Depuis Août 2013, j’ai ouvert une catégorie inspiration où j’ai posté à ce jour plus de 900 photos. Elles viennent de lookbook, de « street styles » (ces photos de gens dans la rue à la The Sartorialist, qu’on retrouve surtout à la sortie des défilés en Fashion Week), de défilés, ou sinon elles peuvent aussi être de simples natures mortes (la plupart du temps de chaussures).
A force de faire le tri pour vous proposer les inspirations sur la façon de bien s’habiller, j’ai commencé à comprendre ce qui différenciait les bonnes tenues, celles qui n’allaient pas trop loin, des autres, importables en réalité.
Quelle est cette différence ? Elles arrivent à utiliser des pièces fortes sans surcharger la tenue.
Attention, ce que je vais vous expliquer ne fera pas non plus de vous automatiquement la personne la plus stylée de la pièce, mais elle vous garantira au moins d’expérimenter un peu en étant certain de ne pas avoir une tenue grotesque qui en fait 10 fois trop.
Sommaire
Une pièce forte, c’est quoi ?
Pour clarifier le raisonnement, on va d’abord clarifier ce qu’est une pièce forte: c’est un vêtement qui se distingue par sa structure, sa couleur ou sa matière.
La structure
Le col: sur les pièces les plus conventionnelles, une structure originale peut concerner le col: un col club pour une chemise, ou un col châle sur un manteau ou une veste.
La fermeture: on pense aux boutonnières croisées, ou aux brandebourg des duffle-coats
La taille: La structure peut enfin inclure l’oversize, en terme de largeur ou de longueur
La matière
Bien s’habiller implique de porter une attention particulière aux matières. Il peut s’agir des cuirs froissés, ou alors des matières hivernales de l’ultra-luxe, comme l’astrakan ou encore des laines particulièrement travaillée comme le nid d’abeille.. On a aussi des contrastes de matières au niveau des revers
Les motifs
Cela peut aller du foulard discret au motif Paisley, jusqu’à l’imposant pardessus avec motifs arts deco, à porter absolument avec une tenue plus sobre.
Sinon, ça inclue aussi tout bêtement les rayures sur une chemise, ou les motifs Fair Isles d’un pull.
La couleur
On peut avoir par exemple une veste bleu turquoise, un chino rouge vif ou une chemise jaune moutarde.
Comment bien s’habiller en utilisant ces pièces fortes ?
J’ai fait une observation dans ma quête de rationaliser la façon de bien s’habiller sur la plupart des tenues qui fonctionnaient bien: elles évitaient de combiner des pièces fortes avec les mêmes caractéristiques ensembles.
Trop de motifs vous feront ressembler à une illusion d’optique, trop de couleurs à un clown, et trop de jeux de structures dénatureront votre silhouette.
Les combinaisons de plusieurs matières sont la seule exception à cette règle, mais elles seront chacune bien moins mises en valeur.
Pour illustrer ce propos, on va étudier plusieurs tenues. Vous verrez que les plus réussies d’entre elles obéissent à cette règle et vont jusqu’à superposer trois pièces avec des caractéristiques différentes, dans un ensemble cohérent.
Comment bien s’habiller en associant deux pièces
Cette tenue peut faire penser au premier abord à un full black, exceptée qu’elle est plus subtile: le perfecto a un corps bleu marine en laine et des manches noires en cuir. Le sweat aurait pu être complètement redondant s’il n’avait pas eu le motif , qui contraste et qui donne toute la valeur ajoutée à la tenue.
Autre tenue avec un perfecto: celui-ci se distingue ici encore une fois par sa matière, un cuir légèrement froissé et lavé. On conseille généralement de porter cette pièce un peu forte avec des hauts plus neutres type tee-shirt blanc/gris ou bleu marine.
La chemise portée ici a plus de caractère et se distingue par les pois blancs qui apportent du contraste à la tenue et respectent le contraste fort peau clair/cheveux foncés.
On joue aussi avec cette chemise sur la structure avec un col boutonné qui donne un air d’enfant sage plus surprenant par rapport au perfecto, et dans le même temps sur des manches retroussés qui collent plus à l’aspect décontracté du perfecto.
La chemise et la cravate insèrent à la fois une structure originale (le col club légèrement arrondi) et un motif à carreaux et à poids qui se complètent plutôt bien. Elles laissent le champ libre à une touche de couleur avec la veste et à des accessoires avec la boutonnière (bien accordée à la cravate histoire de ne pas rajouter une couleur inutilement). On a aussi une structure un peu originale sur la veste avec les revers fins à pointes, sans pour autant surcharger.
Le manteau Hackett sort du lot avec un col châle un peu oversize déjà vu aussi chez Ovadia&Sons et il s’accompagne aussi d’un discret motif à carreaux. Sa couleur calme bien la veste beaucoup plus voyante qui s’illustre par un bleu turquoise très particulier, bien mis en valeur par une matière légèrement satinée. Le contraste de matière et de couleur avec les revers noirs est plutôt sobre et rappelle bien le contraste peau/cheveux du mannequins.
La touche finale de cette tenue est le foulard avec ses motifs à pois plutôt discrets.
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Bien s’habiller en associant trois pièces
Un cas d’école pour une superposition très workwear, entre le duffle-coat et la chemise chambray. La veste fait ici office de couche intermédiaire et fait le lien entre la chemise et le manteau, tout en rajoutant des motifs dans des tons qui rappellent à la fois le duffle coat et la rousseur du modèle. Elle donne aussi un côté plus habillé et plus précieux qui nuance le côté brut de décoffrage du reste de la tenue.
La veste est particulièrement originale du fait de ses doubles revers contrastants, ce qu’on peut plutôt qualifier de structure efficace. Les motifs sont présents à travers la chemise à petits carreaux, dont le ton reste assez discret. La touche de couleur est présente avec le noeud papillon (qui ressort avant tout grâce à son rouge bien vif, et un peu moins avec les motifs).
Sur une tenue entière
Le même raisonnement s’applique aussi sur une tenue entière où chaque pièce aura son intérêt, sans qu’elles ne s’effacent entre elles.
Cette première tenue complète montre une bonne répartition des pièces fortes: la veste à motifs bien voyante est combinée à la chemise et la cravate au contraste de matières beaucoup plus subtil. Le bas se distingue quant à lui avec le pantalon rouge vif.
C’est un exemple très simple d’association de pièces fortes qui donne au final une tenue plutôt cohérente.
On passe à un niveau plus avancé: cette tenue comporte quatre éléments en haut et trois éléments en bas. Le duffle-coat rassemble en fait à lui seul trois caractéristiques: un fort contraste de couleurs (entre le col, le corps du manteau et les brandebourgs), un contraste de matière et une structure marquante (la fermeture à brandebourg). La cravate vient apporter une discrète touche de motifs au tout.
Le bas s’appuie met en avant lui aussi trois caractéristiques: des motifs avec le tartan blackwatch du pantalon, une structure avec la derby à boucle, et de la couleur avec les chaussettes rouges.
Sur l’intégralité de cette tenue, on a à la fois un travail des couleurs, avec notamment le pull et le pantalon saumon et des textures, avec la veste en tweed et le pantalon légèrement moucheté. Le travail de structure se remarque sur la veste mais surtout sur le manteau, sans col et avec un double boutonnage. Les motifs sont présents évidemment sur le manteau, mais aussi plus discrètement sur la cravate.
Evidemment, on a une compilation assez improbable de pièces fortes mais qui s’assemble plutôt bien et qui ne serait pas choquante sur une photo d’un très bon street style.
La matière du manteau a un léger effet moucheté, mais sa structure reste très classique. C’est plutôt le costume trois pièces qui s’illustre de ce côté là, avec la superposition de la boutonnière et de la veste qui donne un côté plus précieux.
Le foulard ajoute quand à lui une touche très discrète de motifs, cela semble à première vue être un motif Paisley (qu’on trouve dans les tenues plutôt rock’n’roll)
Et si je ne respecte pas cette règle ? Y a t’il des exceptions ?
C’est ce qu’on va voir dans un second article: j’y publierai les exemples les plus évidents de tenues trop chargées, mais aussi des exceptions à cette règle qui passent plutôt bien.
Une référence précise pour le perfecto de la première image ? Merci bien !
Pas de référence précise mais celui là est tres proche:
http://shop.acnestudios.com/shop/men/outerwear/cassady-black-navy.html
Une idée où trouver un type de pantalon en tartan blackwatch? coupé slim, merci merci
Sur le coup non mais je te dis si je vois ça
Salut Valery,
C’est très casse gueule comme sujet ! Car il y aura toujours des exceptions comme tu le dis dans ton article.
En tout cas, c’est une belle observation que tu fais là même si cette « technique » trouvera ses limites (comme la règle des 3 couleurs par exemple).
Les 3 derniers looks sont assez dingues notamment l’avant dernier, full saumon ! J’ajouterai d’ailleurs une observation sur cette tenue : le contraste de couleurs est simplement excellent par rapport au teint/cheveux du bonhomme.
Je vais d’ailleurs me permettre de te la piquer cette petite photo ;-). Merci !
Alexandre
Une référence pour la veste de costume verte ? (3ème photo) Merci beaucoup.
3 pieces fortes ca devient quand meme excessif je trouve, ca devient vite un look trop guindé qui manque de naturel? Ca passe tres bien pour des defiles de podiums ou pour une photo de magazine qui veut vendre chaque pieces du look, mais pour un look de tout les jours ca manque de naturel quand meme.