BERNARD ZINS : LE PANTALON MADE IN FRANCE
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous présentons aujourd’hui la marque Bernard Zins ainsi qu’un test de leurs pantalons.
Je parle d’enthousiasme en effet, car j’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec Frank Zins (aujourd’hui à la tête de la société familiale) et sa femme lors de ma visite de la boutique située au 7 rue de Luynes (Paris VIIème). Il faut dire que ce sont de vrais passionnés, et qu’entre passionnés, les discussions peuvent être aussi longues qu’intéressantes…
Enthousiasme par ailleurs car Bernard Zins est une marque française historique, réputée mondialement pour la qualité de fabrication de ses pantalons. Après avoir travaillé avec quelques grands noms de la mode française (Lanvin, Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, Chanel…), la marque s’est restructurée et se concentre désormais sur son développement en propre.
I. Histoire
C’est en 1967 que Bernard Zins installe à Lens, son atelier de production, il a su y trouver la tradition et l’amour du bel ouvrage ainsi qu’un élan industriel et commercial favorable à son installation. La Maison Bernard Zins fonde ses valeurs sur 4 piliers : innovation, choix des tissus, précision des coupes et qualité de fabrication. C’est en respectant ces piliers que la Maison a pu construire son savoir-faire, alliant à la perfection tradition et modernité, conformément à la vision de son fondateur, Bernard Zins, l’ingénieur Pantalonnier. Peu à peu, la qualité des pantalons donne à Bernard Zins une renommée internationale au nom d’un made in France dont il devient la référence en terme de pantalons. Ceux-ci sont distribués via d’autres marques ou en propre dans des magasins très select en Europe, aux Etats-Unis et en Asie (notamment au Japon).
Pourtant, la marque ne peut que subir les difficultés du marché du textile dans les années 80-90 : les noms du luxe traditionnel délocalisent leurs sous-traitants, les magasins haut-de-gamme perdent des parts de marché face à l’industrialisation du vêtement et à l’éclosion du fast-fashion.
C’est pourquoi après un renouveau de la marque initié par Frank Zins, la stratégie se focalise désormais sur le développement de la marque Bernard Zins en propre. L’atelier anciennement installé à Lens est désormais basé au Portugal. La maison préserve malgré tout les mêmes méthodes de fabrication et la même attention portée à chaque produit : les pantalons ne sont jamais pliés et toujours suspendus, les pièces sont pressées au fer vapeur pendant et après le montage pour assurer un tombé parfait.
Depuis plusieurs saisons, la marque adopte une nouvelle orientation stylistique audacieuse qui joue avec ses codes et réinvente ses signatures stylistiques. Nous pouvons prendre pour exemple les pantalons à ceinture contrastée ou bien la ré-édition d’un modèle phare : le BAC, un pantalon à plis très traditionnel, à la taille haute et à la jambe généreuse dont la ligne tombe parfaitement à la verticale. Les Gentlemen de l’époque les portaient ainsi (se référer aux photos de Fred Astaire ou Cary Grant).
II. L’ingénierie du pantalon…
Bernard Zins a voulu très tôt allier le savoir-faire de tailleur aux méthodes de fabrication industrielle. Effectivement, fort de son profil d’ingénieur, Bernard Zins propose une nouvelle façon de fabriquer le pantalon. Ses innovation techniques permettent à la Maison de mettre au point des méthodes de fabrication uniques et d’industrialiser une confection traditionnelle. Il innove et met au point des process qui vont améliorer sa production tout en ayant en ligne de mire l’objectif de fabriquer des produits de haute qualité. Aujourd’hui encore, la Maison Bernard Zins perpétue cette vision et défend avec fierté 10 règles d’or du pantalon établies par son fondateur. Plus d’infos sur cette page du site Bernard Zins.
A quoi reconnaît on un pantalon Bernard Zins ?
Ses secrets de fabrication forment une multitude de détails minutieux et pratiques qui font toute la différence. On reconnaît un pantalon Bernard Zins à sa coupe, au choix des matières, à son aplomb (le tombé du pantalon tenu à la verticale), à sa finition, à tout un ensemble de détails essentiels et reconnaissables : les dos et les devants sont toujours placés en droit fil, ce qui évite aux pantalons de tourner. Tout est surjeté, pour éviter les effilochées. Rien n’est laissé au hasard : les lignes, comme les carreaux, et l’intercôte des velours, tout est raccordé aux poches côté et à la ceinture pour avoir une symétrie totale. A chaque opération, le pantalon est repassé. Tous les pantalons à plis sont précassés à la presse, avant le montage afin que l’aplomb soit rigoureux. Chaque ouverture de poche est consolidée par des points de sécurité. C’est tout cet ensemble, qui donne à Bernard Zins une nouvelle dimension du pantalon prêt-à-porter, proche de ce que l’on peut trouver en mesure.
J’ai personnellement découvert la marque via les réseaux sociaux. En trainant sur Instagram et les comptes de retailers japonais notamment, je suis tombé sur la photo suivante qui m’a tout de suite emballé :
L’ensemble très élégant, est sublimé par ce pantalon en black tartan. Les plis couplés à la taille haute du pantalon, donnent du volume et un confort certain au niveau des hanches. Le pantalon a une très belle ligne, sans casser ni au genou, ni sur la cheville… Un esprit tailleur ressort de cette pièce et ce fut donc une belle surprise que d’apprendre qu’elle provenait en fait d’une marque française : Bernard Zins. Le marché des pantalons PAP haut-de-gamme est trusté par les italiens (PT Pantaloni Torino, GTA Moda, Pence par exemple), c’est face à ces marques que nous pouvons comparer Bernard Zins, avec un sens de la qualité sans doute bien supérieur… Place au test à présent !
III. Test : un pantalon confortable et un très bel aplomb
Pour ce test, nous vous présentons deux modèles que j’ai choisis parmi la collection Printemps-Eté.
Particulièrement fan des pantalons à plis, pour le confort qu’ils procurent et le style très classique de la coupe, j’ai choisi deux modèles d’une coupe phare de la marque : le BZV3 PF (code provenant du background ingénieur). Cette coupe est caractérisée par un pli français, c’est à dire un pli tourné vers l’intérieur (le pli à l’italienne par exemple sera orienté vers l’arrière) donnant plus de confort et une silhouette généreuse au niveau des hanches.
Le BZV3 PF beige en coton et lin
Il s’agit d’un pantalon beige composé à 60% de coton et 40% de lin. Un mélange donc plutôt estival mais la dominante de coton permet de limiter les plis et l’effet froissé que peuvent avoir certains pantalons en lin. La coupe ainsi que le tissu utilisé permettent d’avoir un pantalon très confortable.
En détails :
La couture des passants est dite à cheval et montée dans l’anglaise : cela veut dire qu’il sont pliés et intégrés dans la doublure intérieure de la ceinture (l’anglaise) avant d’être cousus. Nous avons ainsi des passants qui sont plats et nets tout au long de la bande de la ceinture. Le pli des passants permet quant à lui de pouvoir supporter l’ajout d’une ceinture sans que celle-ci ne tire sur ceux-ci.
C’est un aspect très technique, mais ce sont ce genre de détails auxquels on ne prête que rarement d’attention qui sont pensés par les fabricants de haute facture afin de proposer des produits à qualité bien supérieure à la normale.
Comment le porter ?
L’essayer c’est l’adopter ! Un pantalon à taille haute et à plis vous donne toute une autre sensation de confort. Finie la sensation de tension au niveau de la ceinture lorsque vous vous asseyez. Vous pouvez passer les mains dans les poches sans aucune difficulté.
Pour prendre le moins de risque, choisissez des couleurs contrastantes. Ici une chemise sombre, une ceinture et des mocassins assortis marron « tabac ». Le lin marque un peu les plis, mais enlève de la formalité à cette coupe traditionnelle. L’aplomb est remarquable, sans cassure au genou et le revers de 5 cm ne casse pas non plus.
Le BZV3 PF bleu denim en lin
Pour ce deuxième modèle, c’est la teinte bleu indigo qui m’a convaincu. La couleur et la texture caviar du tissu alternant fil blanc et bleu rappellent en effet le denim brut. C’est un tissu très intéressant pour des tenues casual-chic : une sorte de jeans élégant porté avec un blazer. Ou bien dans un registre workwear, pour jouer sur une coupe large et courte avec une veste en jeans. La matière est 100% lin mais un lin vraiment très lourd et compact. Rien à voir avec ces pantalons blancs en lin que l’on retrouve au bord de la plage !
Le travail intérieur de la ceinture est irréprochable : on remarque la même doublure en coton à rayures que sur notre premier modèle. Les fils de couture rouge viennent contraster discrètement et soulignent des points de couture primordiaux. Pour répartir au mieux la tension, la ceinture est accompagnée d’une patte de boutonnage venant joindre la braguette au haut de la ceinture. Qui plus est, deux agrafes sont utilisées pour fermer la ceinture et rendre un aspect lisse et plat à l’avant.
Comment le porter ?
On opte ici pour une veste (Suitsupply) plus claire, ici en coton et lin, pour rompre avec la couleur brut du pantalon. Le gilet (Suitsupply) vient donner un rappel de bleu et ajoute une touche de style à l’italienne. Une chemise oxford bleue (Roberto Ricetti grande-mesure) à col boutonné pour encore plus de casual touch.
Des brogues (Meermin) à semelle gomme qui sont pourtant assez grosses passent très bien car la coupe est confortable et le bas de pantalon n’est pas étroit.
IV. Conclusion
Les pantalons Bernard Zins sont parfaits pour les hommes au style affirmé souhaitant un pantalon à qualité irréprochable. La confection et la qualité sont tops, il n’y a absolument rien à redire. En plus de la coupe exceptionnelle, Bernard Zins propose également une multitude de matières que l’on ne retrouve que très peu en prêt-à-porter. Des tissus saisonniers, traditionnels et techniques sont utilisés dans la confection de ces pantalons très haut-de-gamme.
La qualité a bien évidemment un prix et en moyenne il faudra dépenser 290€ pour un pantalon Bernard Zins. Les pantalons aux tissus plus particuliers et saisonniers seront autour des 320€. Mais à ce prix là, on sait tout à fait ce que l’on paye : l’expertise d’une maison dédiée au pantalon, un savoir-faire et une technique incomparable en prêt-à-porter.
J’attirerai également votre attention sur le fait que dans mon cas, les deux pantalons que j’ai reçus n’avaient pas une coupe exactement identique : le beige n’a pas été retouché (le revers de 5 cm déjà fait) alors que le bleu a dû être raccourci. Celui-ci devait avoir une largeur légèrement plus ample au niveau du genou et de la cheville (une fois la longueur raccourcie). Rien de bien grave puisqu’au final, la coupe plus large me permet de créer un autre style de tenue mais il s’agissait bien du même modèle à la base.
Autre remarque dans mon cas, ces pantalons en lin marquent des plis que je trouve disgracieux entre la braguette et les plis français (je ne parle pas des plis horizontaux qui sont tout à fait naturels). Comme vous pourrez le voir dans les photos ci-après, il y a comme un surplus de tissu qui forme des plis verticaux à côté de la braguette. Rien d’inquiétant cependant, d’autant plus que cela puisse être dû uniquement à ma morphologie et que d’autres n’auront peut-être pas ce problème (c’est un détail certes, mais ceux qui paieront le prix fort seront sans doute aussi exigeants et je ne vous donne que mon impression).
EDIT – 17/12/2016 : Frank Zins se penche sur ce sujet pour pouvoir ajuster les mesures si nécessaire…
Pour tous les passionnés de vêtement et qui sont à la recherche du pantalon parfait je ne peux que vous conseiller Bernard Zins … « Ces pantalons marchent tout seuls ! » (rendez-vous dans leur boutique pour l’anecdote…).