Nous proposons pour la première fois une série de trois souliers réalisés en Espagne à Almansa (le berceau du Goodyear bien pricé) en collaboration avec Fratelli Mocchia di Coggiola.
Mes collaborations se construisent généralement autour d’ateliers de production ou de marques techniques, à qui j’apporte une direction artistique et esthétique. Cette fois-ci, la démarche fut sensiblement différente.
Sommaire
Fratelli Mocchia di Coggiola
Si j’avais déjà repéré un atelier capable de produire en interne, l’inspiration nécessaire pour vous proposer une paire véritablement distinctive me manquait encore. C’est ma rencontre avec Francesco et Massimiliano de Fratelli Mocchia di Coggiola qui a réellement donné vie à ce projet. Notre collaboration a abouti à la création de trois paires de souliers pour leur collection hivernale « La Grande Chasse ». Pour les lecteurs fidèles, Fratelli Mocchia di Coggiola n’est plus à présenter : j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer à plusieurs reprises leur univers créatif si particulier. Leur approche originale et leur exigence créative m’ont toujours convaincu qu’une collaboration avec eux permettrait de créer des pièces d’exception.
Rappel sur Fratelli Mocchia di Coggiola:
Fratelli Mocchia di Coggiola se distingue comme l’une des maisons de demi-mesure les plus créatives de Paris, sous la direction de Francesco Mocchia di Coggiola. Son approche unique allie une exigence technique remarquable à une vision stylistique affirmée, enrichie par les illustrations de son frère Massimiliano, historien de la mode reconnu.
Francesco se démarque par son niveau d’exigence technique qui pousse son atelier dans ses derniers retranchements. Cette rigueur sans compromis se manifeste à travers des finitions particulièrement soignées: et surtout souci du détail lors des essayages qui ne laissent rien au hasard.
L’offre se distingue notamment par des collections abouties et scénarisées qui vont bien au-delà du costume de mariage traditionnel. On y retrouve des pièces signatures comme les costumes de plage en coton nid d’abeille, des vestes de smoking réinterprétées, ou encore des doublures illustrées qui témoignent d’un véritable travail créatif.
Cette association entre excellence technique et créativité débridée fait de Fratelli Mocchia di Coggiola une référence incontournable pour ceux qui recherchent une demi-mesure de caractère, capable de sortir des sentiers battus tout en conservant une élégance maîtrisée.
C’est une maison à laquelle je fais tellement confiance que je lui ai confié mon costume de mariage l’été dernier.
La collection La Grande Chasse
La collection La Grande Chasse propose une réinterprétation singulière des codes vestimentaires de la chasse à courre, avec un parti pris créatif audacieux qui mélange références historiques et design contemporain.
Chaque personnage incarne un archétype subtilement détourné : du Baron de Magaux dans son blazer en flanelle verte à la Baronne Eléonore en tailleur rouge flamboyant, en passant par le Vicaire Oswald Pettigrew en blouson noir monacal.
La collection joue habilement sur les contrastes entre pièces formelles et décontractées, tout en maintenant une cohérence stylistique remarquable.
Les matières nobles dialoguent avec intelligence : tweed Shetland, flanelle, velours côtelé et soie se côtoient dans une palette chromatique riche allant du vert forêt au rouge vermillon. Les accessoires, notamment les pochettes illustrées et les cravates La Grande Chasse, apportent une touche narrative supplémentaire à chaque silhouette.
Le souci du détail se manifeste particulièrement à travers les finitions: cols châle généreux sur les manteaux Chesterfield, boutonnages étudiés et coupes structurées qui rappellent l’âge d’or du tailoring britannique.
Cette collection démontre une maîtrise parfaite de l’équilibre entre tradition et modernité: si les références à la chasse à courre sont omniprésentes, leur réinterprétation contemporaine permet de créer des pièces portables et désirables, loin du simple exercice de style historique.
Nos souliers Fratelli Mocchia di Coggiola x JamaisVlgaire pour La Grande Chasse
Cette collaboration entre Fratelli Mocchia di Coggiola et JamaisVulgaire s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la collection La Grande Chasse à travers trois modèles qui réinterprètent subtilement les codes de la chasse à courre.
Les bottines balmoral contrastantes font directement référence aux bottes d’équitation traditionnelles, mais avec une approche contemporaine grâce au contraste cuir/textile et au talon cubain qui leur confère une élégance urbaine. La tige montante en textile apporte également une légèreté bienvenue par rapport aux bottes d’équitation classiques.
Les mocassins à pampilles en cuir grainé représentent les souliers plus décontractés traditionnellement portés au manoir après la chasse. Le choix d’un cuir grainé et d’un talon cubain leur donne cependant une prestance qui les rend parfaitement adaptés à un usage citadin.
Les oxford en cuir verni évoquent quant à elles les souliers de soirée portés lors des dîners qui concluaient les journées de chasse. Le talon cubain et le travail sur les proportions leur insufflent une modernité subtile tout en préservant leur élégance formelle.
Ces trois modèles partagent une même approche: réinterpréter des classiques du vestiaire de la chasse à courre avec des détails contemporains soigneusement choisis, en particulier le talon cubain qui devient une signature cohérente de la collection.
Bien choisir sa taille
Pour être le plus clair possible: ça taille grand. Je prends personnellement une pointure de moins que d’habitude: là où je fais du 41.5 chez Crockett&Jones ou 7è Largeur, j’ai pris ici du 40.5.
Prenez tout de même le temps de faire les quelques mesures suivantes, ça prend 5 minutes et ça évitera 90% des erreurs.
Longueur:
- Commencez par poser une feuille de papier au sol. Placez-vous dessus en portant les chaussettes que vous comptez utiliser avec vos futures chaussures (ce détail fait toute la différence pour obtenir une mesure précise).
- À l’aide d’un crayon, dessinez le contour de votre pied en maintenant le crayon bien perpendiculaire. La précision est importante : le trait doit suivre parfaitement les contours.
- Une fois le contour réalisé, tracez deux repères horizontaux : l’un au niveau du talon, l’autre à l’extrémité des orteils. La distance entre ces deux points vous donnera la longueur exacte de votre pied. Mesurez cette distance avec un mètre ruban ou une règle.
Largeur:
Pour obtenir une mesure précise, repérez d’abord la partie la plus large de votre pied : elle se situe généralement au niveau des articulations métatarso-phalangiennes (plus simplement, là où vos orteils rejoignent le reste du pied).
Enroulez ensuite votre mètre ruban autour du pied à ce niveau précis, en veillant à ce qu’il soit bien horizontal et ni trop serré ni trop lâche. La mesure obtenue vous donnera la circonférence exacte de votre pied à son point le plus large.
Pointure | 38.0 | 38.5 | 39.0 | 39.5 | 40.0 | 40.5 | 41.0 | 41.5 | 42.0 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Longueur (mm) | 238.4 | 241.7 | 245.0 | 248.4 | 251.7 | 255.0 | 258.3 | 261.7 | 265.0 |
Largeur D (standard) | 232.0 | 234.3 | 236.5 | 238.8 | 241.0 | 243.3 | 245.5 | 247.8 | 250.0 |
Largeur E (large) | 241.0 | 243.3 | 245.5 | 247.8 | 250.0 | 252.3 | 254.5 | 256.8 | 259.0 |
Largeur EE (très large) | 245.5 | 247.8 | 250.0 | 252.3 | 254.5 | 256.8 | 259.0 | 261.3 | 263.5 |
Pointure | 42.5 | 43.0 | 43.5 | 44.0 | 44.5 | 45.0 | 45.5 | 46.0 | 46.5 |
Longueur (mm) | 268.3 | 271.7 | 275.0 | 278.3 | 281.7 | 285.0 | 288.3 | 291.6 | 295.0 |
Largeur D (standard) | 252.3 | 254.5 | 256.8 | 259.0 | 261.3 | 263.5 | 265.8 | 268.0 | 270.3 |
Largeur E (large) | 261.3 | 263.5 | 265.8 | 268.0 | 270.3 | 272.5 | 274.8 | 277.0 | 279.3 |
Largeur EE (très large) | 265.8 | 268.0 | 270.3 | 272.5 | 274.8 | 277.0 | 279.3 | 281.5 | 283.8 |
Pointure | 47.0 | 47.5 | 48.0 | 48.5 | 49.0 | 49.5 | 50.0 | ||
Longueur (mm) | 298.3 | 301.6 | 305.0 | 308.3 | 311.6 | 315.0 | 318.3 | ||
Largeur D (standard) | 272.5 | 274.8 | 277.0 | 279.3 | 281.5 | 283.8 | 286.0 | ||
Largeur E (large) | 281.5 | 283.8 | 286.0 | 288.3 | 290.5 | 292.8 | 295.0 | ||
Largeur EE (très large) | 286.0 | 288.3 | 290.5 | 292.8 | 295.0 | 297.3 | 299.5 |
I Les bottines balmoral box calf talon cubain
Histoire
L’histoire de la Balmoral est particulièrement représentative de ces pièces techniques qui ont su dépasser leur usage initial. Le Prince Albert, au milieu du XIXe siècle, mandate le bottier Joseph Sparkes Hall avec une demande bien spécifique : créer une bottine suffisamment robuste pour les randonnées dans les Highlands tout en conservant l’élégance requise pour les intérieurs.
Sa construction se distingue par cette couture horizontale caractéristique qui sépare la tige en deux parties. Cette séparation, au-delà de son aspect purement esthétique, permet un contraste de matières particulièrement intéressant : la partie inférieure accueille un cuir résistant, tandis que la partie supérieure peut recevoir un daim ou un tissu plus raffiné.
Un véritable tournant s’opère lorsque la Reine Victoria adopte ce modèle. Ce qui n’était à l’origine qu’une bottine technique devient alors un symbole d’élégance. Sa métamorphose se poursuit avec le raccourcissement progressif de sa tige : la botte mi-mollet évolue en bottine citadine, tout en conservant sa signature technique si particulière.
Cette construction unique, alliée à son évolution historique, en fait désormais une pièce d’une grande polyvalence : elle se porte aussi bien dans un registre formel qu’avec une tenue plus décontractée, sans jamais perdre de sa prestance.
Le cuir: box calf de chez CONCERIA NUOVA ANTILOPE
Le box calf est un cuir de veau pleine fleur qui se caractérise par son tannage au chrome, reconnaissable à sa tranche gris-bleutée si particulière. Sa surface parfaitement lisse et sa finition protéique lui confèrent une prestance formelle qui en fait la matière de prédilection pour les souliers habillés. Sa souplesse naturelle et sa finesse en font également un cuir particulièrement agréable à porter.
Conceria Nuova Antilope est une tannerie italienne confidentielle, en activité depuis 1958.
Le talon cubain
Le talon cubain établit un contraste subtil avec le style résolument britannique de cette paire. La construction classique avec un talon droit s’inscrirait de manière évidente dans l’esthétique Gentleman Farmer. Le talon cubain vient au contraire enrichir cette lecture en y apportant une influence européenne continentale.
Sa géométrie plus affirmée modernise la silhouette tout en préservant son identité campagne. On retrouve ici le même équilibre que sur une veste sport en tweed qui serait construite avec la souplesse d’une épaule napolitaine plutôt qu’avec le padding caractéristique d’une structure anglaise plus traditionnelle.
La construction Goodyear vient renforcer plusieurs aspects techniques de cette balmoral. Elle apporte d’abord une excellente pérennité au modèle, en parfaite cohérence avec le cuir pleine fleur utilisé, qui développera lui aussi une belle patine au fil des ports.
Le talon cubain, avec sa géométrie plus prononcée qu’un talon droit classique, confère une véritable prestance à la silhouette. Son impact visuel reste néanmoins maîtrisé grâce à une forme ronde relativement épurée.
Cette construction aboutit à un modèle qui parvient à conjuguer l’élégance d’une balmoral traditionnelle avec une personnalité affirmée mais jamais ostentatoire.
Conseils de style
Les balmorales noires s’inscrivent naturellement dans cette tenue aux codes britanniques assumés. Leur sobriété apporte un ancrage formel bienvenu face à une veste Prince de Galles et un pantalon gurkha en chevrons, permettant aux textures des lainages de pleinement s’exprimer.
Les motifs cohabitent harmonieusement grâce à leurs dimensions distinctes. Le cuir lisse des balmorales offre quant à lui un contraste de texture salvateur qui évite l’écueil d’une tenue intégralement composée de tweed. Leur construction épurée permet de ne pas surcharger un ensemble déjà riche en détails sartoriaux, entre le ceinturage gurkha caractéristique et les revers affirmés de la veste.
Les balmorales s’intègrent harmonieusement dans cette tenue au registre business affirmé. La texture prononcée du pied de poule est judicieusement équilibrée par le cuir lisse des souliers, créant un contraste de matières maîtrisé. La construction épurée des balmorales évite de surcharger un ensemble déjà caractérisé par ses motifs.
Les balmorales noires établissent un contraste recherché avec la jungle jacket déstructurée. Des desert boots se seraient naturellement accordées avec le côté utilitaire de la veste, mais les balmorales apportent une élégance formelle qui dialogue parfaitement avec le gurkha en tweed. L’ensemble parvient ainsi à naviguer subtilement entre les registres casual et habillé, tout en conservant une cohérence visuelle grâce aux textures mates qui se répondent entre le tweed et le cuir pleine fleur des souliers.
Les balmorales apportent ici une structure formelle à une tenue au registre plus décontracté. La combinaison avec le pantalon à pinces et le col roulé permet d’élever le niveau d’élégance de l’ensemble, sans pour autant verser dans un formalisme excessif. Les lignes épurées du col roulé et du gurkha permettent aux balmorales de trouver naturellement leur place dans cette composition.
Les balmorales créent ici une opposition assumée avec la safari jacket utilitaire. Le gurkha beige joue un rôle essentiel en établissant une transition harmonieuse entre une partie haute plus décontractée et des éléments bas plus formels.
Les balmorales illustrent ici un mélange des registres particulièrement abouti : leur élégance formelle dialogue harmonieusement avec le blouson aviateur en cuir. La transition vers ces souliers habillés est subtilement amenée par le pantalon en velours côtelé et le col roulé texturé. On trouve ici une excellente démonstration de l’intégration de balmorales dans un ensemble décontracté, tout en préservant une cohérence stylistique sans fausse note.
Les balmorales établissent ici un contraste maîtrisé avec la safari jacket utilitaire. Le pantalon kaki à pinces assure élégamment la transition entre une partie haute décontractée et des éléments bas plus habillés. L’ensemble conserve une véritable cohérence visuelle grâce aux textures mates qui se répondent entre le coton de la veste, du pantalon et le cuir des souliers, permettant ainsi une cohabitation harmonieuse des registres.
Les balmorales noires établissent ici une assise formelle qui s’inscrit naturellement dans cette tenue aux influences britanniques marquées. Face à un tartan prononcé et un blazer en flanelle, leur construction épurée permet d’éviter toute surcharge visuelle. Les matières dialoguent harmonieusement entre la flanelle du blazer, la laine du tartan et le cuir mat des souliers. Le caractère habillé de l’ensemble, souligné par le bouton de manchette et la cravate à motifs, trouve son prolongement naturel dans ces balmorales.
Les mocassins
Le premier d’entre eux (et aussi mon préféré), c’est ce mocassin à pampilles en cuir grainé avec une forme ronde facile à porter. C’est un condensé de tout ce que j’aime: une forme ronde sur un mocassin qui se porte bien avec des pantalons avec une belle ouverture à la cheville et qui rappelle les origines Ivy League de ce soulier, un cuir grainé qui lui donne un léger côté Gentleman Farmer et enfin un talon cubain qui donne un côté plus racé et rock’n’roll au soulier.
Le mocassin à pampilles: une ascension de Hollywood vers l’Ivy League
L’histoire du mocassin à pampilles prend racine dans les années 1930, lorsque l’acteur Paul Lukas propose à la manufacture Alden Shoe Company un concept novateur : orner un mocassin de pampilles en cuir. Cette suggestion, en apparence anodine, allait donner naissance à une véritable icône du style américain.
La véritable consécration intervient dans les années 1950, portée par les étudiants de l’Ivy League. Ils font de ce soulier un symbole de rebellion élégante, bousculant les codes vestimentaires établis en osant notamment le porter sans chaussettes. Le mocassin à pampilles devient ainsi rapidement l’une des pièces emblématiques du style preppy, porté naturellement avec un blazer navy et un chino.
Sa légitimité se renforce considérablement grâce à son adoption par des personnalités comme Fred Astaire et Dean Martin. Son statut évolue encore dans les années 1980 lorsqu’il devient l’uniforme officieux des traders de Wall Street. Cette trajectoire en fait un véritable marqueur social, évoquant à la fois une éducation dans les universités de l’Ivy League et une certaine réussite professionnelle.
Réinterprété aujourd’hui par les maisons contemporaines, le mocassin à pampilles conserve cette rare faculté à naviguer avec la même pertinence entre registres formel et décontracté.
Le talon cubain confère ici une dimension architecturale qui enrichit singulièrement ce mocassin à pampilles. Sa géométrie prononcée établit un contraste marqué avec la rondeur naturelle de la forme et la texture du cuir grainé.
CUIR GRAINE de chez CONCERIA NUOVA ANTILOPE
Le cuir grainé quant à lui tire sa texture caractéristique d’un procédé mécanique: le cuir est pressé sous différents moules pour créer des grains plus ou moins prononcés. Cette finition nécessite des cuirs suffisamment épais pour supporter ce traitement. On le retrouve traditionnellement sur des pièces plus décontractées comme les derbies sport, les bottes campagne ou encore les mocassins casual.
Conceria Nuova Antilope est une tannerie italienne confidentielle, en activité depuis 1958.
Le cousu Goodyear
Voici les avantages du cousu Goodyear pour notre mocassin à pampilles:
Durabilité: La double couture caractéristique du Goodyear apporte une solidité remarquable, particulièrement bienvenue pour un mocassin qui subit des flexions régulières. Le cuir grainé trouve ici une construction à la hauteur de sa résistance naturelle.
Equilibre visuel: La trépointe crée une transition harmonieuse entre l’empeigne et le talon cubain. Sa présence apporte une structure visuelle qui équilibre parfaitement les proportions de la chaussure.
Confort évolutif: La première semelle en liège, spécifique au montage Goodyear, s’adapte progressivement au pied. Cette caractéristique assure un maintien optimal et une excellente répartition du poids, essentiels sur un mocassin à talon cubain.
Noblesse de la construction: Le montage Goodyear souligne le caractère artisanal de la pièce. Sa présence met subtilement en valeur la texture du cuir grainé et dialogue avec élégance avec les pampilles décoratives.
Conseils de style
Les mocassins à pampilles cognac établissent un équilibre subtil mais déterminant dans cette composition qui mélange audacieusement les registres vestimentaires. Face à un manteau en velours chocolat, une chemise imprimée verte et un pantalon à carreaux taille haute, ils apportent une assise classique qui structure l’ensemble.
Leur cuir grainé et leur talon cubain insufflent un caractère qui dialogue naturellement avec l’esthétique vintage assumée de la tenue. Les chaussettes rouges créent une correspondance étudiée avec les motifs de la chemise, tandis que la forme ronde des mocassins apporte une fluidité bienvenue à une silhouette qui aurait pu sembler trop construite avec des souliers plus formels.
Cette paire parvient ainsi à maintenir un équilibre délicat : suffisamment traditionnelle pour ne pas surcharger un ensemble déjà riche en textures et motifs, mais dotée d’une vraie personnalité grâce à ses finitions distinctives (pampilles, grainé, talon) qui lui permettent de s’intégrer naturellement dans cette composition aux influences seventies prononcées.
Les mocassins cognac établissent ici une transition élégante entre le blazer marine et le pantalon beige clair. La pampille et le talon cubain insufflent une personnalité distinctive à cet ensemble business aux codes maîtrisés. Le cuir grainé enrichit subtilement la composition visuelle sans en perturber l’équilibre. La cohérence chromatique est renforcée par une cravate orange brûlé qui dialogue harmonieusement avec ces mocassins et complète naturellement cette palette de couleurs.
La teinte cognac des mocassins insuffle une chaleur bienvenue à cet ensemble où dominent les tons de gris. La pampille et le talon cubain apportent une signature stylistique qui enrichit le Prince de Galles du blazer tout en préservant son impact visuel. Le cuir grainé établit un dialogue de textures réussi avec la flanelle du pantalon, pendant que la forme ronde vient adoucir naturellement les lignes de la silhouette.
Pour cette tenue hivernale, j’ai opté pour des mocassins à patine cognac qui assurent une transition subtile entre le manteau à la texture marquée et le pantalon en velours côtelé. Le talon cubain et la forme arrondie de ces souliers permettent un style un peu plus décontracté, parfaitement en phase avec l’identité de la tenue. Le choix d’une teinte chaleureuse du cuir fait particulièrement écho au coloris légèrement patiné du velours et se marie harmonieusement avec les gants en cuir, donnant ainsi à l’ensemble un caractère vintage bien maîtrisé.
J’ai choisi ici les mocassins à pampilles qui viennent apporter un caractère plus casual tout en restant dans un registre habillé, ce qui fonctionne particulièrement bien avec ce blazer porté en dépareillé. Les finitions en cuir grainé et le talon cubain permettent d’affirmer davantage la silhouette, tandis que la ligne arrondie de l’empeigne apporte plus de souplesse à l’ensemble. La patine cognac des souliers s’harmonise parfaitement avec la cravate à motifs club, en créant un rappel subtil avec la pochette aux tons chauds. La texture marquée du cuir répond intelligemment à celle du blazer, ce qui permet d’avoir un ensemble cohérent malgré le mélange des styles formel et décontracté.
Les richelieu vernies
Nous avons opté ici pour des richelieu bout droit en cuir vernis: il s’agit traditionnellement d’une paire destinée au port d’une tenue Black Tie, en particulier avec un smoking. S’il est vrai qu’à première vue ce registre semble particulièrement rigide et codifié, il offre en réalité une belle liberté d’interprétation des codes, comme en témoigne le talon cubain qui apporte un caractère plus affirmé à cette paire. Pour pousser davantage le côté formel de ces souliers, nous avons ajouté une finition qui leur est rarement associée: des lacets plats en soie qui renforcent leur prestance.
Histoire
Nous ne pouvons évoquer les richelieu vernies bout droit sans rappeler leur lien historique avec le code vestimentaire Black Tie, qui émerge à la fin du XIXe siècle lorsque le smoking s’établit comme une alternative plus décontractée à la tenue de soirée queue-de-pie.
À leurs débuts, ces souliers étaient confectionnés en box-calf brillant, avant que le cuir verni ne s’impose naturellement dans les années 1920 comme la finition de référence pour les souliers de soirée. Cette évolution est d’ailleurs symptomatique des changements qui s’opèrent dans les codes vestimentaires masculins sous l’influence du Duc de Windsor: on observe une certaine souplesse qui s’installe progressivement, sans pour autant sacrifier cette élégance si caractéristique.
Le choix d’une construction bout droit (cap-toe) s’est rapidement imposé comme le parfait compromis entre sobriété et raffinement. Les full-brogues, avec leurs perforations plus travaillées, apparaissaient comme trop casual pour ce registre, tandis que les bouts unis (wholecut) pouvaient manquer de caractère pour certaines occasions.
Cette association – richelieu vernie bout droit – est ainsi une valeur sûre en matière de souliers de soirée.
Le talon cubain
Le talon cubain apporte une originalité bienvenue à ces richelieu vernies traditionnellement très codifiées. Si le vernis noir et la construction balmoral s’inscrivent parfaitement dans les codes du Black Tie, ce talon plus marqué vient insuffler un vent de modernité à la silhouette, tout en préservant son élégance formelle.
Cette élévation subtile permet d’allonger naturellement la silhouette, un atout non négligeable sous un smoking où la maîtrise des proportions est primordiale. Le talon cubain garantit par ailleurs un maintien optimal et une démarche plus affirmée lors des événements habillés.
Cette approche n’est d’ailleurs pas sans rappeler le travail de certains bottiers londoniens comme George Cleverley, qui n’hésitent pas à réinterpréter avec finesse des modèles très traditionnels. C’est finalement une belle illustration de la manière dont on peut faire évoluer les codes vestimentaires sans en trahir l’essence.
Le cuir vernis
Le cuir vernis se distingue par sa finition ultra-brillante obtenue grâce à l’application successive de plusieurs couches de vernis polyuréthane. Cette technique, qui remonte au XVIIIe siècle, s’est véritablement démocratisée dans les années 1920 avec l’apparition des premiers vernis synthétiques.
Historiquement associé aux tenues de soirée les plus formelles, le cuir vernis s’est d’abord imposé comme la finition par excellence des souliers Black Tie. Il était initialement une alternative plus résistante au box-calf brillant qui nécessitait un entretien particulièrement minutieux. Sa capacité à réfléchir la lumière en fait un parfait complément aux autres éléments brillants de la tenue de soirée comme les boutons de manchette ou le nœud papillon satiné.
D’un point de vue technique, cette finition présente plusieurs particularités :
- Une imperméabilité supérieure grâce aux couches de vernis
- Une sensibilité accrue aux pliures et aux rayures
- Un entretien spécifique qui exclut les crèmes et cirages traditionnels
Si le cuir vernis reste aujourd’hui principalement associé aux souliers de soirée comme les richelieu bout droit ou les mocassins opéra, on le retrouve occasionnellement sur des modèles plus créatifs où sa brillance apporte une touche contemporaine distinctive.Copy
Le montage Goodyear
Le choix d’un montage Goodyear sur des richelieu vernies peut surprendre, les souliers Black Tie étant historiquement montés en cousu Blake pour une ligne plus élancée. Cette construction plus robuste présente néanmoins plusieurs avantages significatifs.
Elle garantit d’abord une durabilité exceptionnelle à une paire qui, bien que portée ponctuellement, doit pouvoir traverser les années avec élégance – on préfère éviter une semelle qui se décolle en pleine soirée de gala. Le montage Goodyear assure également une imperméabilité supérieure, un atout non négligeable pour des souliers vernis potentiellement exposés à l’humidité lors des événements.
La trépointe sur la semelle apporte aussi un détail artisanal raffiné qui s’inscrit parfaitement dans une vision contemporaine du Black Tie, où la rigueur des codes s’assouplit discrètement pour mettre en valeur un savoir-faire d’exception.
La forme ronde
Le choix d’une forme ronde pour ces richelieu vernies Black Tie peut sembler audacieux face aux formes plus effilées qu’on retrouve habituellement dans ce registre. Elle apporte cependant une dimension particulièrement intéressante à cette paire.
Nous apprécions d’abord le confort supplémentaire qu’elle procure lors des événements qui s’éternisent, grâce à un volume plus généreux au niveau de la pointe qui laisse davantage d’espace aux orteils. Cette forme plus naturelle permet également une répartition plus équilibrée du poids du corps, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on passe une bonne partie de la soirée debout.
D’un point de vue stylistique, cette forme ronde insuffle une modernité discrète à un modèle traditionnellement très codifié. En dialogue avec le talon cubain et la finition en cuir vernis, elle dessine une silhouette harmonieuse qui conserve toute sa prestance formelle tout en s’émancipant subtilement des standards habituels. C’est une parfaite illustration de notre vision du Black Tie contemporain: faire évoluer les codes avec subtilité sans jamais perdre leur essence.
CONSEILS DE STYLE
Les richelieu vernies noires prennent ici une dimension particulièrement intéressante : associées à une veste de smoking en velours rouge et un pantalon en tartan, elles viennent apporter un élément formel rassurant qui empêche la tenue de basculer dans une fantaisie excessive.
La finition en cuir vernis dialogue subtilement avec les reflets du velours, tandis que le talon cubain insuffle un caractère plus affirmé qui reste en parfaite cohérence avec l’esprit audacieux de l’ensemble. Nous avons opté pour des chaussettes à rayures qui assurent une transition réfléchie entre le pantalon et les souliers, tout en respectant la palette chromatique de la tenue.
Ce look nous permet de démontrer qu’une paire de richelieu vernies, malgré son ADN très formel, trouve parfaitement sa place dans une tenue plus créative à condition de maintenir une harmonie des textures (entre le vernis et le velours) et de préserver un équilibre subtil dans l’originalité des différentes pièces.
Conclusion
En unissant notre expertise technique à l’univers créatif de Fratelli Mocchia di Coggiola, nous avons souhaité proposer une collection de souliers qui réinterprète avec subtilité les codes de la chasse à courre à travers trois modèles emblématiques.
Les bottines balmoral contrastantes revisitent les bottes d’équitation avec une approche contemporaine, tandis que les mocassins à pampilles en cuir grainé évoquent les souliers décontractés du manoir, et que les richelieu vernies font référence aux dîners qui clôturaient ces journées de chasse.
Chaque modèle partage des caractéristiques techniques soigneusement choisies : une construction Goodyear réalisée à Almansa qui garantit durabilité et imperméabilité, une forme ronde qui assure un confort optimal sans sacrifier l’élégance, et un talon cubain qui devient la signature distinctive de cette collection en apportant une touche de modernité maîtrisée.
Cette collaboration s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la collection La Grande Chasse de Fratelli Mocchia di Coggiola : réinterpréter des codes vestimentaires traditionnels avec une sensibilité contemporaine qui les rend pertinents pour un usage urbain actuel.
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