Ne pas se fier aux apparences
C’est une recommandation qui peut sembler étrange de la part d’un blog de mode masculine. Et pourtant, ça n’en reste pas moins absolument vrai, mais évidemment pas en parlant du vêtement mais plutôt des marques et de leur univers.
C’est surtout ce que je me suis dit lorsque j’ai découvert la marque Gastby Paris: une toute jeune marque versaillaise crée par Michel cette année.
Le nom est étrange (inspiré vous vous en serez douté du livre) et le site un peu artisanal (visuels de petite taille, trop de fonds blancs, clichés très téléphonés) mais en regardant de plus près les produits, j’ai senti qu’il y avait quelque chose à creuser.
(et justement, les sites peu accueillants et les univers de marques un peu fragiles font souvent un terreau propice aux petites perles improbables).
La théorie s’est vérifiée une fois de plus.
Update début Mars: Gastby propose une braderie sur sa collection hiver, entre -20 et -60%, avec -10% en plus avec le code JV2016
Sommaire
I LA MARQUE GASTBY PARIS
Présentation
Gastby Paris est créee en 2015 par Michel, un trentenaire avec une grosse expérience dans le prêt à porter , notamment en merchandising avec des expériences chez Ralph Lauren et Boggi, et dernièrement chez Loro Piana.
Doté d’un solide carnet d’adresses pour le sourcing, il accorde beaucoup d’importance au tissu; ce qui permet de retrouver dans sa collection la fameuse flanelle de laine gris claire Vitale Barberis Canonico, ainsi qu’un joli drap de laine 90% laine et 10% cachemire de chez Zanieri.
Le vestiaire est casual chic et fait penser à un Melinda Gloss des débuts (2008-2009).
Certaines pièces sont un peu plus fortes et vont à contre-courant des codes, notamment le gilet matelassé avec fermeture asymétrique, mais aussi la veste dépareillée à rayures tennis (j’ai trouvé cette idée un peu étrange vu que ce genre de rayures est sont très business et se porte rarement dépareillées).
J’ai un peu moins aimé les chemises dont les rayures sont ultra épaisses, et qui s’inscrivent donc définitivement dans un registre ultra preppy.
Sizing et morphologie
C’est un peu spécial ici (à mon goût): en vestes et manteaux les plus petites tailles sont un peu trop longues pour moi (sur la veste, ça devrait se corriger à la retouche) et un chouïa aux épaules (c’est un peu moins choquant à ce niveau là).
J’a fait essayer ça à des amis un peu costauds pour qui ça bloque au niveau des épaules et des pectoraux: il faut du coup être relativement élancé et ne pas être un geek des salles de musculation.
La marque est du coup vraiment taillée pour les grands fins: je vous conseille de faire au moins 1m75 pour les plus petites tailles.
Le physique d’Aurélien convenait davantage pour le shoot des pièces(même s’il avait du mal à fermer la veste, trop de pectoraux)
II TEST DES PIECES GATSBY PARIS
1 La veste
La matière m’avait grandement fait penser au modèle BonneGueule: la confection est ici aussi confiée à un atelier différent d’Europe de l’Est).
Si on a bien un beau semi-entoilé, les finitions sont autrement restées un peu plus minimalistes: pas de coutures en demi-lune ni de poche portable notamment. Gardez par contre à l’esprit qu’on est sur un prix plus accessible (350 euros et 279 soldé) qu’on retrouve rarement pour ce niveau de qualité.
Col et revers
Le col paraît classique au premier abord et les revers sont plutôt bien proportionnés.
Seul petit défaut que j’ai remarqué: le pli au niveau du col et des revers est peu marqué. C’est d’une part dû à la matière (j’ai un peu comparé ça à la veste BonneGueule réalisée dans le même tissu) mais aussi au montage de la veste qui reste perfectible.
Ce n’est pas dramatique car ça ne se voit pas au porté, et ça ne joue pas sur la longévité de la veste.
Le col contrastant
Le col contrastant en suédine apporte une belle valeur ajoutée et permet de rajouter de la couleur facilement à une tenue monochrome si vous portez la veste avec le col remonté (donc dans une tenue plus casual).
La veste convient plutôt bien à Aurélien au niveau de la longueur. Elle tombe un peu plus bas sur moi (la veste arrive dans le creux des mains, c’est la longueur correcte pour un port plus formel)
Le roulé du revers
Le semi-entoilé permet un très beau roulé de revers une fois la veste ouverte.
Les manches
Les manches sont naturellement un peu longues (on les a un peu tirées ici pour les besoins de la photo).
Vous n’aurez par contre qu’1 cm de marge pour la retouche: les boutonnières sont ouvertes et une retouche supérieure à 1cm demande de passer par l’épaule (ce qui coûte bien plus cher).
L’intérieur
Des finitions assez minimalistes: une poche passepoilée et boutonnée à gauche et à droite. Pas de poche portable ou de salière.
Les épaules
Le padding est prononcé, mais un peu moins que sur le manteau et la cigarette est un poil large. (rien de choquant cela dit)
CONCLUSION
Je n’ai pas pu m’empêcher de comparer cette veste à celle proposée par BonneGueule étant donné que la matière est similaire (flanelle de laine grise claire Vitale Barberis Canonico 340 g/m²).
D’où vient la différence de prix, et s’agit-il vraiment d’une affaire ?
Je ne vous le cacherais pas: les puristes des finitions sartoriales seront sûrement un peu déçus et préfèreront le modèle BonneGueule.
Si vous n’êtes pas dans ce cas et que vous voulez simplement une belle veste en flanelle de laine grise claire deux boutons et qui dans l’ensemble tient tout de même bien la route vous ne trouverez pas mieux à 279 euros en soldes.
Note formelle : 9/10
Note casual : 6/10 (avec le col contrastant relevé).
Rapport qualité/prix : 10/10 (on ne trouvera pas mieux au prix soldé, voire même au prix normal)
Prise de risque : 3/10 (attention, c’est taillé spécifiquement pour les grands et fins, même en 44, c’est mieux si vous faites au moins 1m77-78, surtout au vu des manches compliquées à retoucher, n’hésitez pas à contacter le service client)
Univers : Casual et formel
La veste en flanelle grise claire Vitale Barberis Canonico est disponible ici.(avec -10% en plus avec le code JV2016)
Update: il est à présent à 232 euros.
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2 Le pantalon
Le pantalon est lui confectionné dans un atelier parisien. Bien que de même tissu, il est vendu séparément, mais est tout à fait raccord avec la veste pour se porter éventuellement en costume. On verra que l’effort apporté aux finitions lui permet d’être porté, seul, pour un style casual.
Avant
Intérieur
L’essentiel de l’investissement a davantage été fait sur la coupe, la matière et les détails en suédine. Par contre pas de finitions gansées, de points d’arrêts ou de coutures en demi-lune qu’on peut retrouver ailleurs.
Les finitions sont de manière générale tout juste correctes: il faut tout de même avouer qu’à ce prix et avec cette matière peu de marques proposent des finitions ultra travaillées (la flanelle de laine VBC coûte bien plus cher par exemple qu’une gabardine de coton).
La doublure est en viscose (assez qualitative au final avec un touché agréable au niveau des poches).
Arrière
On a non seulement des passepoils sur les poches à rabats, mais aussi en guise de doublure des rabats.
Les pattes de serrage sur les côtés servent à ajuster la taille. (mais sur la taille 44, elle est déjà plutôt bien serrée)
Les finitions
Même si elles sont assez inhabituelles dans une tenue formelle (le pantalon et la veste peuvent faire un costume), ces finitions en suédine permettent de donner au pantalon un côté plus casual lorsqu’il est porté dépareillé. Lorsqu’il est intégré à une tenue formelle stricte, elles sont cachées par les pans de la veste. (surtout vu que le pantalon est taille haute et la veste assez longue).
Le tombé
La flanelle de laine Vitale Barberis Canonico à 340 gr/m² tombe parfaitement et est un vrai bonheur à porter en hiver. (désolé pour la qualité des photos, la nuit tombait et j’ai en plus mis mon portable dans la poche ce qui n’a rien arrangé).
Astuce: ces photos ont été prises sur le pantalon non retouché, j’ai plus tard choisi de faire un ourlet avec revers apparent, plus court. Si vous avez des chaussures aussi rondes que mes Velasca, ça vous évitera de vous retrouver avec un rendu très vieillot comme celui-ci.
L’ouverture est sinon de 18.5 cm: c’est pile ce qu’il faut pour un rendu polyvalent.
CONCLUSION
Encore une fois, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer ce modèle à celui de chez BonneGueule: on a moins de finitions (fonds de propreté, anglaise ouverte etc) mais par contre un travail esthétique plus marqué et original avec les contrastes en suédine pour une tenue casual.
La taille haute le rends par contre plus compliqué à porter avec une chemise en dehors du pantalon mais l’ouverture de 18.5cm donne plus de polyvalence.
Quoi qu’il en soit, je recommande aussi au vu du prix soldé (119 euros)
Note formelle : 8/10
Note casual : 7/10 (avec les détails en suédine).
Rapport qualité/prix : 10/10 (on ne trouvera pas mieux au prix soldé, voire même au prix normal)
Prise de risque : 3/10 (attention, la taille est assez haute et je vous déconseille d’avoir du ventre)
Univers : Casual et formel
Le pantalon en flanelle gris claire Vitale Barberis Canonico est disponible ici. Update Mars: il est à 99 euros en ce moment. (avec -10% en plus avec le code JV2016)
3 Le manteau
La matière
Du 90% laine 10% cachemire pour 311 euros, c’est assez prometteur comme ratio. Ce n’est par contre pas forcément toujours synonyme de qualité et il faut donc s’intéresser aussi à la filature qui a produit ce drap de laine.
Si on commence à bien connaître les filatures de laine pour les costumes (Vitale Barberis, Guabello etc) ou les chemises (Albini, Monti), on a encore peu parlé de celles qui fabriquaient pour l’outerwear (en dehors de celles très connues comme Loro Piana). Zanieri est en fait très spécialisée dans le cachemire, et on le sent rien qu’au touché.
La filature Lanificio Luigi Zanieri est fondée en 1952 à Prato: sa production est verticalement intégrée, de la teinture du fil au tissage. Ses tissus sont reconnus spécifiquement pour la fabrication de manteaux en hiver, et aussi pour son seersucker et son lin en été. Bref, une filature très sérieuse qui expose notamment au Première Vision
Le col
On retrouve les détails en suédine caractéristique de la marque sur le col, avec un plastron en suédine amovible.
La doublure du plastron et du manteau est un peu surprenante mais passe en fait plutôt bien.
Le plastron se retire sur les côtés grâce à un zip YKK classique.
Il s’enlève par contre au col par un système de boutonnage que j’ai trouvé bien plus pénible à manipuler. (mais plus discrets que des zips YKK)
Les poches
On retrouve des poches passepoilées à rabat, dont l’une est en suédine contrastante. Malgré qu’on soit sur des couleurs très proches, le contraste de couleurs est efficace et le camel de la suédine apporte une vraie richesse à l’ensemble. (le résultat est encore plus marqué sur le modèle bleu marine).
L’intérieur
Ici encore, les finitions sont correctes, avec une poche poitrine de chaque côté. Point positif: les poches sont directement intégrées dans le drap de laine et non dans la doublure.
Le fit
En 44, il est ultra satisfaisant sur Aurélien du haut de son 1m81 (et il rend malheureusement plus vieillot sur moi à cause de la longueur).
On le voit bien ici: le dos est irréprochable et dessine un V quasi parfait. Sur une morphologie athlétique comme celle d’Aurélien, on n’a par contre pas de marge pour une veste ou une grosse maille (une maille fine passe sans soucis).
Les épaules sont assez structurées et on peut donc avoir quelques plis disgracieux en mouvement. Rien de très grave cependant, c’est normal pour un manteau et on ne cherche pas le fit sans pli d’un costume.
Finitions diverses
On a une poche poitrine incurvée, qui fait beaucoup penser aux poches Barchetta faites main (ce n’est par contre pas le cas ici). On remarque sinon deux pinces de cintrage de chaque côté du manteau.
Le cintrage est réussi ce qui donne un roulé de revers très harmonieux.
Le style
Je trouve le manteau un peu plus difficile à porter avec le plastron amovible, mais c’est sûrement parce qu’on a peu l’habitude de voir ce genre de finitions.
Le port sans plastron amovible est par contre beaucoup plus naturel et simple. On a ici simplement choisit une chemise bleue claire, un jean brut et une paire de bottes brogue de chez Oliver Sweeney.
Sans le plastron amovible, le pardessus est beaucoup plus facile à porter à mon goût, d’une esthétique ultra minimaliste qui met bien en valeur les finitions en suédine et la coupe.
CONCLUSION
Un pardessus qui peut se porter dans une tenue très classique et traditionnelle avec le plastron, et dans une tenue plus minimaliste et casual sans. Soldé à 311 euros, le rapport qualité/prix est excellent au vu de la coupe et de la matière.
Le sizing est par contre encore une fois très particulier et conviendra plus aux grands fins. Aurélien mesure ici environ 1m80 et porte du 44 (mais selon Michel le 46 aurait été plus indiqué ici).
Ca passe aussi sur moi (1m75) mais avec un rendu un peu plus vieillot.
Note formelle : 10/10
Note casual : 6/10 (avec les détails en suédine).
Rapport qualité/prix : 10/10 (on ne trouvera pas mieux au prix soldé)
Prise de risque : 3/10 (pour les grands fins)
Univers : Formel et casual chic
Le manteau en laine et cachemire Zanieri est disponible ici à 226 euros (update Mars).(avec -10% en plus avec le code JV2016)
Salut,
alors je ne suis pas toujours sur la ligne de ce blog, question de gout le style proposé n’étant pas ma tasse de thé, mais vous proposez des articles de qualités que j’apprécie souvent et des marques pas toujours connu et sympa, mais la, le sizing c’est juste n’importe quoi. Du 44 ou il faut faire 1m78, déjà c’est n’imp (mais ce n’est pas les seuls) mais les épaules du manteau sont vraiment dégueulasses. Quand je lis le conseille de prendre plutôt un 46, alors cela serait plus simple pour pouvoir porter une veste, mais les épaules … Cette mode de faire des fringues pour de grandes crevettes anorexiques … Alors je sais qu’il en faut pour tout les gouts et morphologies, mais les crevettes (apparemment, pour rentrer les pecs si on croit l’article) qui ont des épaules (pour remplir les … épaules, si l’on en croit les photos) ca court pas les rues.
Je sens que je vais me faire détruire 🙂
Ca passe avec 1m75 (ma taille) mais le rendu était clairement moins bon.
Les circonstances du shooting étaient un peu spéciales: il devait d’abord se faire sur moi et j’ai un peu décidé à la dernière minute de le faire sur Aurélien qui était dispo à Paris.
Par contre il partait le lendemain donc on a dû le faire sur le moment et sans pouvoir essayer la taille supérieure en manteau qui aurait probablement été bien plus indiquée (ce qui élimine donc le souci du rendu des épaules).
Bonjour,
Merci pour cet article détaillé ! J’ai pour ma part acheté le manteau bleu marine laine vierge de chez GASTBY (279 euros en solde). Je porte habituellement des vestes en 48, et j’ai pris le manteau en 48. Il est vrai qu’on se sent un peu à l’étroit lors du premier porté avec une veste, mais après deux jours on ne sent plus de gêne. Ce manteau est une gamme en dessous (pas de cachemire) de celui de l’article, mais avec les mêmes autres caractéristiques, et il est vraiment beau. J’ai eu beaucoup de compliments, le rendu de la laine et la suédine font leur effet !
Bonjour à tous.
J’avais acheté le pantalon Flanelle gris clair avant de voir ce test et j’en étais déjà bien content. Je fais un 42, j’ai donc pris un 48 (taille italienne) et le fit est parfait. Il serre juste ce qu’il faut, sans mouler mais en mettant en valeur. La flanelle de laine (340g/m2) est douce, elle tient chaud et c’est comme une seconde peau.
Les finitions sont vraiment bonnes et les détails en suédine marron rehaussent le tout.
Il suffit d’ajouter une ceinture et des chaussures marron et l’accord fait des merveilles.
Un pantalon tout gris serait peut-être un peu terne sans ces détails.
En prime, le colis est très joli, le pantalon arrive dans une boite bleue avec lettre cachetée à mon nom, ce sont des détails très valorisants, le pantalon est emballé à la main, on se sent privilégié. Bravo à Gatsby pour ces belles attentions.
Après avoir lu le test de Valéry, j’ai craqué pour la veste semi-entoilée flanelle grise. Et comme indiqué dans le test, le pantalon et la veste sont de la même couleur.
Je fais 1m77 pour 70 kg, ce qui fait que je suis toujours entre 2 tailles de veste (46 / 48).
Ayant pris contact avec le service client qui est toujours disponible et cordial, il m’a été conseillé de prendre une T46. La veste tombe parfaitement, elle tient chaud elle aussi mais elle ne pèse pas lourd (malgré l’épaisseur de la flanelle). La coupe est superbe et la qualité est au rendez-vous.
L’ensemble se coordonne parfaitement et on dispose ainsi d’un costume d’hiver qui tient chaud et qui, avec sa teinte gris clair, apporte un peu de luminosité.
Cette couleur permet aussi de porter l’ensemble séparément en se créant de nombreuses tenues. Le gris va avec tout ! Et la veste passe très bien avec un jean (comme on peut le voir sur le test).
Bref, je recommande chaudement Gatsby.
PS : désolé pour la piètre qualité des photos… portable oblige.
PS2 : chemise « office artist »
Merci pour ce gros test Valery, marque prometteuse, je suis justement en recherche d’un flanelle de laine de ce style. Pas ma taille dommage croyais-je, mais c’est noté en taille italienne (mon dieu que ça doit faire chuter le taux de conversion). Si je comprends bien, le 48 est un 42 FR ? Le hic est vraiment le site web prestashop, une petite horreur, qui dessert cette jeune marque. Mais on sent le potentiel ! A suivre 🙂
Oui il ne faut pas trop se fier au design du site pour le moment, ce n’est vraiment pas représentatif de la qualité des produits.