On a jamais testé autant de manteaux techniques, parka et de doudounes sur JamaisVulgaire que sur ce mois de Novembre.
C’est probablement un peu déstabilisant par rapport au registre habillé, voire sartorial, dans lequel nous avons pour coutume d’évoluer. Cependant, il faut bien avouer que les pièces techniques (dites techwear) deviennent de plus en plus pertinentes et pointues en termes de technicité, et surtout elles proposent désormais des pièces qui sont également stylées ! Ces pièces sont des compléments utiles lorsque les éléments se déchaînent et qu’on ne veut pas tremper son costume ou son manteau en laine.
Si on avait testé en début de semaine la parka Aim Experience, qui s’adresse surtout aux grands froids, et aux températures en dessous de 5 degrés, on vous propose aujourd’hui le complément idéal, adapté à des températures d’hiver et de mi-saison plus urbaines (de 0 à 15 degrés).
J’ai été dans ce test très favorablement impressionné par sa polyvalence, même si je n’ai pas eu l’occasion de la tester au-dessus des 15 degrés.
Sommaire
I DE SAUVER LE MONDE DES HOMMES A ADRESSE
Il peut être un peu étrange de voir une marque comme Adresse arriver sur le marché, et s’attaquer d’emblée à une pièce techwear, probablement une des plus compliquées à réaliser.
Comme vous l’aviez peut-être deviné, Adresse est le projet mené par l’équipe de Sauver le Monde des Hommes.
Démarrées en 2012 avec une première boutique à Saint-Paul, le concept a connut une belle croissance pour arriver aujourd’hui à 5 boutiques.
Pour moi, il s’agissait d’un multimarques assez classique, dans lequel je me rendais en particulier pour des relookings pour la marque Unbranded Brand.
Je ne pouvais à l’époque m’empêcher de remarquer quelques marques milieu de gamme très bien pricées comme Acolyte ou encore Em.ro
En me présentant le projet Adresse, je me suis donc dis que l’équipe avait une belle expérience en distribution, mais a priori pas en production.
C’est là que je me trompais, si Sauver le Monde des Hommes est un multimarque, l’enseigne propose déjà en fait plusieurs marques en propre, qu’elle produit elle-même dont Acolyte et Em.Ro.
L’offre de ces lignes est d’une très belle variété: on y retrouve du chino, du jean, des chemises texturées et aussi des grosses pièces à manches plus travaillées et au rapport qualité/prix surprenant, qui n’ont pas grand chose à envier à des marques comme BonneGueule ou Octobre Editions. En particulier quand on voit ce genre de blousons en laine.
Attention cependant, Adresse ne peut pas être défini comme la marque de Sauver le Monde des Hommes. C’est un projet parallèle qui aura sa propre indépendance. Il n’a pas non plus vocation à rassembler la totalité de l’offre en marque propre de Sauver le Monde des Hommes.
II TEST DU MANTEAU ELON
Concept et business model
Avec une telle histoire, je ne vous cache pas que j’ai cru que ce projet était un Asphalte ter (Forlife étant l’Asphalte bis) , notamment avec le crowdfunding engagé pour l’occasion.
Le crowdfunding et l’expérience ultérieure en distribution et en production sont en fait les seuls points communs avec Asphalte/Forlife.
En effet, les fondateurs d’Adresse ont déjà une vision très précise de leurs futurs produits, et ils le montrent bien avec cette première pièce à laquelle on ne s’attendait pas: un manteau très technique, mais qui se porte facilement avec une tenue habillée.
Au contraire de cette nouvelle mode du questionnaire et de cette idée de travailler main dans la main avec le consommateur pour proposer une pièce qui résout tous ses problèmes, on cherche de nouveau à le surprendre et à lui proposer un produit qu’il n’aurait jamais envisagé.
Et c’est justement ce qu’on va voir dans ce test, je n’aurais jamais pensé avoir besoin de ce genre de pièce avant de la porter, et pourtant elle se révèle rapidement étonnamment indispensable.
Comme le disait Henry Ford « Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils auraient répondu des chevaux plus rapides. »
Un tissu technique de trois couches de pointes
A propos de Schoeller
Quand on pense à des fournisseurs de tissus techniques comme Schoeller, on s’imagine une industrie assez récente, âgée tout au plus de 20 à 30 ans. Mais en tout cas quelque chose de vraiment plus moderne que les drapiers italiens traditionnels qu’on connaît bien, âgés parfois de plus de 300 ans.
Et pourtant, Schoeller fête déjà ses 150 ans cette année: c’est en effet en 1868 que Rudolph Schoeller, son fondateur, ouvre la toute première filature suisse: à l’époque « Schoeller & Söhne ». Pour vous resituer le contexte, on parle d’une date où il existait encore des samurais au Japon, et où l’ampoule électrique n’avait pas encore été inventée.
Après avoir travaillé des fibres naturelles pendant près d’un siècle, Schoeller effectue ses premiers essais sur des fibres synthétiques à partir de 1954 sur du polyester. Etant donné l’expertise de la maison sur les fibres naturelles, l’intégration des fibres synthétiques était perçue comme une formidable opportunité d’améliorer les propriétés de ses tissus.
Schoeller se prête si bien au jeu que c’est déjà en 1961 qu’elle propose son premier tissu entièrement synthétique: appelés au départ skifan (l’usage le plus direct étant pour le textile de ski dans les Alpes suisses), il était à l’époque complètement révolutionnaire. C’est un tissu qu’on connaît mieux aujourd’hui sous le nom de softshell. (et à l’époque, les softshell étaient même surnommées les schoeller)
Schoeller ne s’arrête pas là, il faut dire que l’entreprise a pile la bonne taille pour innover: assez petite pour être flexible, mais assez grosse pour se donner les moyens d’investir et de faire de la R&D.
Dans cette entreprise à taille humaine, tout est intégré dans le siège en Suisse, de la fabrication à l’administratif
En 2001, Schoeller lance 3XDRY: un revêtement déperlant multi-fonctions, rapidement utilisé par des marques techwear comme Maharishi ou encore Acronym. Et c’est seulement cinq ans plus tard que la maison lance c_change, la fameuse membrane intelligente utilisée ici en en faisant un des premiers tissus conçu dans le respect de l’environnement. Une exigence sacrément visionnaire pour 2006, où le souci de l’environnement et de la durabilité était beaucoup moins pressant qu’aujourd’hui.
C’est ainsi qu’en 2008, Schoeller devient la première entreprise à remporter le bluesign Award, la référence en matière de confection de textile écologique. Depuis, Schoeller a lancé des versions eco-friendly de quasiment toutes ses références avec par exemple une softshell 100% naturelle, à base de liège.
Bref, on ne s’étonne donc pas que les tissus Schoeller ne se trouvent que parmi les marques les plus chères (Outlier, Acronym, Arc’teryx etc), mais aussi des plus rentables pour le consommateur en terme de durabilité et de polyvalence.
Le tissu Elon trois couches
Au delà du tissu extérieur Nanosphère complètement déperlant, l’intérêt est surtout la membrane c_change.:ur
Le tissu pomme de pin: la membrane Schoeller c-change
Parfois, pour atteindre l’excellence technologique, il suffit de revenir à la source en observant tout simplement la nature: c’est ce que Roland Lottenbach, le directeur R&D des tissus chez Schoeller a fait pour créer la c-change.
Schoeller est une marque Suisse, et la Suisse a la chance d’avoir beaucoup de forêts avec beaucoup de pins, et donc de pomme de pins.
Afin de protéger le mieux possible leurs graines, ces pommes de pins sont parfois ouvertes ou fermées: elles sont fermées lorsqu’il fait froid ou qu’il pleut, et elles sont ouvertes lorsqu’il fait chaud.
Si vous voyez quelques nuages à l’horizon, et des pommes de pins fermées, alors ça veut dire qu’il va pleuvoir. La nature n’a pas grand chose à envier au fameux « va t’il pleuvoir dans l’heure » de météo france.
Pour rappel (on oublie rapidement à quoi ça ressemble en ville) , des pommes de pins ouvertes en haut, fermées en bas.
La membrane c_change se comporte exactement de la même manière: ainsi lorsque la température augmente de 10 à 20 degrés Celsius, ou lorsque votre corps est en activité, la membrane va s’ouvrir et l’évacuation de la chaleur va augmenter de 50%.
De la même manière, la structure en polymère de la membrane se contracte lorsque la température baisse, ce qui facilite la rétention de la chaleur.
Autre avantage de la membrane c_change: une étonnante liberté de mouvement. Il s’agit d’un tissu qui peut s’étirer dans quatre sens. (ce qui explique aussi pourquoi Adresse est un impermeable parfait si vous prenez souvent le vélo en ville)
Mini-comparatif: l’offre actuelle en membrane c_change Schoeller
Schoeller est une très belle référence parmi les marques techwear, vous en avez sûrement déjà entendu parler par exemple sur le raincoat BonneGueule. C’est un tissu qu’on retrouve sur les tissus techwear de pointe, sur des pièces généralement distribuées bien au delà des 500 euros.
Pour vous rendre compte de la gamme de prix classique des tissus Schoeller, voici un petit benchmark de ce que l’on trouve sur le marché :
Le raincoat BonneGueule, 390 euros
Bien pricé et très belle matière, mais sans coutures thermosoudées.
https://shop.bonnegueule.fr/ligne-bonnegueule/334-rain-coat-laine-technique.html
The Styrman : Wool, 810 euros
Plus pointu, en particulier en terme de style mais faut compter plus du double en termes de prix
https://missionworkshop.com/products/the-styrman-schoeller-merino-topcoat
Quiberon64 Hybrid coat, 700 euros
Beaucoup plus utilitaire, et ça se voit sur la coupe.. mais c’est encore très cher.
https://www.louisonbobet.com/fr/35-quiberon-64.html
L’idée de ce comparatif succinct n’est pas de dire que le manteau Elon est meilleur que ces alternatives, mais plutôt qu’il satisfait un nouveau besoin: celui d’un manteau polyvalent, avec un tissu technique de qualité, les meilleures finitions pour l’imperméabilité, une esthétique simple et passe-partout et une coupe qui mets en valeur.
Les finitions
Comme sur les pièces techniques haut de gamme, on trouve des coutures thermosoudées: on ne les retrouve que sur les pièces outdoor et techwear haut de gamme (généralement à plus de 500 euros), mais c’est ce qui garantit 100% d’imperméabilité à votre manteau.
Le manteau comporte de très nombreuses finitions: je ne vais pas toutes les référencer (la page Indiegogo du projet le fera bien mieux que moi) mais je vais vous citer celles qui m’ont paru les plus utiles pour une utilisation standard de l’impermeable (dans des conditions classiques en ville, à pied et en vélib).
Les poches zippées
La poche que je trouve de loin la plus pratique est sûrement celle située dans la fermeture, entre le zip et les boutons pression et au niveau de la poitrine, c’est une poche idéale pour y mettre son téléphone à l’abri des pick-pockets.
Même constat pour les poches latérales: on a au premier abord deux larges poches latérales, doublées en polaire, pour y garder ses mains au chaud.(et il faut bien avouer que c’est effectivement ultra confortable)
Mais à l’intérieur de ces poches on trouve en plus des poches zippées soigneusement dissimulées dites « anti-theft », de quoi ne plus avoir à ruser pour ranger ses effets personnels les plus importants. Une excellente solution pour qu’ils restent facile d’accès (les zips sont assez gros, on les ouvre facilement même avec des gants) tout en étant à l’abri de tout soupçon.
Au niveau de la poitrine pour le téléphone
Pas la finition la plus technique ou la plus outdoor, mais certainement ma préférée pour un usage urbain au quotidien: le téléphone est à l’abri mais est bien plus facilement accessible qu’avec une poche interne.
Manches pour le paiement CB sans contact
Pas la fonctionnalité qui vous protègera le mieux des éléments mais toujours un sacré gain de temps au passage en caisse pour le paiement sans contact. (on a aussi oublié de shooter cette finition là..)
La fermeture
Pour maximiser l’isolation, on a à la fois un double zip YKK (histoire de pouvoir le remonter en bas et de garder de la liberté de mouvement) et des boutons pression.
La capuche
La capuche est détachable et, une fois détachée, il faut bien avouer que le manteau a tout de suite un air beaucoup plus habillé et que la justesse de sa coupe permet de le porter sans souci par dessus un costume, comme si c’était un mackintosh classique.
Elle se retire simplement grâce à un zip:
Gros point positif, une large poche intérieure avec doublure imperméabilisée est spécialement prévue pour ranger cette capuche. Elle est assez spacieuse pour qu’on ait pas à bouchonner de manière ultra visible la capuche, ce qui est fortement appréciable.
Adresse a également pensé au cycliste et propose une capuche avec assez d’espace pour accueillir un casque, ainsi qu’une visière.
Bords côtes au niveau des manches
On ne s’en rend pas forcément compte mais l’air qui se faufile au niveau des poignets est sûrement le plus traitre: l’imperméable est équipé de bords côtes pour les mains. (mea culpa, on a oublié de prendre une photo de cette finition, voici donc celle de la marque)
Protection au niveau du cou
Une languette de serrage est présente au niveau du col pour le relever et protéger le cou du vent. C’est bien utile en particulier en moto ou en vélo.
A noter que les photos ont été prises avec un prototype qui laissait encore une ouverture une fois le col remonté: les créateurs d’Adresse m’ont précisé que ça serait corrigé dans la version finale.
Conseils de style
Tenue formelle
Un peu comme la parka Aim testée il y a une dizaine de jours, je vous déconseille de porter l’imperméable par dessus une veste structurée, avec beaucoup de padding (à cause surtout des bords côtes aux manches). Je voulais dans cette tenue le porter avec un costume croisé, ça n’a pas été possible (à moins de faire tout un tas de plis disgracieux sur la veste et de l’abimer à long terme) du coup je le porte simplement par dessus une chemise. (et ça m’a gardé au chaud, sans écharpe, alors qu’il faisait 5 degrés)
En revanche, lors du premier essayage, je l’ai essayée avec un costume sans padding, aux épaules complètement naturelles et le rendu était parfait.
Tenue casual
C’est par contre parfait avec une grosse maille en dessous: cette association vous permettra sans soucis de faire face à du 0-5 degrés.
CONCLUSION
On a pu tester une parka grand froid ultra bien pricée semaine dernière, et on vous propose à présent une pièce plus polyvalente mais qui couvrira la majorité des climats en ville, et surtout avec une coupe comparable à un manteau plus classique type trench, macintosh.
La combinaison membrane Schoeller c_change et coutures thermosoudées ne se trouve qu’en principe que dans les manteaux situés aux alentours des 600 à 700 euros, c’est donc une très belle performance en terme de rapport qualité/prix qu’Adresse a su livrer pour cette première pièce.
Comme expliqué en début d’article, ce n’est pas une pièce dont je pensais forcément avoir besoin, mais j’ai craqué après avoir porté un prototype seulement une demi-journée.