Harmony : test du blouson Mark
Vous savez ce qui rends une marque attachante ?
Au delà de l’univers,des vêtements, de leur fabrication, des coupes et des matières, c’est généralement le créateur derrière. Il s’agit parfois d’un collectif, d’un binome ou d’un individu.
Dans le cas d’Harmony dont on va parler aujourd’hui dans cet article,il s’agit de David Obadia.
Vous allez donc découvrir dans cet article son parcours, de ses premiers t-shirts imprimés en collab’ avec des photographes new-yorkais de BWGH jusqu’au prêt à porter pointu d’Harmony, en passant par les inévitables sweats brodés Brooklyn parle Français.
On va ensuite se concentrer sur Harmony, ce qu’il faut retenir des collections puis tester une grosse pièce d’outerwear: le blouson Mark.
I DE BWGH A HARMONY: LE PARCOURS ENTREPRENEURIAL DE DAVID OBADIA
1 BWGH
a Les t-shirts
C’est en 2012 que j’entends pour la première fois parler de David Obadia à travers sa marque Brooklyn We Go Hard. Celle ci propose alors une ligne de t-shirt toute simple, réalisée avec des photographes new yorkais pointus.
Ce genre de t-shirt est un exercice assez difficile à réaliser car il faut apporter une vraie valeur ajoutée en terme d’originalité mais tout de même garder une pièce facile à porter. En cela, le format A3 rectangle plein n’est pas si facile : il faut bien gérer la transition avec le blanc du t-shirt et ne pas donner l’impression d’un gros bloc rempli.
Le pari est cependant réussi.
b Les sweat-shirts
BWGH explose cette même année avec une trouvaille toute simple: le sweat shirt brodé Brooklyn Parle Français. Si le concept est simple, l’exécution est qualitative avec une technique de broderie soignée et un molleton legerement moucheté dans des couleurs originales. L’idee prend mouche et est rapidement réalisée en collaboration avec Kitsune, Colette ou encore Opening Ceremony.
c Le prêt-à-porter
Il aurait été confortable de rester sur cette idee sans forcément chercher à aller plus loin. Ce n’est évidemment pas ce qui s’est passé et BWGH s’est lancé dans le PAP avec de grosses ambitions des l’été 2012.
Elle travaille alors ni plus ni moins qu’avec Vincent Schoepfer (de la marque éponyme et de Patrons) qui apporte son expertise sur les coupes, matières et textures durant plusieurs collections (jusqu’à il me semble l’avant dernière ).
J’aimais beaucoup cette marque pour les motifs et textures des chemises.
BWGH s’est enfin fait remarquer sur les derniers mois par des collabs marquantes comme celle avec Puma (plutôt réussie par ailleurs en terme de contrastes de couleurs et de matières):
Riche de l’expérience de BWGH, David Obadia se lance ensuite seul sur Harmony, une ligne plus personnelle.
Il propose un peu avant un Ted talk sur son expérience d’entrepreneur
II HARMONY: UN RENOUVEAU PLUS PERSONNEL ET AVANT-GARDISTE
1 Collection et modèles notables
Harmony est une ligne beaucoup pointue et creative ou David Obadia s’exprime de manière plus approfondie: on pourrait la qualifier de marque de streetwear minimaliste. Les lignes sont épurées et le travail se fait surtout sur la qualité des matières et de la collection.
Je suis les collections depuis la création en 2014 et plusieurs types de pièces ont retenue mon attention.
Les manteaux
J’avais surtout flashé sur ce manteau en laine Prince de Galles croise, qui jouait pour moi parfaitement entre la tradition avec la matière et le boutonnage croise et la modernité avec un boutonnage deux boutons et une ligne près du corps.
Je suis rarement fan de ce genre de mélange qui donne souvent une pièce bâtarde, ni complètement portable dans un cadre ou dans l’autre. Je dois avouer que j’ai un peu de mal a dire pourquoi, mais ça marche bien ici.
C’est sûrement grâce à un équilibre bien trouvé qui évite une rupture trop brutale avec le motif Prince de Galles: on a des revers à pointes plutôt larges, une coupe ajustée mais pas non plus trop près du corps et une longueur qui permet assez de prestance pour bien correspondre à ce genre de registre.
Les costumes
On ne peut pas en dire autant sur les costumes: on est facilement plus catégoriques sur les costumes car ils demandent plus d’exigence sur la formalité.
Difficile de porter une veste croisée rayée avec des revers fins et un simple boutonnage (ce qui ne convient pas trop au registre formel). Idem pour la version grise Prince de Galles pour laquelle la construction est un peu en décalage avec le registre traditionnel.
Par rapport à ce genre de pièces, il faut se poser la question de l’environnement:
-en casual: une veste sombre rayée croisée et avec des revers à pointes est trop formelle (même si elle est assez courte, avec une coupe ajustée et des revers fins). Je ne vois vraiment pas comment bien la dépareiller sans choquer l’oeil.
-en formel: des revers aussi fins sur ce genre de costumes ne passent pas du tout et empêchent tout port dans un cadre professionnel
Le seul port possible est dans une tenue plus modeuse, avant-gardiste et pointue qui dépendra davantage de sensibilités personnelles et non de critères vraiment objectifs. Possible du coup de le détourner comme ici par exemple avec un t-shirt mais ça ne passera que dans un cercle pointu.
Les pulls
Harmony propose des pulls avec un travail de matière assez intéressant, disponibles surtout l’hiver (et donc pas en ligne actuellement). On trouve aussi des sweat-shirts qui pour la plupart ont une coupe oversize. Seul le modèle Sam a une coupe plus proche du corps et plus facile à porter: ce sweat clairement sportswear est détourné avec des lignes très minimalistes avec un col fin au lieu d’un col à bords côte plus épais.
Les épaules raglan (donc sans coutures) permettent aussi d’ajouter une touche minimaliste.
III TEST DU BLOUSON MARK: UNE REINTERPRETATION PLUS HABILLEE DU MA-1
Si la forme de blouson MA-1 est conventionnelle, le plus étonnant est sûrement la matière: il est très rare de voir ce genre de laine sur une pièce casual. On se serait attendu à une laine plus épaisse ou à un twill de coton marqué. On se retrouve avec exactement le même rendu fluide que sur un costume. C’est plutôt agréable au porté et ça rajoute une texture inhabituelle dans une tenue casual.
La matière: une serge de laine légère et fluide
La réinterprétation est de plus surprenante car il s’agit d’un blouson d’aviateur, censé être résistant et souvent confectionné en nylon. La serge de laine implique un registre tout de suite plus formel et habillé ( elle est aussi un peu plus fragile ).
Une matière aussi légère se mettra plus facilement en mouvement et apportera du coup une certaine prestance au vêtement, dont on a moins l’habitude sur ce genre de pièces casual om les matières utilisées sont en principe plus rigides.
La coupe
Je ne suis d’habitude pas trop fan des bombers, en particulier à cause de la coupe: les bords élastiques sont rarement favorables à une silhouette élancée. Ce modèle est une grosse exception et dessine plutôt bien la taille et le dos grâce à une coupe soignée.
Le col a une ouverture assez grande pour pouvoir faire facilement une combo chemise+pull ou sweat, mais assez restreinte pour ne pas avoir d’impression de vide et de tenue trop simpliste avec simplement un t-shirt ou un sweat/pull porté à même la peau. Bref, un bon compromis.
L’emmanchure haute y joue pour beaucoup et permet d’éviter la coupe parachute de ce genre de pièces.
Pas de mauvaises surprises sur la coupe grâce à la production soignée d’une usine en Roumanie spécialisée dans les pièces à manches.
Attention par contre: le blouson porté ouvert peut facilement avoir une coupe parachute au dos: et pour cause, avec une matière aussi légère le dos se gonfle ultra facilement lorsqu’on est en mouvement. Ce n’est pas un défaut de coupe mais une conséquence logique d’une construction fluide sportswear combinée à une matière légère.
L’épaule est définie de manière assez surprenante pour un bomber, avec une ligne d’épaule bien droite, c’est dû en parti à la légèreté de la matière qui permet de mettre davantage en valeur le torse.
Les finitions
Pas de surprises par rapport aux finitions: du YKK en zip. Les deux larges poches latérales ressortent bien mais sont construites de manière assez minimalistes et ne détonnent pas trop par rapport à la construction générale de la veste.
La matière est par contre assez légère: je vous déconseille franchement de trop les charger sous peine de rendre toute la veste trop tombante.
Le smartphone dans la poche intérieure à gauche est possible, mais par contre évitez de davantage charger ce blouson sous peine de gâcher la coupe.
Les bords côtes sont épais et contrastent bien avec la texture plus lisse de la laine: elles apportent une texture légèrement plus foncée qui permettent une pièce plus travaillée.
Conseils de style
Pas de surprises dans la tenue proposée ici: on est sur du streetwear très classique avec un jean brut de Lee avec un grammage conséquent (19 oz) qu’on va tester prochainement. Il est porté avec un simple sweat-shirt Benjamin Jezequel qui permet de rajouter de la texture.
La coupe simple et la texture sont donc assurées par le sweat et le jean brut. La structure et la construction plus originale sont assurées par le blouson Mark.
C’est ce que j’ai trouvé très appréciable sur ce bomber: il apporte une bonne dose d’originalité à une tenue en terme de construction et de matière (surtout avec le contraste entre les deux). Pour autant la matière reste tout de même très lisse et permet de mettre en valeur d’autres textures autour. Je ne me suis pas privé avec le jean brut et le sweat mais on peut évidemment aller bien plus loin.
Le blouson Mark est disponible sur le site de la marque.
CONCLUSION
Note formelle : 3/10 (Il s’agit d’un bomber, même avec une matière plus lisse ça ne se porte pas dans un contexte formel)
Note casual : 10/10 (C’est excellent pour du casual, la matière donne vraiment une texture,un mouvement et une fluidité qu’on voit rarement d’habitude sur ce type de pièces)
Prise de risque : 3/10 (il s’agit d’un bomber gris bien coupé, la seul originalité qui est sur la matière n’est pas un risque en soit).
Rapport qualité / prix : 8/10 (Une pièce de qualité à 395 euros, un prix pour lequel on paie aussi tout de même le gros travail de style d’Harmony derrière)
salut, pour info tu prends du S ou du XS ? merci à toi
J’ai pris du XS (c’est vrai que ça taille grand)