Ce premier article est là pour vous rappeler quelques notions de bases à connaître avant d’investir dans une paire de chaussure.
Sommaire
Introduction
La plupart des modèles de chaussures ont été inspirés par les cordonniers sur mesures, ils sont pour la plupart apparus il y a au moins 75 ans.
Si leur forme a beaucoup évoluée et a été considérablement affinée, elles restent très proches de leur forme originale.
Qu’est ce qui a influencé l’évolution du design des chaussures ?
Les chaussures ont été modifiées au fil du temps en fonction des vêtements avec lesquels on les portaient et donc en particulier des pantalons. Les pantalons slim fit ont une ouverture à la cheville plus petite, et ils recquierent donc du coup une chaussure à la ligne plus fine, pour ne pas donner l’impression d’un pied énorme.
A l’inverse, les vêtements avec une coupe plus large demandent des chaussures plus massives.
Dans les règles traditionnelles, on convient que le pantalon doit recouvrir le laçage de la chaussure, ce qui équivaut à environ les deux tiers de la longueur.
I La forme
Le facteur le plus important à considérer pour choisir votre chaussure est la forme, aussi appelée « last » en anglais. Le last correspond en fait à la forme en bois (ou métal/plastique dans la production de masse) autour de laquelle la chaussure est construite. Elle détermine à la fois la forme finale de la chaussure, et aussi son fit.
Un expert dans la construction d’une forme est ainsi à la fois un scientifique (pour respect des proportions), un docteur (pour un bon maintien du pied), un architecte (pour une construction cohérente) et enfin un artiste (pour un résultat esthétique).
II La matière
L’autre facteur important, c’est le cuir à partir duquel la chaussure est confectionnée. Le cuir utilisé pour la tige est souvent tanné au chrome de sels ou à l’aluminium (plus de 85% des peaux tannés dans le monde) dans de larges bassins tournants.
Le tannage végétal (à base d’écorce, bois, racines, feuilles, fruits etc) s’est quant à lui bien rarifié et est la preuve d’une véritable qualité. La plupart des tiges de qualité sont confectionnées à partir de cuir d’agneau de bonne qualité.
Le cuir de vache, plus robuste et épais est utilisé pour des tiges en cuir grainé: c’est bien plus adapté à des paires plus robustes et casuals, comme sur cette paire de bottes Loake.
Les chaussures plus habillées peuvent aussi être confectionnées en cuir cordovan, voire en cuir exotique (alligator, crocodile ou autruche).
Des brogues en cordovan, d’un chausseur un peu confidentiel dont on va parler dans le guide
Une bonne chaussure aura une semelle faite d’un cuir de vache plus épais.
Ce cuir subit un tannage végétal (pas de l’essence d’extraits végétaux, mais des plantes à proprement parler, comme des feuilles de chêne. La plupart des doublures des chaussures subissent également un tannage végétal.
III Les types de montage
Vous le savez déjà, le cousu est bien supérieur au collé: c’est un montage plus durable et qui se resemelle facilement. Une chaussure de bonne qualité peut toujours être renvoyée à la marque pour changer la semelle (et plus encore): vous pouvez par exemple enlever le talon et défaire la semelle.
Dans les cas les plus extrêmes, on peut aussi changer la semelle intérieure et la trépointe. On utilise ensuite la forme de base pour refaire la chaussure.
Un tel procédé se répète facilement: une très bonne paire de chaussure, bien entretenue et portée avec une bonne rotation, peut durer de 10 à 20 ans. Certains parviennent même à les porter une quarantaine d’années.
Les schémas viennent du site très complet chaussure-durieux.
1 Le Goodyear
C’est un peu la semelle des premières vraies chaussures d’homme, non pas du fait de sa ligne plus masculine et brute, mais plutôt grâce à une très longue durée de vie.
Le cuir goodyear est imperméable grâce à la trépointe: l’eau ne peut pas pénétrer la semelle intérieure.
La trépointe ne relie pas en même temps la tige, la semelle intérieure et la semelle extérieure. On peut donc facilement remplacer celle-ci.
Elle contient également un rembourrage en liège qui prend facilement la forme du pied, un peu comme un lit sur mesure.
Ce type de montage a été permis par Charles Goodyear Jr, le fils de l’inventeur des pneu Goodyear.Il conçoit en effet la machine à trépied qui permet l’industrialisation de cette construction.
Les montages Goodyear des plus grandes maisons sont cependant faits mains: la largeur est beaucoup plus travaillée et on a une ligne plus étroite, sculptée et biseautée.A titre de comparaison, un montage réalisé à la machine prend quelques minutes, tandis qu’un montage fait mains plusieurs heures.
© CTC – www.myctc.fr/la-chaussure
2 Le Norvégien
Dans le cas d’une chaussure imperméabilisante, la construction est différente. On compte plusieurs méthodes, notamment la couture retournée et le montage Norvégien
Le principe de ces montages, c’est que la tige est tournée vers l’extérieur de la chaussure et la trépointe est à l’extérieur. Du coup l’eau pénètre beaucoup plus difficilement la semelle et la chaussure.
On les reconnaît généralement par une double ou une triple rangée de coutures à l’extérieur de la chaussure, à l’intersection de la tige et de la semelle.
Quelques marques sont caractéristiques: Sutor Mantelassy, Santoni, Testoni ou encore Borgioli.
Attention: certains fabricants italiens en Blake rajoutent souvent ces coutures avec un but purement décoratif, soyez vigilants.
© CTC – www.myctc.fr/la-chaussure
3 Le Blake
Le montage Blake et les constructions mocassins sont surtout utilisés par les chausseurs Italiens. Un mocassin traditionnel n’est pas censé avoir une semelle intérieur. La tige extérieure est en fait enroulée tout autour du pied et cousue à la main à une empeigne plate à l’avant du pied. La semelle extérieure est ensuite cousue directement à la tige à la machine. Un exemple classique ? Les fameux mocassins à mors de Gucci.
Les chaussures montées Blake ont une tige, une semelle intérieure et une semelle extérieure: elles n’ont par contre pas de trépointe. La semelle intérieure (plate, sans liège) et la tige sont attachées à la forme. Ensuite, la semelle est collée. Seulement une seule rangée de coutures faite à la machine est utilisée pour attacher ensemble la semelle, la semelle intérieure et la tige. L’avantage de la méthode: c’est qu’elle permet d’avoir une semelle légère et fine, et donc une forme plus élancée.
Cependant, une chaussure montée en Blake ne sera pas aussi imperméable, durable ou facile à réparer qu’un montage avec trépointe.
On reconnaît facilement un montage Blake en regardant à l’intérieur de la chaussure: si la semelle intérieure n’a pas été entièrement recouverte, alors vous trouverez une seule rangée de couture Blake de part en part de la chaussure.
© CTC – www.myctc.fr/la-chaussure
IV La forme
Si la forme, le cuir et la construction sont importants, vous devez aussi d’abord apprécier l’esthétique, mais surtout la rendre adaptée à votre contexte. La plupart des chaussures haut de gamme sont des variations de quelques modèles classiques.
A Laçage ouvert ou fermé ?
On distingue principalement les laçages ouverts et les laçages fermés. Pour comprendre cette notion, il faut rappeler simplement quelques mots de vocabulaires: la claque est la partie avant de la chaussure qui recouvre les orteils et l’avant du pied tandis que l’empeigne va généralement de l’arrière de la chaussure (de la couture au milieu du talon) jusqu’au milieu.
Sur une chaussure avec un laçage fermé, la claque est cousue par dessus l’empeigne, et la languette est généralement un morceau de cuir séparé.
Sur une chaussure avec un laçage ouvert, l’empeigne est cousue par dessus la claque, et la languette est une extension de la claque (les derbys et les blüchers, mais ce n’est pas du tout la même chose :-))
Des blücher Alden, les chaussures favorites de Frank Underwood dans House of Cards 🙂
B Les perforations
On distingue enfin la perforation: des chaussures formelles lacées peuvent être unies, à moitié ou complètement perforées (half or full brogues). Une chaussure unie n’a ainsi aucune décoration, autre que la double rangée de couture pour fixer le bout de la chaussure. Le broguing fait référence à un motif de perforation décoratives réalisées autour des coutures de la chaussure. Une « half brogue » désigne une chaussure avec un bout uni, et des perforations sur le reste de la chaussure.
Une full brogue désigne une chaussure wingtip avec des perforations tout le long. Encore une fois, elles n’ont pas du tout toute le même degré de formalité.
Les half brogues et les full brogues ont presque toujours une perforation qu’on appelle « médallion » en bout de pied (et bout fleuri en français).
C Divers
Les chaussures lacées peuvent enfin être WHOLE CUT/ONE CUT: cela signifie que la tige est découpée à partir d’un seul morceau de cuir. Cela demande beaucoup plus de savoir-faire, ce qui rend la chaussure plus chère.
Dernière variations: les chaussures à simple et double boucle, que vous trouverez sous le nom de single/double monk en anglais. Elles sont généralement une variation des derbys.
Autre variation des derbys: la chaussure Norvégienne. La plupart des chaussures norvégiennes sont réalisées à partir d’une claque en trois pièces.
Dans certaines versions de la chaussure Norvégienne, l’empeigne s’étend jusqu’à l’avant de la chaussure
Enfin, on peut évoquer les souliers (donc sans lacets): notamment les mocassins (au sens propre du terme), mais aussi ceux avec montage Goodyear, ou cousus Blake). Ils peuvent parfois ressembler à des brogues, à des Norvégiennes, avoir des pompoms ou être complètement unis.
Un soulier full brogue un peu excentrique, pas du tout adapté au formel en tout cas, par Church’s
Le soulier Santoni classique
V Sélection entrée de gamme
1 Loding
Autant Finnsbury joue davantage sur la finesse, autant Loding propose plus un produit solide et résistant. Elles sont légèrement moins esthétiques, mais de peu. Elles s’achètent neuves à environ 150 euros mais vous pourrez les trouver sur les forums à environ 100 euros, avec parfois les embauchoirs offerts.
On en trouve aussi sur eBay entre 50 et 100 euros : évitez de mettre moins de 50 euros, ca serait synonyme d’une
paire en trop mauvais état. (crédits photo: Loding)
En cherchant du loding sur eBay, on trouve facilement ce genre de bonne affaire: ici une Richelieu one-cut à 79 euros.
2 Markowski
Markowski est la dernière marque de nos trois mousquetaires de la chaussures : c’est celle qui propose les prix les plus élevés, mais les paires de meilleure qualité. Vous pouvez les acheter neuves aux alentours de 170 euros, et d’occasion sur les forums à 100 euros.
Le rapport qualité/prix est probablement un des meilleurs car tout se fait exclusivement en ligne, sans gros système de boutiques en dur comme pour Loding et Finsbury.
Markowski est une marque plutôt polyvalente qui execute très honorablement aussi bien les modèles basiques de derbys et de richelieu que les paires plus compliquées.
Les entrées de gamme en wholecut à 225 euros sont particulièrement intéressantes et seront largement suffisantes pour les occasions ultra formelles.
3 Meermin
On pourrait dire que Meermin est un Loding espagnol : les gammes de prix sont similaires, mais l’offre est plus variée, avec des modèles plus fins.
La marque est particulièrement compétitive grâce à un montage réalisé à Shanghai à partir de matières premières espagnoles (pour le coup par contre, c’est forcément moins écolo).
Le service client semble par contre répondre avec du délai, ne vous étonnez pas.
L’offre classique est très satisfaisante et de meilleure qualité que Loding ou Finsbury.
Meermin s’est un peu improvisée en Gustin et propose désormais du crowdfunding sur tous ses projets de chaussure pour décider des modèles à envoyer ou non en production.
Une formule qui limite le risque et les frais de stockage pour eux et vous permet d’obtenir des prix bien plus avantageux.
4 Shoepassion
Fondé par Tim Keding et Henry Bökemeier, Shoepassion est d’abord une boutique Berlinoise, qui s’est aussi lancée dans leur ligne en propre, fabriquée en Espagne à montage Goodyear. On y trouve deux lignes: la classique, confectionnée à partir de cuir de veau pleine fleur et de formes traditionnelles, et une catégorie Exotique, faite à partir de matériaux plus exotique (autruche, lézard etc), et d’autres simplement bien plus qualitatifs (comme le cordovan).
La forme est plutôt classique, avec un bout rond et une bonne largeur de talon, pour s’adapter à toutes les morphologies.
C’est une marque récente, vous ne la trouverez donc probablement pas en occasion, mais les rapports qualité/prix en neuf sont plus que corrects.
Les brogues en cordovan
La marque peut aussi proposer des chaussures plus luxueuses, ici en cordovan de chez Horween (comme Alden donc).
La semelle Rendenbach Jr est entièrement en cuir et est tannée dans un bain à base de feuilles de chênes pendant un an.
Attention, ce n’est pas un modèle complètement formel: portez-le avec des matières de caractère (tweed, flannelle de laine etc).
5 Loake 1889
Loake est la marque d’entrée de gamme britannique par excellence: elle est établie à Kettering depuis 1880. C’est un peu un équivalent local de Loding: les formes ne sont pas spécialement originales et même parfois un peu pataudes et les designs sont vraiment classiques.
Il existe plusieurs lignes: seule la ligne premium 1880 est vraiment intéressante puisqu’elle est toujours fabriquée au Royaume-Uni. Elles peuvent à Paris s’essayer chez British Shoes. Le Chester est un des modèles de référence de cette ligne (les brogues ci-dessous).
Vous pouvez vous les procurer notamment sur l’e-shop Bradshaw and Lloyd: les prix sont dans la moyenne basse du marché, et vous recevrez en plus au choix un kit de nettoyage, un chausse pied ou un embauchoir gratuit.
6 Charles Tyrwhitt
Oui, je parle bien de la marque de Jermyn Street qui fait de plutôt bonnes chemises d’entrée de gamme. Etant donné que c’est devenu une marque énorme, elle s’est à présent bien diversifiée et propose maintenant une gamme complète de produits, et donc les chaussures. Elle sous-traite notamment à Loake.
Quel est l’intérêt de passer par CT au lieu d’acheter directement chez Loake ? CT a une politique de soldes extrêmement aggressive, avec des modèles vendus avec une ristourne quasiment toute l’année. C’est du coup une excellente solution pour accéder à du Loake en entrée de gamme (même si on restera loin de la gamme Loake 1889).
Des Richelieu noires entre 99 et 139 livres en soldes, une parfaite solution pour une première paire avec un budget limité.
Bonjour, j’hésite entre deux modèles de chaussure je voudrais les porter avec jean et chemises principalement. Je voudrais savoir laquelle serait la plus adapté et laquelle est aussi de meilleure qualité. Merci. https://www.meermin.es/en/10178711200000he-20-101787-oak-antique-calf-e-oak.html ou https://www.meermin.es/en/10152711130000he-13-101527-cooper-antique-calf-e-cobre.html
Plutôt la première mais la différence est assez minime.