En même temps qu’Ardillon, Julien Scavini s’est aussi lancé dans le pantalon pour mettre à l’épreuve du prêt à porter toute son expérience construite en mesure.
Voyons ensemble en quoi elle a joué, en particulier au point de vue des coupes.
(on a pu tester deux coupes, les photos pour la deuxième coupe arrivent très prochainement)
Sommaire
LA MARQUE PANTALON SCAVINI
1 Julien Scavini et Stiff Collar
On en avait déjà parlé dans l’article consacré à Ardillon, du coup je ne vous referai pas un deuxième récapitulatif et je vous invite directement à aller voir cet article pour découvrir le parcours assez hors-norme de Julien Scavini, du blog Stiff Collar jusqu’à l’émission Cousu Main en passant par la boutique de la Tour Maubourg.
2 La construction de la marque
Il s’agit d’une étape au demeurant assez logique dans le parcours d’un tailleur: après plusieurs années à réfléchir et tester des combinaisons de coupes et de finitions, on finit forcément par avoir une idée d’un modèle en prêt à porter qui plaira à sa clientèle.
Le pantalon était sûrement l’exercice le plus délicat pour commencer, mais aussi celui dans lequel Julien pouvait exercer son savoir-faire dans toute sa substance: en satisfaisant une clientèle plutôt traditionnelle, avec parfois des physiques un peu forts, mais sans pour autant faire fuir une audience plus jeune, pour qui le prêt à porter serait une bonne porte d’entrée avant la demi-mesure.
3 Les coupes disponibles
Pour faciliter ces attentes très différentes, Julien Scavini a forcément opté pour plusieurs coupes.
La description des coupes est assez explicite d’un point de vue technique, je n’ai du coup pas jugé utile de rajouter davantage de commentaires.
On va cependant aller un peu plus en profondeur sur la coupe deux pinces et la coupe classique à travers le test des deux pièces.
II TEST DU PANTALON EN FLANELLE PIED DE POULE COUPE DEUX PINCES
Après avoir testé Ardillon et avoir été si agréablement surpris du travail dans la coupe, je voulais pour ce test aller encore un peu plus loin et profiter encore plus du savoir-faire de Julien Scavini, autant en terme de coupes que de finitions.
Avec la morphologie, j’aurais probablement dû opter par défaut pour une coupe ajustée, mais je voulais quelque chose de plus travaillé sur la coupe, et aussi sur la matière (les flanelles des coupes ajustées étaient toutes unies).
Coupe
C’est sûrement ce que j’aime le plus dans le travail des coupes: une sensation d’espace et de confort, mais un vêtement qui suit parfaitement les lignes du corps en particulier au niveau des cuisses.
Je n’aurais jamais imaginé pouvoir profiter d’un pantalon deux pinces avec des finitions aussi modernes.
Je m’imaginais vraiment que les deux pinces donneraient un effet bouffant qui serait tout à fait incompatible avec une coupe ajustée qui suit bien les lignes du corps: ce n’est en fait pas du tout le cas et je découvre avec joie qu’il est possible de cumuler les deux sans soucis.
L’ouverture à la jambe est elle-aussi bien fuselée avec une ouverture à la jambe entre 17 et 18 cm. Le rendu est en tout cas excellent avec ce genre de revers apparent de quelques cm (ici 4,5).
Les finitions
Comme d’habitude, toutes les finitions qu’on est en droit d’attendre à ce prix sont là:
- une ouverture à l’anglaise
- des coutures en demi-lune
- une double fermeture
- coutures gansées
(Les photos de l’intérieur arrivent bientôt)
Le choix est aussi fait d’opter pour des languettes sur les côtés, au lieu des traditionnels passants de ceinture. La coupe deux pinces est effectivement pour moi bien plus adaptée à un port sans ceinture.
La matière
Il s’agit au final d’une référence assez classique de VBC: une flanelle pied de poule assez légère (270g/m). Elle est du coup plutôt polyvalente et n’est pas réservée qu’à l’hiver. L’autre avantage d’un tissu léger est aussi sa fluidité. (une fluidité qui convient bien à ce genre de coupe deux pinces). Evitez évidemment ce genre de construction avec un tissu qui serait trop rigide.
Conseils de style
Avec la veste atelier Mesure, la tenue est un peu forte: on est sur un mélange de bleu avec des matières fortes qui contrastent assez subtilement. Heureusement, le tissu Ferla (du bébé Alpaga) est beaucoup plus rugueux et laineux que le tissu VBC du pantalon, avec un motif très différent (un mélange de chevrons et de rayures) et une couleur légèrement plus claire. Le tout permet de bien accorder ces deux pièces.
Pour aller avec cette tenue de caractère, j’ai opté pour des double boucle Carlos Santos, avec une patine un peu travaillée. L’idée est de calmer un peu le jeu sur les chaussures (vu que tout le reste est très original), mais sans pour autant avoir une paire trop insipide qui détonnerait.
Le pantalon deux pinces en flanelle VBC est disponible ici à 160 euros.
III TEST DU PANTALON A CHEVRONS COUPE CLASSIQUE ( PAR VINCENT G)
Note de Valéry: Toutes nos excuses, les photos ne sont pour le moment pas encore disponibles mais nous tenions à mettre l’article en ligne rapidement pour que la marque ait la visibilité qu’elle mérite. L’article sera remit en avant dès que les photos de cette partie seront disponibles.
Présentation
Pour ma part, j’ai dû opter pour une coupe classique de chez J. Scavini. Pas spécialement par choix, il s’avère que ma morphologie sans finesse : cuisses épaisses, tour de taille viril et mollets développés font que seule la taille 46 m’allait. On pourra y revenir plus tard mais on se rend compte – et c’est un petit bémol – qu’au-dessus de la taille 44, seule la coupe classique est proposée.
Légère appréhension donc, la coupe ne sera-t-elle donc pas trop large ? Pas spécialement envie de ressembler à un acteur des années 40 avec un drapé de pantalon à faire pâlir la Piéta de Michel-Ange…
Valéry de Jamais Vulgaire, star devant l’éternel des élégances masculines sur blog, et grand amateur de beurre à volonté me demande de choisir un pantalon, j’opte donc au vu de mes mensurations pour un tweed gris, taille 46 (coupe Classique donc). Parlons en en quelques mots et images, installez-vous bien, un joli moment d’intimité nous attend.
Matière
Pour le coup c’est très joli, une laine grise à chevrons (motif Herringbone) 370g/m, avec une belle épaisseur qui fera du pantalon un outil d’hiver, ou de demi-saison pour ceux qui n’ont pas de propension spécifique à suer. Ce qui me surprend de prime abord, c’est la douceur et l’absence totale de ce caractère parfois un poil rugueux, parfois un soupçon rêche que les beaux tweeds écossais nous offrent souvent. Ici le tissu est vraiment souple, glisse sous le doigt et promet un confort douillet pour les jambes.
Voici le rendu une fois exposé
La couleur est un gris moyen, moucheté de blanc « Donegal Style », qui rend plutôt très bien la lumière. Lumineux et élégant, ce qui en fera un pantalon versatile, assez sobre pour être porté au travail mais la texture est suffisamment chouette pour l’utiliser en pantalon de weekend.
Coupe
Alors là, c’est la belle surprise. Comme je disais plus haut, généralement lorsqu’on parle de coupe classique chez un pantalonnier qui renvoie une image de respect de tradition du beau tissu et du pantalon élégant, on s’attend à une tendance vintage avec tout ce qu’il y a gênant en 2017 (trop ample, trop cassant sur le soulier, trop d’aisance, en gros, trop de tissu et pas assez de jambe.)
Et bien pas du tout ! Ici le tombé est très net, le bas de la jambe est très bien fait, de l’aisance et un fuselage suffisant pour bien terminer le pantalon.
Au niveau des cuisses, et c’est là où se situe la prouesse à mon sens, il y a de l’aisance, on est bien en position assise ou en high-kick, et cette aisance ne se voit pas de face ou de dos (souvent lorsqu’un pantalon propose une assise confortable, en vue « de face », un léger effet culotte de cheval se fait remarquer ; ici au contraire tout est bien intégré au pantalon.
La taille de la coupe Classique est mi haute, elle tient bien au-dessus des hanches, et s’accordera je pense avec n’importe quelle silhouette.
Le bas de la jambe est assez fin sans être trop affuté (à l’œil je dirais 19cm) et j’ai opté pour un revers de 4,5cm qui habille bien le bas du pantalon.
C’est en jetant un coup d’œil au niveau de la ceinture qu’on aperçoit une jolie fabrication, des coutures solides, une doublure à motif et des petits détails agréables….
Détails
Pelle mêle, nous trouvons :
– Une petite poche monnaie au niveau de la ceinture
Les 4 boutons pour y associer des bretelles (mais du coup, si on y accole des bretelles, les passants pour ceinture seront en trop, et alourdissent à mon sens le rendu visuel du pantalon, ne serait-il pas possible Mr Scavini de proposer au choix l’option bretelle ou l’option ceinture ?)
Une petite boucle pour l’ardillon de ceinture:
Une ouverture à l’anglaise:
Une doublure jusqu’aux genoux
Des poches arrières passe-poilées avec coutures en demi-lune
C’est pas mal tout ça, il y a le package complet du pantalon haut de gamme, les finitions semblent en sus très bonnes.
Rendu général
En enfilant ce genre de bestiole, j’ai l’intime conviction d’être un vieux dandy, diplomate français Gaulliste en weekend à la campagne dans les années 50. Et c’est finalement ce que j’aurais aimé être…banco !
Ca respire l’élégance intemporelle, une coupe belle et sobre, droite et fine, la chaleur bourgeoise du tweed et une couleur passe-partout (en ville ou dans les champs) qui en fait vraiment le pantalon idéal d’hiver.
Verdict
Vous l’aurez deviné, je suis bien conquis par le pantalon, il coute 180€ (sachant que les tweeds coûtent en général assez cher), et au toucher, j’ai bien l’impression qu’il est fait pour durer.
Vincent est ravi, et conseille à ses semblables au physique épais de se laisser tenter par cette coupe.
Merci Scavini !
Le pantalon coupe classique à chevrons est disponible ici à 160 euros.
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Merci Pierre !