Lorsque l’on commence une garde-robe, il n’est pas forcément intéressant d’avoir des pièces ultra-spécialisées pour une saison.
Il est en effet plus sage de jouer sur la polyvalence et d’acheter au début des pièces que l’on pourra porter au maximum tout au long de l’année.
Et cela peut aussi bien être valable lorsque l’on a une collection déjà bien fournie. C’est en tout cas la réflexion que je me suis fait lors de mon dernier passage chez la marque Septième Largeur, chez qui je souhaitais une nouvelle paire pour le festival Pitti Uomo.
Sommaire
La nouvelle collection été 2022 de chez Septième Largeur
A travers la réflexion effectuée pour choisir la paire de test, je vais brièvement vous présenter la nouvelle collection Septième Largeur
Nous retrouvons d’abord la fameuse paire Nicodème en cuir de cerf chocolat, c’est une paire de la collection estivale mais que j’ai portée allègrement toute l’année ( moins entre novembre et février) et que j’ai adorée pour son cuir ultra-souple.
Des paires à l’identité plus marquée était ensuite présentes : d’abord la Gatsby commando, dont Hugo Jacomet avait fait l’éloge dans une de ses séries de vidéo.
Une très belle paire mais pas forcément facile à porter, et je voulais également une paire sans laçage.
Enfin les fameuses paires Ivy, les plus preppy que l’on puisse trouver avec leur beau plateau cousu main mais un cuir bookbindé forcément moins respirant que du veau velours durant les fortes chaleurs (on parle de 35 degrés).
Bref, il me fallait un modèle sans laçage (donc un mocassin) ainsi que du veau velours.
Cela m’a donc laissé avec deux options soit les Manhattan en veau velours noisette non doublée soit les Vadillo commando en veau velours doublé et semelle Vibram.
Ce marron un peu plus foncé que d’habitude m’avait aussi beaucoup plu
A l’essayage et en terme de légèreté, les premières sont évidemment gagnantes, mais au final pas de beaucoup.
J’avais peur que le veau velours doublé ainsi que les semelle Vibram rendent importables les Vadillo en cas de forte chaleur: celles-ci se révèlent pourtant assez agréables.
Je n’avais pas forcément non plus envie d’avoir une paire que je devrais ranger dès le mois d’Octobre.
Au-delà de la chaleur, il fallait également prendre en l’usage de ses chaussures: une semelle Vibram semble ainsi beaucoup plus adaptée pour littéralement battre le pavé toute la journée ( Florence n’est faite que de rues pavées): on en reparle un peu plus bas.
Le style évidemment plus fort de la paire a enfin achevé de me convaincre. Voici son test.
Test de la paire Vadillo Commando
Le style
Ce qui séduit d’emblée, c’est d’abord le contraste marqué entre la préciosité que l’on attend de tassels loafers ( les mocassins à pampilles) et le côté plus brut et rugueux d’une semelle Vibram crantée. J’avais peur que ce style très fort soit limitant en termes de styles, cela n’a au final pas du tout été le cas.
Rappel sur les tassel loafers, ou mocassins à pampilles
Avant de continuer, voici tout de même un petit rappel sur les tassel loafers, la déclinaison la plus habillée des mocassins, qu’on appelle aussi mocassins à pampilles ou mocassins à glands.
Elles sont imaginées en 1952 par Alden à la demande de l’acteur Paul Lukas qui voulait des chaussures au style européen mais avec lacets frangés. Alden les reprendra par la suite pour Brooks Brothers en 1957.
Elles ont acquis par la suite une certaine connotation politique aux Etats-Unis en étant très prisée par la bourgeoisie du parti Républicain. La réplique de Reagan à Bush après l’avoir battu à la primaire du parti est restée dans l’histoire « those tasseled-loafer guys who always cry foul when they lose » et a achevé de faire de ces mocassins un symbole de l’Amérique libérale et décomplexée.
La droite française plus tard récupère également ce symbole jusqu’au début des années 2010 : Nicolas Sarkozy est sûrement un des derniers à avoir fait parler de lui sur ce sujet lors de l’élection 2012.
Depuis une dizaine d’années, et en particulier depuis qu’il est devenu très mal vu pour un homme politique de bien s’habiller, cette connotation politique des mocassins à pampilles s’estompe pour moi peu à peu.
Ici, la semelle Vibram beaucoup plus workwear atténue largement ce côté plus précieux et bourgeois et permet de rééquilibrer la paire.
La semelle commando Vibram Gumlite
C’est cette épaisse semelle crantée qui me dissuadait au départ de choisir cette paire, surtout pour aller à Florence et marcher sous 35 degrés.
J’ai été très surpris de sa légèreté en l’enfilant: il ne s’agit en effet pas d’une semelle Vibram classique mais d’un modèle Gumlite, 40% plus légère, mais qui conserve toute la fonctionnalité d’une semelle Vibram notamment en terme de confort et d’adhérence.
Ce genre de semelle épaisse sera aussi bien pratique en Automne/Hiver pour isoler du froid (par contre, ça ne marche pas avec la chaleur).
Sur ce plan là, il y a en fait un vrai calcul à faire pendant vos vacances:
– allez-vous rester tranquillement en terrasse déjeuner et siroter des cocktails en rythmant le tout par plage, piscines et micro-ballades ?
Bref, si vous ne comptez pas énormément marcher et si les trottoirs sont relativement lisses, alors vous pouvez vous tourner vers une semelle en cuir classique, et pourquoi pas les mocassins Manhattan non doublés.
– ou au contraire allez-vous littéralement battre le pavé, enchaîner six musées sur la journée et allègrement dépasser les 10000 pas recommandés ? Si c’est le cas, et si en plus vous êtes dans une ville au pavage parfois marqué (comme Florence notamment, mais c’est vrai dans beaucoup de grandes villes), je vous recommande largement de privilégier les semelles commando. Elles tiendront forcément légèrement plus chaud qu’une semelle en cuir nue plus fine, mais le gain de confort en vaut largement la chandelle.
Attention en revanche à éviter les chemins en gravillon (que vous risquez de voir souvent sur les divers lieux de mariage de cet été) qui sont doublement salissants pour cette paire car ils vont marquer à la fois la tige et la semelle commando. Voici le résultat après à peine 50 mètres de marche dans ceux du Pitti Uomo.
Le veau velours Repelleo de chez Stead
Charles Stead est un nom bien connu si vous vous intéressez aux souliers: il s’agit de la seule tannerie à proposer un veau velours qui ne craint pas l’eau, et qui n’a pas besoin d’imperméabilisant. Un procédé appelé « Scotch Guard » intervient en effet dans le tannage pour donner au cuir une grande résistance aux tâches.
Si vous pensiez que le veau velours était fragile et délicat, il s’agit sûrement du parfait contre-exemple. Cette spécificité de la tannerie confère en tout cas à cette paire une belle polyvalence et permet à cette paire d’être portée aussi facilement en Automne.
La forme 909
Celle-ci est un peu plus allongée que celle des penny loafers de la marque: cette forme plus fine permet d’équilibrer le volume supplémentaire apporté par la semelle Vibram Gumlite.
Le cousu Comfort welted
Il s’agit d’une version plus souple que le cousu Goodyear classique. J’avais beaucoup d’appréhension à marcher des journées entière avec semelle commando + cousu Goodyear: ici cela n’a pas posé de problèmes avec cette variation Gumlite et Comfort Welted (à part peut-être des douleurs en fin de journée à cause des pieds qui ont gonflé, mais rien de surprenant).
Pampilles et plateau couture pincée double aiguille
Les pampilles nouées à la main
Il s’agit de ma seconde paire de mocassins à pampilles: celles-ci sont plus imposantes et avec un fil plus long que sur mes Carmina (dont les pampilles paraissent un peu petites maintenant en comparaison). Ca tombe bien car c’est plus cohérent avec la semelle commando plus épaisse.
Ces pampilles sont nouées à la main dans l’atelier espagnol de la marque. Il est possible que le frottement des pampilles contre le cuir de la tige décolore légèrement celui-ci. C’est ce qui m’est arrivé au pied gauche: c’est normal et très facilement rattrapable.
Le plateau pincé double aiguilles
Contrairement à d’autres types de mocassins, un mocassin à pampilles est réalisé en un seul morceau de peau et pas en plusieurs comme les penny loafers classiques.
Ainsi, on n’utilise pas une couture jointée (qui comme son nom l’indique va jointer les deux empiècements) mais une couture pincée (qui va donc pincer un seul et même morceau de peau). Ici, il s’agit d’une couture double aiguille réalisée entièrement à la main.
Pourquoi le mocassin à pampilles est en une seul pièce et pas les autres mocassins ?
Car les penny loafers auxquels on est le plus habitués reprennent directement la construction en deux pièces du mocassin original, porté par les Indiens d’Amérique.
En revanche, le mocassin à pampilles est conçu en 1952: on savait à ce moment là facilement travailler une chaussure à partir d’une seule pièce de cuir.
III Conseils de style
Tenue habillee
Je vous jusqu’à présent toujours dit de bannir les semelles commando avec un costume: c’est au moins vrai pour les bottines et les derbies. Ca ne se fait évidemment pas avec des richelieu.
Par contre, le côté précieux des pampilles atténue ici largement le côté plus bourrin de la semelle commando: j’ai donc choisi de les porter avec ce costume bleu marine Sartorio (une marque de Kiton). Il ne s’agit pas non plus d’un costume ordinaire puisqu’il est complètement déstructuré, et avec des revers beaucoup plus bas que la normale.
Je porte les mocassins Vadillo avec:
– un costume Sartorio (par Kiton) de chez By Wilman
– une chemise en seersucker Couturier Parisien (test à venir)
– une cravate Balmain vintage en soie sauvage
– des lunettes de soleil Carlotti
Tenue preppy
Je porte les mocassins Vadillo avec:
– une veste en seersucker Swann Paris (test ici)
– une chemise en seersucker Couturier Parisien (test à venir)
– une cravate vintage
– un pantalon en lin Cacciopoli Fratelli Mocchia di Coggiola
– la mallette médecin Louis Valet de Pique
Tenue sartoriale estivale
Il s’agit d’une tenue formelle un peu plus premier degré que la première, malgré les matières estivales choisies (laine solaro pour le costume et coton seersucker pour la chemise).
Le veau velours marron foncé des mocassins atténue ici le côté plus précieux et habillé de la laine solaro .
Les revers assez massifs et arrondis du costume font quant à eux écho à la semelle épaisse des mocassins à pampilles
Merci à Pierre Prospero pour les photos ainsi qu’au Crown Plaza République pour avoir accueilli le shooting.
Je porte ici:
– un costume croisé solaro Blandin&Delloye
– une chemise seersucker Couturier Parisien
– une cravate vintage
– une montre vintage Dubois
– des lunettes de soleil Carlotti
Conclusion
La polyvalence et le confort des paires sont des qualités que je retrouve souvent chez Septième Largeur: cette paire ne fait pas exception à la règle. Si elle peut sembler à première vue forcément moins estivale qu’un mocassin classique non doublé, on garde cependant une certaine légèreté grâce à la semelle Gumlite de chez Vibram, 40% plus légère que les semelles Vibram classiques.
Le confort de celle-ci vous sera bien utile si vous prévoyez des vacances un peu culturelles, avec beaucoup de marche dans des centre-ville historiques pavés.
De plus, ces Vadillo commando conviendront également pour l’Automne/Hiver grâce non seulement à cette semelle qui isole du froid, mais aussi grâce au veau velours Repello de chez Stead, une référence en terme de veau velours imperméabilisé.
Enfin, je croyais jusqu’à présent que les semelles Vibram étaient réservées strictement à un usage décontracté. Au final, la préciosité des pampilles sur ces Vadillo atténuent fortement le côté brut de la semelle commando et permettent facilement d’envisager un port avec un costume.
Les mocassins à pampilles Vadillo semelle commando sont disponibles ici à 275€
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