Aigle : Du caoutchouc à la mode + test de la parka Downtown
La tradition dans la mode est probablement une des plus intéressantes sources de créativité. Certaines marques peuvent se targuer d’un réel potentiel novateur aujourd’hui, alors que d’autres profites d’un nom et d’une série d’innovations technologiques qui ont beau être liées à un passé lointain, restent parfaitement au goût du jour.
C’est le cas de la marque française Aigle. Crée il y a plus d’un siècle et demi par un américain venu s’installer en France, ce label n’a cessé d’évoluer à travers 3 siècles différents, en continuant de proposer un regard et une patte stylistique reconnaissable entre milles.
Un petit retour en arrière est donc nécessaire afin de comprendre l’évolution de cette marque dont nous pouvons être fiers, nous français. En prime, avec l’arrivée très rapide de l’hiver, le test d’une des parkas les plus chaudes de la collection actuelle va sans aucun doute donner des idées à plus d’un.
I. DE 1853 À AUJOURD’HUI, ENTRE INNOVATION ET TRADITION
Et l’histoire commença avec un américain nommé Hiram Hutchinson. Alors que ce dernier vivait toujours outre Atlantique, il racheta en 1850 un brevet à un certain Charles Goodyear (le nom est difficile à louper) lui permettant de fabriquer des chaussures à partir du caoutchouc, et ce, par un procédé révolutionnaire : la vulcanisation.
La vulcanisation, qu’est ce que c’est ?
On est d’accord sur le fait que ce nom est quelque peu barbare. Mais avant de comprendre le succès de l’entreprise lancée par Hutchinson en 1853 en France, intéressons nous rapidement au procédé qui lui a permis cette création.
À l’origine, on trouve une matière assez épaisse et solide, qu’il n’est pas réellement possible de travailler sans traitement. C’est à ce moment que le procédé de vulcanisation rentre en jeu : afin de transformer une dalle de plusieurs centimètres d’épaisseur en une matière souple et fine, on peut insérer notamment des molécules de soufre (ou tout autres matières vulcanisante) en pleine cuisson de cet élastomère brut.
En gros, le travail de l’élastomère et la forme finale donnée à un objet (par exemple une botte) est un procédé discontinu : lors de la fabrication, il faut observer continuellement un processus de réchauffement de l’élastomère, d’étirement puis de refroidissement de manière à ce que la matière puisse prendre forme en bout de course. Et PAF, ça fait du caoutchouc !
Afin de donner la forme finale à une botte, on fini donc par insérer la matière assouplie et affinée au maximum sur un gabarit lui donnant sa forme..
Le spécialiste français de la botte en caoutchouc.
C’est donc ainsi que Hiram Hutchinson est venu s’installer à Montargis en 1853, afin de crée dans un premier temps « La Compagnie du caoutchouc souple« , puis « A l’Aigle » en hommage à l’emblère américain.
Pourquoi travailler le caoutchouc ? C’est assez simple : à l’époque, plus de 90% de la population française est rurale, et le caoutchouc est une des meilleures matières protectrices contre la pluie. C’est ainsi qu’il commence donc son épopée en créant des bottes, chaussures et vêtements imperméables à très grande ampleur, de manière à inonder très rapidement le marché.
Le succès est retentissant : 4 années plus tard, l’usine de Montargis produit autour de 14000 produits quotidiens, qu’il s’agisse de chaussures, de vêtements ou encore des tentes et des tapis de sol. La production nécessite rapidement l’ouverture d’une usine à Manheim (en Allemagne), histoire de pouvoir approvisionner de manière suffisante l’Europe, mais également l’Asie centrale et l’Australie.
C’est quelques années plus tard que le fils d’Harim Hutchison, Alcander, simplifie le nom du groupe par « Hutchinson » et la marque « À l’Aigle » devient « Aigle » en 1867. Alors que son père repart pour les États-Unis afin de mener une carrière de diplomate, Alcander donne le coup de fouet à l’entreprise qui passa entre les mains de plusieurs décendants et actionnaires jusqu’à aujourd’hui. L
Élargissement des collections au prêt-à-porter.
Au cours du 20ème siècle, la marque n’a jamais cessé de se développer en allant s’immiscer dans divers mondes, tels que l’équitation (dans lequel elle fût un temps numéro 1 mondial de l’équipement), ou encore dans le milieu nautique, le tennis avec le modèle Jauffret (vendu à plus de 300000 exemplaires), le jogging et l’aérobic..
C’est tout naturellement qu’Aigle est devenue emblématique parmis les marques françaises du siècle dernier, en gardant toujours la botte en caoutchouc comme pièce iconique.
Oui, ça en fait des bottes..
C’est probablement en déménageant sur les terres d’une ancienne base de l’armée américaine à Ingrandes, près de Châtellerault, et en occupant un espace de production de près de 30 hectares, que la marque a su se développer aussi vite et produire plus de 10 millions de chaussures par an.
C’est également son développement au niveau mondial qui a donné un grand coup de fouet à la marque à la fin du 20ème siècle, en ouvrant tout d’abord son flagship à Paris en 1989 Boulevard Saint Germain,
L’intérieur de la boutique située au 139 boulevard Saint Germain.
Succèssivement, la marque continue d’ouvrir des boutiques en Amérique du Nord, mais également au Japon en 1993. À cette période, la marque appartient au groupe Total, qui finit rapidement par revendre les activités qui ne sont pas industrielles au fond d’investissement Apax Parners (propriétaire de New Look). Période durant laquelle la marque opère un changement stratégique, visant notamment à se rapprocher du milieu de l’outerwear, et ce, en augmentant considérablement le quotat de prêt-à-porter par rapport au reste de la production.
La marque est une fois de plus revendue en 2003 au fond d’investissement suisse Maus, qui la détient encore aujourd’hui (et possède également la marque Lacoste). Elle continue le virage amorcé précédemment vers l’univers du textile, tout en continuant à ouvrir un nombre assez phénoménale de boutiques à travers le monde (dont la majorité se trouvent actuellement en Asie).
Le mur de bottes en caoutchouc dans une des boutiques de Hong Kong.
Mais si la marque a su évoluer au travers des âges aussi bien, c’est parce qu’elle a continué à l’instar d’Hutchinson, de travailler des matières performantes et innovantes.. Une nécessité lorsque l’on s’attaque au monde de l’outerwear bien entendu.
Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de la marque est bien plus élevé en Asie qu’en Europe, quand bien même la France reste son premier marché. À noter également qu’Aigle consacre 50% de sa production au prêt-à-porter, et l’autre moitié aux chaussures, bottes et accessoires de mode.
Un attrait pour les matières techniques.
S’il y a bien un univers dans la mode très exigeant en terme de matériaux et de qualité, c’est bien l’outerwear : il s’agit bien entendu de produire des vêtements qui permettent de tenir le choc fasse à des conditions difficiles.
Pour cela, la marque utilise de plus en plus de Gore-Tex dans la fabrication de ces pièces les plus chaudes, dont font bien sûr partie les parkas. On ne vous présente plus cette matière textile qui est sans aucun doute un des plus imperméables et isolantes existantes à l’heure actuelle ! Pour résumer, lorsque vous portez un vêtement dont l’extérieur est équipé d’une couche de Gore-Tex, il est strictement impossible que l’eau puisse s’infiltrer vers l’intérieur du vêtement (bon, sauf si vous vous amusez à garder votre veste ouverte pendant un déluge hein..).
Cette matière est également très respirante, en permettant d’évacuer très facilement a chaleur vers l’extérieur du corps.. Même si cela ne fonctionne pas dans le sens inverse : autant elle fait office de parfaite matière imperméable et coupe-vent, autant elle ne produit aucune chaleur. C’est la raison pour laquelle le Gore-Tex n’est qu’une couche extérieure légère. Pour combler côté chaleur, la marque utilise donc comme beaucoup de spécialiste le duvet de canard.
Oui, car ce beau duvet blanc, très souvent mêlé à une quantité plus ou moins grande de plumes de canard, est à la fois une des matières les plus chaudes et plus légères que l’on puisse trouver. C’est la raison pour laquelle les meilleures marques d’outdoor utilisent l’utilisent pour rembourrer un vêtement entre la membrane intérieure et extérieure.
Maintenant que nous avons vu l’extérieur et le rembourrage, la marque a également développé le MTD (entendez Micro Tech Development) est une membrane qui vient prendre le relai du Gore-tex pour stopper à coup sûr l’infiltration de l’eau, tout en évacuant très efficacement la chaleur.
Bref, Aigle sait y faire question châleur, et nous allons voir cela en détail avec le test qui suit !
II. TEST DE LA PARKA DOWNTOWN
Pourquoi choisir de vous présenter la parka Downtown et non une paire de leur bottes iconiques ? C’est simple : à l’heure ou les températures se rapprochent dangereusement du 0°, les parkas font parties des pièces les plus chaudes que l’on puisse trouver actuellement sur le marché.
La Downtown en est un parfait exemple : quand bien même ce modèle ne fait pas partie des pièces dont la membrane supérieure est en Gore-Tex, elle est tout à fait capable de résister aux conditions relativement rudes de l’hiver français.
Design
Probablement un des best-sellers de la marque, cette Downtown a tous les attributs d’une parka moderne en terme de design. Sans donner un effet Bibendaum, elle montre au premier coup d’oeil une épaisseur qui en dit long sur ses attributs. On voit de plus en plus souvent les parkas kaki inonder le marché, avec un coloris rappelant plus la nature. Cependant, ce coloris que la marque a appelé « Midnight » (un bleu nuit), me semble plus approprié pour la jungle urbaine, s’accordant très facilement avec un grand nombre de tenues.
Comme bien souvent dans une pièce technique, elle est équipée de plusieurs poches frontales (4 poches plaquée avec revers se fermant avec des boutons pressions et 2 poches latérales également à pressions). On retrouve également une capuche amovible, sur laquelle la présence d’une fausse fourrure (contrairement à celle utilisée précédemment en raton laveur) également amovible rappelle une des caractéristiques qui s’est imposée ces dernières années sur les parkas.
À l’arrière, pas de grande surprise. On peut aperçevoir les coutures étanches de la parka, et au niveau centrale le cordon de serrage intérieur permettant de resserer la parka au niveau de la taille.
En somme, pas de grandes surprises, on reste sur un classique du genre.
Coupe
Autant le dire dès le départ, la parka Downtown n’est pas cintrée : tout l’intérêt est de la porter légèremment droite et surtout éviter le côté boudiné-prêt du corps : de manière à ce que le rembourrage en duvet puisse faire effet, mieux vaut garder un peu de marge. C’est également très souvent une des caractéristiques principales des vêtements techniques.
Comme très souvent j’hésite entre un S et un M selon les marques, sachez que si vous avez cette même tendance, vous pouvez partir sur la taille en dessous (en l’occurence un S pour moi) : on peut voir sur ce visuel qu’au niveau des épaules, je garde pas mal de place, et la longueur tombe parfaitement à mi-cuisse. Une fois complètement fermée de haut en bas, la parka protège parfaitement le cou. Même chose plus bas, la Downtown recouvre votre derrière suffisamment pour isoler encore mieux votre corps du froid.
Des matériaux résistants
Je vous ai déjà parlé un peu plus haut des matériaux fréquemment utilisés par la marque dans ces vêtements les plus outdoor. À l’exception près du Gore-tex, c’est bel et bien le rembourrage composé à 70% de duvet et 30% de plumes de canard qui va protéger du froid, et garder le corps au chaud.
Le tout équipé de la fameuse membrane MTD, offre à son utilisateur à la fois une parka qui protègera du froid de façon efficace, mais également une bonne respirabilité en évacuant le trop de chaleur vers l’extérieur du vêtement.
On retiendra dans les grandes lignes que la parka très bien du froid, laisse s’évacuer la chaleur de votre corps (oui parce que le but n’est pas de dégouliner lors du moindre effort bien sûr), et pour finir elle est bien entendu imperméable et coupe-vent. BOUM !
Tout est dans les détails…
Oui parce que des détailes intéressants, il y en a à foison ! Si il y a bien quelque chose qui m’a charmé à la fois chez Aigle et dans cette parka, c’est le nombre de petites choses qui justifient totalement l’intérêt que l’on peut avoir pour cette pièce. Et pour la peine, j’ai fait chauffer l’appareil photo pour vous montrer de haut en bas, ce que l’on peut trouver dans cette Downtown..
En commençant par la fourrure synthétique présente sur la capuche : on peut la déclipser très facilement du col afin d’éviter de l’abimer notamment lors de fortes pluies.
Un détail qui est parfois désagréable lorsque l’on referme totalement le col de sa parka, a été totalement pensé pour être confortable avec cette Downtown : le revêtement de l’intérieur du col en moleskine qui vient se poser au niveau du menton.
Si parfois vous préférez accrocher votre parka non pas avec un cintre, mais grâce au cordon prévu à cet effet, aucune inquiétude : Aigle a choisi de le faire suffisamment épais et large pour s’accrocher très facilement. On apprécie le petit filet bleu-blanc-rouge rappelant les origines de la marque.
J’ai parlé des poches extérieures, mais bien entendu on retrouve également des poches intérieures pour ranger son porte-cartes ou autres. Ainsi, d’un côté on peut aperçevoir la poche zippée et de l’autre un poche à pression positionnées au niveau de la poitrine, entre le rembourrage et la membrane extérieure.
Le logo de la marque est collé sur la manche gauche de la parka, dans un rectangle en métal assez discret.
J’ai cru au premier abord qu’il n’y avait pas de cordon de serrage, habitué à la voir à l’intérieur d’une veste, mais cette fois-çi (et pour je ne sais quelle raison), la marque a choisi de le ranger à l’intérieur des deux poches latérales : autant je trouve intéressant le fait de pouvoir resserer la parka à la taille sans avoir à l’ouvrir par grand froid, autant je trouve ça assez étrange de l’avoir dans les mains lorsque l’on souhaite les protéger du froid à l’intérieur de ces poches qui, comme on pourra le voir, sont équipées d’une couche de moleskine.
Même revêtement intérieur pour les poches plaquées, qui bénéficient également d’une couche intérieur en moléskine pour se réchauffer les mains. Un des détail qui fait tout son charme à cette parka « expédition ».
Afin d’éviter l’infiltration du froid par les manches (qui sont tout de même assez épaisses avec le rembourrage), on retrouve un bord-côte au niveau des poignets.
Pour terminer avec le zip : il est assez épais afin de résister à tout ou presque, et on retrouve comme très souvent sur une pièce de qualité le sigle de la marque japonaise YKK.
Le tout est bien entendu très appréciable, tant cette parka revêt à la fois toutes les caractéristiques d’un vêtement d’outerwear à la fois pratique et terriblement efficace contre le froid, la pluie et le vent.
III. CONSEIL DE STYLE
En matière de style, cette parka est assez simple à porter. Alors que certains diraint que lorsque l’on veut combattre des conditions extérieures difficiles, il vaut mieux laisser de côté le look pour penser pratique, on n’a pas vraiment de problème à porter cette parka sans pour autant avoir l’air d’un sac.
C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’arborer un style assez urbain pour vous présenter cette parka, avec des accents plutôt casual. Couleur « midnight » oblige, j’ai choisi de faire un rappel de couleur avec ce sweatshirt navy, pour ensuite compléter le look avec un chino beige assez épais (oui, il commence à faire bien froid à Paris), et une paire de National Standard aux pieds, histoire d’évoluer dans les rues de la ville tout en confort. Maintenant, à vous de juger !
IV. CONCLUSION
C’est encore une fois un plaisir pour moi de vous parler d’une marque avec un savoir-faire tel, que son nom fait partie intégrante du paysage de la mode aujourd’hui. Quand bien même la marque Aigle est passée de mains en mains durant ces dernières décennies, elle a su garder son caractère qualitatif et innovant, afin de s’imposer durablement et globalement comme une référence de l’outerwear.
Concernant la parka, je pense qu’après en avoir fait le tour et l’avoir observé sous toutes ses coutures, elles me semble parfaite pour son utilisation. Je n’irai sans doute pas m’aventurer au pôle nord avec, mais elle est totalement recommandable pour l’hiver que l’on connaît habituellement en France, en frôlant le 0° sans pour autant partir sur du -10°.
Bref, une très belle pièce joliment exécutée, qui montre un niveau technique et un respect des détails qui charme au premier coup d’oeil autant qu’après l’avoir portée un peu. Pour être honnête, je ne l’ai pas encore portée sous la pluie pour pouvoir juger de sa parfaite étanchéité, mais je ne m’inquiète pas une seconde à se propos.
Une belle réussite que l’on retrouve à un prix totalement correct de 350€ sur le site de la marque Aigle ou dans une de ses nombreuses boutiques.
Note casual : 9/10 (un sans fautes, parfaite pour un style casual).
Note formelle : 6/10 (je la vois moins dans un style formel, même si elle peut venir se poser sans trop de problèmes sur une veste de costume l’hiver venu).
Rapport qualité / prix : 9/10 (moins chère qu’une bonne partie de sa concurrence (Canada Goose and co), on sait où sont passés les 350€ dépensés pour l’acquérir).
Prise de risque : 2/10 (au contraire, en la possédant, vous prendrez sans aucun doute moins de risques).
Article très sympa ! En revanche j’attire simplement l’auteur sur quelques coquilles qu’il a laissées ainsi que des fautes de conjugaison (voir même un non-sens avec l’emploi du terme « péréclité » qui en plus d’être mal conjugué n’est pas approprié dans la phrase).
On va corriger ça merci !