Suisse, France, Allemagne: qu’est-ce que ces 3 pays ont en commun ?
Si vous avez répondu l’horlogerie, alors vous avez gagné.
On ne mesure pas forcément la chance que l’on a d’habiter un de ces trois pays au vu de la disponibilité de marques de montres établies bien pricées, ou même de micro-marques en pleine ascension.
C’est tout autre chose dans de nombreux pays: que ce soit des pays en développement ou des pays éloignés comme l’Australie. On doit ainsi là-bas se contenter de marques de luxe très communes, mais parfois revendues à des prix gonflés.
Dans ce contexte il est très tentant de vouloir prendre les choses en main et de créer sa propre marque.
C’est la réflexion que s’est fait le français Christophe Hoppé, après une belle carrière dans la finance en Suisse où il a eu une visibilité complète sur la production et les marges pratiquées par les grands groupes horlogers: une expérience qui lui aurait permis de développer une marque compétitive en Europe et qui est donc encore plus précieuse en Australie.
Sommaire
I Bausele: comment devenir une maison horlogère établie en moins de 10 ans
1 Une histoire entrepreneuriale down under
Christophe Hoppé profite d’une décennie d’expérience dans l’horlogerie comme directeur financier d’abord à Genève chez TechnoMarine (une marque qui englobe toutes les gammes de prix), puis dans le célèbre bassin horloger La Chaux-de-Fonds chez le fabricant d’aiguilles Universo, appartenant au groupe Swatch.
Difficile d’être mieux armé en termes de réseau et de gestion des coûts pour créer sa marque de montres. Après avoir été confronté à un marché de l’emploi australien saturé, Christophe décide ainsi peu après son arrivée de lancer sa marque en 2011: il conçoit et fait produire quelques échantillons pour créer deux ans plus tard Bausele.
L’idée est de créer une marque locale, qui assemble en Suisse à partir de composants suisses avec des critères de qualités comparables à celles de marques de luxe établies.
Vous me direz que l’argument « comme les marques de luxe, mais au prix juste » est un peu galvaudé car trop de projets sans intérêt l’ont utilisé à tort ces dernières années: Bausele peut en revanche le prouver très concrètement comme vous allez le voir dans ce test.
Mais bien entendu cette volonté d’un prix juste et contenu ne suffirait pas à créer un univers et un concept horloger pertinent: Christophe voulait une identité marquée liée à l’Australie d’où le nom Bausele: Beyond Australian Elements.
Elle se manifeste d’une première manière très concrète: un peu d’Australie dans la couronne, du sable de Bondi Beach jusqu’aux morceaux de l’Opéra de Sydney.
Une reconnaissance remarquable en Australie
En à peine une dizaine d’années d’existence, Bausele a travaillé (entre autres) avec l’Opéra de Sydney, les forces spéciales et la Royal Australian Air Force .
Autant vous dire que c’est pour un pays le genre d’institutions prestigieuses qui ne travaillent d’habitude qu’avec des marques horlogères établies depuis des décennies, et plus souvent des siècles.
C’est un tour de force de réussir à travailler avec elles aussi rapidement. Voici un petit aperçu des modèles les plus marquants (hormis la Oceanmoon que nous allons tester).
La collaboration avec la Royal Australian Air Force à l’occasion de son anniversaire centenaire
Cette collaboration n’est pas anecdotique puisque les partenariats de la RAAF sont rares et surtout sélectifs: le dernier remonte aux années 40 avec des marques comme Jaeger-Lecoultre et IWC.
Christophe s’est investi à fond dans le design et s’est inspiré des montres de la RAAF des années 40 pour le modèle Airfield, qui contient des pièces du Caribou DHC-4, un avion de transport de troupes utilisée lors de la Guerre du Vietnam.
L’Aviator, plus proche de la Oceanmoon que nous allons tester, contient quant à elle une pièce de l’avion de chasse F/A-18A Hornet, un des avions emblématiques de la RAAF.
Les smart watches Vintage
Dans un tout autre registre, Bausele propose également sa propre interprétation des smartwatches, qui est à mon goût plutôt réussie puisqu’elle passe sans problèmes pour une montre habillée classique et sans fioritures.
Les coulisses de Bausele
Pas facile de gérer une marque depuis l’Australie, un territoire vaste mais insulaire et éloigné, donc isolé.
Christophe ainsi travaille sur les modèles depuis Sydney, tandis qu’Arron Coote, le CEO est à Los Angeles.
Côté logistique: les ventes australiennes sont gérées depuis Sydney, et les ventes internationales depuis un entrepôt à Hong Kong.
Je l’ignorais d’ailleurs au moment de recevoir la montre: j’ai été très surpris des délais d’expédition, et aussi de la livraison gratuite ainsi que des retours offerts. C’était loin d’être évident pour une marque située littéralement à l’autre bout du monde.
II Test de l’ Oceanmoon IV
Nous avons testé la couleur Whiteblanche: sachez que chaque couleur est limitée à seulement 100 exemplaires. Une exclusivité assez étonnante pour une montre à seulement 790€ (avec livraison et retour gratuits).
Le cadran
Ce qui impressionne surtout sur cette montre, c’est la visibilité et la netteté de chaque élément du cadran ( si c’est primordial pour une montre de plongée, j’en ai rarement vu qui le faisaient aussi bien).
Le cadran blanc et de loin mon préféré: il est pour moi le plus sobre et le plus lisible grâce au contraste entre le cadran mat et les aiguilles dont le revêtement est légèrement brillant.
Enfin, il s’agit aussi du seul modèle pour lequel tout le cadran est luminescent la nuit, et pas seulement les aiguilles et les indexs.
Les aiguilles
Les aiguilles et indexes sont enduits d’un traitement SuperLuminova. On notera en particulier que l’aiguille au contour orange des minutes ressort vraiment bien. Et pour cause, c’est ce que regardent en priorité les plongeurs.
Le boîtier
Si le boîtier respire la solidité grâce à son acier 316L inoxydable, j’ai été personnellement plutôt frustré par sa taille. J’ai des petits poignets donc j’ai trouvé le boîtier vraiment épais pour moi surtout pour un diamètre de 42 mm.
J’imagine cela dit qu’étant donné que Bausele cible d’abord l’Australie, la marque s’est adaptée à la morphologie de ses habitants, en général plus grands.
L’ambassadeur officiel de la marque, Dominique Purcell acteur australien connu pour son rôle de Lincoln Burrows dans Prison Break, en est probablement un excellent exemple:
Heureusement les cornes restent assez courtes pour atténuer visuellement la taille et minimiser les dégâts.
De la même manière, la lunette tournante bidirectionnelle se trouve sous le verre afin d’atténuer encore un peu plus la taille du boîtier
Elle reste tout de même portable mais uniquement avec des vêtements plutôt épais type chemise flanelle et grosse maille. Sur moi, elle est tout à fait inenvisageable avec une chemise habillée et un costume.
La montre affiche enfin une étanchéité de 200 mètres.
Fond de boitier antimagnÉtique
Je dois vous avouer qu’il n’y a d’habitude pas grand-chose à dire sur le fond de boîtier d’une montre. Il peut être soit gravé avec goût, soit transparent pour nous laisser admirer un beau mouvement.
C’est ici tout le contraire avec cette montre Bausele qui a pris cette partie extrêmement au sérieux: il s’agit ici d’un fond de boîtier antimagnétique, protégé avec une cage de Faraday plus fine pour protéger le mouvement (une cage de Faraday est une coquille avec un conducteur électrique fermé de tout côté et qui protège l’intérieur contre les champs électriques).
Quel est l’intérêt d’une montre antimagnétique ? Celle-ci a de nos jours de plus en plus de mal à rester à l’heure à cause de l’omniprésence du magnétisme: plaque de cuisine, smartphone, tablette, fermoir de sac à main.
Je ne connaissais à vrai dire pas du tout ce type de caractéristique, et pour cause, après pas mal de recherches je ne l’ai trouvé autrement que sur des marques de luxe plus établies: IWC, Rolex (avec sa célèbre Milgauss), Omega et sa Seamaster 300M, Bréguet ou encore Panerai.
Bref, certainement pas des montres à 900€ comme vous vous en doutez. C’est assez étonnant de voir ça sur une montre à ce prix et ça en dit long sur le soin apporté par Bausele au sourcing.
Outre ces propriétés antimagnétiques, le fond de boîtier est gravé avec d’un côté l’océan, et de l’autre côté la lune avec la vue depuis l’hémisphère Sud (ça vaut le coup de le préciser car ce n’est pas du tout la même que depuis chez nous).
Quelles innovations sur le design ?
La couronne n’est pas située à 3H comme sur les montres classiques, mais plutôt à 4H. Cela permet sur un boîtier aussi imposant de moins gêner le poignet (c’est très appréciable pour ceux comme moi qui sont à vélo ou à moto). Elle contient comme je vous l’avais expliqué du sable de la célèbre plage de Bondi à Sydney.
Une couronne se situe sinon à 2 heures pour la lunette tournante.
Mouvement
Le mouvement utilisé et un très bon mouvement suisse STP 1-11, 26 rubis, avec un système incabloc (le système classique anti-choc de nombreux mouvements de qualité) et une réserve de marche de 44 heures.
Il est aussi doté d’un ressort de barillet Nivaflex, un alliage ultra-durable parfait pour ce type de mouvement. On rentre dans un sujet beaucoup plus technique, je vous invite à en lire plus sur ce très bon article explicatif d’Hodinkee si vous voulez en savoir plus
Les bracelets
Les bracelets sont disponibles dans la collection Oceanmoon: il s’agit du même type de bracelet que pour les Oceanmoon III. Les bracelets en cuir sont assez classiques mais plutôt bien finis: ils s’intègreront pour moi plus facilement dans une tenue décontractée.
Il y a en revanche plus de choses à dire sur les bracelets en plastique recyclé haute performance, en particulier sur leur texture travaillée et leurs reflets.
Attention en revanche, seuls les modèles en caoutchouc sont équipés d’une boucle déployante.
Tests
Saviez-vous que la dérive journalière de votre montre était influencée par sa position ? C’est une donnée surtout prise en compte par les horlogers, et les connaisseurs ultra-pointus, mais sur laquelle communiquent peu la plupart des marques. Et pour cause, beaucoup ne testent leurs montres que dans une position.
Seules quelques marques comme Rolex en parlent:
La batterie de tests subie par les montres Bausele, et plus spécifiquement les Oceanmoon, est de son côté beaucoup plus poussée avec 5 positions différentes, et avec une dérive moyenne de 3 secondes journalières. Bref, un niveau de rigueur et de performance dont peu de jeunes marques peuvent se targuer.
III Conseils de style
Je vous propose ici deux tenues confortables pour la fin de l’automne et surtout dont les pièces ont des épaisseurs bien adaptées à la taille de l’Oceanmoon.
En effet, pour les petits poignets comme moi, elle se porte de préférence avec des pièces bien épaisses (comme des grosses mailles) qui permettent de compenser l’épaisseur du boîtier et d’équilibrer le rendu final.
(j’étais en cruel manque d’inspiration pour le nom de ces tenues au moment de la rédaction, veuillez m’en excuser)
Tenue 1
Je porte l’Oceanmoon IV avec:
– un cardigan col châle développé avec Paris-Yorker
– une chemise Butticé
– un pantalon gurkha développé avec Maison Singulier
– des mocassins Septième Largeur
Tenue 2
Je porte l’Oceanmoon IV avec:
– un cardigan col châle développé avec Paris-Yorker
– une chemise en laine mérinos Béni
– un pantalon gurkha développé avec Maison Singulier
– des mocassins Septième Largeur
Conclusion
Je pars généralement du principe qu’il est idiot d’acheter des produits fabriqués en Europe à une marque située à l’autre bout du monde, et que, par rapport à une marque européenne on est perdant soit sur le rapport qualité/prix, soit sur la livraison ou les retours.
Bausele est une très belle exception à ce constat et coche toutes les cases que j’attends d’une nouvelle marque horlogère digne d’intérêt:
– un bon rapport qualité/prix
– des prises de risque sur le design et de très bonnes idées (notamment le sable dans la couronne)
– et avec en prime une livraison et un retour gratuits partout dans le monde (prévoyez en revanche une cinquantaine d’euros de frais de douane)
Ce n’est ainsi pas pour rien que les institutions australiennes les plus prestigieuses (Opéra de Sydney, Royal Australian Air Force) ont sélectionné Bausele comme partenaire, alors qu’elle ête tout juste ses 10 ans.
À travers des critères très concrets comme le fond de boîtier antimagnétique, l’ Oceanmoon IV est très représentative de cette qualité: c’est d’ores et déjà une de mes montres préférées pour un style décontracté. Je regrette juste les dimensions du boîtier qui la rendent compliquée à porter pour les plus petits poignets.
J’espère qu’à l’avenir Bausele proposera également des montres plus habillées, avec une telle qualité de fabrication et plus facile à porter avec un costume, pour les petits poignets comme le mien.
L’Oceanmoon IV est disponible ici à 794€
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