Cet article est un premier extrait du guide sur les bottes, qui devrait sortir la semaine prochaine.
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Reconnaître un bon cuir vous servira en réalité pour bien d’autres domaines, en particulier les blousons et les chaussures.
On peut avoir un bon cuir pour moins cher, mais rogner sur les prix a toujours ses limites et la marque seule ne suffit souvent pas à expliquer certaines différences. Des sacrifices seront forcément faits sur la qualité et donc la longévité d’un cuir: en voulant économiser quelques dizaines d’euros, vous ferez perdre plusieurs années de vie à votre achat.
Sommaire
I Les différents types de cuir: du cuir pleine fleur à la croute de cuir
On distingue différentes couches de cuir, suivant l’endroit où on le prélève sur l’épiderme.
1 Le cuir pleine fleur
D’abord le cuir pleine fleur: c’est la couche supérieure, durable et qui se patine avec le temps. Il est imperméable, souple et robuste: il a un peu les mêmes propriétés que la peau.
Il est plus rare qu’on ne le croit et ne constitue par exemple que 2% des sacs de luxe. Il est souvent imité avec simplement de la peinture en spray.
Sur des chaussures, et à fortiori des bottes, le cuir pleine fleur restera extrêmement cher car on doit forcément utiliser une matière avec une surface parfaite, sans les imperfections naturelles qu’elle comporte normalement, qui est plus rare.
(si l’agneau se prend par exemple un barbelé, ça laisse une marque).
Un cuir pleine fleur peut par contre durer des années: un des cas les plus symboliques est le cuir cordovan (notamment le cuir Horween).
Voici l’exemple d’une vieille paire d’Alden d’une vingtaine d’années restorée par l’usine Alden: le cuir a été graissé et reteint et les semelles ont été remplacées.
Soyez vigilants par rapport à ces imperfections, mais n’oubliez pas non plus qu’elles sont courantes sur les cuirs pleine fleur et que seule les maisons très haut de gamme type Hermès proposent des surfaces parfaitement lisses.
Bref, soyez exigeants mais ne rejetez pas une paire pour une simple veinure.
2 Cuirs corrigés et croûtes de cuir
Le cuir à fleur corrigée quant à lui s’éloigne du derme (la peau) et se rapproche de la chaire. Il s’agit de croûte de cuir poncée et vernis pour simuler la pleine fleure.
Plus on se rapproche de la chaire, plus le cuir sera fragile et moins il sera respirable.
Le rendu est très plastique et semble quasiment trop lisse pour être vrai. Ils donneront souvent des cuirs creux.
Le cuir suédé est en fait un dérivé de la croûte de cuir: c’est un cuir de basse qualité qui se situe près de la chaire. Il est plus fin et moins durable.
Le pire cuir possible, ce sont les chutes de cuir: il s’agit des plus mauvais morceaux collés ensemble avec de la glue.
Les chiens ne font comme qui dirait pas des chats: des mauvais cuirs collés ne risquent pas de former un bon cuir.
Vous connaissez maintenant les appelations pour reconnaître un bon cuir.
Les cuirs bookbindés
On vous a parlé de cuirs à fleur corrigée, et de la croûte de cuir: les cuirs bookbindés sont un peu le pire excès de cette pratique.
Il s’agit souvent de cuirs de veau de piètre qualité, qu’on va recouvrir d’une fine couche plastifiée, souvent d’acrylique.
Ce traitement possède seulement deux avantages: il empêchera l’humidité de pénétrer le cuir (qui est rendu complètement hermétique et imperméable), et il lui donnera facilement un rendu brillant (mais plus cheap que par exemple un cordovan). Ca en devient souvent vulgaire:
Le cuir devient par contre impossible à traiter. C’est très problématique pour l’entretien car ça empêche une bonne pénétration des crèmes et autres cirages.
La texture plastique les rend également bien plus rigide qu’un cuir de veau pleine fleur normal, et donc plus propices aux plis d’abord, et aux craquelures ensuite, irréparables. Un cuir bookbindé vivra quasiment 5 à 10 fois moins longtemps qu’un bon cuir de veau ou un cuir de vachette pleine fleur, ou que du cordovan.
Pour une durée de vie « maximale », passez simplement un coup de chiffon humide régulièrement.
Voici une comparaison éloquente entre un modèle récent bookbindé de Church’s Diplomat, et un autre de Church’s des années 80 en cuir de veau pleine fleur (donc après plus de 30 ans de ports !):
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II Provenances du cuir
Oubliez d’emblée le cuir d’agneau, il n’est quasiment jamais utilisé pour des chaussures ou des bottes car il ne convient pas vraiment à des structures un peu rigides, du fait d’une trop grande souplesse.
On oublie aussi le cuir de porc, bien plus grossier.
Les deux exemples que j’ai choisi ci-dessous sont des bottines Chelsea Philippe Zorzetto en cuir de veau et des Florian Denicourt en cuir de vachette, tout droit issus du site l’Exception, qu’on plébiscite pour la qualité des photos.
Le cuir de veau
C’est le cuir de veau qui est le plus utilisé pour les chaussures et les bottes et qui donne le grain le plus fin.
Le cuir de vachette
Le cuir de vachette est rigide, brillant et plus grossier. Ce n’est vraiment pas la meilleure matière pour des chaussures ou des bottes bien fines (ni pour un blouson avec une belle coupe). Par contre, c’est une matière idéale pour des tenues d’extérieures qui doivent être bien solides et donc pour les combat boots et autres rangers. Voici un exemple du rendu d’un cuir de vachette sur les fameuses bottines Saipan de Florian Denicourt:
Le cuir de cheval
C’est probablement un des choix les plus nobles et les plus durables, mais aussi le plus cher. Le cuir de cheval est plus généralement appelé le cordovan: il est prélevé dans le derrière du cheval. Pour vous donner une idée, il faut environ un cheval et demi pour faire une seule paire de chaussures.
Par contre, c’est un cuir à la longévité extraordinaire, qui demande bien moins d’entretien qu’un cuir pleine fleure classique (on va revenir dessus un peu plus tard).
Il est très difficile à domestiquer (encore plus avec un montage Goodyear). Pour vous donner une idée, imaginez essayer de monter un veau, et ensuite un étalon.Il vous faudra forcément beaucoup plus de temps pour domestiquer le deuxième, et ça sera bien douloureux.
Par contre, le jeu en vaudra largement la chandelle et ça sera infiniment plus classe.
Petit aperçu du cordovan de deux usines: Horween à droite et Comipel à gauche. Je vous évoque les différences dans le guide 🙂
III Le cuir: appellations et pièges à éviter
Restez vigilants: il peut arriver que les fabricants trichent sur ces termes.
1 Cuir authentique
Vous l’avez compris: du cuir authentique ne veut pas forcément dire qu’on a du bon cuir. On se retrouvera dans le cas présent plus avec de la croûte de cuir que du cuir pleine fleur.
2 Fabriqué AVEC du cuir pleine fleur
Ce terme signifie souvent qu’on a utilisé en parti du cuir pleine fleur pour la fabrication, mais qu’il ne forme qu’une partie de la chaussure.
3 Le tannage
Pour un bon cuir, il faut un bon tannage.
Le processus est simple et on l’a vu en partie avec le cuir cordovan: on trempe du cuir désséché dans des cuves en bois avec des extraits de gras et des teintures organiques
On peut faire du 100% cuir pleine fleure et rogner ailleurs sur les dépenses, notamment sur le tannage.
Un bon tannage coûte effectivement très cher: les cuves en bois valent quasiment 100K $ pièce, exige de laisser reposer les cuirs entre quatre et six mois, et les bonnes matières grasses coûtent cher.
C’est vraiment un processus quasi aussi méticuleux que pour faire un bon champagne…
Horween, un des tannages les plus qualitatifs du monde
Pour économiser, on va donc laisser le cuir s’imprégner seulement quelques semaines, voire quelques jours.
Cela se voit facilement en examinant la tranche du cuir: on aperçoit du bleu au milieu.
Pour dissimuler ce genre d’imperfections, la tranche est souvent peinte à la main.
Le site Saddleback Leather, qui produit surtout des sacs, illustre parfaitement ce cas de figure pour un cuir de vachette:
Le milieu bleu signifie que le tannage a été écourté: le cuir n’a pas pu être pleinement imprégné des tanins. Sur un cuir de qualité, la teinture est uniforme car elle pénètre le cuir en profondeur.
Afin de dissimuler un tannage trop rapide, certains fabricants peu scrupuleux peuvent être tentés de peindre les rebords du cuir.
D’autres vont coudre ces rebords pour qu’ils passent inaperçus.
Pour aller plus loin: le guide des bottes
Ceci est un extrait du guide des bottes, qui devrait sortir ce we ou, au plus tard, en milieu de semaine prochaine.
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Merci pour cet article !!!
Un gros bravo pour ton blog, cela fait maintenant 15 jours que je lis l’intégralité du blog (je suis parti de la page 68) et j’ai adoré ton ebook et tes autres guides.
Bonne continuation 😉
Merci pour tes encouragements Damien 🙂
Très intéressant article! merci (par contre, ne pas confondre chair (viande) et chaire (du professeur d’université!^^).
c’est corrigé merci !