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GUIDE ULTIME : COMMENT BIEN PORTER DES BRETELLES

Disclaimer: cet article a été écrit par Gustave et moi-même afin de vous donner un aperçu le plus complet possible du sujet. Pour éviter d’encombrer le texte, nous n’avons toutefois pas jugé utile de préciser les changements de personnes. Ne vous inquiétez pas, ça ne nuit en rien à la lisibilité de l’article. N’hésitez d’ailleurs pas à nous indiquer si vous aimez ce format écrit à quatre mains.

Valéry

Bien qu’on soit en pleine saison haute, que les tests s’enchaînent et que nous soyons toujours débordés, j’ai réussi à trouver un peu de temps pour vous rédiger un guide ultime à propos d’un accessoire iconique : les bretelles. On vous a même déniché une marque confidentielle, spécialiste en la matière qui en propose une large gamme (on vous en dira plus dimanche) .

Vous trouverez ici un récapitulatif sur l’apparition des bretelles, leur place dans les croyances populaires et quelques conseils de style pour bien les porter. (surtout, comme vous le verrez, dans des tenues habillées)

LES BRETELLES: LE PREMIER MAINTIEN DU PANTALONS

Bien que la tendance soit aux ceintures, qu’elles dominent le marché de la mode  (masculine et féminine) depuis plus de cent ans (comme maintien du pantalon), il n’en fût pas toujours ainsi. En effet, auparavant, les hommes utilisaient des bretelles. Quant aux femmes, c’est un peu plus compliqué car elles n’avaient tout simplement pas le droit de porter des pantalons, c’était uniquement réservé aux hommes. Cependant, certaines femmes très courageuses osèrent porter le pantalon au XVIIIe siècle (et donc des bretelles), un comme Olympe de Gouges ou George Sand !

Tout commence au XVIe siècle en France, on les retrouve notamment sous le règne d’Henri III. Elles servent alors à maintenir la tenue qu’on porte à l’époque (on parle alors de chausses car le pantalon n’existait pas encore). Une sorte de pantalon dont les matières étaient dénuées de fibres synthétiques (notamment élasthanne)  que l’on utilise aujourd’hui, il fallait donc un accessoire pour maintenir le tout.

Cependant, il faudra attendre la révolution française de 1789 pour que celles-ci se popularisent et se portent à travers tous les milieux sociaux, elle est notamment utilisée par les célèbres « sans-culottes » et le peuple qui composait le Tiers-Etat.

Rapidement la culotte (qui était l’apanage des bourgeois) disparaît  et laisse place au pantalon, tel qu’on le connait aujourd’hui. Il existe alors deux types de bretelles couramment portées par les hommes : « la bretelle ouvrière » (fabriquée à partir d’un drap) qui était conçue pour être résistante et se maintenir malgré un travail physique. Puis, il existait un deuxième modèle, nettement plus précieux et artisanale : « la bretelle bourgeoise ». Cette dernière étant confectionné à partir de cuir et de tissus luxueux, elle nécessitait une fabrication exigeant l’intervention d’un tisserand et d’un cordonnier !

Aux Etats-Unis, la bretelle était l’un des premiers accessoires de mode à être vendu en prêt à porter aux colons par les vendeurs itinérants.

Cependant, les bretelles telles qu’on les connait aujourd’hui, n’apparaîtront qu’en 1820 sous la houlette de Albert Thurston. Proposant une forme en H dans le dos, les  » H-back » tissés à partir d’une laine à maille serrée, elles sont robustes et solides: il en commercialise dans sa boutique londonienne et le succès est au rendez-vous.

Au fur et à mesure du XIXe siècle, les bretelles se déclinent en plusieurs formes et modèles différents (la bretelle russe, la bretelle française…). Elle connaîtra son apogée durant le XIXe, l’empereur Napoléon lui même en portait (décorées d’abeilles, rappelant ses origines corses). Dès 1873, les bretelles se substituent à la salopette avec le dépôt du brevet du pantalon de travail comportant des boutons par Levi’s.

Cependant, la première guerre mondiale va mettre un terme à cette hégémonie avec la réapparition des passants ceinture sur les pantalons d’uniforme. Les poilus revenant d’après-guerre s’y sont fait et privilégient désormais la ceinture aux bretelles. Petit à petit, avec l’essor du prêt à porter et la standardisation de la production, les pantalons à passants vont être produits en masse dans le marché, ils sont donc fabriqués pour être portées avec des ceintures !

 

Les bretelles dans l’imaginaire collectif

Aujourd’hui le marché est donc largement dominé par le port de la ceinture plutôt que des bretelles. Mais qu’en est-il de l’héritage laissé par cette accessoire iconique ?

Tout d’abord rappelons la règle élémentaire concernant son port : bretelles ou ceinture, mais jamais les deux. Tout d’abord parce que c’est franchement très moche visuellement parlant, de plus ça va simplement alourdir votre tenue sans arranger le maintien du pantalon pour autant.

Enfin, vous connaissez le proverbe  » Comment peut-on croire quelqu’un qui ne fait même pas confiance à son pantalon » faisant référence au fait de croiser quelqu’un qui porte à la fois une ceinture et une paire de bretelles, laissant supposer que cette personne n’a même pas su choisir un pantalon à sa taille.

On évitera donc de porter des bretelles sur un pantalon à passant.

Dans la culture vestimentaire classique anglaise, les bretelles sont considérés comme des sous-vêtements, ils ne doivent donc pas être visibles par autrui. Contrairement aux américains, qui les portent volontiers de manière apparente et visible, que ce soit le fermier de l’Idaho ou bien un loup de Wall Street.

Cette tenue de Gordon Gekko, et tout le succès qu’a eut le film à l’époque (Michael Douglas a remporté un oscar) marque le premier retour significatif des bretelles dans le vestiaire américain depuis la Seconde Guerre Mondiale: celles-ci s’accompagnent d’autres accessoires habillés, comme des boutons de manchettes ou des montres à gousset.

Du sous-vêtement masculin à l’ornementation

Les bretelles étaient au départ considérées comme un sous-vêtement masculin: un gentleman ne révélait ses bretelles qu’à son valet et à ses conquêtes.  Ce n’est qu’après les Roaring Twenties que les tenues se font plus légères et que les costumes trois pièces sont moins systématiques: sans le veston pour les masquer, les bretelles deviennent d’un coup plus apparente.

The Great Gastby, un film assez emblématique de l’époque

On remarque donc que ceux qui portent aujourd’hui des bretelles, proviennent de différents milieux sociaux et en font usage de manière foncièrement différente. Pour certains, c’est encore un accessoire utilitaire et pratique pour leur tenue. Pour d’autres c’est un accessoire de luxe, qui orne un beau costume, dans la plus pure tradition du gentleman moderne. En effet, pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas ce fameux adage : « Gentlemen don’t wear belts ». Que l’on peut simplement traduire par  » les gentilshommes ne portent pas de ceintures ».

Pourquoi ? Parce que, en théorie, le gentleman ne porte que des costumes sur mesure, parfaitement adaptés à sa morphologie, donc dénués de passants ceinture (on y trouve plutôt des pattes de serrages) et donc il n’a tout simplement pas besoin de porter une ceinture ! Ainsi, aujourd’hui, les bretelles sont présentes à titre purement décoratif car les pantalon sur-mesure n’ont plus besoin de maintien, d’autant plus quand on considère les coupes actuelles, qui sont de plus en plus fittées.

Avec le retour des pantalons habillés, avec de multiples plis, taille haute et avec une coupe plus ample ( et des ghurkas trousers), on peut à nouveau se poser la question des bretelles.

Selon Oscar Wilde, « toutes les pièces du vêtement doivent être soutenues par les épaules et non par la taille » : c’est en effet la seule manière de ne pas dénaturer le tombé naturel et les lignes verticales (qui allongent la silhouette) que créent les multiples plis de ce genre de pantalon. (des lignes verticales qui seraient cassées par la ceinture)

Les pantalons Scavini sont un bon exemple du retour en grâce de ce genre de style

Ces pantalons ont aussi fait un retour dans les années 1930, mais la ceinture était alors déjà bien implantée dans les moeurs sartoriales de l’époque et le Prince de Galles (l’homme le plus élégant de l’époque) prenait déjà bien soin d’accorder ses ceintures avec ses chaussures.

Bretelles ou ceinture: que choisir, pour quelle occasion ?

Cela étant dit nous vivons au XXIe siècle et les codes vestimentaires qui régissaient le vestiaire masculin ont quasiment tous disparus. Il n’y a donc pas lieu de s’alarmer, c’est désormais simplement une affaire de goût !

Chacun peut porter ce qu’il désire pour orner son pantalon. Personnellement je ne porte jamais de ceintures sur mes costumes car je n’aime tout simplement pas le rendu visuel que je trouve chargé au niveau de la taille alors que Valéry apprécier d’en porter sur les siens. En revanche, j’apprécie d’en porter sur mes chinos et mes jeans casual, pour apporter une cassure à la taille entre deux pièces dépareillées.

Je crois donc que les bretelles peuvent facilement se porter dans une tenue formelle ou un événement festif impliquant le port d’une tenue habillée (type jour de l’an, soirée black tie…). Idéalement on évite d’associer un pantalon à passant avec des bretelles, on opte pour un pantalon qui comporte des pattes de serrage.

Bretelles à pinces ou à lanières ?

Pour ce qui est de l’attache, on peut tout aussi bien utiliser les lanières de cuir (si vous possédez les boutons adéquats à l’intérieur de votre pantalon) ou bien le système des pinces (un rendu moins habillé, mais qu’on retrouve chez des marques plus casual comme Vertical l’Accessoire). D’ailleurs si l’on s’en tient strictement à la tradition, les bretelles à pinces sont à réserver aux tenues de travail et étaient plutôt destinées aux fermiers.

On vous donne quelques exemples dans les conseils de style.

Albert Thurston est un peu perçu comme la Roll’s des bretelles: une de ses caractéristiques est justement la lanière tricotée blanc cassée, qui va se patiner au fur et à mesure des ports.

 

Bretelles à lanières: la position des boutons

Trois solutions existent pour porter votre pantalon avec des bretelles:
– avoir fait votre pantalon chez un tailleur, sans un passant, en précisant que vous le porterez avec des bretelles
– avoir un pantalon sans passants et que vous emmènerez chez le retoucheur ou le couturier local pour faire rajouter des boutons
– y rajouter des boutons détachables, qu’on peut généralement commander avec les bretelles

Se pose alors la question de porter ces boutons à l’intérieur ou l’extérieur du pantalon: le confort nous dirait forcément à l’extérieur (vu que ce n’est pas forcément agréable d’avoir des boutons qui frottent contre la peau).

En revanche, la bienséance du début du 20è siècle, qui voulait que les bretelles soient considérées comme des sous-vêtements que l’on ne montre pas, suggère de porter ces boutons à l’intérieur.

Heureusement, les moeurs ont évolué depuis et même des icônes de style comme Gary Cooper portent ces boutons à l’extérieur.

Gary Cooper et les bretelles: ce qu’on pourrait appeler une élégance nonchalante

En ce qui concerne les boutons détachables, il s’agit souvent de boutons métalliques assez esthétiques, qui peuvent selon moi sans problèmes se porter de manière apparente.

II INSPIRATIONS ET CONSEILS DE STYLE

Tenues casual chic et gentleman farmer

Ces deux illustrations de Andrew Mashanov (un illustrateur que j’adore, je vous invite à consulter son compte Instagram @amashanov) montrent deux tenues casual avec bretelles:

Ici dans une tenue casual chic (illustration pour la marque Superglamorous): les bretelles apportent une touche de couleur et sont coordonnées avec la doublure de la veste. Elles se portent avec un pantalon taille haute, avec double pli.

Ici une autre tenue casual (ça se voit surtout avec les pointes boutonnées de la chemise): ici les bretelles vertes vives font écho au vert forêt et aux chaussettes rouges et inscrivent la tenue dans un style Gentleman Farmer.

Tenues habillées avec bretelles à lanière

La bretelle est avant tout un accessoire: elle encadre donc la tenue en terme de couleurs: ici son marron clair est une transition entre le marron foncé de la cravate et le gris clair du costume. Le vert forêt des attaches permet de donner du caractère à la tenuee à

Photo par @theficusmen

Sur cette seconde photo de @theficusmen, les bretelles confirment le registre estival de la tenue avec des tons beaucoup plus chatoyants. Le costume est ici a priori en lin, et la cravate tricot montre qu’on est pas dans un degré de formalité très avancé. On joue donc avec les couleurs en se permettant un vert qu’on peut quasiment qualifier de flashy pour l’accorder avec la cravate tricot, le bleu et le rouge plus calme se marient quant à eux avec la chemise et la veste.

Adapter les couleurs de ses bretelles est une astuce confirmée sur cette photo de @shibumifirenze: la tenue est manifestement estivale avec son costume solaro et le fond clair de la chemise. On se permet donc une rayure verte carrément flashy pour faire écho au solaro, et d’autres rayures plus sobres pour équilibrer le tout.

Et les bretelles à pinces ?

Il reste possible d’en porter, mais le rendu n’est pour moi visuellement intéressant que lorsque la tenue est déjà ultra pointue en terme de finitions. Les bretelles à pince sont une bonne solution avec des pantalons chargés. Ca se voit en particulier sur cette photo de @theficusmen:

Ce rendu minimaliste est aussi appréciable dans cette tenue (encore une fois de @theficusmen), où le motif de la cravate est particulièrement chargé:

 

CONCLUSION

On espère avoir un peu dépoussiéré pour vous cet accessoire en vous montrant qu’il est plus facile à porter qu’il n’y parait, d’autant plus que le vestiaire qui l’accompagne (boutons de manchettes, pantalon plissés taille hautes etc) commence lui aussi à revenir sur le devant de la scène.

On vous présente très bientôt notre collaboration avec une marque belge confidentielle qui propose un excellent rapport qualité/prix en matière de bretelles: un accessoire idéal pour les grandes occasions, pour une élégance nonchalante ou simplement pour offrir à Noël.  Je vous en dis plus dès dimanche !

Valéry

Gustave Uhlig

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