Percival Clothing : Interview de Chris Gove et test du Mac et du blouson
Trouver le bon mélange.
Vous avez entendu parler de bien des marques qui avaient trouvé la fameuse formule magique du sourcing idéal: un patronnage réalisé dans un atelier spécialiste, une matière qualitative et des économies sur la confection en misant sur les pays qualifiés mais abordables comme le Portugal .
Seul souci: on a parlé des marques françaises mais pas trop de ce qui se faisait ailleurs. J’ai rencontré à Londres Chris Gove, le fondateur de Percival Menswear, une petite boutique située sur Berwych Street et qui a voulu exploiter de belles matières britanniques en restant le plus abordable possible.
Je suis extrêmement fier de cet article car c’est aussi la toute première interview vidéo JamaisVulgaire, réalisée par la talentueuse Christelle Lafosse. Je vous invite au moins à la regarder si vous n’avez pas le temps de consulter tout l’article:
I PERCIVAL CLOTHING : UNE AVENTURE ENTREPRENEURIALE ET UNE IDENTITEE MARQUEE
1 Lancement et premières collections
Percival Clothing est une aventure entrepreneuriale comme on les aime: Chris Gove et Luke Stenzhorn, les co-fondateurs travaillent dans l’illustration et le design, un gardant un oeil constant, mais jamais vraiment satisfait , sur ce qui se fait dans la mode masculine. Il y avait toujours pour eux quelque chose à revoir sur la coupe, les matières et les finitions.
Ils se décident ainsi finalement à proposer leur propre interprétation du mac jaune en coton ciré, un vêtement icônique de leur enfance. Quelques mètres de rouleau achetés et les voilà parti pour lancer une mini production de 30 macs en coton cirés en 2010. Ce lancement marche bien et est rapidement suivi d’une garde-robe complète dont les patrons sont confectionnés par Olivia Hegarty (dont vous pouvez consulter le portfolio ici).
Le rendu général d’une collection Percival est celui d’une collection workwear, auquel on a rajouté plein de petits détails subtils, aussi bien au niveau des motifs que des doublures, en ce qui concerne les chemises et les vestes. Le mac en coton ciré est l’une des pièces maîtresse de la marque, d’où les fondateurs ont élaborés tout le reste de la collection en gardant le maximum de cohérence possible. Des pièces très fortes comme le blazer en tweed ont ainsi mit assez longtemps à être produites car c’était elles qui menaçaient le plus l’équilibre.
Percival mets l’accent sur un style intemporel, crée à travers un artisanat britannique durable. Les coupes se veulent proches du tailoring, mais sont rendus plus décontractées. La boutique de la marque est située sur Berwyck Street, où est aussi située une bonne partie de l’avant-garde britannique des marques de mode masculine comme Oliver Spencer ou encore Universal Works.
Si la fabrication d’un manteau mackintosh au Royaume-Uni est justifiée, elle ne l’est pas autant pour une chemise ou un pantalon qui sont, eux, fabriqués au Portugal
2 Des matières héritage et qualitatives
J’ai tout de suite apprécié chez Percival la volonté de mettre en valeur des matières héritage comme le Harris Tweed, le coton à la cire d’abeille d’Ecosse, les grosses laines d’agneau, la laine Melton épaisse du Yorkshire et les mélanges de coton portugais ou japonais.
a Le coton ciré British Millerain
Le coton ciré fût d’abord utilisé dans l’industrie maritime, puis pour les métiers de campagne (fermiers etc) avec des marques comme Barbour. Son usage s’est répandu aux vêtements pour motard avec Belstaff. A l’époque, il était soit noir, soit khaki: la couleur dépendait de la quantité de cuivre présente dans le traitement.
Comme souvent dans l’histoire du vêtement, l’usage du coton ciré s’est répandu comme une trainée de poudre après la Seconde Guerre Mondiale et la quantité de vestes cirée ahurissante disponible dans les surplus militaires (vous le savez, c’était la même chose par exemple pour les duffle-coats)
Le coton ciré a souvent été en compétition avec le caoutchouc: il est plus rare aujourd’hui car il coûte plus cher, il est plus lourd et demande plus d’entretien. (il est en revanche plus chaud).
b La laine melton du Yorkshire
La laine melton utilisée vient du Yorkshire et est traditionnellement utilisée dans les vêtements militaires, il s’agit d’une des laines melton les plus qualitatives au monde.
Pour rappel, la laine melton est une laine épaisse lourde, au tissage serré et fortement brossé, ce qui donne au tissu un rendu lisse, sans tissage apparent: elle est utilisée dans les manteaux chauds, qui doivent bien isoler, ainsi que les couvertures.
2 Quelques pièces emblématiques de la collection Automne-Hiver 2015
Hormis le mac et le blouson d’hiver qu’on va tester, voici les deux pièces un peu atypiques qu’on a vu dans la vidéo:
La Minnesota Jacket en cavalry twill
Percival voulait un manteau d’hiver qui ne soit pas en laine et a donc conçu ce modèle en coton avec un tissage cavalry twill et un vrai col en mouton. Pour assurer la chaleur, la doublure est matelassée.
Le Cavalry twill est un tissage twill double lourd, plus durable, coupe-vent et imperméable.
Il est disponible ici pour le moment à 245 livres.
La chemise en flanelle japonaise
Vous commencez à bien connaître ces matières japonaises: faciles à porter de loin et ultra-détaillées de près. Ici, c’est surtout les petites tâches bleu marine qui se distinguent au milieu du gris. Le concept n’est pas nouveau, mais je dois dire qu’il est honnêtement rarement aussi bien executé, et vous le verrez encore mieux en vidéo.
Elle est disponible ici à 98 livres.
3 Mise à jour Février 2017: Le passage à des séries limitées
Un an plus tard, Percival s’est recentré sur la vente en ligne avec des séries plus limitées (qui sont d’ailleurs numérotées) et un abandon progressif de la structure de collections: les nouvelles pièces sont sorties plus régulièrement.
Ces limited edition permettent un renouvellement constant, plus de variété et plus de prise de risques dans la collection de la marque:
Tout est toujours fait à Londres (ce qui est assez remarquable à ce prix):
II TEST DU PEA COAT DARK CHARCOAL (MAJ 2017)
J’ai pu tester ce manteau de la nouvelle collection:
Première chose: il est produit seulement à 30 exemplaires (et j’ai eu un prototype du coup c’est le 2è)
1 La coupe
Je ne pensais pas pouvoir porter ce genre de cabans plus workwear, avec des coupes donc plus droites et plus carrées. La taille XS cependant me convient plutôt bien, même si ça pêche encore un poil au niveau des épaules.
Sur ce genre de modèle workwear, on est sur une matière lourde au tombé marqué, mais sans la structure que peuvent avoir un pardessus habillé ou un costume: c’est normal d’avoir une coupe imparfaite. Ce caban s’inspire à la base d’un vêtement de travail, donc étudié pour la solidité et le confort, mais pas forcément pour la précision du fit.
2 La matière
On sent au toucher la bonne laine d’hiver bien épaisse avec une laine melton italienne de 800g/m². Cette laine melton n’a rien à envier à ce que j’ai pu voir sur d’autres manteaux pricés deux fois plus cher en France.
3 Finitions
Les finitions sont minimalistes mais soignées, et on le voit par exemple avec la boutonnière renforcée.
La doublure en popeline de coton est aussi appréciable et rajoute une bonne dose de confort à l’ensemble (surtout pour une laine si épaisse):
4 Conseils de style
Vous l’aurez comprit: ce caban est plutôt axé casual/workwear du fait de sa longueur, de sa construction plutôt simple et aussi de sa laine épaisse à la texture affirmée.
Je le porte du coup ici avec des vêtements du même registre, à savoir un pull grosse maille Characters à la texture marquée (qui rappelle les pulls pour marin danois de chez SNS Herning), une chemise en flanelle Office Artist et un chino Incotex. (dont on vous parlera un peu plus en détails à l’avenir).
J’ai voulu casser un peu ce côté workwear avec des sneakers Callao de Piola. Leur ton est volontairement très proche du chino pour compenser le fait qu’elles soient assez chargées niveau couleur (surtout à cause de la languette).
Ces sneakers sont une excellente surprise en terme de confort, dont je vous reparlerai très bientôt. (en vous présentant un modèle un peu plus facile à porter).
CONCLUSION
Casual: 10/10 (c’est un caban avec un parti pris très workwear)
Formel: 2/10 (c’est un caban court, ça ne se porte par exemple pas avec un costume)
Prise de risque: 2/10 (pour la coupe justement workwear et sa longueur un peu intermédiaire)
Rapport qualité/prix: 10/10 (surtout en ce moment)
Des finitions soignées, une laine melton épaisse et qualitative font de ce manteau un excellent rapport qualité/prix. Ce n’est par contre pas le choix à faire si vous cherchez un manteau vraiment habillé étant donné qu’on est dans un style plutôt workwear et moins structuré
Il est disponible ici en soldes à 209 pounds, ce qui en fait un des meilleurs rapports qualité/prix du moment en terme de manteaux d’hiver.
II TEST DU BLOUSON WITHLEY KHAKI EN LAINE MELTON
Le blouson Withley est avant tout une réinterprétation de la veste aviateur, confectionnée à partir d’une laine melton bien épaisse, avec des manches raglan et un véritable col en mouton contrastant.
La doublure est faite en coton organique, c’est extrêmement rare pour être souligné et ça apporte tout de même un sacré confort par rapport à la viscose ou au polyester.
Je ne pensais pas qu’il y avait beaucoup de marge de manoeuvre pour innover sur un bomber, mais force est de constater qu’une couleur originale suffit en fait à changer la donne.
Ce vert est le parfait compromis entre un khaki militaire trop strict et un vert vif plus dur à porter voir féminin. Il contraste bien avec le col mouton blanc cassé. La laine a une texture en plus assez calme pour permettre en dessous des textures plus originales
Le col
Il s’agit d’un col en vraie laine, ni trop fin ni trop large et qui s’adapte bien à la plupart des physiques d’un point de vue morphologie (un col trop large n’irait pas aux plus fins, surtout si vous avez le cou trop long et ça a peu de chances d’arriver ici).
Les finitions
Je n’aime d’habitude pas trop les bords côtes, mais ici ils sont ici bien finis et ne nuisent pas à la coupe. Et surtout, ils ont une couleur assez particulière bien chinée: un mélange étrange entre bleu et violet qui apporte une vraie valeur ajoutée au blouson (et qui contraste bien avec la laine et la fourrure).
Les épaules
Il s’agit de manches raglan, c’est un peu déstabilisant au début mais ça apporte un vrai confort, et la coupe est assez soignée pour qu’elles gardent bien les épaules en valeur.
L’intérieur
Le dos
J’ai été surpris par le rendu du dos qui est plutôt très bon compte tenu des bords côtes et des manches raglan (qui amènent forcément à une coupe un peu moins fittée). Bref, ça donne un résultat plutôt masculin, proche du corps mais aussi bien décontracté.
Le fit et la tenue
Le blouson se porte bien par dessus un pull à la texture bien affirmée comme le pull Characters.
Il s’agit ici d’un bon exemple d’une tenue élaborée avec plusieurs pièces fortes, mais bien équilibrée: le blouson apporte un contraste de couleurs et de matières bien réussi entre les bords côtes, la laine et le col tandis que le pull apporte de la texture (typique des pulls de pêcheur).
J’avais été un peu hésitant à porter une chemise blanche avec le col en mouton blanc à cause de la couleur identique et du manque de contraste.
Mais la popeline de coton et la fourrure ont une nuance de blanc légèrement différente, et ça se remarque d’autant plus à leur manière de prendre la lumière qui assure bien assez de contraste.
Conclusion
Le modèle est excellent et le prix ultra compétitif dans l’absolu: par contre notre monnaie joue vraiment en notre défaveur. En soldes, à 230 livres soit 311 euros, c’est sûrement le meilleur rapport qualité/prix du marché en terme de blouson aviateur en laine.
Formel: 0/10
Casual: 8/10 (parfait avec de belles mailles texturées)
Rapport qualité/prix: 10/10 (311 euros en soldes après conversion au taux d’aujourd’hui, c’est à dire 1 livre = 1,35 euros)
Prise de risque: 3/10 (la couleur peut faire peur, et les blousons aviateur ne vont pas forcément à tout le monde, surtout si vous êtes très fin – mais perso je fais 1m74 pour 61kg et ça me va donc vous avez de la marge)
Univers: Casual/Héritage
La Whitley Jacket est disponible ici.
III TEST DU WAXED MAC AVEC MOTIF TARTAN BLACKWATCH (EDITION 2014)
Le mac Percival est l’un des piliers de la collection Percival: il est décliné en moutarde et en bleu. La version que j’ai pu tester est un Blackwatch qui est malheureusement de la saison dernière (pas cool de ma part de parler d’un modèle indisponible mais je n’ai pas pu résister à ce motif).
On avait déjà parlé du tartan et de leur riche histoire dans le guide des blousons d’été. Ils servaient à la base à identifier les membres d’un même clan. Les plus gros clans ont imposé le leur comme une marque de fabrique: c’est notamment le cas du Blackwatch (MON PREFERE)
Il est assez récurrent depuis 2008-2009 et il est vraiment bien adapté à un mackintosh ciré, une pièce très héritage dans l’esprit typiquement britannique.
La capuche détachable
La capuche à zipper et dézipper est une énorme valeur ajoutée sur ce manteau. Avec un peu de pratique, on peut même la retirer et la remettre en marchant dans la rue en toute nonchalance. Comme l’explique Chris dans la vidéo, ça permet effectivement de passer facilement d’une pièce très utilitaire/outerwear à un vêtement plus formel et habillé.
Le coton ciré
Les empiècements en cavalry twill
Les empiècements en coton cavalry twill permettent d’éviter le contact du coton ciré et de la peau, qui n’est pas forcément agréable et peut vite faire transpirer
Un joli zoom sur le Cavalry Twill de la poche
Le coton ciré vient de chez British Millerain: faites bien attention à ce type de matières quand il fait chaud. Il ne laisse pas passer l’air: si vous êtes légèrement trop habillé pour la saison (et c’est facile de se tromper ces temps-ci) vous transpirerez rapidement.
L’intérieur
Les manches sont fittées et j’aime beaucoup les bords en Cavalry Twill: par contre ces bords ne sont pas élastiques et ont une ouverture un peu limitée. Si vous portez une veste en dessous, les manches seront un peu comprimées et le résultat du coup pas optimal. Ce n’est pas catastrophique non plus mais c’est loin d’être l’idéal. (cela dit, c’est assez difficile sur un manteau avec une matière peu rigide d’avoir à la fois des manches bien fittées mais qui peuvent aussi être assez larges pour les manches d’une veste.
Les conseils de style
Ce manteau se porte vraiment avec tout: aussi bien des tenues casuals à base de sweats et de pulls texturés que des tenues plus formelles. Voici avec deux sweat-shirts Benjamin Jezequel:
Et avec le pull de chez Characters (la tenue était bien trop chaude ce jour-là, j’en ai bien bavé l’après-midi):
Pour moi, le tartan blackwatch est justement garant d’un certain cachet et d’une élégance caractéristiques du style britannique et il peut donc se porter sans problèmes avec un costume.
Conclusion
Le rapport qualité/prix est là, mais encore une fois à cause de l’euro faible je ne l’aurais pas forcément recommandé hors soldes: c’est par contre déjà bien plus intéressant à 250 livres (340 euros environ) pour un manteau de mi-saison ultra polyvalent fait à partir de matériaux de qualité.
Formel: 8/10 (un mac classique sans la capuche)
Casual: 8/10 (un côté plus utilitaire et workwear appréciable avec la capuche)
Rapport qualité/prix: 8/10 (Vraiment intéressant en soldes, c’est bien dommage que l’euro soit si faible.)
Prise de risque: 0/10
Univers: Casual/Formel (ça dépend de la présence de la capuche, mais c’est en tout cas bien polyvalent)
Le Waxed Mac est disponible sur le site de Percival Menswear.
(Merci à Christelle Lafosse pour la vidéo et les photos)
Salut Valéry!
Encore un bien bel article, encore une bien belle découverte!
L’inclusion de la vidéo apporte un plus très sympa également, une très bonne idée!
Merci à toi, boulot au top, comme d’hab! 😉
Quelle taille prends tu chez eux? J’ai fait une petite sélection d’articles 🙂
Salut Thomas, merci pour tes encouragements ! Je prends la plus petite taille 🙂
Ok, parfait Valéry,
Tu prends du XS donc? En manteau et en chemise également?
Exactement !
Parfait!
J’ai commandé la chemise en chambray japonais bleu. Elle a l’air terrible!
Je vais peut etre voir egalement pour prendre le Pea Coat charcoal, il me tente bien.
Je me tatais aussi pour la chemise blue nep… mais j’ai peur du rendu… et j’ai l’impression qu’elle n’est pas texturée comme la grise, c’est une idée? Qu’en penses tu?
Petite question aussi sur le xs, est ce du vrai xs ou cela taille t’il grand? Je suis sur du 42/44 en costume mais j’ai souvent du mal a trouver quelque chose de correct au niveau du fit des epaules
Petit retour sur la chemise en chambray bleu XS ( taille 1 ).
Superbe et magnifiquement coupée! J’ai rarement eu quelque chose de si bien réalisé à ce niveau d’ailleurs. La toile est vraiment très belle, assez épaisse mais pas trop ( ce qu’il faut pour une bonne chemise polyvalente/toute saison ) et très douce ( on a presque l’impression d’une flanelle mais avec un tissu plus texturé bien évidemment ). Seul petit regret, le bleu est assez léger, on a plus l’impression d’un bleu-gris, mais c’est tout de même superbe!!!
Bref, superbe découverte! Merci Valéry!
Je posterai des photos plus tard.
@Moumou: j’ai pris du XS et je fais 1m73 pour 65 kg. Si ça peut t’aider… 😉
Merci pour ce beau feedback Thomas !
Bonjour,
Intéressé par le blouson Whitley mais est-ce qu’il est assez chaud pour être porter en hiver (disons 0°C) ? Est-il imperméable ? Existe t-il des équivalents pour 300-500€ ?
Merci.
Bonjour, je serais intéressé par la réponse à la première et seconde question aussi 🙂
Merci !