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L ITALIE, CHAMPIONNE INCONTESTEE DES MARQUES FAMILALES: PRESENTATION DE LUBIAM, TOMBOLINI ET PANTALONI TORINO

Disclaimer: j’ai le plaisir aujourd’hui de laisser la parole à Nabil pour cet article invité sur les marques confidentielles italiennes. Nabil est un passionné depuis plusieurs années du style Sprezzatura et avait déjà fait de nombreux aller-retours en Italie pour dénicher de petites perles bien avant que le Pitti Uomo soit si connu en France.
Il nous fait ainsi profiter de son expertise sur quelques marques d’une manière claire et synthétique. Je vous encourage aussi fortement à suivre son Instagram @nouveau_vestiaire où vous trouverez de très belles combinaisons de pièces pointues. Bonne lecture 🙂
Valéry

Depuis quelques années maintenant, une tendance assez nette se dessine sur les blogs de mode, à savoir un attrait de plus en plus marqué pour la mode transalpine.

Ici, il ne s’agit pas des marques phares du secteur du luxe telles que Gucci ou Prada, mais plutôt d’un véritable intérêt pour des produits moins connus. Que ce soit l’art tailleur à travers les « sartoria », ces petites maisons encore familiales pour la plupart, ou des marques plus « casual », on observe un véritable engouement des forums et de la blogosphère pour ce créneau.

Il n’y a qu’à voir le nombre de photos postées sur Instagram et d’articles publiés à chaque Pitti Uomo pour constater que ceci est loin d’être un phénomène éphémère.

Il faut bien dire que pour  les amateurs à la recherche de marques méconnues et au style affirmé, l’Italie est une véritable mine d’or. Et c’est ce que nous allons vous montrer aujourd’hui en vous emmenant à la rencontre de 3 marques au style différent, qui cultivent chacune à leur manière l’élégance à l’italienne.

I Lubiam, ou la veste déstructurée par excellence

1 Présentation et gammes

Lubiam, pour Luigi Bianchi Mantova est une marque créée en 1911 comme son nom l’indique à Mantoue. Maison encore familiale, elle s’articule principalement autour de 4 gammes :

  • Luigi Bianchi Mantova, la gamme formelle sous laquelle vous retrouverez manteaux et vestes classiques. Tissus et fabrication made in Italie, coupes assez larges.
  • B.M. 1911 Cerimonia, qui propose des costumes et accessoires de mariage.
  • B.M. 1911, la gamme casual qui nous intéresse ici. On y retrouve tout le vestiaire masculin, mais la veste déstructurée est assurément la star de la gamme.
  • Brando, qui reprend les codes de L.B.M 1911 mais en un peu plus formel.

Un mot pourrait résumer L.B.M : légèreté. Légèreté dans les matières (le mélange lin/coton est très présent dans les collections été), légèreté dans les coupes, légèreté dans le port même des vestes. En effet, la particularité de celles-ci, c’est un padding totalement absent, qui dessine une épaule aux contours tout à fait naturels. Pas forcément idéal pour les petites carrures, ce parti-pris stylistique fait cependant merveille lorsqu’on a un peu plus de coffre.

Veste sans padding de chez Lubiam : observez la mise en valeur de la « rondeur » de l’épaule

Seconde spécificité de la gamme : un renouvellement quasi-infini des tissus au fil des collections. Le travail réalisé sur les matières et les motifs s’inscrit dans les gènes de la marque et rend assez reconnaissables ses productions. La part belle est faite aux carreaux, aux rayures, ainsi qu’à des imprimés audacieux. Des pièces plus discrètes et passe-partout sont également disponibles, mais majoritairement dans des tissus unis.

Collection printemps-été 2016 : veste bleue simple d’apparence, mais le tissu est en fait très travaillé

Autre caractéristique de la marque : parmi les tissus proposés, de nombreuses références ont subi un pré-lavage afin de donner un aspect vieilli. Ce délavage fait aussi partie de l’identité de L.B.M , au même titre que certains modèles qui reviennent régulièrement dans les collections, mais déclinés dans des tissus différents.

Tout l’ADN de la marque en une veste : la traditionnelle saharienne L.B.M  ici dans un blanc cassé en coton/lin. Probablement pas la pièce la plus facile à accorder, mais une audace assumée.

 

Enfin, en termes de finition, on retrouve de manière régulière un certain souci du détail : doublure originale et de bonne qualité pour les poches et pour la veste, boutons en corozo du plus bel effet, et même des cintres personnalisés pour certaines micro-collections. De petites attentions certes, mais très appréciables.

2 Les défauts

Alors, tout serait-il parfait ? Malheureusement non !

A l’instar d’autres marques du même segment, il arrive parfois de rencontrer des matières synthétiques comme le polyamide dans certains mélanges de matières. Amateurs avertis et exigeants, un passage par l’étiquette intérieure est fortement recommandé avant tout achat.

Seconde (forte) recommandation : il est bien souvent nécessaire de passer par un essayage, car les coupes chez L.B.M peuvent être différentes en fonction des modèles… ou des saisons. Mais passé ces désagréments, on se retrouve avec un produit plutôt bien fini et au style très distinctif. .. quand on a la chance de mettre la main dessus !

La marque est en effet peu distribuée en France, car visant plutôt les Etats-Unis ou le Japon. Plus près de nous, il est possible de se la procurer dans des boutiques spécialisées en Belgique, aux Pays-Bas et évidemment sur Internet.

 

II Tombolini, un classicisme transalpin de bon aloi, teinté de sprezzatura

1 Présentation

Tombolini, c’est un peu mon coup de cœur parmi cette sélection.

Coup de cœur parce que cette marque créée en 1964 par un tailleur de formation maîtrise parfaitement les codes de l’élégance formelle tout en offrant une sélection de tissus pointus. Et coup de cœur parce qu’elle a su se moderniser et proposer d’autres pièces (en petite quantité il faut l’avouer) que le traditionnel vestiaire formel.

« The Future has ancient roots ». Tel est son slogan. Et il apparaît clairement que Tombolini s’appuie principalement sur son ancienne activité de tailleur lorsqu’on jette un œil aux collections actuelles. Traditionnellement, la marque accorde une grande place aux vestes croisées, à revers larges et toujours affublées de l’emblème du dragon.

Devanture habituelle chez Tombo:  vestes croisées et motifs tape-à-l’oeil mais sans tomber dans le mauvais goût

2 Les gammes

Tombolini tout comme Lubiam met principalement en avant le confort de ses vêtements grâce à leur légèreté, et particulièrement pour 2 de ses gammes :

Zero Gravity pour les costumes et vestes

Un costume Zero Gravity, semi-doublé. Notez que dans les visuels de la marque, les mannequins sont systématiquement en mouvement pour mettre en valeur la souplesse de la veste.

Tombolini Dream pour les vestes. Tissus originaux (il n’est pas rare de croiser des jerseys de coton associés à des vestes croisées) et coupes très près du corps au programme.

3 Le style

Le vestiaire décontracté se compose de vestes et gilets matelassés, varsity et chinos. Même s’il peut sembler un brin classique, il bénéficie de la même qualité de fabrication que les costumes, un atout non négligeable.

Chino et veste en cuir suédé : l’expression du chic décontracté

Chez Tombolini, vous l’aurez compris, c’est typiquement le « classic with a twist » qui l’emporte. Cela se sent aussi bien pour la gamme formelle que pour les pièces décontractées. Pour les matières, pas de souci à se faire pour ce qui est des vestes et costumes : coton, laine et soie sont majoritairement utilisés, en particulier pour la gamme Zero Gravity.

4 Communication et distribution

Un coup de cœur, mais également un coup de gueule, notamment vis-à-vis d’un marketing pour le moins désastreux:
-le site:
très mal pensé et sur lequel il est difficile de trouver les collections
-un réseau de distribution incohérent: avec des boutiques au Kosovo, en Argentine et en Pologne et très peu de boutiques en Europe
-une politique de communication inexistante: la marque étant très peu référencée sur les blogs (ne parlons même pas d’Instagram puisque le compte principal est américain).

Ces critiques sont teintées d’une certaine amertume car la seule boutique parisienne a fermé ses portes 2 ans plus tôt. Située tout près de la place des Victoires, elle ne bénéficiait pas d’un emplacement idéal.

III Pantaloni Torino, de la folie dans le monde du chino

PT,  pour Pantaloni Torino est une marque spécialisée dans le pantalon, et plus précisément dans le chino. Mais ici, nous sommes très loin du classique pantalon beige apparenté à ce que peut offrir un Docker’s par exemple.

1 Présentation

Le chino classique chez PT : boutons siglés PT01, liseré de couleur sur les poches, poche de rangement pour la monnaie avec points d’arrêt

Chez Pantaloni Torino, c’est surtout dans le sens du détail que la différence est visible par rapport aux acteurs traditionnels du segment : boutons sobres ou multicolores, (très) solidement cousus, présence systématique d’une sous-patte avec boutonnière, poche doublée pour la petite monnaie, surpiqûre au niveau des poches avant. Le pantalon reste sobre mais avec une touche de personnalisation et de sophistication bienvenue.

2 Matières, coupes et finitions

PT utilise parfois des tissus de chemise pour la doublure de ses pantalons. Plutôt sympa et du plus bel effet

Au niveau des matières, et comme son principal concurrent Incotex, la base habituelle se compose de 97 à 98% de coton, et le reste d’élasthane. L’élasthane même en très petite quantité permet de détendre un peu le pantalon afin de procurer du confort. La laine et la flanelle sont également au rendez-vous dans les collections hiver.

Pour les motifs, PT frappe fort avec beaucoup de pièces à carreaux fins ou plus larges ou des nids d’abeille qui donnent du peps aux couleurs traditionnelles comme le beige. En parlant des couleurs, elles sont à l’honneur dans la gamme été puisque toutes les nuances pastel y sont déclinées.

En termes de coupe, et suivant la mode actuelle, la marque fait principalement dans le slim fit, et cela va de pair avec un resserrement des bas de pantalon ; chez PT, vous trouverez rarement des bas de pantalon de plus de 20 cm.

3 Gammes

Pour les gammes, difficile parfois de s’y retrouver mais sachez que PT en propose 2 :
PT01 pour les chinos classiques, avec de très nombreuses sous-gammes
PT05 pour les jeans,concurrent direct de Jacob Cohen sur le même segment. Sachez par exemple que les pantalons PT01 dits « Brit Chino » intègrent un ourlet de couleur contrasté sur le bas du pantalon et un liseré de même couleur sur les poches arrière.

La distribution à l’instar de Lubiam et de Tombolini, est confidentielle en France. Il reste possible de s’en procurer dans quelques rares boutiques à Paris à des tarifs dépassant allègrement les 200 euros.

Conclusion :

Des racines familiales, un style parfois débridé mais reconnaissable entre tous, des produits de bonne qualité, mais une communication balbutiante et une aura pour l’instant limitée pour la plupart (excepté Pantaloni Torino) : voici la manière la plus simple de caractériser les très nombreuses petites marques de la péninsule italienne.

Celles-ci ont les défauts de leurs qualités : leur petite taille leur permet de conserver l’identité de leurs produits, mais ces structures sont encore pour le moment familiales et peu professionnalisées.

Cependant, avec la communication faite sur les blogs et des plateformes comme Instagram ou Twitter, elles acquièrent petit à petit une certaine visibilité. Le Pitti Uomo joue également à plein son rôle de catalyseur et leur offre une popularité temporaire 2 fois dans l’année.

Pour ceux qui veulent retrouver ces marques, il vous reste à fouiller assidûment Yoox et d’obscurs sites italiens ou japonais.
Sinon, vous pourrez les trouver aléatoirement sur Vente Privée (1 fois par an, probablement moins). Assurément une bonne affaire…si vous ne vous trompez pas de taille !

nouveauvestiaire

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