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Test&Avis Harrington Rodney par Paname Collections: une pièce héritage bien remise au goût du jour.

J’aime beaucoup parler des coulisses de marques, de leur développement économique, et parfois aussi des imprévus qui pourraient lourdement handicaper leur croissance (avec la covid-19 en tête de liste évidemment).

On vous parle souvent de Paname Collections, une DNVB qu’on suit depuis sa création en 2017 et qui est passée par toutes les étapes classiques: un crowdfunding de basiques bien pricés pour se lancer, puis un site en propre, des collections plus étoffées et enfin des pièces fortes.

Ces pièces fortes, à commencer par ce qu’on appelle les pièces à manches (en particulier les blousons) coûtent cher et représentent encore un sacré risque pour des jeunes marques: pourtant, elles doivent aussi développer des pièces originales pour se différencier.

 

I Le développement du Harrington par Paname Collections: le fruit d’un heureux hasard

Pour accomplir ce travail d’équilibriste, Paname Collections compte de plus en plus sur un système de pré-ventes (comme c’est aussi le cas pour de nombreuses DNVB).

Une prévente qui ne se passe pas exactement comme prévu

Dans le cas présent, la prévente proposait le Harrington en gris clair et le teddy en bleu marine: comme vous l’avez deviné, tout ne s’est pas exactement passé de cette manière.

La production suit son cours et les blousons sont livrés: et là (drame), les couleurs sont inversées avec un Harrington bleu marine et un teddy gris acier.

C’est dans ce cas de figure qu’on se rend compte qu’une marque doit suivre sa production de près, ce qui n’avait ici pas été possible avec la covid-19.

Ce qui pour moi est un heureux hasard car je trouve le Harrington bleu marine bien plus réussi que le gris acier: je ne suis à vrai dire pas extrêmement fan de cette nuance de gris, ni claire ni foncée, qui pourrait convenir à un costume mais qui fonctionne je trouve moins bien sur un blouson.

Plus de peur que de mal car heureusement l’écrasante majorité des clients de la marque ont été bienveillants sur ce malentendu et ont confirmé leur pré-commande.

 

II LES ORIGINES DU BLOUSON HARRINGTON

1 Un classique de la culture mod, aux origines aristocrates

C’est un classique de la culture mod qui remonte en réalité à 1937 et est historiquement produite par la marque Baracuta, d’abord habituée à sous traiter pour des marques comme Burberry ou Acquascutum.

Devenue célèbre en Grande Bretagne, elle s’est ensuite exportée aux Etats-Unis pour rejoindre le vestiaire preppy: ce vêtement était à la fois synonyme de rebellion et de masculinité avec sa coupe simple et son col montant, mais aussi de statut social et d’argent du fait de son assimilation au golf.

Outre Baracuta, Grenfell également revendique la paternité de ce blouson, avec un modèle très similaire produit à la fin des années 20.

Il n’y avait en fait pas que la veste Harrington de Baracuta, mais aussi Grenfell, qui avait apparemment conçu le même type de veste dans les années 20-30. Le nom a été popularisé par John Simons, un revendeur de prêt à porter masculin qui a contribué à ramener le look Ivy League à Londres.

La Baracuta a été longtemps connotée du fait de son association avec le golf: cette veste devint une objet d’aspiration et d’ascension sociale.

A cela s’est rajouté que Lord Lovat, le chef du clan Frasier (une des familles britanniques les plus prestigieuses) donna en 1938 sa permission pour utiliser le tartan Frasier pour la doublure: elle devint donc encore plus prestigieuse.
On appela cette veste à l’époque la G9.

Dans les années 50, Baracuta commença à exporter aux Etats Unis et la G9 fût adoptée par les étudiants de l’Ivy League pour devenir un basique du style preppy. Tous les critères étaient là: la veste n’est pas trop informelle et casual mais n’est pas non plus complètement formelle.

La popularisation du G9

Le G9 fût introduit à une large audience américaine par Elvis Presley dans le film King Creole, et encore plus tard avec le port de Steve McQueen dans L’affaire Thomas Crown ou encore James Dean dans le film Rebel Without a Cause.

La veste est restée populaire dans certains groupes du fait de son association récente avec la contre culture mod. Avec une histoire aussi riche, la marque a pu produire des editions collectors avec par exemple la ligne 137 (composée de 137 modèles) pour célébrer le 70 è anniversaire de la marque, composée de modèles G9 G10 G4 avec des citations de Elvis Presley, Steve McQueen ou Frank Sinatra imprimées sur la doublure.

Quelques mots sur Baracuta

Fondée à la fin du 19è siècle à Manchester, Baracuta était à l’origine une usine qui travaillait pour des marques comme Acquascutum ou Burberry.
C’est en 1937 que l’usine commence à produire son modèle emblématique: le G9. Celui ci devint ensuite une icône du style mod qu’on appelle maintenant Harrington. Il fut adopté par toutes les sous cultures populaires, de la tendance Mod à la Punk, puis portée par Elvis Presley, Frank Sinatra ou encore The Clash.

Ici porté par Eric Clapton

C’est la fameuse firme italienne WP Lavori qui a racheté la marque en 2012: ce groupe d’usines italiennes a énormément contribué à faire revenir le mouvement héritage au sein de l’industrie dans les 30 dernières années.

III TEST DU HARRINGTON RODNEY

Le tissu

Paname Collections est l’une des premières DNVB à proposer des blousons déclinés dans de belles laines de drapiers italiens, qu’on ne retrouve normalement que sur les costumes. Ce genre de blouson Harrington est plutôt traditionnellement confectionné en coton, et parfois dans des mélanges coton/polyester: inutile de dire que le rendu est bien différent en termes de fluidité, de prise de lumière et de texture.

Evidemment, il s’agit d’un blouson et pas d’un costume: hors de question donc de prendre une laine au titrage trop élevé type super 150’s qui serait trop précieuse et trop fragile.

Ici Paname Collections a opté pour un tissu VBC classique super 110’s: un bon compromis avec une main fluide, qui froissera moins et sera plus résistant qu’un super 150’s.

Les finitions

Le col

C’est très probablement le col montant à deux boutons qui donne tout son charisme au Harrington: l’exercice est compliqué car il doit avoir une assez bonne tenue relevé, sans être trop rigide et en conservant un côté légèrement tombant pour un côté plus fluide et nonchalant.

Les poches inclinées latérales à rabats

C’est une signature du Harrington, qui rajoute là encore beaucoup de cachet à l’ensemble. Elles sont fermées par des boutons effet corne: elles ont le mérite d’être assez ample et bien situées (ce qui n’était pas forcément le cas des toutes premières pièces à manche de la marque).

Bords côtes

Les bords côtes sont 100% coton made in France et réalisés dans un atelier des Hauts-de-France: on sent dès qu’on enfile le blouson à quel point ils sont robustes.

La doublure

Les Harrington sont généralement dotés d’une doublure tartan (qui tire ses origines comme on vous l’expliquait du statut social auparavant associé à ce type de blouson): ici, pour être dans un registre un peu plus habillé, plus en adéquation avec une laine fluide de costume, Paname Collections a opté pour une doublure rayée blanche et rouge qui contraste particulièrement bien avec le modèle bleu marine.

Le zip

Outre la qualité intrinsèque du zip, on apprécie également la fermeture légèrement décalée sur la partie droite, qui laisse apparaître une bande de tissu de quelques centimètres, ce qui donne bien plus de charisme à l’ensemble et qui n’est pas présent sur les G9 classiques.

 

II Conseils de style: bien porter un Harrington

Col relevé ou col plaqué ?

Vous verrez que la fiche produit mets en avant deux ports différents du col: relevé ou plaqué sur les épaules (à la manière de revers de vestes).

Autant je trouve que le port relevé donne beaucoup de charisme et de masculinité à une tenue casual, par dessus une chemise texturée par exemple.

Autant le port plaqué relève pour moi davantage d’un non-sens stylistique flagrant et ressemble au mieux à une tentative cheap d’imitation de vrais revers.

Mais le débat est bien réel, comme le montrent ces photos de James Dean et Elvis:

Quant à moi, vous ne le verrez que col relevé sur ces photos.

Une tenue estivale habillée

Ce blouson léger appelle donc à une tenue estivale habillée, avec des matières légères mais des finitions sartoriales.
J’ai donc opté pour:
– une chemise en seersucker RIVES dont le côté habillé se voit à travers le col particulièrement montant
– le pantalon bespoke Alberto Voglio: une laine très légère mais une construction sartoriale proche d’un Gurkha. Cette laine très fluide fait justement bien echo à la laine super 110’s du Harrington.
– des sneakers In Corio, minimalistes avec l’inspiration GAT, avec un côté plus habillé grâce à son vert forêt

Ce bleu marine profond permet de s’exprimer davantage sur les couleurs: je le fais ici à travers la chemise et les sneakers.

Les erreurs à éviter

Difficile de faire des fautes de goût majeures avec un blouson bleu marine vous me direz. J’en retiens ici deux en particulier:
– vous pouvez porter des pantalons habillés, mais évitez du coup d’en porter en bleu marine dans une couleur un peu trop proche. On aurait l’impression que vous avez essayé de bricoler un costume à la va vite.
En revanche, un jean brut passe très bien grâce au contraste de textures
– vu la légèreté et la fluidité de la matière, restez bien dans un registre estival/mi-saison avec des matières fines. Ce type de laine serait beaucoup trop précieuse pour se porter par exemple avec un pantalon en gros tweed, en velours côtelé ou encore par dessus une grosse maille texturée.

Conclusion sur le blouson Harrington Rodney par Paname Collections

Ce n’est pas la première fois qu’on voit un blouson réalisé à partir d’une belle laine de costume: mais ici le mélange des genres est particulièrement réussi.

Et c’est surtout grâce au contraste entre le côté nonchalant et rebelle du Harrington et le côté plus fluide et lisse de la laine (qui est très légèrement texturée tout de même) qu’on arrive à obtenir un blouson habillé, mais toujours avec du caractère.

Si l’on résume le blouson d’un point de vue strictement tarifaire, on a une pièce fabriquées en Europe de l’Est avec d’abord des finitions soignées: mention spéciale à la tenue de ce col bien travaillée ( il n’était pas simple d’avoir un beau col montant sur ce type de laine, ainsi qu’à la fermeture éclaire de caractère), au zip et aux bords côtes made in France.

Mais aussi un tissu VBC Super 110’s très qualitatif, le tout entre 210 et 220 euros.

En termes de rapport qualité/prix, c’est pour moi imbattable si vous cherchez un bon blouson d’été (indien) ou de Printemps: je vous le recommande très chaudement.

Le Harrington Rodney de Paname Collections est disponible ici entre 210 et 220€ (avec le système d’achat en pack)

 

Valery

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