Depuis l’année dernière on essaye de vous dénicher de beaux garde-temps, proposés par des marques qui ont un véritable parti-pris stylistique et qui jouent le jeu d’offrir un produit au prix compétitif.
Nous n’avons aucune prétention en termes de haute horlogerie, on apprend petit à petit au fur et à mesure des articles. Ce qu’on préfère, c’est vous dénicher de jolies montres qui ont une allure qui sort de l’ordinaire, tout en restant dans un budget raisonnable. Aujourd’hui on a réussi à trouver une marque très intéressante qui combine tout cela pour moins de 500 euros : Zeppelin !
Sommaire
Avis sur Zeppelin : des montres qui sentent bon les années 20
La marque nous provient d’Allemagne, et son nom évoque ce fameux dirigeable volant qui faisait fureur dans les années 20 : le dirigeable. Un moyen de transport qui perdra d’ailleurs rapidement de sa popularité suite à de multiples accidents, mais également au développement du circuit aérien international, qui est principalement usé par des avions (qui sont plus rapides, plus économiques et moins risqués). Les années 20 c’est aussi l’époque du Bauhaus, dont la patte se ressent dans le design de cette montre.
C’est ce que cette Zeppelin nous évoque, avec son design qui retourne aux codes les plus classiques, nous rendant presque nostalgiques. Et cela s’explique : la marque, créée à l’origine il y a plus de cent ans, rend comme son nom l’indique, hommage à Ferdinand Von Zeppelin, l’allemand créateur du dirigeable de la fin du 19ème siècle. La marque cherche à faire perpétuer la tradition de l’élégance et de la beauté classique à travers ses montres, en proposant des gardes-temps accessibles de par les prix, et à la douce esthétique vintage.
Test Zeppelin : la LZ129 Hindenburg
La montre s’inspire directement d’un modèle de dirigeable: le LZ129 Hindenbourg. Il s’agissait du plus grand dirigeable commercial de l’histoire, qui dessert à partir de 1936 une ligne Etats-Unis – Europe.
Il brûle 14 mois plus tard à Lakehurst, dans le New Jersey, pour des raisons obscures: l’enduit qui entourait le tissu du dirigeable a prit feu, entraînant l’explosion des réservoirs de flottabilité (remplis d’hydrogène).
A peine posé sur le tarmac, le dirigeable a intégralement prit feu en 30 secondes.
Ce qui est particulièrement intéressant avec cette montre, c’est sa polyvalence : ce n’est ni une montre habillée, ni une plongeuse, ni une field watch. Ca reste une montre casual, qu’on ne porterait pas avec un costume dans un cadre strictement business, mais elle est assez habillée pour pouvoir se porter sans problèmes dans un style casual chic tellement tout est choisit avec bon goût.
Boitier
Il s’agit d’un boîtier en acier inoxydable 316L de 40mm, une largeur polyvalente qui correspond bien à ce style de montre un peu vintage, type début 20è siècle.
Le volume du boitier est vraiment intéressant et donne l’impression d’une montre fine et raffinée, alors que son effet tapered lui donne un certain volume, et beaucoup de présence au poignet.
Une manière subtile d’associer raffinement et caractère.
La couronne est située à 3H et donne à l’ensemble une allure de montre à gousset
Verre
Le verre Hesalite est lui aussi impressionnant de par son ouverture généreuse: d’une largeur de 38mm (seulement 2mm de moins que l’ensemble du boîtier) et qui mets donc bien en valeur le boîtier. Cette esthétique reste dans la logique d’une montre vintage début 20è siècle, elle rappelle même presque les montres à gousset du début 19è.
Un verre Hésalite est tout simplement en verre en acrylique (aussi appelé plexiglass). Contrairement au textile, l’acrylique est loin d’être un mauvais signe ici: c’est même un verre plus coûteux à fabriquer.
Son avantage est d’éliminer les reflets et de filtrer les UV: il permet donc d’examiner la montre sous tous les angles, sans être gêné.
Il ne s’agit pas d’un verre en crystal mais en acrylique, qui était la solution esthétiquement la plus cohérente ici, en particulier pour permettre une telle couverture.
Cadran
Le cadran est la plus belle réussite de cette montre, tant et si bien qu’on est tenté de le fixer à longueur de journée, pour le simple plaisir des yeux.
Il est rare de trouver une telle foule de détails sur une montre, et encore plus d’observer une telle cohérence.
Ce qui frappe au premier abord, c’est cette subtile couleur crème délicieusement vintage, qui respire l’aventure et qui fait un peu penser à du papier usé et la manière dont elle contraste avec le comptoir 24 hours en bas.
C’est un cadran avec beaucoup d’informations, mais avec un tel équilibre qu’il n’apparaît chargé à aucun moment.
L’index et les polices
Belle particularité de l’index des minutes/secondes : il est divisé en 1/5è de secondes.
Outre la précision que ça apporte, cet index donne à la montre une véritable allure d’instrument (mais ils font aussi un peu penser à un chemin de fer), et délimite aussi plus clairement le cadran (ce qui est bien utile quand les bords sont si minces)
Enfin, on est séduits par la pertinence des polices, des serifs de bon goût, légèrement en italique qui inscrivent une fois de plus la montre dans un style vintage début 20è siècle. Ce qui est intéressant, c’est qu’elles donnent un aspect très habillé à la montre, ce qui contraste bien avec le côté instrument des autres parties du cadran.
Les couleurs
La montre aurait pu être un poil austère en terme de couleurs avec seulement des couleurs crème, blanche et noires. Cette sobriété est justement cassée par les deux touches de rouge : celui sur la réserve de marche et l’aiguille du comptoir 24H.
Le diable est dans les détails : même le MADE IN GERMANY est stylisé avec soin, d’une part avec une police majuscule aux serifs discrets. D’autres parts avec la pastille au milieu qui donne un côté industriel discret au tout.
L’aiguille des minutes a enfin un style « poirier » qui donne un côté habillé et s’associe donc bien à la police des chiffres, elle se distingue efficacement du style « instrument » des aiguilles des comptoirs
L’impression globale qui se dégage de cette montre, c’est d’avoir sous les yeux un instrument de mesure du début 20è siècle qui aurait un peu patiné, mais qui reste tout de même lisible et habillé grâce à un boîtier sobre aux bords très fins.
Le comptoir 24H
Le comptoir 24H donne toute son originalité à cette montre : il s’agit d’un comptoir blanc avec un aspect légèrement laqué. Ce contraste lui donne presque une allure de mécanisme secondaire indépendant.
C’est notamment pour ce comptoir 24H que j’ai choisi la montre pour l’expédition en Arctique et, croyez-moi, c’est bien pratique quand il fait (vaguement) jour seulement de 9H30 à 13H30.
C’est le genre de contexte dans lequel on peut au final facilement confondre 14H et 2H du matin.
Le bracelet
Il s’agit d’un bracelet en cuir marron d’une largeur de 20mm, avec un cuir d’une qualité respectable. Comme tous les bracelets en cuir il est un peu rigide au début et s’assouplira au fur et à mesure des ports.
En revanche, là où on peut se dire que la montre en elle-même, de par ses matériaux et son esthétique, propose un excellent rapport qualité/prix le bracelet quant à lui est vraiment celui d’une montre à 400 euros. C’est un peu le maillon faible qui trahira auprès des connaisseurs la vraie valeur de la montre.
Je vous conseille du coup d’opter pou un des bracelets de chez Joseph Bonnie, pour donner à cette montre des allures de garde-temps à 1K voire plus. Attention à ne pas opter pour un bracelet trop précieux et conserver ce caractère un peu aventurier, mais ne choisissez pas non plus un bracelet 1 pièce, qui sont plus patauds et à réserver à des boîtiers plus épais (type plongeuses).
Pour ce modèle spécifiquement, je vous recommande le bracelet Presley (avec un veau velours très légèrement patiné qui fera bien écho à l’aspect un poil vieilli du cadran):
Mouvement
La montre est équipé du mouvement automatique Miyota 9132 avec pas mal de fonctions au vu du prix: trois aiguilles classique secondes, minutes et heures), un indicateur réserve de marche, date et comptoir des heures.
Il possède 26 rubis, oscille à 28’800 alternances par heure et une réserve de marche de 40 heures. .
Le fond de boîte est assez classique avec le nom du modèle, l’étanchéité et le lieu de fabrication. En observant bien le mouvement, on remarque aussi des côtes de Genève. Lorsqu’on parle d’une production allemande, on parlera de bandes de Glasshütte.
Conseils de style
Il s’agit d’une montre aviateur plus habillée que la normale: elle se portera donc dans une tenue casual, mais de préférence une tenue casual plus recherchée que la moyenne qui soit un minimum aussi riche en contraste et en détails que ce que peut proposer la montre. Elle serait par exemple selon moi trop habillée pour se porter avec un simple t-shirt.
Difficile de se tromper avec cette montre à moins bien sûr de la porter avec un costume dans un cadre strictement business (et encore, ça ne choquerait probablement que les connaisseurs).
Elle a aussi bien tenu le coup dans les conditions plus extrêmes du cercle polaire:
Avec une petite preview de la tenue que je portais quasiment tous les jours, on vous en montre davantage dans l’article dédié à Norwegian Rain:
Conclusion
Je ne pensais pas être mystifié à ce point par le design d’une montre dans cette gamme de prix, et c’est bien la première fois que je m’attarde autant sur l’esthétique du cadran et ses moindres détails. Mais force est de constater que l’équilibre est absolument parfait que ça soit en terme de couleurs, d’index, d’aiguilles et de polices.
C’est une véritable leçon de design qui se retrouve sur cette montre aviateur LZ-129 Hindenbourg.
Zeppelin réussit le tour de force de proposer une montre à la fois à l’aspect vieilli, aventurier grâce à ses allures d’instrument de mesure mais aussi minimaliste et un poil habillé grâce à la sobriété du boîtier, à l’ouverture généreuse du verre et à la noblesse des polices. Et le tout évidemment en restant fidèle à l’esthétique minimaliste Bauhaus typique des montres de Glasshütte.
Quand on a une montre aussi réussie, avec en plus une qualité des matériaux également au rendez-vous, on ne peut que vous conseiller de foncer.
Elle est disponible à 479 euros chez les distributeurs suivants: ChezMaman, Horel, Ocarat (avec bracelet en mesh), Timebyme , Montre-Automatique, Forges , Louis Pion
Crédits:
Merci à Anais Lamory (agence This is Why) pour le shooting à bord du bateau Southern Star, et à Léa Chamboncel pour le shooting à Paris