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Test&Avis Armor Lux: caban Cigogne et pull Molène (braderie jusqu’au 23/11)

Vous ne le saviez probablement pas, mais je suis breton cambodgien (et mes parents vivent depuis quelques années dans les Côtes d’Armor, à Saint-Brieuc).

Ca fait donc quelques années que je m’intéresse au bassin textile breton, et Armor Lux a toujours attiré mon attention de par la variété des produits proposés, son héritage et son histoire étroitement liée au made in France.

J’avais en revanche étrangement le souvenir de coupes et patronages un peu vieillots, et d’une marque qui taillait grand: vous allez voir dans cet article que je me trompais largement.

I Armor Lux: une marque liée à la marinière

Armor Lux est au départ connue comme la « Bonneterie d’Armor » lors de sa création en 1938 par le Suisse Walter Hubacher à Quimper, où elle siège toujours actuellement. Comme beaucoup de PME industrielles françaises, la marque a vécu, à partir du début des années 80, les premiers effets de la mondialisation et les premières vagues de délocalisation dans le secteur textile.

Armor-lux produit, dans ses ateliers de Quimper, des articles rayés dont sa célèbre marinière, des articles en maille fabriqués à partir de matières chères (laine, soie…), des articles en chaîne et trame (vareuses, tabliers…), des petites séries, des collections conçues pour des clients spéciaux, export, collaborations, événements…

Outil de production et localisation

Armor Lux possède, à Quimper, un des derniers outils de production textile en France qui soit intégré verticalement et qui inclus toutes les étapes de fabrication d’un article : tricotage, teinture, coupe, confection, broderie.

Outre cette production à Quimper, voici la répartition de la fabrication des autres produits:
-les articles en maille laine et coton de nos collections sont produits essentiellement dans les deux usines de Quimper et dans celle de Troyes
-les articles en chaîne et trame et pièces sont sous-traités dans l’espace euro-méditerranéen (Roumanie, Maghreb, …).

La qualité des produits est contrôlée de façon stricte et identique grâce à un laboratoire qualité intégré qui réalise plus de 10.000 tests physiques et chimiques par an pour garantir le grade de qualité attendu d’un savoir-faire français.

Evidemment, les conditions de travail des sous-traitants sont elles aussi surveillées grâce à un cabinet international indépendant qui vérifie la conformité des sites de production avec les conventions fondamentales de l’OIT et les règlementations applicables en matière d’environnement et de santé humaine.

La marinière

L’histoire d’Armor-lux est indissociable de la Bretagne et des gens de la mer: en particulier des marins qui furent les premiers à porter la marinière, un vêtement de travail devenu aujourd’hui est objet de mode indispensable.

Celle)ci se fait connaître en 1858 lorsqu’elle devient le symbole officiel de la marine française, et qu’elle est distribuée à tous les matelots.
Elle est au départ blanche aux rayures bleues et son esthétique est très codifiée: une vraie marinière compte 21 rayures blanches, chacune deux fois plus large que les 20 à 21 rayures bleu indigo, une référence selon la tradition aux 21 victoires napoléoniennes.

Elle se portait d’ailleurs traditionnellement sous une vareuse:

Ce visuel très voyant avait également une vocation plus pratique: il était destiné à l’époque à repérer et secourir plus facilement les marins qui tombaient par dessus bord. Il s’agissait à la base non pas de jersey mais d’une grosse maille en laine, au tissage très serré, conçue pour bien résister aux éléments.

La marinière est ensuit déclinée en plusieurs couleurs et matières différentes au fur et à mesure de son utilisation dans la mode: elle commence à être popularisée chez Coco Chanel, est portée par des célébrités comme Pablo Picasso puis devient icônique chez Jean-Paul Gaultier.

La marinière ici portée par Pablo Picasso

La marinière et les sous-vêtements: la spécialité française d’Armor Lux

Afin de renforcer sa position de marque dominante sur la marinière, Armor Lux a racheté en 2019 la Fileuse d’Arvor à Quimper. La reprise de Fileuse d’Arvor a permis à Armor-lux de bénéficier d’un savoir-faire d’exception en matière de tricotage rectiligne. Ses vêtements emblématiques ont fait le tour du monde comme le pull du « grand-père Brest », du nom du fondateur de l’entreprise, tricoté dans l’esprit du vêtement de travail de la baie de Douarnenez, ou la marinière « Midship » (élève officier) confectionnée dans le respect du montage traditionnel de la Marine Nationale.

 

II Test du caban bicolore Fort Cigogne Armor Lux

Les cabans sont conçus à Quimper et confectionnés en France et en Tunisie.

1 La matière: un drap de laine français

Il ne s’agit ici pas de laine melton (80% laine 20% polyamide) mais bel et bien d’un 100% laine: il s’agit d’un drap de laine bien épais et plutôt rigide (malheureusement, la fiche produit ne donne pas d’informations sur la densité de la laine).

Ce qui permet en particulier au col d’avoir une excellente tenue. On a en tout cas tout de suite une excellente impression de solidité et de durabilité.

Ce drap de laine est évidemment traité pour être déperlant (mais pas imperméable), ce qui est parfait pour les petites pluies.

Seul petit regret: la doublure quant à elle n’est pas en viscose mais en polyester, ce qui était assez prévisible dans cette gamme de prix.

Enfin, ce drap de laine qualitatif vient d’un fournisseur français.

3 Un col tailleur généreux, avec patte de boutonnage

Il s’agit d’un col tailleur classique caractéristique du caban avec des revers généreux et un beau roulé grâce à la tenue de la laine: ces revers donnent beaucoup de prestance et d’allure.

On trouve également la fameuse patte de boutonnage située sous le col que vous pouvez utiliser pour fermer intégralement le manteau. L’effet coupe-vent est très réussi et le cou est protégé sans avoir besoin d’écharpe.

Vous pouvez laisser la patte de boutonnage sous le col, ou bien la laisser apparente (ce qui donne un peu plus de nonchalance à l’ensemble). Les boutonnières des revers sont également bien larges pour une manipulation facile:

Le dessous du col est contrastant gris anthracite: c’est le fameux effet bicolore (au demeurant relativement discret) de ce caban.

Le cou est tellement bien maintenu que j’ai presque l’impression de porter une minerve.

Ce qui est assez appréciable, c’est que les boutonnières et boutons sont suffisamment imposants pour que vous puissiez les manipuler facilement, même avec des gants.

2 La coupe

C’est le point sur lequel j’avais le plus d’appréhension chez Armor Lux: je m’attendais à une coupe très droite, et un peu vieillotte (en particulier une fois le caban fermé)

J’ai été très agréablement surpris de voir que la coupe s’est bien modernisée et qu’on arrive à un résultat bien ajusté (avec évidemment assez d’espace pour prévoir des couches en dessous): on a tout de même une emmanchure relativement haute et un dos défini.

En ce qui concerne la longueur, on est sur du mi-cuisses assez classique: je vous déconseille donc de porter ce caban par dessus un costume. C’est possible, mais il sera à peine assez long pour couvrir la veste (et ce n’est évidemment pas très cohérent en termes de style).

3 Finitions remarquables

Outre la matière et la coupe, quelques finitions remarquables nous montrent bien que ce caban respire la qualité.

Deux poches latérales internes dont une zippée et l’autre boutonnée: elles ont été réalisées directement dans la laine et pas dans la doublure, pour plus de résistance. Elles sont par ailleurs très généreuses et peuvent accueillir toutes les deux un grand porte-feuille.

Outre les passepoils, on note d’ailleurs les ganses tout autour de la laine, là où dans cette tranche de prix beaucoup de marques se seraient contentées d’une simple couture.

Deux poches latérales externes avec passepoil contrastant: elles sont relativement profondes, et doublées elle aussi en polyester.


Des contre-boutons sur les points de tension: sur cette fermeture 6×2, les 4 boutons du haut (qui sont donc les plus couramment utilisés) sont renforcés par des contre-boutons à l’intérieur du manteau pour mieux répartir la tension.
Tous les boutons sont montés sur queue pour plus de résistance et de durabilité.

Les boutons sont enfin en bakélite, comme le veut la tradition du caban.

Conclusion

Je ne vous cache pas que j’avais quelques a priori sur ce caban avant de le recevoir: je pensais que la coupe serait un peu vieillote et je m’attendais à une laine et des finitions assez quelconques.

Au final, on a un drap de laine lourd et rigide qui donne une très belle tenue au col et aux revers, de la prestance et une impression globale de qualité. La coupe est ajustée et laisse assez de marges pour les quelques couches hivernales de rigueur. Et on retrouve également des finitions qu’on attendait pas forcément dans cette gamme de prix.

Bref, si vous cherchez un caban bien épais, bien coupé et aux finitions soignées, je vous recommande ce modèle.

Le caban Fort Cigogne est disponible ici à 319€

Une version camel du caban testé est également disponible dans le cadre de la braderie, ce n’est en revanche à mon avis pas une couleur si facile à porter pour ce type de pièces.

III Test du pull Molène

Nous avons également pu tester le pull Molène de la gamme Héritage de chez Armor Lux: elle se compose des basiques et des produits les plus représentatifs de la marque.

Les pulls en laine sont conçus à Quimper et confectionnés en France et en Europe.

Une laine européenne, au maillage serré

Vous l’avez compris, il s’agit ici d’un pull marin: la maille est donc dense et bien serrée. Ce qui veut dire que vous aurez un pull durable (et sans bouloches), légèrement déperlant et qui tient chaud.

En revanche, il sera logiquement un peu rêche et n’est donc pas fait pour se porter à même la peau. Comme je l’explique dans les conseils de style, je vous conseille de le porter par dessus une chemise avec une texture un peu marquée, type oxford ou flanelle.

Ici, la laine est européenne.

Finitions

Comme tout bon pull col marin, on a une patte de boutonnage sur l’épaule gauche qui s’ouvre avec des boutons en corozo. Le col est par ailleurs bien proportionné et mets bien en valeur la chemise.
Le col est d’ailleurs plutôt large (3 cm), ce qui donne beaucoup de caractère à la pièce et permet une réelle tenue dans le temps.

Les bords côtes aux poignets et à la taille sont quant à eux confectionnés en côte 1×1 et semblent au premier abord à la fois élastiques et durables: à voir au fur et à mesure des ports.

Le logo d’Armor Lux situé sur les bords côtes donne en tout cas beaucoup de cachet à l’ensemble et rajoute un petit côté uniforme utilitaire qui n’est pas déplaisant.

Coupe

Je m’attendais là aussi à ce que ça taille un peu grand même pour du XS, ça n’a finalement pas été le cas. Je le trouve un poil long (même pour mon 1m73) mais il faut dire que j’ai le torse assez court.

Il est en dehors de ça bien ajusté et contribue à mettre en valeur la carrure.

Les rayures donnent par ailleurs plus de consistance au torse (de même que la patte boutonnée aux épaules), ce qui est utile pour ceux qui ont des silhouettes élancées comme moi. Ce motif est par contre à éviter absolument si vous avez un peu d’embonpoint car les rayures vont malheureusement l’accentuer.

Conclusion

Là encore, j’ai été agréablement surpris par la coupe plutôt moderne du pull, ses finitions soignées et sa laine épaisse au maillage dense.

Dans l’absolu, c’est un pull que je vous conseille si vous aimez le style et que vous cherchez spécifiquement une marinière bien chaude pour cet hiver:
Elle s’avèrera au final très facile à porter par dessus une chemise unie un peu texturée, et dans une tenue décontractée (avec éventuellement une pointe de workwear).

Il s’agit d’un rapport qualité/prix correct au prix retail classique et qui devient imbattable durant la braderie, avec les pulls Molène dans d’autres coloris disponibles à 87€.

Le pull Molène est disponible ici à 125€

Conseils de style

Entre preppy et utilitaire: le style preppy (tout comme beaucoup de styles urbains contemporains) reprend beaucoup de vêtements utilitaires. Et la combinaison pull marin rayé épais et col de chemise oxford s’inscrit bien dans ce registre.

Rappelons qu’il aurait été de mauvais goût de porter une chemise habillée en popeline de coton: la matière aurait été bien trop fade avec une grosse maille: la chemise oxford permet une matière qui s’accorde bien, et d’ajouter un côté légèrement preppy. Une flanelle fonctionnerait également très bien (évitez une texture trop marquée sinon le rendu global sera trop chargé).

J’ai choisi pour rajouter un côté utilitaire le pantalon cargo de chez Abensia, que j’avais d’ailleurs porté lors du voyage en Arctique.

Enfin, une montre habillée ne conviendrait pas dans cette tenue: j’ai donc choisi la montre Briston Clubmaster qui s’inscrit bien dans ce registre nautique.

Evidemment, je ne suis pas un vrai marin et je n’ai pas prévu d’aller sur un bateau de pêche avec cette tenue: je porte donc avec une écharpe en soie sauvage blanc cassé, qui éclaircit la tenue et lui donne un côté habillé un peu plus adapté à un port en ville.

Deux rappels principaux pour ce style marin:
ne pas porter le caban par dessus un costume: déjà car le registre ne colle pas, ensuite car c’est aussi trop juste en matière de longueur
les rayures horizontales ne sont malheureusement pas pour tout le monde et ne conviendront pas aux morphologies un peu fortes à qui je recommande davantage de l’uni

Je porte ici:
– un caban Armor Lux
– un pull Armor Lux
– un pantalon cargo en tissu Loro Piana Storm System Abensia
– une chemise oxford Loom
– une écharpe Krama Héritage x JamaisVulgaire (sortie de la collaboration ce dimanche)
– une montre Clubmaster de chez Briston
– une paire de bottes Moissac de chez Septième Largeur

Valery

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