Atelier Particulier : un modèle sans intermédiaire et très bien exécuté + test chaussettes, ceinture classique et ceinture tressée et cravate
Aller droit au but…
C’est ce dont je vous avais déjà parlé dans un vieil article de 2013 sur toutes ces marques qui vous proposent de meilleurs produits en éliminant tous les intermédiaires possibles et imaginables (c’est un peu ce que je fais aussi avec les écharpes JamaisVulgaire).
Vous connaissez les e-shops Everlane ou Maison Standards mais aussi les projets Kickstarter comme Gustin ou Apto: il s’agit d’autant de moyens de trouver le fabricant, de proposer un nouveau design puis de le vendre soit même en direct.
On pourrait débattre éternellement sur les avantages et inconvénients de cette méthode: vaut-il mieux chercher la gloire, les paillettes et surtout une vraie bonne visibilité ainsi qu’une image de marque facile en étant distribué dans des spots hype comme Colette ou Merci (mais qui prendront une grosse part de la marge) ?
Ou est il préférable de faire soit même son e-commerce et de pouvoir vendre un produit de meilleur qualité, tout en se rémunérant mieux, mais en construisant sa notoriété à la sueur de son front ?
Pour le consommateur, il s’agit évidemment de la deuxième réponse: le nombre de marques qui ne cessent de s’engager sur ce chemin le confirme chaque jour.
Très bien, on commence à bien connaître ce concept: qu’est ce qu’Atelier Particulier y apporte de nouveau ?
Pas grand chose. Mais la marque l’exécute bien (voire même très bien): des produits à ce niveau de qualité dans une tranche de prix un peu entrée/milieu de gamme, c’était vraiment loin d’être acquis (souvenez-vous de ces marques de chaussures à montage goodyear mais au cuir de très mauvaise qualité, comme Beckett Simonon).
Afin d’étudier cette marque en profondeur, nous allons d’abord voir un peu son histoire et son concept et ses premières créations, puis ensuite analyser la cravate en laine, la ceinture et les chaussettes.
I Histoire et concept
C’est en Novembre 2013 que j’entends parler pour la première fois d’Atelier Particulier à travers un premier projet Ulule.
Celui-ci est porté par Fulbert et Benjamin, associés et amis férus de mode, mais surtout de textile et de confection. Leur curiosité les a naturellement poussé à s’intéresser au fonctionnement du secteur aussi bien au niveau de la distribution que des médias, mais aussi à découvrir comment et surtout OU les produits étaient confectionnés.
Le but étant de repérer les façonnier les plus qualifiés possibles, et surtout experts dans un domaine bien précis.
Deux pays sortent du lot: la France et l’Italie, avec des régions bien spécifiques remplies de petits artisans qui travaillent d’habitude pour les grandes maisons.
Le premier Ulule fait un carton, avec 138 préventes sur un objectif initial de 50: il s’agit de cravates fabriquées dans la région de Côme (qu’on va tester ici)
La marque continue sur sa lancée et teste pas à pas différents produits pour élargir sa gamme avec soin, sans jamais le faire au prix de lourds investissements, mais plutôt toujours avec le crowdfunding et son système de précommandes: on est certain d’avoir un produit qui va vraiment plaire. Elle confirme ainsi quelques mois plus tard un second produit: les écharpes, qui sont cette fois-ci réalisées en France. (une seconde vente sur les écharpes arrive pendant la période des soldes, pour protester contre le phénomène des soldes typique du retail).
La troisième campagne porte sur les chaussettes (qu’on va aussi tester) avec un mélange originale 80% laine mérinos 20% acrylique, fabriqué en Italie.
Une fois ces trois produits validés par le public, Atelier Particulier ouvre fin 2014 son e-commerce avec toujours un souci de clarté et de transparence similaire.
La nouvelle production d’écharpe (fabriquée en Italie) est d’ailleurs remarquée par le blog CommeUnCamion qui lance une commande groupée, aboutissant sur plus de 800 exemplaires vendus.
Après cette belle prouesse, il y a fort à parier que la marque fasse un joli bond en avant et nous réserve de belles surprises en élargissant sa gamme.
Voici déjà un aperçu des nouvelles matières dénichés aux derniers salons d’acheteurs, notamment le fameux salon PREMIERE VISION qui regroupe tous les meilleurs fournisseurs mondiaux (même si je dois dire que les bons fournisseurs du Cambodge n’ont pas encore trouvé les moyens pour y figurer).
Mise à jour Septembre 2016
Atelier Particulier a connu une très belle évolution depuis la parution de l’article en 2015. La gamme s’est considérablement enrichie, tout en proposant toujours un excellent rapport qualité/prix.
Voici un petit aperçu:
J’apprécie tout particulièrement la transparence et la clarté des fiches produits qui vous permettront surtout d’avoir un excellent aperçu de la fabrication et des usines et atelier avec lesquelles la marque travaille. Pour chaque ceinture, écharpe ou encore cravate, vous pouvez facilement voir les marques qui travaillent normalement avec ces ateliers (et du coup juger de l’économie que vous réalisez en passant par Atelier Particulier plutôt que par une marque établie).
II Les articles testés: chaussettes, ceinture classique et tressée, et cravate Atelier Particulier.
La ceinture en cuir n°1 (septembre 2016 par Aurélien)
La ceinture, cet accessoire incontournable du vestiaire masculin. Elle peut se présenter sous un nombre de formes qui laisse parfois songeur l’acheteur déterminé à choisir sa nouvelle ceinture selon les besoins.
Alors qu’une ceinture tressée est plus souvent visible dans des tenues smart-casual aux traits preppy, la ceinture classique en cuir est indissociable d’à peu près tous les styles possibles et imaginables, même si elle s’intègrera à merveille dans un look élégant voir business au besoin.
Et pour ce qu’il s’agit d’une ceinture aux traits élégants mais totalement polyvalente, la « Cuir n°1 » est remarquablement exécutée.
Made in .. ?
France bien sûr. Fidèle à son modèle, la marque Atelier Particulier est allée une fois de plus chercher le savoir faire où il se trouve, et il faut bien avouer que sur la ceinture en France, on est loin d’être mauvais (#cocorico).
Et si je vous disais que l’atelier qui fabrique cet accessoire est le même qui fabrique pour plusieurs grands noms du luxe français et anglais . Et bien oui, vous penserez tout de suite « haut de gamme » ou encore « je vois défiler les zéros devants mes yeux concernant le prix ». Et dans les deux cas vous auriez raison, personne ne vous tiendra rigueur de quoique ce soit.
« Et oui, la qualité ça se paye » : nous aurions pu rester sur cette fatalité, mais elle n’est pas du goût des créateurs d’Atelier Particulier, se battant à juste titre pour obtenir des pièces de goût et de qualité supérieures à des prix ultra compétitifs. Et puis lorsque l’on sait qu’une douzaine d’ouvriers fabriquent, découpent, lissent, montent .. cette ceinture (à la main of course), le doute s’envole quant à la qualité des finitions et au respect des plus fins détails.
Parce qu’elle est faite en.. ?
Cuir de vachette pleine fleur ! Oui monsieur. Alors pour les détracteurs de la vachette (la pauvre) qui lui préfèrent son ami le veau, on gardera l’argument du prix qui est tout de même souvent bien plus conséquent sur le veau, et malgré sa qualité très souvent exceptionnelle, on note un léger moins quant à sa solidité face au cuir de vachette. Et puis pour faire en sorte que vous gardiez votre ceinture le plus longtemps possible, la doublure intérieure est en nubuck au tannage végétal : #finesse #douceur #durabilité. Voila.
Et au niveau du design ?
Rien de mieux qu’un classique; on ne peut pas faire plus efficace. Avec ce modèle, on parle de proportions totalement dans la norme, avec une épaisseur de 3cm (la parfaite largeur pour une ceinture aux traits élégants)..
Le marron est juste calibré parfaitement pour accompagner la majorité des tenues, que vous soyez plutôt smart-casual ou plus formel. On apprécie beaucoup la présence des deux passants qui vont maintenir la pointe en forme d’ogive de la ceinture lorsque vous la porterez à la taille.
On observe aisément sur ce visuel la qualité des coutures.
Vu d’ailleurs un peu plus haut, Atelier Particulier ne rigole pas avec les détails : on retrouve sur la partie intérieure de la ceinture une surpiqûre rouge, ainsi que le nom de la marque, le « Made In France » et le cuir utilisé gravé. Oui, le diable est dans les détails.
Souvent un détail lorsque l’on parle de ceintures de qualité, le design de la boucle est fort appréciable sur ce modèle : j’ai tendance à préférer les ceintures fines, dont la boucle ne gâchera pas le tout en étant parfois disproportionnée (cf. les ceintures de cowboys). Bref, on retrouve une boucle carrée argentée avec une sortie légèrement arrondie, pile poil dans les bonnes proportions pour accompagner la ceinture.
Mais il est où le hic ?
Bonne chance pour trouver un détail qui ne fera pas l’affaire, surtout pour une ceinture qui sort à 60€ à la fin des comptes !
Bon allé, il est vrai à la rigueur que pour un prix si bas et vue la qualité de conception affichée, il y a un détail sur lequel il faudra compter sur votre débrouillardise : lorsque vous achetez cette ceinture, vous remarquerez qu’il n’y a pas de choix de taille.. Parce qu’elle est envoyée en taille unique ! Pratique pour éviter les problèmes de stocks sur une taille ou une autre, certaines personnes peuvent crisser des dents lorsqu’on leur dit d’aller voir ensuite un cordonnier pour l’ajuster (faisable à la maison, si vous avez les quelques outils nécessaires).
Cependant, aller voir un cordonnier ne vous coûtera que quelques euros (autour de 5€ selon l’atelier), et cela ne prendra que 5 minutes pour ajuster la ceinture à votre taille.. En plus, j’ai eu une confirmation de mon cordonnier lorsque je lui ai mis la ceinture entre les mains qui a commenté : « très jolie ceinture, c’est du bon cuir ça » !
Je la mets avec..
Entre nous, je ne mets presque que des ceintures marrons. Donc à prime abord, j’aurais tendance à dire que cette ceinture passe avec tout. Cependant, elle ira à la perfection avec un costume bleu marine ou pétrole, avec une paire de souliers du même coloris, ou tout simplement avec un chino beige, une paire de sneakers blanches, un tshirt ou une chemise et une veste de blazer bleue (plus ou moins le style que j’affiche le plus souvent). La preuve en image :
La ceinture tressée d’été en lin multicolore
Les ceintures tressées d’Atelier Particulier m’ont vraiment tapées dans l’oeil et je n’ai pas pu m’empêcher de les comparer sur le papier aux modèles Anderson’s, une marque aussi au bon rapport qualité/prix pourtant vendue deux fois plus cher.
La matière
On a vraiment pas l’impression de toucher du lin au début tellement la densité de la matière est étonnante. J’ai aussi l’image du lin comme étant une matière plus rêche et pas très nette et j’ai été surpris de voir à quel point ici les torsades sont propres, sans un seul fil qui ne dépasse.
Les finitions
La qualité d’une ceinture se remarque aussi par la boucle qui respire ici la solidité et qui se distingue des laitons qu’on peut retrouver ailleurs. Le zamak est un composite (zinc, magnésium, aluminium et cuivre) léger et résistant, en particulier à la corrosion. Il étonne aussi par son touché plus lisse que les autres métaux.
On a par ailleurs un cuir de caractère, bien gras. (à bien différencier des cuirs corrigés lisses au rendu plastique): le tannage végétal est de qualité et laisse présager une belle patine au fur et à mesure des ports.
Le design de la boucle est en revanche un peu plus classique que celui de la ceinture formelle testé par Aurélien.
La largeur de 3 cm est parfaitement adaptée à des ceintures casuals.
Conseils de style
Cette ceinture se porte clairement dans une tenue d’été. L’idée est de mettre en valeur son travail de texture et de couleur: elle se porte du coup avec des pantalons à la texture et à la couleur sobre. Ici, il s’agit d’un pantalon gris en popeline de coton Soran (sûrement le pantalon le plus léger qu’il m’ait été donné de tester), mais je la porte aussi régulièrement avec mon chino bleu marine le Pantalon.
Je vous déconseille de la porter avec des chinos d’une couleur trop vive (ce n’est pas une faute de goût, mais la ceinture sera simplement un peu moins mise en valeur).
La seule originalité sur la couleur se fait au niveau de la veste: il s’agit cependant d’une couleur assez estivale qui fait bien écho au registre de la ceinture. On a ici deux pièces qui jouent énormément sur la matière avec en plus la veste en lin, laine et soie à la texture prononcée. Une troisième matière marquée (sur la chemise par exemple) aurait probablement été de trop ici.
Elle est disponible ici à 40 euros.
2 Les chaussettes
J’avais été au début assez étonné de la composition de ces chaussettes: 80% laine mérinos et 20% acrylique, moi qui m’attendait plutôt à du 100% laine écossaise.
Mais mes doutes se sont très vite dissipés face à la douceur de la matière et à la régularité de sa texture. C’est surtout par rapport à la chaleur que l’acrylique me faisait le plus peur, mais après près de 3 mois de ports je n’ai eu aucun souci: ces chaussettes sont assez chaudes pour être portées l’hiver en France et assez fines pour être portées au Cambodge en saison sèche (évidemment, elles tiennent un peu chaud, mais c’est loin de me faire suer).
Les finitions sont irréprochables et les couleurs sont très sobres, c’est plutôt agréable de voir un panel de couleur qui s’éloigne un peu des couleurs traditionnelles comme le rouge Gamarelli: on est plutôt sur des couleurs basiques et faciles à porter, qui peuvent soit calmer un bas un peu coloré, soit doucement réhausser ses couleurs.
Voici quelques photos avant que je ne les mette à l’épreuve:
3 Les cravates : test de la cravate en laine et cachemire pied de poule
a La cravate en laine et cachemire pied de poule
Finition et qualité
Dès lors la cravate en main, on sent déjà une certaine qualité avec un certain poids, signe d’une belle main.
Tous les signes traditionnelles de qualité sont là avec un point d’arrêt, un passant cousu en trois points et une triplure en laine.
La matière
C’est surtout par sa matière que cette cravate se distingue. Il est assez rare de trouver des flanelles de laine aussi épaisses mais avec une texture aussi travaillée comme ça peut être le cas ici.
Nous avons pu prendre les photos aux alentours de 18H30, pile lorsque la lumière commence à se faire un peu plus rare en Septembre. On a pu du coup constater à quel point cette cravate prenait bien la lumière, et surtout adoptait des nuances de couleurs différentes.
D’un bleu clair prononcé en pleine journée, elle passe à des reflets davantage bleu métallique, voire légèrement grisés au fur et à mesure que la lumière s’éclipse.
Ces deux tons mettent en tout cas bien en valeur le subtil motif pied de poule.
Conseils de style
La main et la densité de cette cravate en laine auraient pu laisser craindre une certaine rigidité. J’ai donc voulu la mettre à l’épreuve en la portant avec une tab collar (une structure de col où il est plutôt préférable d’avoir une cravate souple et fluide pour obtenir un joli noeud).
L’idée de la tenue est également de mettre en valeur la texture de la cravate en laine : le reste de la tenue est donc discret là dessus. La chemise se distingue par sa structure, la pochette par ses motifs, sa matière et ses couleurs et la veste est quant à elle plus sage et fait office de basique qui structure le tout. (il s’agit à la base d’une veste BonneGueule qui a malencontreusement été passée en machine au Cambodge, d’où pas mal de plis hasardeux).
Le test est plutôt ici bien réussi puisque (comme vous avez pu le voir un peu plus haut), la cravate nouée donne une très belle goutte, avec ici un noeud double four-in-hand.
Elle est disponible ici à 40 euros.
b Les anciennes collections
Vous l’avez sûrement remarqué, il y a une petite évolution entre la première collection Atelier Particulier ulule et les cravates actuellement disponibles sur l’e-shop, plus sobres et unies. S’il s’agit du même atelier de Côme, au savoir-faire centenaire, la marque insiste plus cette fois sur la qualité de la matière plutôt que sur des textures recherchées (mise à part pour la cravate à chevrons).On a surtout une laine Loro Piana, habile mélange de laine et cachemire.
Tous les signes de qualité sont là: le passant monté main et cousu en 3 points, le point d’arrêt double noeud à l’aiguille et le fil de tension twisté et cousu main. On reviendra dans un prochain article sur ce que ces caractéristiques apportent concrètement à la tenue et à la durabilité d’une cravate.
Voici un des modèles (le gris , en 2è position en partant de la gauche) que je porte avec la tenue business parfaite. J’ai choisi des basiques afin de bien mettre en valeur la texture de la flanelle.
Les chemises sont ainsi en popeline de coton et à chevrons. Le costume gris est en sharkskin (un sergé de laine bien particulier) et le bleu est un twill classique.
4 La ceinture tressée
Je ne tiens pas particulièrement les ceintures tressées en affection: il s’agit pour moi de pièces trop estivales, trop preppy et donc trop peu polyvalentes. Mais Atelier Particulier m’a surprit surtout avec la matière: de la bonne grosse laine bien dense et de l’autre côté du cuir veau velours.
Le contraste de matière rajoute beaucoup de caractère à la ceinture, et le côté bi-matière donne une belle polyvalence.
La laine tressée est fournie par un atelier centenaire, qui confectionnait à la base des cordes pour navire (belle garantie de solidité donc) et le cuir vient de toscane (avec un tannage végétal). Les finitions sont ensuites assurées par un atelier suisse.
C’est ici la ceinture en cuir tressée camel qui a été testée: elle était idéal pour faire une transition sur une tenue casual, entre des variations de gris et de bleu ciel:
Un assemblage formel bien détourné grâce à un contraste de matières original
Bonjour Valéry, peux-tu me donner la référence de ta veste en lin verte ? Elle est magnifique !
Merci.
C’est une Blandin&Delloye en mesure que je vais bientôt présenter !
Mais qui est ce charmant asiatique?
C’est un pote que tu pourras aussi retrouver sur thenextdoor.fr