Vous savez ce qui me fait très plaisir dans la mode masculine française ?
C’est de voir de beaux projets, souvent démarrés en crowdfunding, se développer, diversifier leur gamme et devenir des marques à part entière.
Souvent, ça se fait à partir d’une pièce iconique que la marque réinterprète. Pour Pied de Biche, c’est la célèbre Chelsea boots qui est mise à l’honneur.
Pied de Biche a donc développé toute une collection autour de ce modèle iconique et, plus intéressant encore, a su faire évoluer son modèle de manière pertinente, autant en terme de style que de rapport qualité/prix.
On a testé aujourd’hui pour vous le modèle Bourgogne.
Sommaire
I LANCEMENT DE LA MARQUE PIED DE BICHE
Les débuts
La marque Pied de Biche démarre en 2015 avec un projet Ulule qui mettait à l’époque en avant la Chelsea avec pour objectif une distribution sans intermédiaire, des cuirs de qualité et une confection experte dans la région de Porto.
A l’époque, les paires étaient accessibles à partir de 115 euros, réalisées à partir de cuir lisse ou de veau velours, et la semelle était soudée à la tige (donc collée). Nous avons donc préféré attendre que le projet soit un peu plus mure pour vous en parler, et c’est désormais le cas avec une collection qui s’est considérablement étoffée.
La collection et la boutique
Même si les Chelsea boots sont toujours la marque de fabrique de Pied de Biche, la maison s’est diversifiée en proposant des derbies (appelées derbiches, qui ont aussi fait l’objet d’une campagne Ulule).
On trouve désormais des jodhpur, chukkas, sneakers, chaussettes texturées et même de la petite maroquinerie.
La marque dispose par ailleurs d’une boutique au 5 rue Commines:
A l’image de Pied de Biche, les Chelsea ont elles aussi bien évolué, autant en terme de montage que de matière et il nous a paru tout à fait pertinent de les tester.
Rappel sur les Chelsea
Grand symbole du rock britannique et de la culture Mod, les Chelsea boots sont paradoxalement l’invention du bottier de la Reine Victoria, J.Sparkles-Hall, vers les années 1850 (qui est alors le symbole du classicisme absolu).
Jamais elles n’auraient pu naître sans l’invention dix ans plus tôt par Charles Goodyear du caoutchouc vulcanisé, un caoutchouc d’une résistance accrue qui a permis d’élaborer le célèbre élastique aux chevilles. Mais une paire de Chelsea ne se caractérise pas uniquement par la présence de sa pièce élastique.
Elle s’arrête à la cheville, ses bouts sont arrondis et elle s’appuie sur une hauteur de talon basse.
La claque (partie du dessus) et les quartiers (arrière de la tige qui remonte jusqu’au cou de pied) sont chacun fait d’une seule pièce de cuir: elles se rejoignent au niveau de la cheville où elles sont liées par la fameuse bande élastique. Enfin, les quartiers et la claque ne sont pas cousus l’un sur l’autre (comme sur des derbys par exemple).
Elles ont d’abord été utilisées pour la marche. En effet, il faut imaginer qu’en Angleterre au XIXe siècle les routes ne sont pas encore bétonnées et souvent boueuses à cause du climat pluvieux donc c’était très pratique et moins salissant qu’une paire de souliers plus basse ! Peu de temps après, elles serviront également pour l’équitation.
Pourquoi Chelsea ?
Car elles ont été popularisées par un groupe d’artiste appelé le Chelsea Set: deux d’entre eux, Mary Quant et Jean Shrimpton, des icônes de la mode, les ont largement popularisées en tant qu’accessoires de loisir et leur ont donné leur nom.
Mais leur ascension ne s’arrête pas là… C’est ensuite au tour des Beatles d’adopter la paire, revisitée par les bottiers Anello et Davide (spécialisés dans l’industrie du spectacle) qui y rajoutent un talon cubain.
Les Beatles en font un incontournable de la culture mod, porté généralement avec un costume.
On les retrouve également sur l’uniforme des Stormtroopers du premier Star Wars où elles sont repeintes en blanc !
II TEST DES CHELSEA BOURGOGNE EN CUIR PULL-UP
1 Le cuir pull-up
C’est sûrement ce qu’il y a de plus intéressant dans ces Chelsea (attention, pour l’instant ce cuir n’est disponible que sur le modèle bourgogne, d’autres modèles de la collection sont disponibles en cuir pull-up comme les derbies ou les chukkas). C’est assez rare de voir ce genre de bottines de ville confectionnées dans un tel cuir, qu’on retrouve d’habitude plutôt sur des bottes workwear comme les Red Wing ou les Wolverine. Il s’agit en fait d’un cuir très gras, résistant et qui ne prend pas l’eau (et résiste aussi à la transpiration) une matière qui fait écho à sa toute première fonction : protéger de la pluie.
En revanche, les plis seront tout de suite très apparents et les zones de pliure vont rapidement s’éclaircir: c’est complètement normal (ça veut dire que la zone est un peu moins grasse) et ce sont justement ces plis qui vont donner à la patine toute son identité et son caractère.
Pour que ces plis se fondent encore mieux dans la patine, il faut penser à polir le cuir avec un chiffon et de la graisse: Pied de Biche recommande d’ailleurs d’utiliser de la graisse de phoque.
Je vous déconseille donc ce modèle si vous ne supportez pas un cuir qui marque et que vous préférez un cuir lisse.
En tout cas, c’est pour moi un gros point fort qui donne une vraie touche workwear à ces bottes.
On remettra à jour l’article dans quelques mois pour vous montrer l’évolution de la patine, la photo du site Pied de Biche, où elles ont déjà légèrement patiné, ne laisse présager que du bon !
2 La semelle en cuir
Comme souvent sur ce genre de bottines, on retrouve une talonnette de confort. En revanche, l’insert en cuir qui était présent sur les précédentes éditions a disparu.
La justification est assez simple: ce genre de semelle en cuir, très fine, a absolument besoin de patins et beaucoup de clients de la marques considéraient ces inserts comme un substitut permanent aux patins, ce qui amenait forcément une usure prématurée. Du coup, la marque les a complètement enlevés pour bien faire comprendre que ces patins sont indispensables
3 Le montage
Il s’agit d’un Blake classique: on est tout de suite à l’aise en portant les Chelsea et on ne ressent pas de quelconque rigidité . La couture caractéristique du montage Blake est bien visible sur la semelle. Il y a également un intercalaire de gomme dans la semelle, pour l’isolement thermique.
La trépointe apparente est du coup strictement décorative. (il y a tout de même un petit intérêt esthétique en rajoutant un contraste de couleur bienvenu).
4 Les finitions
La finition principale d’une Chelsea est évidemment la bande élastique latérale: au lieu d’avoir un rendu twill comme ça peut être parfois le cas, on constate une texture nid d’abeille intéressante, ajoutant ainsi un côté plus sophistiqué à la paire et qui contraste bien avec le cuir plus brut.
5 La forme
Une seule remarque sur la forme: beaucoup d’espace au niveau du cou de pied, mais ce n’est visuellement pas si impactant grâce à la finesse de la forme et de la semelle. Ceux qui ont un cou de pied fort pourront donc également y trouver leur bonheur.
Conseils de style
Afin de bien mettre en valeur la teinte bourgogne prononcée de ces chelsea, je les porte avec des couleurs sobres: gris, blanc et bleu marine. Le blouson en cuir bleu marine m’insère bien dans le registre du style rock de cette pièce.
Le jean brut porté est le modèle Uniqlo du test précédent: j’ai testé à la fois un ourlet simple et un ourlet double. Avec l’ourlet simple, le jean descend légèrement trop bas et ne met pas vraiment en valeur la botte, surtout du fait de son cou de pied imposant.
L’ourlet double est beaucoup plus intéressant (même s’il appartient à un registre workwear très brut, un peu en décalage avec le côté urbain des chelsea) et met plus en valeur la forme de la chelsea.
Evidemment, je fais simplement ce constat avec ce jean précis, sa longueur et son ouverture à la cheville. (un ourlet simple suffira probablement sur vos jeans à vous).
CONCLUSION
Je ne vous cache pas que je m’attendais à des bottines de ville assez classiques en testant ces Chelsea Pied de Biche, j’ai été très agréablement surpris par la valeur ajoutée et le caractère qu’apportent le cuir pull-up à l’ensemble, qui contraste bien avec l’aspect plus raffiné et travaillé du côté élastique texturé.
Note formelle: 4/10 (elles se destinent à un usual casual, même si leur forme est assez fine et leur couleur sobre)
Note casual: 8/10 (elles se démarqueront en particulier quand le cuir pull-up aura un peu patiné)
Prise de risque: 2/10
Rapport qualité/prix: 8/10
Evidemment, une marque comme Pied de Biche n’est pas comparable à des marques plus pointues comme Meermin, mais ce n’est pas vraiment ce qu’on en attend: on cherche plutôt ici une paire facile à porter (avec une semelle Blake qui se fera rapidement), à entretenir (grâce à un cuir pull-up résistant qui se patinera au fur et à mesure des ports) et dans un registre casual. (avec tout de même des détails originaux comme la texture nid d’abeille de l’élastique).
Elles sont disponibles ici à 170 euros.
Crédits photos: Léa Chamboncel
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Je ne sais pas si c’est vraiment un bon rapport qualité-prix. Elles sont presque le même prix que celles de Loding (ou même Meermin), mais en cousu Blake (au lieu de Goodyear), moins polyvalente car elles ne peuvent pas être porter avec une tenue formelle (je pense que c’est principalement la semelle claire qui leur donne un look purement casual), et en plus elles n’existent pas en demi pointures. La forme a aussi l’air plus banale—très ronde et pas du tout effilée (mais j’avoue que là c’est juste une question de goût).
Bonjour Sébastien !
Vos remarques sont pertinentes. En effet, ce n’est pas du meilleur rapport qualité-prix, et ce n’est pas destiné à un usage formel. Cela dit, ils ont le mérite d’avoir fait de ce modèle leur cheval de bataille là ou d’autres marques se contente d’une Chelsea marron ou noir. On trouvait ça intéressant de pouvoir explorer le genre à fond, avec pleins de couleurs et de cuirs différents 🙂
J’ai testé leur Chukka boots, très agréable à porter, et effectivement le cuir pull-up ajoute une touche intéressante à la paire. Un peu cher pour un montage Blake, mais Pied de Biche a l’avantage d’avoir une boutique physique sur Paris contrairement à Meermin, et dans le registre casual je les trouve bien fourni.
Je possède cette paire, l’ancienne édition avec l’insert. La qualité laisse plus qu’à désirer, le cuir ne supporte pas la moindre humidité et la semelle fine est très fragile et inconfortable. Loding reste bien supérieur pour quelques euros de plus.
Bonjour monsieur j’ai horreur des chaussures marrons. Moi franchement, je préfère nettement mettre des chaussures noires