Lucknow est crée en 2006: le nom vient de la ville de Lucknow en Inde et l’idée était en fait d’abord de faire fabriquer des chaussures là-bas.
J’ai mis du temps à le remarquer, mais le logo est en fait un éléphant qui fait référence à ces origines.
J’ai été plutôt surpris quand le fondateur m’a contacté, j’étais resté sur l’image de la Saï, qui au niveau du style n’est pas vraiment le genre de modèles que je souhaitais évoquer ici.
Lucknow a en fait développé une gamme complète de chaussures de ville, et on va voir dans cet article que la marque a tous les atouts pour devenir une véritable alternative à Loding (à la qualité de cuir variable) ou Markowski (dont le rapport qualité/prix s’essoufle).
Sommaire
I Les origines de Lucknow et sa marque de fabrique
1 Les origines: la fabrication en Inde
A la suite d’un voyage en Inde, les créateurs proposent des modèles fabriqués là-bas, avec des formes relativement basiques (ce n’est plus le cas maintenant, tout est à présent fabriqué en Espagne et au Portugal). C’est de là que vient le nom de la marque, Lucknow, qui est la capitale de l’Uttar Pradesh.
C’est aussi pour ça que le logo de la marque est un éléphant (j’ai mis un temps fou à le remarquer).
Les racines indienne se retrouvent notamment dans la Saï et son cousu Bolognais.
2 La Saï, le modèle phare
La Saï est une richelieu en veau velours au cousu Bolognais. Les coutures sont blanches et contrastantes, et les couleurs sont claires. Vous l’aurez compris, il s’agit bien entendu d’une paire casual. Ce n’est pas vraiment mon style de jouer avec les codes de cette manière mais elles peuvent après tout très bien s’intégrer dans une tenue d’été.
3 Le cousu Bolognais
Ce n’est pas ce qu’on va tester dans cet article, mais il fallait évoquer la construction Bolognese, car il s’agit de la signature de la marque et de la construction de ses modèles emblématiques (notamment la Saï)
La construction Bolognais est une spécialité italienne (mais qui n’a rien à voir avec la sauce). Elle semble au premier abord similaire à une construction Blake du fait de coutures allant de l’intérieure de la chaussure jusque la semelle extérieure.
Un schéma de Santoni qui explique le cousu Bolognais
Elle est cependant vraiment différente: la construction Bolognese est souvent comparée à un sac car la partie supérieure de la chaussure recouvre en réalité tout le pied, et non pas juste le dessus.
La partie supérieure est doublée en cuir, tandis que la partie basse où repose le pied est doublée avec une semelle intérieure en cuir plus molle, beaucoup moins rigide que ce qu’on peut trouver dans une chaussure Goodyear ou Blake.
La partie extérieure du cuir est reliée à cette semelle intérieure grâce à une rangée de coutures au niveau de l’envers.
Les coutures reliant cette partie extérieure à la semelle extérieure sont plus proches des bords que sur du Blake, et ne viendront donc pas en contact avec le pied.
Tout comme avec le Blake, l’avantage d’un cousu Bolognais est la finesse de la semelle.
Mais ce qui surprend tout de suite, c’est surtout l’extrême flexibilité de la chaussure (le créateur n’avait aucune difficulté à tordre devant nous les chaussures).
Si une chaussure cousu Blake est relativement souple, on est à mille lieu d’un cousu Bolognese qui est pliable sans aucun soucis, surtout grâce à la finesse et la flexibilité de la semelle intérieure.
La construction Bolognais a surtout été conçue pour proposer des chaussures souples et aussi confortables que des chaussons.
Cependant, du fait d’une certaine finesse, la construction Bolognais est moins durable que du Blake ou du Goodyear, et apportent également moins de support au pied.
Leur construction est comparable au Blake et elles isolent donc peu le pied de l’humidité.
Les deux fabricants italiens les plus connus en terme de construction Bolognais sont A.Testoni, Artioli, Gravati ou encore Santoni.
Une bonne idée de la flexibilité du cousu bolognais sur cette paire de Santoni: je ne sais pas vous, mais moi j’ai presque mal pour la chaussure…
Outre la Saï, Lucknow propose une chaussure un peu plus habillée si vous voulez vous essayer au cousu bolognais: il s’agit de la Sumar, une derby contrastante.
Il me semble aussi que d’autres modèles plus classiques sont présents en boutique.
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II Le renouveau de la marque
1 La gamme citadine
Je ne connaissais vraiment pas l’offre plus formelle et urbaine de Lucknow. C’est surtout l’offre et la variété des formes qui m’a étonné lorsque j’ai consulté l’e-commerce, sur lequel on peut par exemple trouver plus de trois types de richelieu noires à bout droit.
J’ai retenu ici les Etienne et les Zomer (au coup de pied particulièrement large)
Les brogues Capitol sont réussies, et les bottes Kokomo sont parfaites pour de l’entrée/milieu de gamme avec un cuir grainé bien robuste
Hormis les Pistols, les Luck, Etienne et Capitols me semblaient intéressantes pour leur sobriété et leur classicisme.
2 L’influence Caulaincourt
Ce renouveau a été insufflé par le travail d’Alexis Lafont, auparavant à la tête du stylisme chez Caulaincourt.
Caulaincourt se distingue aussi par son travail des patines
On retrouve donc une partie de l’identité de Caulaincourt chez Lucknow, avec notamment sa forme très caractéristique: ni trop italienne (ultra pointue et fine), ni trop britannique (plus ronde et pataude), elle se veut typiquement française, fine mais avec du caractère.
Bref, un très bon compromis en terme de forme, à la fois fine et confortable pour ceux qui ont un coup de pied plus large.
Il est rare de trouver une identité aussi marquée dans cette gamme de prix.
III Test des double boucle Pistols
1 Construction
On retrouve une construction Blake classique, qui permet une forme fine adaptée à des chaussures de ville, un port rapidement confortable mais toujours une belle durabilité.
Si vous êtes un peu short sur le budget et que 20-30 euros font la différence sur votre achat, sachez que les Lucknow intègrent déjà un patin de protection: c’est toujours très appréciable de se dire qu’on va pouvoir « vraiment » porter sa paire tout de suite sans forcément devoir débourser en plus dans des patins (et attendre que la semelle s’assouplisse).
Les plus pointus estimeront que ce n’est pas l’idéal pour la durabilité d’une semelle en cuir, et je pense personnellement que le débat n’a pas vraiment d’intérêt sur une paire à 200€.
Tout est fabriqué en Espagne ou au Portugal, à partir de cuir italien.
2 Matière
Le cuir de veau pleine fleur (d’Italie) montre des signes d’usure au bout de quelques ports. Vu la gamme de prix dans laquelle on se situe, on ne peut pas vraiment s’en offusquer. De ce point de vu là, on est tout juste dans la moyenne.
3 Finitions
Petit inconvénient: la boucle est en plastique et est donc plus fragile. Lucknow la remplace gracieusement si elle venait à se casser.
Le bout droit est particulièrement bien fini: on ne se contente pas d’une simple couture et les perforations sont plutôt propres.
Le cuir du bout dur est quant à lui irréprochable
4 Exemple de tenue
Vous le savez, les double boucle ne sont pas les chaussures de ville les plus formelles qui soient (et au cas où ça vous avait échappé, je vous invite à refaire un tour sur cette infographie pour bien choisir ses chaussures qui vous remettra en deux minutes les idées en place).
(Merci à Sophie Ventola pour les photos de cette partie)
Si elles se portent bien avec un costume, il ne faut pas se contenter d’un bête deux boutons bleu marine ou gris anthracite qu’on mettrait pour un entretien d’embauche.
Elles iront au contraire bien mieux avec un costume qui a plus de caractère, aussi bien à travers sa construction et son boutonnage que sa matière et ses motifs.
C’est la raison pour laquelle Péa, un des nouveaux mannequins/photographe de JamaisVulgaire, les porte ici avec un costume De Fursac croisé avec motif Prince de Galles (test à venir): l’identité de la tenue est résolument britannique et le marron des double boucle s’inscrit bien dans ce même registre traditionnel limite Gentleman Farmer du costume Prince de Galles.
Le marron rajoute une touche de couleur sur le bas de la tenue qui fait bien écho à la cravate rouge en haut.
Péa n’a pas non plus l’occasion de porter très souvent le costume: il fallait une paire polyvalente qui soit aussi bien portable avec un costume dans un cadre formel pas trop strict (où vous n’êtes pas en face de puristes qui feront la grimace si vous portez autre chose que des richelieu noires à bout droit) que dans un cadre plus casual, avec un jean brut bien coupé, un chino ou encore un pantalon en flanelle.
DOUBLE BOUCLE PISTOLS PAR LUCKNOW: CONCLUSION DU TEST
Un bon rapport qualité/prix (surtout avec les patins intégrés) et un vrai travail des formes grâce à la patte Caulaincourt: une marque à laquelle il va falloir sérieusement songer pour un premier achat et qui vous réservera de meilleures surprises que les classiques Loding/Finnsbury/Markowski. Le cuir est quant à lui tout juste dans la moyenne de cette gamme de prix ce qui ne peut pas vraiment être un reproche)
Note formelle : 7/10 (Parfait pour les costumes plus originaux du casual Friday comme ce PDG, mais pourra aussi se porter avec un classique deux boutons bleu marine)
Note casual : 6/10 (Possible avec un jean brut, un pantalon en flanelle de laine ou un chino)
Prise de risque : 3/10 (Elles ont été choisies pour leur polyvalence)
Rapport qualité/prix : 8/10 (Une forme difficilement trouvable dans ce prix, et la patine déjà intégrée)
Univers : Formel/Casual chic
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Salut 😉
Le modèle Hipter est il de bonne qualité ? Comme le modèle que vous avez essayé ?
http://www.lucknow.fr/hipter/327-hipter-marron.html
Sinon très bonne article et bonne découverte
Merci Florentin ! Ca me paraît être pas mal en bottes milieu de gamme oui. Après pour ce style là je préfère tout de même un cousu Goodyear ou Norvégien.
Très chic.
PS : la dernière photo sur le vélib’ m’a tué !