Vous savez ce qu’il est intéressant d’étudier chez une marque ?
C’est sûrement sa stratégie de communication et la gestion de son image, et c’est encore plus passionnant lorsque celle-ci a plus d’un siècle. Le cas de LIP est assez exceptionnel puisque la marque est passée de fleuron du savoir-faire français à goodies made in China en à peine quelques décennies, et qu’elle fait à présent tout pour retrouver sa qualité de fabrication passée. (vous allez voir, c’est plutôt bien parti)
LIP est une marque avec une histoire extrêmement riche: l’idée n’est du coup pas ici de vous faire un article wikipedia bis là-dessus mais plutôt de synthétiser les principales étapes.
Merci à l’e-commerce Horel d’avoir permis ce test en me prêtant les trois montres: j’ai été assez surpris par la variété de la sélection du site. Il propose pas mal de marques très qualitatives qu’on a déjà testées comme Charlie Watch, Klokers ou encore William L. 1985.
Sommaire
I LIP: UNE MARQUE CHARGEE D’HISTOIRE
C’est en 1807 que tout commence à Besançon (la ville phare de la montre en France): Emmanuel Lipmann crée une montre chronomètre offerte à Napoléon Bonaparte.
Ernest, son petit fils, y ouvre ensuite un atelier de production de montres.
La marque quant à elle naît en 1896 et connaît un essor jusque dans les années 60: en plus d’être une des rares à investir en publicité, elle fournit également l’armée française lors des deux guerres mondiales. (ce qui explique qu’elle ait notamment fournit le général De Gaulle)
Elle est aussi ultra avancée en termes de recherche et d’innovation en développant les premières montres à quartz et la première montre électronique.
Cette expansion mythique est gérée par le dirigeant probablement le plus emblématique de la marque, Fred Lip.
C’est à partir des années 60 et 70 que la marque connaît de grosses difficultés du fait de la concurrence japonaise et américaine: elle subit de nombreux dépôts de bilan et rachats quasi consécutifs et autres fermetures d’usine.
En 1990 l’industriel français Jean-Claude Sensemat rachète la marque en enchérissant devant Cartier au tribunal de Besançon. Ce qui suit ensuite est un cas de figure assez intéressant en terme de croissance des ventes mais aussi de dilution d’image de marque: ça s’est d’abord fait à travers des montres offertes avec chaque abonnement annuel au Nouvel Observateur. Ce genre de partenariat s’est reproduit avec quasi toute la presse française (je me souviens encore d’une montre LIP reçue par mon père avec un simple abonnement au magazine Challenges).
Attention cela dit, des montres d’abonnement sont encore disponibles dans les anciens stocks. Inutile de dire que la qualité n’a rien à voir avec les montres LIP normales:
Des modèles emblématiques sont remis au goût du jour comme la montre du Général De Gaulle, remise à l’époque à Bill Clinton pour la commémoration du 50e anniversaire du débarquement des alliés.
Cette stratégie de marketing massif est aussi couplée à une distribution de moins en moins sélective ainsi qu’à une production délocalisée à Hong Kong: bref, plus de visibilité et une bien meilleure santé économique mais une qualité fortement dégradée par rapport à l’âge d’or de LIP.
Le sacrifice en termes d’image est assez impressionnant à mes yeux: comment prendre au sérieux une montre qu’on retrouve avec un simple abonnement à un magazine papier ?
Rassurez-vous: si j’ai choisi de faire ce test, c’est que les choses ont bien changé et que la marque a effectué un virage radical depuis 2015.
C’est à cette époque que Philippe Berard, président de la SMB (société des montres bisontines) obtient un accord pour assembler et distribuer les montres LIP depuis Besançon. Sa démarche est claire: renouer avec la qualité des montres LIP d’autrefois avec une fabrication française et le maximum de composants français possible (même le mécanisme sur la gamme Himalaya qu’on va tester), mais aussi retrouver un réseau de distributeurs et bijoutiers sélectifs capables de valoriser correctement des produits plus qualitatifs, et enfin réintégrer le SAV à Besançon.
En plus de la gamme Himalaya, on trouve aussi parmi les nouvelles montres fabriquées à Besançon des modèles emblématiques offerts au Général De Gaulle ou à Churchill, ainsi que des modèles plus pointus réalisés en collaboration avec des designers tels que Roger Tallon ou De Bashmakoff.
II TEST DE LA LIGNE HIMALAYA
La ligne Himalaya est assez caractéristique des montres LIP: elle est construite avec derrière une véritable dimension utilitaire. Elle voit ainsi le jour grâce au travail de Fred Lip, inspiré par un de ses amis guide de haute montagne: l’idée est d’avoir une montre efficace et robuste pour les alpinistes et autres passionnés de montagne.
Dès le début de sa production, en 1954, la gamme connaît un beau succès commercial en étant notamment portée par Maurice Herzog, premier alpiniste à gravir l’Annapurna. Elles sont aussi confiées à des explorateurs et remises en cadeau aux cyclistes du Tour de France .
Bref, une gamme qui aura su être visible en équipant les plus grands, mais sans ici remettre en cause sa qualité: la ligne Himalaya fut produite jusqu’en 1973 et a été rééditée seulement depuis 2015, sans donc connaître donc la baisse de qualité notoire des années 1990-2000, avec notamment une version automatique qui n’existait pas avant.
Vu qu’il s’agit du même modèle dans un format et avec des choix esthétiques un poil différent, on va d’abord analyser ce qu’ils ont en commun (notamment le mécanisme et les aiguilles) avant de voir ce qui les différencie.
Mécanisme
Grosse surprise, on est loin des calibres suisses ou japonais dont on vous parle d’habitude. Il s’agit ici d’un mécanisme français de chez ISA France à Villers-le-Lac: c’est un calibre 336/168 quartz. La précision est ici de -6s +9s par mois (ce qui est bien plus précis que la plupart des mouvements Miyota ou Ronda qu’on trouve sur les montres de la même gamme de prix).
Aiguilles :
Les aiguilles des heures et des minutes sont de type Dauphine (c’est le nom des aiguilles en forme de triangle allongé): elles ont deux facettes et sont polies. (ce qui donne du relief à cette montre, en plus de l’effet bombé du verre). Même les aiguilles viennent de France: elles sont apparemment produites chez l’atelier La Pratique.
Le dos du boîtier
Pour les deux montres classiques, le dos du boîtier est soigné avec le logo LIP et la mention « Fabriqué à Besançon ». On retrouve ce format sur toutes les montres de la gamme Himalaya.
Test de l’Himalaya 35mm Classic 1954 Blue
Le cadran
Une couleur de cadran bleu très profonde qui va bien avec cet univers d’aventure et d’exploration avec les chiffres de 3, 9 et 12 heures en relief. Pas de chiffre de 6 heures donc pour laisser place au sous-cadran de la petite seconde.
Tout y est assez minimaliste: on trouve des index triangulaires multi-facettes toutes les 5 minutes, et les minutes sont quant à elles indiquées par des points. On trouve en bas l’inscription Besançon France.
Bracelet
Le bracelet fait bien écho au registre aventurier de la montre: il est marron un peu chocolat, avec des surpiqûres contrastantes. Sa largeur de 18mm est bien cohérente pour un boîtier de 35mm.
Conseils de style
L’Himalaya de base est une montre d’explorateurs et d’aventuriers: elle se porte donc forcément dans une tenue très casual. J’ai donc choisi de la porter dans une tenue de week-end ou de casual Friday avec un sweat-shirt Paname Collections au bleu légèrement chiné et une chemise dobby Première Manche.
Pour aller par-dessus tout ça, j’ai choisi mon blouson en cuir de vachette Balibaris, qui rajoute une nuance de bleu supplémentaire avec un joli ton bleu nuit (seul inconvénient sur la photo: le bord côte du blouson occupe vraiment beaucoup de place).
Elle est disponible ici à 189 euros.
Test de l’Himalaya 40mm Classic 1954 Gold
Bracelet
Le bracelet est en cuir de vachette marron, avec cette fois un relief crocodile qui donne un côté plus précieux et habillé à la montre et qui est cohérent avec le boîtier doré.
Le cadran
C’est sûrement la nuance de cadran que je préfère ici: légèrement doré et nacré avec les chiffres de 3,9 et 12 heures en relief. Pas de chiffre de 6 heures donc pour laisser place au sous-cadran de la petite seconde.
Tout y est assez minimaliste: on trouve des index triangulaires multi-facettes toutes les 5 minutes, et les minutes sont quant à elles indiquées par des points. On trouve en bas l’inscription Besançon France.
Conseil de style
Je la porte avec le costume croisé Lanieri: le motif Prince de Galles fondu et le gris assez sobre calme bien le cadran doré bien plus voyant.
Elle est disponible ici à 199 euros.
Test des Himalaya 40mm automatique coeur battant
Cadran
Il s’agit d’un cadran noir, avec un coeur ouvert à 6 et 7 heures et un sous-cadran pour la petite seconde décentrée à 4 et 5 heures. Les aiguilles sont aussi de type Dauphine, mais cette fois-ci plates et non avec des facettes (car il y a une couche photoluminescente au centre). On retrouve 3, 9 et 12 en chiffres arabes en relief.
Le boîtier
Le boîtier est étonnamment imposant, surtout pour une dimension annoncé de 40mm: c’est dûe à une très grande ouverture de cadran et à un réhaut bien pensé. Il alterne bien les surfaces polies et brossées, avec une qualité de finition très satisfaisante pour le prix.
Le mouvement
Il s’agit d’un mouvement d’une marque japonaise que vous connaissez mieux: Miyota avec une fréquence de vibration basse (21600 alternances par heure qui est plus qu’appréciable dans le cas d’un coeur ouvert). Le mouvement est très beau à regarder du dos du boîtier, qui est transparent. Il dispose de 21 rubis et d’une réserve de marche de 40H.
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Le bracelet
Encore une fois, il s’agit d’un bracelet façon croco dont la largeur est bien adaptée à ce boîtier plus imposant.
Le style
Forcément une montre avec mécanisme ouvert est un peu moins sobre, j’ai du coup adouci le tout avec un costume à rayures craies assez sérieux de chez Scavini et une chemise pin collar de chez Howard’s.
Elle est disponible ici à 379 euros.
Verdict sur la gamme Himalaya
Un retour au Made in France plutôt réussi pour la marque et qui n’est pas qu’un coup de communication, avec notamment sur la gamme classique un mécanisme ISA France. Le rapport qualité/prix est ultra intéressant sur cette gamme de prix, surtout par rapport à ce que j’ai pu voir ailleurs: il est très possible que LIP grâce à des effets de volume parvienne à obtenir un excellent rapport qualité/prix sur la fabrication et les matériaux.
On est en tout cas très très loin devant les standards de fabrication des montres d’abonnement (qui devraient heureusement bientôt disparaître).
La gamme Himalaya est disponible sur l’e-shop Horel:
https://horel.com/fr/10000717-categorie-himalaya
Merci à l’e-commerce Horel d’avoir permis ce test en me prêtant les trois montres: j’ai été assez surpris par la variété de la sélection du site. Il propose pas mal de marques très qualitatives qu’on a déjà testées comme Charlie Watch, Klokers ou encore William L 1985
J’en ai acheté, à deux reprises, il y a plus de vingt ans à l’équivalent de 150 euros actuels (1000 francs de l’époque). Belle esthétique mais qualité lamentable : les éléments à l’intérieur du cadran tombaient les uns après les autres (aiguilles, chiffres latins etc…). A ce niveau de prix, j’ai trouvé ça scandaleux…
Effectivement c’est ce que j’explique dans l’article: toutes les montres LIP des années 1990 et 2000 n’étaient pas du tout des modèles de qualité. C’est depuis 2015 que la marque est revenue vers de bonnes exigences de fabrication et du made in France.
Bonjour,
Pouvez vous m’indiquer la provenance de vos bracelets en cuir ?
Bien cordialement
Salut merci pour l’article c’est quoi les bracelets que tu portes?
tu as essayé des montres à quartz, y’a til une différence avec des automatiques? Ces dernières ne sont pas meilleures?
bon article quel est la référence des bracelets? Par contre les liens des deux premières montres sont pas les bons non?