Notre mission chez JamaisVulgaire ?
Vous faire découvrir des marques qui vous conviennent.
Et c’est bien évidemment vrai pour des maisons de tailleur: si au premier abord elles peuvent toutes se ressembler, leurs approches sont souvent très différentes autant en termes de prise de mesure, que de confection et de style.
Si on s’intéresse spontanément aux nouveaux acteurs, on souhaite aussi vous aider à y voir plus clair parmi les noms déjà bien établis.
Parmi ceux-ci, on trouve Artling, fondé en 2010, dont nous allons décrypter ensemble le style.
Sommaire
Avis sur Artling : un costume sur mesure au style français avec une pointe de dandysme parisien
Artling est un nom plutôt bien établi à Paris, et qui vous dit probablement quelque chose.
Située au 55 rue des Saint-Pères, la maison a été fondée en 2010 par Martial Arnaud.
Au départ financier, il se forme à la Fédération nationale des maître-tailleurs de France auprès du fameux André Guillerme-Guilson.
André Guillerme-Guilson est un peu une légende chez la nouvelle génération de tailleurs qui ont eut la chance de suivre sa formation avant son décès en 2018 : il a notamment également formé Julien Scavini, ainsi qu’Yves Chadeyras des Francs Tireurs.
Son approche se base sur une analyse morphologique et une étude approfondie de l’attitude et de la démarche.
La particularité d’Artling ?
Tester un tailleur parisien, ce n’est pas seulement étudier les finitions et le tissu d’un costume mais c’est aussi expliciter son identité.
Il s’agit de vous permettre de répondre à la question « Dans quel cas aller chez Artling et pas ailleurs ? ».
D’abord dans l’approche : Artling a une approche beaucoup plus dandy, où on va se faire plaisir visuellement, en prêtant moins attention aux codes sartoriaux plus strictes. C’est un peu ce que Gustave a voulu retranscrire à travers sa doublure.
La confection Portugaise
Notons par ailleurs qu’à la différence de nombreux tailleurs qui font fabriquer au Portugal, Artling possède son propre atelier à côté de Porto (typiquement le genre de structure verticalisée qu’on aime chez JamaisVulgaire): il s’agit d’un tout nouvel atelier, à taille humaine, de 40 ouvriers.
Résultat:
– une plus grande flexibilité sur les choix de finition (épaules, revers, crans etc)
– un meilleur rapport qualité/prix grâce à une confection sans intermédiaires
C’est par ailleurs un atelier qui propose une offre variée en termes d’entoilage:
– structuré: un entoilage assez lourd réservé aux smokings, et à une clientèle plus senior habituée à des structures prononcées
– classique: un entoilage intermédiaire
– souple: un entoilage limité à une feuille de toile et à du crin de cheval
– chemise: une simple feuille de toile, sans crin (qu’on appelle aussi Zero Gravity)
L’expérience client
Des retouches pointues en boutique
Artling mets l’accent sur le service client avec un tailleur-retoucheur à plein temps dans la boutique. J’ai également eu l’agréable surprise de voir que le boutonnage de la veste était posée à Paris, après le premier essayage. Une option qu’on retrouve souvent chez des maisons plus onéreuses, mais rarement chez celles qui démarrent à moins de 1000€. D’ailleurs, la maison Artling propose ses services à partir de 695€ pour un costume 2 pièces.
Les retouches et modifications réalisées à la boutique peuvent être très pointues avec notamment des modifications d’épaule: Gustave a ainsi pu transformer directement en boutique l’épaule qu’il avait choisi napolitaine (avec donc un peu de padding) en épaule chemise, complètement déstructurée.
Un choix de tissus approfondi
Le choix de tissu est également impressionnant avec 3000 références de tissus disponibles : les classiques Holland&Sherry,Scabal, Zegna, Loro Piana et des plus confidentiels comme Fox et Huddersfield.
On retrouve aussi les doublures plus originales de chez Huddersfield, que Gustave a ici choisit pour son costume. La sélection d’accessoires n’est pas en reste : bretelles Albert Thurston et chaussettes Pantherella notamment.
Un contenu soigné
Quelle est une des priorités pour un tailleur en termes de visibilité ? Etre bien référencé sur Google. Et pour cela, il faut avoir un site pertinent et du contenu intéressant.
Comme beaucoup de tailleurs, Artling tient donc un blog/journal de conseils pour vous aider en amont à bien choisir à la fois costumes et tissus.
S’il s’agit souvent d’articles assez courts, on trouve cependant sur le site quelques pépites, qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs (et qui traduisent bien la richesse du choix de la maison)
Test Artling : un costume sur mesure vert avec un pantalon gurkha
Le parti-pris stylistique du costume par Maison Artling pour Jamais Vulgaire ? Nous avons tenu à respecter l’identité de ce qui fait la maison, en optant pour un costume estival original, très informel et qui sorte de l’ordinaire. Ce que voulait Gustave? Un costume charismatique avec de larges revers dont le cran est haut, avec un pantalon gurkha à taille naturelle véritable (qui prend les hanches et qui s’arrête au dessus du nombril). Lors de notre tout premier échange, la maison Artling m’a orienté vers un costume en lin croisé couleur tabac. Un costume très difficile à porter, qui s’adresse aux puristes du genre comme Andreas Weinas ou Fabio Attanasio par exemple. Bien que je sois un amateur du style sartorial, c’est encore un cran au dessus pour moi, du coup on est parti sur une pièce un peu moins forte, mais tout de même originale : le costume vert.
Les finitions de la veste de costume
• Le tissu : Gustave a ici opté pour un Fresco Lite de chez Hardy Minnis, on vous en avait déjà parlé sur le test du costume Asphalte. Il s’agit d’un Fresco beaucoup plus fin en termes de titrage, et avec une finition beaucoup plus douce.
L’idée est de maintenir un tissage aéré, mais d’atténuer le rendu rêche pour obtenir un contact avec la peau plus agréable.
• La coupe: Il s’agit d’une veste deux boutons très classique, sans fioritures. Elle est un peu plus cintrée que ce que j’ai l’habitude de porter, et donc légèrement moins confortable que mes autres costumes estivaux. Ceci dit l’allure de la veste est plus racée, et cela met plus en valeur le V naturel du torse.
• La structure : Il s’agit ici d’un entoilage classique intermédiaire: ni trop structuré ni trop souple.
• Entoilage complet : Le costume est entièrement entoilé, ce qui est un peu plus lourd à porter qu’une veste semi entoilée, mais offre un tombé un peu plus juste, et surtout cela va permettre au costume de mieux vieillir dans le temps.
• L’épaule chemise : Etant donné que Gustave avait choisi un entoilage classique, la veste a été allégée au niveau de l’épaule avec une épaule chemise complètement déstructurée.
• Le revers : Il s’agit de revers généreux, de 10 cm, avec le cran situé assez haut sur l’épaule, ce qui donne beaucoup de caractère à l’ensemble, offrant une véritable allure, bien racée comme je l’aime.
• La milanaise main : La milanaise ici est légèrement contrastante avec une subtile nuance de menthe à l’eau. Il s’agit d’un détail discret qui donne un côté plus estival et dandy à l’ensemble, tout en restant sobre.
• La pochette barchetta : De la même manière, la poche barchetta légèrement arrondie a un point d’arrêt contrastant beige.
• Les poches plaquées : Qui dit costume estival, avec couleur un peu originale, dit forcément poche plaquée. Elles apportent un coté plus léger et casual à l’ensemble du costume.
• La doublure semi doublée : Si la structure est lourde, n’oublions pas non plus qu’il s’agit d’un costume d’été. Gustave a donc opté pour une veste semi-doublée, avec parementure américaine qui laisse bien circuler l’air dans le dos. J’ai choisis une doublure originale, qui se décline dans un vert plus clair que la veste, offrant une belle palette de nuances de vert, formant ainsi un joli camaïeu subtil.
Les finitions du pantalon de costume
Comme vous le savez, Gustave est un grand amateur de pantalons habillés, notamment de pantalons gurkha. Une pièce aux origines militaire souvent difficile à faire, tant elle réclame un savoir faire pantalonier particulier.
• La coupe : On a une vraie coupe Gurkha semi-ample bien large aux cuisses et qui se resserre au niveau du genou. La hauteur est également impressionnante, avec une véritable taille haute classique, qui prend au dessus du nombril. Peu d’ateliers sont capables d’aller aussi haut en termes de patronage dans cette gamme de prix-là, et ça fait franchement plaisir à voir.
• Les poches italiennes : Un pantalon Gurkha est un peu chargé en termes de finitions. Les poches italiennes sont ainsi plus minimalistes car elles se trouvent le long de la couture du pantalon.
• Les deux pinces : Qui dit pantalon Gurkha dit deux pinces, ici tournées vers l’intérieur. Elles permettent d’apporter un beau volume au niveau des cuisses sans pour autant sacrifier la silhouette. Les pinces sont renforcées par un cran d’arrêt: elles sont très marquées et nettes, ce qui est la preuve d’un savoir-faire de qualité sur cette finition.
Afin d’obtenir des plis aussi marqués, les pinces sont assez longues: 5 cm pour la première et 4 cm pour la deuxième.
• Le pli central : Classique pour un pantalon habillé.
• Le revers pantalon : Gustave a ici opté pour un revers pantalon de 5 cm. Très classique dans ce registre donc et idéal pour mettre en avant des chaussures estivales, comme les Malfroid qu’il porte ici.
Conseils de style : oser le costume de couleur estival dans un style informel
Mes impressions sur le costume Artling
Après plusieurs essayages, on a décidé de retirer le padding de la veste, en transformant l’épaule napolitaine en épaule chemise, pour des raisons de confort. La veste est désormais très confortable, et l’épaule est un peu modifiée, mais ça ne se voit quasiment pas sur la ligne.
Le pantalon est particulièrement réussi, c’est la première fois que je trouve un vrai pantalon de costume taille haute, avec une fourche assez longue, avec un patronage adapté en conséquence. Si vous cherchez un pantalon gurkha à prix raisonnable, qui monte véritablement, c’est chez Artling qu’il faut se rendre. Je suis content du rendu final, c’est un beau costume dans son ensemble, et le rapport qualité-prix est bon. Le seul bémol se situerait au niveau du cintrage global de la veste, qui est un peu plus serré que ce que j’ai désormais l’habitude de porter.
Conseils de style : bien porter un costume informel qui sort de l’ordinaire
Une couleur qui sort de l’ordinaire certes, mais pas trop
L’idée est de rester dans l’équilibre avec un vert discret, légèrement texturé grâce au fresco. On peut envisager de porter sans soucis la veste et le pantalon de manière dépareillée.
Cette couleur calme laisse pas mal de marge de manœuvre sur les revers, la doublure et aussi les détails originaux comme la milanaise contraste et le point d’arrêt de la poche barchetta.
Faire sauter la cravate tu feras
Pour marquer l’identité de la maison Artling, Gustave a choisi une tenue qui sort un peu de l’ordinaire avec un foulard de chez l’Officine à la place de la traditionnelle cravate. Les tons sable et marron contrastent justement bien avec le vert forêt.
De manière générale, la veste ici se porte bien avec, tout simplement, une chemise texturée ou à motifs avec deux boutons ouverts (évidemment, on évite comme vous le savez la chemise de travail blanche en popeline de coton qui serait trop formelle avec cet ensemble).
• Une chemise rayée et une paire de souliers casual tu oseras :
Autant la chemise blanche à rayures bleu marine aurait pu être un poil trop formelle (à moins d’opter pour une texture spécifique type seersucker), autant l’inverse peut se porter dans des circonstances plus décontractées.
Ainsi cette chemise bleu clair à rayures blanches apporte à la fois une touche habillée à l’ensemble (pour équilibrer le foulard) tout en restant estivale grâce à cette nuance de bleu originale.
La tenue est complétée par les mocassins Tilsit de chez Malfroid : les revers à 5 cm et l’ouverture réduite à la cheville mettent bien en valeur cette forme particulièrement ronde.
Notre avis final sur le test du costume sur mesure de la maison Artling
Si vous voulez sortir de votre zone de confort, avec un costume plus affirmé mais sans fautes de goût, et profiter d’un service client aux petits oignons, alors Artling est fait pour vous.
Sans mettre en avant des finitions de puriste, la maison reste techniquement pointue grâce à sa confection portugaise, qui autorise par ailleurs une grande flexibilité sur les revers, les épaules et les crans.
On apprécie enfin ce style très français, avec une structure prononcée mais qui reste confortable et adaptée à des températures estivales.