Test veja : les baskets éco-responsables (+test du modèle V10)
Quand éthique rime avec esthétique…
Dans une période chargée en sujets politiques, la question environnementale semble parfois distante des éternels marronniers. Mais quand le temps vient d’aborder le sujet, la France semble toujours coincée dans ses inévitables réflexions qui ne semblent jamais aboutir sur des solutions concrètes.
Cependant dans le domaine de la mode, certaines marques ont depuis longtemps pris le parti de regarder vers l’avenir, avec une évolution concrète vis à vis du respect de l’environnement et des processus de fabrication.
Parmi celles-ci, la marque française Veja fait office de porte drapeau.
I De 2004 à aujourd’hui : de l’eco-responsabilité à l’élargissement de l’activité
1. À l’origine de la marque Veja
C’est d’abord une histoire d’amitié qui est la base de Veja : François-Ghislain Morillion et Sébastien Kopp, alors diplômés d’une école de management, se lancent dans l’audit d’entreprises multinationales françaises afin d’analyser leurs investissements vis à vis du développement durable. Après avoir constaté que peu de projets étaient réellement viables quant à leur eco-responsabilité, les deux compères se sont inspirés de leur culture sur le sujet afin de lancer Veja en 2004 (« regarder » en portugais).
Sébastien Kopp et François-Ghislain Morillion devant leur boutique « Centre Commercial ».
C’est assez logiquement qu’ils finissent par se tourner vers la mode, un univers dans lequel il y a une belle place à prendre sur ces thèmes écologiques qui les animent. En s’inscrivant dans une logique durable, le sujet se porta finalement sur la fabrication de baskets, un produit universel selon eux. Le déclic est également passé par leur rencontre avec le fondateur d’Alter Eco, une des premières marques françaises labellisée « commerce équitable », leur prouvant qu’une chaîne de production 100% équitable n’était pas qu’un rêve lointain, mais une réalité.
2. Les premiers pas avec la « Volley »
Du chemin, il leur a fallu en parcourir beaucoup avant même de lancer leur premier produit : avec une grande partie de son sourcing issu d’amérique du sud (coton biologique dans le nord du Brésil, caoutchouc naturel d’Amazonie et cuir biologique en Uruguay), il ne restait plus qu’à trouver le bon moyen d’acheminer tout cela (par bateau, moins polluant que par avion), jusqu’à un atelier de réinsertion en France qui stocke et distribue les paires. On termine la boucle écologique avec les locaux parisiens près de Bastille, alimentés à 100% par une électricité verte délivrée par Enercoop.
C’est ainsi qu’en février 2005, la première paire est lancée avec un lancement au Palais de Tokyo, à Paris.
Différents coloris de la « Volley » de Veja.
Un joli coup de pied dans la fourmilière qui fit vite parler de lui. Et en parlant de bouche-à-oreille, c’est par ce biais que la marque a réussi un joli coup en terme de développement, compensant ainsi l’absence totale de budget com’ et marketing (ce dernier aurait empêché la marque de marger, le coup de production 100% écologique coûtant 4 à 5 fois plus cher que celui d’une basket standard).
Le résultat est très rapidement probant : fait rare dans l’entrepreneuriat, la marque a été rentable dès sa première année d’activité, après avoir écoulé plus de 5000 paires de baskets (pour passer à plus de 100 000 5 ans plus tard). Je vous propose d’ailleurs de découvrir la « carte du projet » Veja, qui donne une vue plus concrète du processus de production.
3. L’élargissement progressive des collections
Et question développement, la marque n’a pas chaumé : collections mixtes, première collaboration avec Agnès b. un an après son lancement (puis Comptoir des cotonniers côté femme, et Bonpoint après avoir lancé sa ligne enfant). Après avoir lancé le modèle Volley qui, comme son nom l’indique, est une référence directe aux chaussures utilisées pour ce sport dans les années 80, la marque a profité de son ascension pour développer ses collections tous azimuts.
Panorama des différents modèles disponibles actuellement.
Entre collaborations diverses et la déclinaison des différents modèles pour la femme et l’enfant, la marque a toujours gardé un pricing très cohérent (entre 50 et 145 euros). Avec leur look très souvent rétro, et la continuité de cette production eco-friendly, les baskets développées par la marque française sont aujourd’hui présentes dans une vingtaine de pays et plus de 350 points de vente.
4. La création du fameux « Centre Commercial »
Histoire d’élargir leurs horizons, les co-créateurs de la marque Veja ont enclenché la vitesse supérieure en 2010. Au mois de décembre et avec un local de bonne taille (très bien placé de surcroît), naquit la boutique « Centre Commercial ». Le projet s’est vite orienté vers l’idée d’embarquer avec eux d’autres marques qui offrent une réelle transparence quant à leur processus de production. Ce fût également un bon point de départ pour démontrer un réel engagement envers la mode et développer un bon nombre de partenariats.
Quant à cette sélection de marques qui s’est largement agrandie avec le temps, on notera qu’il s’agit aujourd’hui d’un des magasins les plus pointus de Paris. De AMI en passant par Bleu de Paname, Etudes, Common Projects ou encore Harmony, Church’s, Red Wing Heritage, Norse Projects et j’en passe, le 2 rue de Marseille (10e arrondissement) est aujourd’hui un haut lieu de la mode. On notera également l’ouverture d’une boutique « Centre Commercial Kids » quelques temps plus tard et se trouvant à quelques dizaines de mètres.
II Test du modèle V10
Le modèle V10 est actuellement un des fleurons de la marque. Avec son design moderne et sa tige tannée « low-chrome », la marque a produit un modèle pour ses 10 ans (d’ou le nom « V10 ») qui se met au niveau de la partie haute du milieu de gamme de l’offre actuelle sur le marché. Résultat des courses, une paire qui reprend fidèlement les préceptes de la marque.
Le design Veja
J’ai pour habitude de ne pas prendre trop de risques dans mes choix vestimentaires, et je considère ainsi les sneakers blanches comme un choix très efficace, quand bien même on pourrait penser que ce dernier est assez simpliste.
Côté design, ces V10 tombent parfaitement dans ce cadre : une semelle blanc cassé, et une empeigne blanche de blanche sur laquelle on retrouve plusieurs empiècements en cuir, dont le « V » en caoutchouc sauvage sur les contreforts intérieures et extérieures.
Le choix de cette forme me semble très intéressant : en effet, on pourrait penser que cette paire est assez massive vis à vis du reste de la collection, mais malgré une semelle relativement épaisse, la coupe est plutôt fine. Un bon compromis visant à offrir des proportions réellement efficaces à cette basket.
Le cuir
De ce que j’ai pu constater après plusieurs jours de port, le cuir est assez solide, mettant un certain temps à se « casser ». Question provenance, on reste sur le Brésil d’où proviennent la grande majorité des matériaux. Cette solidité est sans aucun doute causée par le tannage non pas végétal, mais minéral (au chrome). D’ailleurs parler d’un tannage « low-chrome », indique que le tannage est réalisé plus lentement qu’à l’habitude, et on évite de charger les bains de tannage en sel de chrome.
La méthode de tannage au chrome est considérée comme étant parfois polluante et allergène, mais la solution invoquée par la marque tend à éviter au maximum ces effets néfastes.
La semelle
Une fois n’est pas coutume, on retrouve une semelle qui, comme indiqué sur cette dernière, provient du travail du caoutchouc sauvage d’Amazonie en grande partie. Cette dernière est cousue à la tige pour offrir une solidité supplémentaire à la paire.
Après plusieurs jours de port et quand bien même la semelle vient se colorer naturellement, je n’ai pas encore vu de traces d’usure, un autre point rassurant quant à la durabilité du produit. Même chose pour l’adhérence : le travail sous la semelle empêche très bien de glisser en cas de pluie.
Les finitions
J’ai observé cette paire sous toutes les coutures dès la réception. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le montage semble très bien réalisé (rien ne dépasse). Les points de couture semblent vraiment solides entre la semelle à la tige, et c’est le même constat vis à vis des coutures de propreté.
J’apprécie d’ailleurs le choix de l’empiècement perforé à l’avant de la chaussure qui apporte un contraste très intéressant avec le cuir lisse sur le reste de la tige. On peut également observer l’empiècement sur lequel les lacets sont montés : je mettrais un moins pour l’absence de renforts au niveau des œillets, mais la pièce en elle-même semble aussi robuste que le reste. Même chose pour la languette en cuir non doublé qui ne s’est que très peu marquée après plusieurs jours de port.
On retrouve le nom de la marque sur l’arrière de la chaussure. Un choix qui m’a semblé assez intéressant en terme de confort, c’est la doublure en coton biologique qui vient recouvrir la quasi-totalité de l’intérieur de la paire. La douleur à l’arrière du pied sur une paire neuve est un problème récurrent dont on aura le plaisir de se passer avec la V10.
Et question confort, on n’en manquera pas avec cette semelle intérieure composée de coton bio et de caoutchouc expansé. Un point une fois de plus assez agréable qui assure un port facilité dès le premier jour.
Globalement, la paire tient ses promesses : entre le choix des matières, le montage et les finitions, je n’ai rien constaté qui serait sujet à la critique, mis à part le manque de renforts au niveau des œillets de laçage. Cependant pour une paire à ce prix, et avec la considération apportée par la marque quant à son processus de fabrication, le résultat est très convaincant.
Test du modèle V10 : conseil de style
J’aurai peu de recommandations en terme de style vis à vis de cette paire, et je suppose que vous aurez deviné pourquoi : entre son design et sa monochromie, cette paire peut tout simplement se glisser dans une multitude de styles, sans avoir à prendre le moindre risque.
De mon côté, j’ai choisi un look très décontracté (oui, le jour durant lequel ces photos ont été prises était presque estival). Ayant reçu cette paire de V10 au même moment que les pièces de la marque Toka Toka, le shooting photo a donc été mutualisé.
Dans le détail, j’ai porté cette paire avec un jean clair découpé façon 7/8ème, et la chemise Peter de la marque Toka Toka. Cependant, il s’agit typiquement du genre de baskets que vous pouvez porter sans aucun problème avec un jean, un chino ou un pantalon habillé, sans réelle distinction de couleur.
III Conclusion du test V10
Cela faisait plusieurs années que je suivais du coin de l’œil l’évolution de la marque éthique Veja , et j’attendais également depuis quelques temps l’occasion de réaliser un test complet sur l’une des paires de la marque. Résultat des courses : on ne peut qu’apprécier le processus de sourcing/fabrication/shipping de cette marque qui garde toujours cette notion d’éco-responsabilité du début à la fin de sa chaîne de production. J’ai donc apprécié en découvrir davantage sur le sujet.
Vis à vis de cette paire de V10, j’ai été agréablement surpris quant à la qualité du produit : la forme est convaincante, la chaussure agréable à porter, et les finitions sont irréprochables. Je pourrais vous donner des nouvelles de la paire au bout de 2 ou 3 mois de port dans différentes situations, mais je m’inquiète très peu sur le sujet.
Bref, un beau produit que vous pouvez retrouver sur le site de la marque Veja au prix de 120 euros, un très bon rapport qualité/prix.
Note formelle : 6/10 (elle n’est pas prévue à cet effet, mais se portera très bien avec un pantalon habillé)
Note casual : 10/10 (on est à 100% dans le sujet, qu’on choisisse un style casual ou plus street)
Prise de risque : 1/10 (prise de risque minimale, avec un design moderne et une couleur des plus simples à intégrer)
Rapport qualité / prix : 8/10 (une très bonne note pour une très bonne paire de baskets).