d’allure et bien se porter en ville.

J’ai un coup de pied assez peu prononcé donc, dans mon cas de figure, je les porte avec une semelle en dessous.

4 Bottes: oeillets et soufflets

Comme toute bonne boots inspirée de l’univers militaire, on y trouve des crochets pour le laçage rapide, aussi appelés speed hooks: les bords sont travaillés de manière à ne pas user les lacets au fur et à mesure des ports.

On trouve enfin deux soufflets en cuir sur les côtés qui permettent un bon effet coupe-vent (et effectivement on sent bien que le pied est à l’abri). J’ai lamentablement oublié de les prendre en photo pendant les deux shootings donc voici les photos du site:

III Conseils de style

1 La tenue casual classique

Une chemise en flanelle à chevrons, un pantalon en flanelle greige et un blouson en cuir de chèvre velours plus clair. Bref, même si tout est assez travaillé en terme de matières, on est clairement sur un registre casual.

Vous noterez le contraste bleu nuit/marron noisette qui est assez fort pour bien respecter mon contraste peaux/cheveux. Le cuir de chèvre velours marron fait bien echo au cuir chocolat des bottines (l’idée n’est évidemment pas de matcher à 100%).

Le pantalon en flanelle, entre le gris et le beige, permet une bonne transition entre les bottes et le haut.
Evidemment, je vous conseille avec ce genre de bottes de ne surtout pas porter de matières estivales (lin/coton et lin ou, encore pire, un tissage seersucker).

Je porte ici
une chemise en flanelle Hast
un blouson en cuir Atelier Bertrand
une montre Armogan
un pantalon Pini Parma

2 La tenue casual travaillée

Pourquoi travaillée ? Car même si le style final est décontracté, on y intègre aussi des pièces habillées (à savoir le pantalon et la chemise).

Il n’est pas forcément simple de détourner un pantalon de costumes à rayures: ça passe bien ici car la matière est épaisse et la couleur gris clair sort un peu du lot, tout en étant assez effacée. Ce gris clair permet à la fois bien au cuir grainé chocolat et à ses multiples nuances de s’exprimer, tout comme au pull Alp et son vert forêt vif.

Le manteau Atelier Loden camel est plus neutre et calme le tout.

Je porte ici:
un manteau d’hiver Atelier Loden
un pull Alp Paris
une chemise formelle col semi-cutaway Hast
un pantalon Berence Genève

Conclusion

Comme vous l’autre compris, je suis très satisfait de ces bottes Moissac et de leur grande polyvalence. Celle-ci est favorisée par:
– une forme polyvalente mais élégante
– une semelle Dainite qui accroche bien mais sans épaissir outre mesure la botte
– un cuir chocolat somptueux, avec de belles couleurs et réalisé entièrement à la main (comme quoi, les erreurs de livraison ont du bon)

En plus de ces caractéristiques, on a tous les avantages de la fabrication espagnole propre à Septième Largeur (même si ça se voit moins sur cette paire du fait de la semelle Dainite).
Il s’agit donc à 325€ d’un excellent rapport qualité/prix si vous recherchez une belle Jumper Boot de ville, parfait pour rajouter du caractère à vos tenues casuals.

Les bottes Moissac sont disponibles ici à 325€

Valery

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