Disclaimer: Comme vous le savez, les accessoires testés ici font partis du concept Sharp Box que je vous propose jusqu’au 15 mai. Je vais tout de même tâcher d’être le plus objectif possible dans mon jugement 🙂 Vous ne trouverez par contre pas la conclusion habituelle avec les notes.
Sommaire
I Victor and Albert : des matières qualitatives en provenance de Jinju
Aujourd’hui je vous présente une marque confidentielle et qualitative made in Séoul avec des matières choisis dans la ville de Jinju (qui équivaut à Côme en Italie en terme de réputation locale).
Vous savez ce qu’il y a de compliqué quand on veut trouver des perles dans un pays étranger ?
C’est qu’on ne sait jamais vraiment par où commencer et qu’on peut rapidement se sentir dépassé, surtout quand même la langue est un obstacle. C’est aussi vrai dans la mode masculine : à votre avis, combien de temps aurait mit un coréen qui débarque à Paris, et qui parle juste anglais, pour trouver une marque un peu confidentielle mais au bon rapport qualité/prix comme Atelier Particulier ?
Imaginez en plus qu’il ne lise pas l’alphabet latin. Là ça se complique 🙂 (en Corée du Sud, aussi bien en vrai que sur les réseaux sociaux, quasi tout est écrit en coréen) Pour arriver à s’y retrouver, il aura fallut une bonne dose d’intuition, d’expertise mais surtout de la chance et du temps pour
1 Comment j’ai découvert la marque
J’avais plusieurs choix en arrivant à Séoul pour mener à bien le projet Sharp Box et trouver des marques comme Victor and Albert
– la voie conventionnelle: contacter la chambre de commerce franco-coréenne qui pouvait me fournir un interprète, et qui pouvait aussi faire de la prospection de potentiels fournisseurs à ma place.
Si j’avais été une PME française classique oldschool (et avec du budget), j’aurais opté pour cette solution qui m’aurait probablement coûté un bon milliers d’euros et qui m’aurait sûrement contraint à vous vendre les Sharp Box -beaucoup- plus cher ensuite.
–une méthode no-budget plus geek et plus génération Y: le démarchage Instagram. L’idée est très simple: trouver au moins un Instagrameur coréen un peu dans le milieu (ca a été Dr Kwon dans mon cas) et aller de comptes similaires en comptes similaires jusqu’à me constituer une liste exhaustive de marques à démarcher, et de bloggers à rencontrer.
40 messages privés plus tard, et j’avais 2 réponses de marques, et 2 de bloggeurs (dont justement Dr Kwon qui est à la fois l’un des plus gros instagrameurs coréens et apparemment un des seuls à parler anglais). Je n’avais pas encore trouvé Victor and Albert, mais après un déjeuner avec Dr Kwon j’ai pu obtenir une dizaine de références en plus (surtout sur le bespoke).
Je navigue dans les compte similaires au Dr Kwon qu’on me suggère
De fils en aiguille je tombe sur menswear korea, une curation de looks coréen: je me dis que les comptes affiliés sont forcément intéressant. Et comme ça je tombe sur une marque de tailleurs (La Chiave) et une marque de chemises (Lunedi). On répète ensuite exactement la même démarche pendant des heures 🙂
Et grâce aux comptes Instagram de ces marques et tailleurs, j’ai pu trouver Victor and Albert à 2H du matin dans mon lit en allant de comptes similaires en comptes similaires.
Certes, on est loin d’Indiana Jones, mais je cherchais justement un équivalent coréen à Atelier Particulier pour les accessoires des Sharp Boxs, et c’est ce que j’ai pu trouver en quelques jours.
Si je vous raconte tout ça, ce n’est pas pour me vanter de tant de débrouillardise mais surtout pour vous inciter à bien utiliser cette fonction de suggestions de comptes similaires d’Instagram qui permet assez vite de reconstituer un bel écosystème de marques et influenceurs dans un style donné.
C’est comme ça que je trouve tous les jours de nouvelles marques et de nouvelles sources d’inspirations 🙂
2 La marque Victor and Albert
J’ai pu rencontrer Kim, le fondateur, qui m’a confié avoir lancé sa marque il y a environ 2 ans. La communication sur Instagram est discrète et sur Facebook pratiquement inexistante: et pour cause, les coréens utilisent pratiquement tous un site appelé Naver, qui est un peu le mix local entre Google et Facebook.
Il se lance après une expérience dans le marketing chez une grosse marque coréenne dont j’ai oublié le nom (#pro)
Après seulement deux ans, il propose déjà une gamme très complète de cravates, ceintures et chaussettes. Kim m’a confié vouloir par la suite étendre son offre à de la maroquinerie, en commençant par des mélanges toile/cuir.
Certaines collections comportaient d’ailleurs des pochettes et des écharpes, mais malheureusement pas celle ci.
II TEST DES ACCESSOIRES VICTOR AND ALBERT
1 Les cravates
a La gamme et les finitions
Elle est assez complète et propose des cravates unies en grenadine de soie, mais aussi des cravates à pois, des cravates club et enfin des cravates madder.
Elles possèdent toutes les finitions qu’on est en droit d’attendre d’une cravate haut de gamme:
-un fil de réserve permet de maintenir la souplesse du tissu
-boucle de fermeture
-point d’arrêt/travetto cousu main double aiguille
-trois plis, pour plus de fluidité et de légèreté
Gros parti pris: la largeur est à 8.5 cm. Ce qui ne pose en soit pas de problème porté avec un costume dont les revers ont une proportion normale (c’est à dire pas extra fins).
La soie est coréenne et provient d’une des plaque tournantes de la soie asiatique, Jinju.
La production de la soie à Jinju
Les premières usines à soie à Jinju remontent à 1910 et les premières machines à 1912: la région produit maintenant 80% de la soie en Corée grâce à des techniques de production avancées qui permettent un volume important tout en conservant une bonne qualité. Plus de 120 usines à Jinju exportent de la soie en Amérique du Nord et en Europe: grâce à sa souplesse et à ses couleurs vives, la soie coréenne représente en Corée plus de 70% du marché.
Ces caractéristiques s’expliquent par un environnement favorable: une eau pure ( aussi important pour la soie que pour la laine, il n’y a qu’à regarder du côté de Biella), des températures douces et un sol fertile. Les experts estiment que l’industrie de la soie coréenne se rapproche petit à petit de la France et de l’Italie en terme de qualité, et qu’elle a dépassé depuis longtemps la Chine, l’Inde et la Thailande.
La vie à Jinju est rythmée par l’industrie de la soie avec notamment des défilés thématiques et des salons. La R&D n’est pas laissée de côté avec notamment le Korea Silk Research Institute qui vise à améliorer les techniques de production et la qualité de la soie (notamment la qualité de la teinture et la souplesse).
b La cravate à pois en twill de soie
c La cravate en grenadine de soie
La grenadine de soie est pour moi le compromis idéal entre sobriété et originalité : cette texture donne de la prestance et de la tenue tout en rajoutant un aspect légèrement tricote qui contraste bien avec la plupart des textures, du twill en passant par l’Oxford.
Qualité globale
Il est rare de voir de telles finitions à ce prix là: je ne connais en tout cas aucune marque en France qui les propose, avec une matière de qualité à la texture travaillée.
Les offres les plus comparables que j’ai pu trouver en France se situent aux alentours des 60 euros.
2 Les ceintures
Confection et travail du cuir à Seoul
Les ceintures sont faites main à Seoul dans le quartier Seongsu-dong spécialisé dans le cuir.
Petit aparthé sur Seongsu et le travail du cuir à Seoul.
Ce travail du cuir dans ce quartier a surtout démarré avec les ateliers de chaussures faites main qui ont commencé à se rassembler autour du métro Seongsu au début des années 90. Ils se situaient auparavant dans les années 60 autour du métro Seoul Station, puis de Myeong-dong dans les années 70 et 80 et ont dû déménager du fait de la hausse des loyers et de la concurrence des marques de chaussures low cost et mass market.
Plus de 500 entreprises liées au cuir se concentrent actuellement dans ce quariter: que ça soit des revendeurs, des fournisseurs de matière brut ou des ateliers.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre (beaucoup de travail avec Sharp Box et JamaisVulgaire en général donc encore malheureusement peu de temps pour visiter 🙁 ) mais j’espère bien pouvoir le faire avant la fin de mon séjour et vous faire un compte-rendu plus précis.
En attendant, j’ai pu avoir un petit aperçu de l’offre en chaussures faites main sur commandes et je dois vous dire que c’est visuellement assez alléchant (reste à voir si la qualité des montages suit bien).
Il y a aussi un peu de contrefaçons (ou plutôt de designs lourdement inspirés), avec même des rip-offs Indy Boots d’Alden.
Voici une petite vidéo d’une production de chaussures dans ce quartier, pour vous donner un aperçu:
La ceinture en cuir de veau pleine fleur
C’est exactement ce genre de ceinture que vous devez porter lorsque vous voulez une tenue formelle:
– pour le boulot: on la porte avec des richelieu noir bout droit
– pour les grandes occasions: avec des richelieu wholecut
(si vous avez oublié la différence, je vous invite à jeter à nouveau un coup d’oeil à cette infographie)
Le cuir extérieur est du cuir de veau coréen pleine fleur tandis que le cuir intérieur est du cuir de veau italien pleine fleur (légèrement plus résistant): Kim, le fondateur, a cherché le meilleur compromis entre accessibilité et qualité.
C’est pourquoi l’intérieur est en cuir italien: il doit être plus résistant car il subit plus de frottement avec le pantalon, l’extérieur est en cuir coréen, plus accessible mais tout de même qualitatif.
La boucle enfin est en nickel japonais.
La ceinture en cuir suédé
Tout comme la ceinture en cuir de veau pleine fleur, le cuir à l’intérieur est italien et le cuir extérieur est du cuir suédé coréen (avec encore une fois la boucle en nickel japonais).
C’est surtout pour sa couleur que j’ai retenu cette ceinture. Sa finesse et sa boucle sobre la rendent parfaite pour une tenue soignée tandis que sa couleur plutôt riche apporte une vraie valeur ajoutée à une tenue estivale.
Le prix de chacune de ces deux ceintures est d’environ 45 euros: la qualité est équivalente à ce que j’ai pu voir chez des marques pricées entre 65 et 75 euros.
3 Les chaussettes
1 Chaussettes
Les chaussettes sont faites à partir de 80% coton mercerisé, 18% polyester et 2% de polyuréthane.
Elles ont été à 100% réalisées et teintes en Corée du Sud: c’est surtout les couleurs qui m’ont étonné ici:
Evidemment, je m’attendais plutôt à du 100% coton, mais après une rapide étude comparative sur ce qui se fait en France au même prix (5 euros la paire), on a une matière plus épaisse, un tissage plus soigné et un peu moins de synthétique. (surtout si je compare à ce que Uniqlo propose par exemple qui est quasiment à 50% de synthétique).
Par contre, on est plus sur des chaussettes de mi-saison plutôt que des chaussettes d’hiver.
2 Solerettes
On les appelle aussi solerettes (la déclinaison invisible des socquettes) Elles sont idéales pour l’été afin de garder un peu les mollets à l’air (mine de rien, ça aide énormément quand il fait très chaud).
Le tissage du coton est bien épais; ce qui permet de mieux retenir l’humidité durant les mois les plus chauds de l’été. Le confort n’est pas laissé de côté avec des adhésifs antidérapants au niveau du mollet. Les chaussettes sont faites à partir de 80% coton peigné, 18% polyester et 2% de polyuréthane. Elles ont été à 100% réalisées et teintes en Corée du Sud.
Des adhésifs bien utile pour que le la chaussette ne glisse pas au niveau du talon. 
Les couleurs sont là encore plutôt agréables à l’oeil, même s’il s’agit de chaussettes invisibles et donc que c’est bien le dernier de nos soucis 🙂
ALLER PLUS LOIN (ET COMMANDER)
A moins de faire une grosse commande (plus de 100 euros), il ne sera peut être pas forcément rentable de commander chez cette marque à cause des frais de port.
Par contre, j’ai inclus ses accessoires dans les Sharp Box, pour vous permettre de vous apporter un meilleur rapport qualité/prix en groupant l’achat de ces accessoires avec d’autres basiques de qualité 🙂
CONCLUSION
C’était une véritable aventure de vous dénicher une marque étrangère comme Victor and Albert qui propose de beaux produits sur des matières de qualité en provenance de la ville de Jinju ! Nous vous recommandons donc de sauter le pas si leurs produits vous plaisent pour une commande au delà de 100€ pour éviter des frais de ports énormes.
Pour bien s'habiller, il faut comprendre le vêtement, mais aussi la marque et sa stratégie.