Vous savez quel est l’enjeu d’une marque de chemises en demi-mesure ?
C’est probablement la (trop) grande variété de choix possibles pour le client final: pas facile de cibler précisément ce qui nous manque à un instant T dans notre garde-robe et de voir ce qui pourrait pousser notre style en avant quand on peut absolument tout faire à tout moment.
L’objectif est alors de vous proposer des chemises auxquelles vous n’auriez pas forcément pensé, mais qui collent parfaitement à la saison et qui pourront bien compléter votre garde-robe. (un peu à la manière d’une marque de prêt à porter en somme).
C’est dans cette démarche que s’est engagée Cotton Society depuis le début de l’année avec des séries mensuelles. Après un bref récapitulatif de ce que la marque a proposé jusqu’à présent, vous trouverez un test du modèle en seersucker.
Sommaire
I COTTON SOCIETY: UN TRAVAIL SUR LE STYLE
Si Cotton Society va très loin sur les finitions (on en parle ici), elle cherche toujours également à sortir des sentiers battus au niveau de la matière
1 La chemise en popeline de coton
S’il y a un basique avec lequel commencer des collections mensuelles, c’est bien la chemise blanche en popeline de coton. Et pour l’occasion, Cotton Society voulait s’inscrire dans une démarche ultra qualitative, avec tout d’abord une popeline de coton de chez Thomas Mason.
Cotton Society a une longue expérience de la popeline, assez longue pour trouver le bon compromis entre une popeline trop fine et trop fragile et une popeline trop rustique, épaisse et pas assez raffinée. Un titrage 120/2 est le juste milieu et permet à la fois d’obtenir un tissu soyeux et lisse, mais aussi suffisamment épais pour conserver une tenue correcte. Ce genre de popeline s’assouplit au fur et à mesure des ports
Les finitions sont les plus minimalistes et polyvalentes possibles: un col business qui peut se porter avec et sans cravates (à mi-chemin entre le col cutaway et le col français) et un poignet arrondi 1 bouton, très minimaliste.
2 La chemise en denim
Avec une telle offre, on pouvait s’attendre à ce que Cotton Society se contente de simplement très bien faire une chemise de cow-boy, avec toutes les finitions attendues en terme de qualité et de style, ainsi qu’un coton japonais de chez Kuwamura.
Le principe de collection mensuelle, de proposer des styles de chemises auxquels vous n’auriez pas forcément pensé prend tout son sens ici. On n’est pas perdu avec le modèle bleu brut bien rustique et bien rugged avec ses boutons épais, sa poche poitrine et sa gorge américaine.
On est par contre beaucoup plus surpris par la chemise en jean délavée, qui joue sur un côté plus créateur et casual chic avec un style minimaliste: un petit col américain, une poche poitrine (appelée poche dandy) et une gorge américaine.
La blanche est quant à elle est la plus surprenante: elle a quasiment les mêmes finitions que la plus formelle de vos chemises popeline, mais est confectionnée à partir de denim.
3 La chemise oxford
A travers la chemise oxford, c’est surtout sur le côté héritage que Cotton Society a voulu jouer, en respectant bien toutes les finitions caractéristiques de ce basique du style preppy: col boutonné, gorge apparente, poche poitrine. Les finitions premium sont aussi présentes: dernière boutonnière à l’horizontale, couture anglaise sur les côtés
L’oxford choisi est relativement lourd (170g) pour tenir chaud en hiver, mais rester malgré tout portable en été, en particulier grâce au caractère respirant de ce tissage.
4 Les chemises d’été
a Chemises en lin portugais
L’offre est également déclinée en en lin portugais: un lin qualitatif avec un bon rapport qualité/prix, qui reste légèrement plus accessible que le lin français. Le gros intérêt de cette offre en lin réside dans les couleurs proposées comme le jaune et le rose. Ce sont des couleurs que je n’aurais pas forcément porté avec un tissu plus lisse comme la popeline de coton: le lin et son rendu beaucoup plus rustique, ainsi que sa manière différente de prendre la lumière, rend ces couleurs là bien plus faciles à porter.
b Coton, lin et ramie
C’est l’offre un peu plus pointue parmi les chemises d’été de Cotton Society car elle joue énormément sur les textures et en particulier sur un très bel effet vieilli.
Ces effets sont notamment permis par la présence de ramie dans l’ensemble, il s’agit d’une ortie de Chine ultra résistante, imputrescible (qui ne peut pas pourrir). Tout comme le lin, elle apporte également de la fraîcheur et elle permet de rendre l’ensemble coton/lin encore plus facile à repasser.
On trouve du coup des textures beaucoup plus travaillées et surtout une finesse de motifs assez rare pour des tissus aussi rustiques avec notamment un micro pied de poule et un pied de puce.
C’est en tout cas très appréciable pour une chemise d’été d’avoir cette rare combinaison de tissu rustique et de caractère, et de micro-motifs aussi soignés.
TEST DE LA CHEMISE SEERSUCKER
a Construction
On retrouve tout le savoir-faire de Cotton Society à travers les finitions, même sur une matière plus casual comme le seersucker. Si vous voulez en savoir plus là-dessus, je vous invite à relire le premier article sur la marque où j’en parle en détails.
Sachez en tout cas que, contrairement à beaucoup de marques en demi-mesure, Cotton Society dispose de son propre atelier à Shanghai, déniché avec l’aide de Pierre Duboin (qui travaillait auparavant en grande mesure chez Lanvin): la valeur ajoutée en terme de savoir-faire et de finitions est énorme et n’a pas grand chose à envier aux ateliers français et italiens.
b Tissu
C’est le gros point fort de la chemise, et c’est l’occasion de vous expliquer la différence entre un seersucker bas de gamme et un seersucker haut de gamme.
Au bureau, nous avons justement quasiment tous commandé la chemise seersucker de chez J.Crew, en promotion à environ 30 euros: mise à part le fait que le XS était déjà bien trop grand pour moi, le tissu avait un rendu bien particulier. Le seersucker était très fin, et le gaufrage très visible. Pas vraiment envisageable du coup de la porter sous un costume (on ne parlera même pas des finitions)
C’est tout le contraire lorsqu’on examine la chemise Cotton Society: il s’agit d’un oxford de seersucker japonais premium, plus lourd, avec une meilleure tenue et dont le gaufrage est du coup beaucoup plus discret. (mais on garde par contre tout le côté frais qui fait tout l’intérêt de cette matière)
Il peut du coup se porter dans une tenue habillée, voire dans une tenue formelle. La voici portée dans une tenue de mariage champêtre:
Ça reste plus risqué, car le gaufrage même léger sur le col fera dire aux non-avertis que votre chemise n’est tout simplement pas repassée (sic).
Autre point très positif: le tissu évacue très bien les odeurs et la transpiration en général, même après une journée passée dans la canicule parisienne. Parmi toutes mes chemises (aussi bien en lin, qu’en coton/lin, oxford ou popeline) c’est celle qui s’en sort de très loin le mieux sur ce point là.
C’est vraiment agréable de toujours avoir une sensation de fraîcheur le soir, même après une journée passée dans la chaleur.
c Conseils de style
Il va sans dire que ce genre de chemise se porte parfaitement dans un registre casual: je l’ai ici associée avec le bomber Gastby et le chino blanc en coton et lin LePantalon, qui permettent une tenue légèrement habillée.
Une chemise blanche à rayures bleu marine complète bien ce genre de tenues, sans pour autant donner l’impression qu’on a passé trois heures à réfléchir sur l’accord des couleurs de sa tenue.
Pas besoin de bleu en plus donc on complète cette tenue par une ceinture en nubuck Caulaincourt et des mocassins Sparkes.
CONCLUSION
Note formelle: 7/10 (même si le gaufrage est léger, ça reste un peu risqué dans une tenue très business)
Note casual: 10/10 (les rayures bleu marine très business donnent un côté habillé bienvenu)
Prise de risque: 0/10
Rapport qualité/prix: 9/10 (129 euros pour une chemise d’été, ça reste une somme: sachez néanmoins que celle-ci au vu de la qualité de son seersucker vous fera bien des saisons)
On le savait, Cotton Society est une marque de référence sur le rapport qualité/prix et les finitions.
Mais on pouvait éventuellement reprocher à la marque de manquer de personnalité sur l’aspect stylistique (ce qui est assez courant pour une enseigne de demi-mesure): elle a justement su tirer parti de son savoir-faire et de son expertise d’atelier pour apporter à ses collections mensuelles une touche unique qu’on ne retrouve effectivement pas ailleurs, autant en terme de style que de qualité des matières. C’est ce qu’on retrouve en tout cas sur cette chemise en seersucker.
Elle est disponible ici à 129 euros.