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Test&Avis Rudy’s: les chelsea Brako’s, accessibles, confortables et polyvalentes

Ca vous est déjà arriver de passer devant les boutiques de chaînes, en trouvant l’offre un peu banale et sans forcément avoir de coup de coeur ?

Puis, en l’espace de quelques mois, la communication et surtout les produits sont remis au goût du jour. Vous y jetez un coup d’oeil plus attentionné, vous passez un peu de temps sur les caractéristiques techniques.
Et, vous vous rendez compte qu’en fait, c’est plutôt pas mal pour le prix. Et l’impression est confirmée par un site qui valorise enfin correctement les produits.

C’est exactement ce qui m’est arrivé avec la marque de chaussures homme Rudy’s Paris.

I Histoire de la refonte d’une marque: une DNVB avant l’heure

1 Les débuts: un pari sur le rapport qualité/prix grâce à des volumes conséquents

Rudy’s est une marque dont je trouve l’évolution sur ces dernières années passionnante: l’enseigne a été crée en 1981 par Rémi Sfez qui ouvre une première boutique rue Saint Placide, dans le 6è arrondissement de Paris.

S’il est au tout départ revendeur, il ne tarde pas à créer sa marque en 1982 avec une production au Portugal, en Italie ou encore en Espagne. Il est l’un des premiers en France à mettre l’accent sur le rapport qualité/prix, et à distribuer en direct avec des marges plus réduites.
Le pari est tenu grâce à une distribution directe, et aussi de gros volumes du fait d’un important réseau de boutiques.

J’en avais pour la première fois entendu parler en 2010, comme de chaussures qui valaient très largement leur prix tant qu’on ne cherchait pas un chef d’oeuvre de l’art bottier, et avec une durabilité tout à fait correcte à condition de bien les entretenir.

Bref, il s’agit d’un excellent achat utilitaire, mais dont l’esthétique n’avait pas vraiment bougée jusqu’à 2017. Et également sans véritable présence en ligne.

C’est l’arrivée de Samuel et de son frère en 2018 qui change la donne et donne un vrai coup de neuf à la marque, pas seulement en terme d’image et d’e-commerce mais évidemment de produit.

2 Les classiques de la marque revisités, et des pré-commandes bien sentis

Rudy’s a au cours des dernières années réussit à explorer les différents registres de la chaussure: du formel au workwear, en parvenant à proposer des modèles bien sentis et bien positionnés, avec des formes relativement intemporelles. On compte au total une vingtaine de références permanente.

On trouve notamment dans la collection classique permanente une vaste sélection de classiques déjà équipés de patins ou de semelles en gomme, à des prix défiant toute concurrence.
C’est une offre idéale si vous recherchez une première richelieu pour un stage ou un entretien d’embauche, confortable immédiatement et à porter sans se poser de questions.

Pour rester au plus proche de son audience, la marque propose aussi de fameux questionnaires pour concevoir des modèles particuliers plus éphémères. Certains nous ont particulièrement plû comme les work boots:

Ou encore les derby Andrew:

Petit coup de coeur enfin pour les bottes Eden bout chasse. Une bonne solution pour s’essayer à ce style normalement très country et gentleman farmer, mais dans une version plus habillée grâce à la forme allongée et le cuir box calf.

 

Evidemment, il ne s’agit pas de bottes pour les puristes du workwear qui ne jureront que par du Goodyear ou du Storm Welt: il s’agit en revanches de très bonnes solutions pour se faire plaisir et s’initier à ce style si vous n’avez pas déjà de paires de ce type, avec une durabilité tout à fait correct et le confort immédiat d’un cousu Blake.

Une confection portugaise qualitative

Rudy’s confectionne à présent ses chaussures uniquement au Portugal, dans le même atelier de Guimarães d’une cinquantaine de personnes, depuis plus de 30 ans, avec un montage Blake et des matières premières européennes

 

Une vraie pédagogie sur les fiches produit, sans surenchère technique

Il est bien logique que pour ce prix là, vous n’aurez pas la « chaussure ultime qui vous survivra », mais les caractéristiques des chaussures (cuir box calf, cousu Blake) méritent d’être valorisées, surtout quand on parle de produits à ce prix.

Sous l’impulsion de Samuel, passé par l’agence web Colorz, un travail de pédagogie assez exemplaire a été effectué sur les fiches produits.
Tout est expliqué de manière assez sobre, avec assez d’honnêteté intellectuelle pour ne pas aller dans la surenchère technique.

II Test de la Chelsea Boots Brako

La Chelsea Boot est une paire qui incarne bien pour moi l’esprit de Rudy’s: une belle paire, confortable dès le premier port, accessible. Assez habillée pour se porter avec un costume, mais avec assez de caractère pour une tenue casual.

La caractéristique des Chelsea: la bande élastique sur les côtés

Grand symbole du rock britannique et de la culture Mod, les bottes Chelsea sont paradoxalement l’invention du bottier de la Reine Victoria, J.Sparkles-Hall, vers les années 1850.
Jamais elles n’auraient existé sans l’invention dix ans plus tôt par Charles Goodyear du caoutchouc vulcanisé, un caoutchouc d’une résistance accrue qui a permit d’élaborer le célèbre élastique aux chevilles.

Les bottes Chelsea classiquent s’arrêtent à la cheville, ont un bout plutôt arrondi et un talon discret.
La claque (partie du dessus) et les quartiers (arrière de la tige qui remonte jusqu’au cou de pied) sont chacun fait d’une seule pièce de cuir: elles se rejoignent au niveau de la cheville où elles sont liées par la fameuse bande élastique. Enfin, les quartiers et la claque ne sont pas cousus l’un sur l’autre (comme sur des derbys par exemple).

Elles ont d’abord été utilisées pour la marche, puis ensuite un peu pour l’équitation.

Pourquoi Chelsea ? Car elles ont été popularisées par un groupe d’artiste appelé le Chelsea set: deux d’entre eux, Mary Quant et Jean Shrimpton, des icônes de mode notoire, les ont largement popularisées en tant qu’accessoires
de loisir et leur ont donné leur noms.
C’est ensuite au tour des Beatles d’adopter la paire, revisitée par les bottiers Anello et Davide (spécialisés dans l’industrie du spectacle) qui y rajoutent un talon cubain.
Les Beatles en font une icône de la culture mod, portées généralement avec un costume impeccable.

Dernière anecdote qui passe bien en dîner: elles font aussi parti de l’uniforme des Stormtroopers dans Star Wars où elles sont repeintes en blanc.

Languette à l’avant et à l’arrière

Afin de pouvoir enfiler facilement ces Chelsea, elles disposent d’une languette à l’avant et à l’arrière. Combiné à l’élastique à la cheville, on ne prend que quelques secondes à enfiler la paire le matin.

Une forme élancée équilibrée et confortable

Rudy’s a fait un gros travail sur la forme, et ça se voit sur ces Chelsea: la paire est spacieuse en particulier au niveau du cou de pied, tout en restant assez affinée et en évitant l’écueil des chaussures pointues.
Ne vous attendez évidemment pas à une forme de puriste: il s’agit avant tout d’un bon compromis entre forme confortable et esthétique.

 

Cuir box calf et couleur

Il s’agit ici d’un cuir box calf, ce qui est assez logique pour ce type de bottine et lui permet de bien se porter avec un costume si votre environnement de travail n’est pas codifié à l’extrême. Bref, c’est le même type de cuir lisse pleine fleur qu’on retrouve sur les chaussures formelles classiques comme les richelieu.

Les plis d’usure classiques apparaissent assez rapidement. Sur des chaussures plus accessibles, dans ce positionnement prix, il est très important d’être intransigeant sur l’entretien: pensez au minimum aux embauchoirs et à appliquer de la crème nourrissante régulièrement.

Ce qui est assez remarquable ici, c’est que la patine du modèle marron café est réalisée à la main et permet des nuances de couleur assez riches: c’est ce qui donne du caractère à la paire et lui permet de bien se porter avec des tenues décontractées.

A moins de vouloir jouer sur un style rock’n’roll marqué, je trouve dommage de la prendre en noir: elle perdrait alors beaucoup de sa polyvalence.

Un cousu Blake confortable tout de suite

Le cousu Blake est un choix logique dans cette gamme de prix, en particulier pour une paire de chelsea habillée dont on attends un confort immédiat. C’est aussi ce qui permet d’obtenir une semelle plutôt fine et de conserver cette allure un peu élancée.

 

Semelle cuir et patin

Il s’agit ici d’une semelle en cuir classique, sans forcément de tannage végétal à l’écorce de chêne extra-lent : ce qui est normal dans cette gamme de prix.

La marque insiste donc bien sur la nécessité de faire poser un patin et un fer à l’avant rapidement pour la préserver.
Vu qu’on est sur un cousu Blake, vous n’aurez en plus pas besoin d’attendre plusieurs ports pour assouplir la semelle.

III Conseils de style

Le combo chelsea + cuir box calf + patine en fait au final une paire vraiment polyvalente: assez habillée pour se porter avec un costume mais assez décontractée pour pouvoir se porter dans une tenue plus casual.

Ici, j’ai donc choisi de les porter avec un costume en flanelle rayée: un costume formelle donc mais avec une matière forte. La patine subtile de ces chelsea y fait bien echo. Leur forme affinée permet par ailleurs de bien s’inscrire dans ce registre habillé.

J’éviterais de porter ces chelsea simplement avec:
– des bas trop marqués workwear (jeans lourds avec un grammage marqué etc)
– et plus généralement des textures trop affirmées comme des gros tweeds anglais

Pensez également à garder une ouverture à la cheville assez resserrée (19 cm maximum) pour rester cohérent avec la finesse de la paire.

Je porte ces chelseas avec:
– un costume Ardillon par Scavini
– une montre Riskers
– la Rain Jacket de chez Aim Experience
– pochette et cravate Portia 1924
– chemise Howard’s

Conclusion

Rudy’s est une marque que je recommande chaudement pour ceux qui commencent à se construire un vestiaire habillé, et pour les petits budgets.

La marque ne s’adresse bien entendu pas aux aficionados du cousu Goodyear/trépointe, des cuirs de tannerie prestigieuses ou des formes de bottier.

Elle s’adresse plutôt à ceux qui cherchent une paire accessible avec une esthétique simple et sans faute de goût, confortable immédiatement et à porter sans se poser trop de questions.

Même si on parle de paires accessibles, elles pourront tout de même vous durer des années, mais à condition de prendre le temps de les entretenir régulièrement. Un point sur lequel la marque insiste d’ailleurs tout particulièrement dans ses pages de vente.

Si vous êtes Parisien, elle dispose aussi pour ne rien gâcher d’une dizaine de points de ventes: parfait pour essayer les paires quand on sera revenu à une situation normale.

Ces Chelsea Brako incarnent en tout cas parfaitement cet esprit: à 129€, elles seraient une première paire habillée idéale.

Elles sont disponibles ici.

Valery

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