Peut-on parler d’un retour aux sources quand on est jamais allés dans un endroit ?
C’est pourtant un peu ce que je vais évoquer dans cet article : je viens juste d’arriver en à Séoul, en Corée du Sud depuis ce matin.
Ceux qui connaissent bien JamaisVulgaire se souviennent de l’époque où je vous parlais de mode coréenne, en évoquant les méthodes pour acheter moins cher des vêtements de qualité.
Et pour cause, les vêtements que je pouvais trouver sur les sites coréens se situaient un peu à un milieu de gamme parfait en terme de prix : les manteaux qu’on y trouvait entre 50 et 80 euros étaient alrgement équivalents à ce qu’on pouvait trouver chez Zara en terme de rapports qualité/prix.
C’était pour moi le bon compromis entre les vêtements chinois manifestement cheap et insipides et les vêtements de créateur : une coupe soignée, des finitions correctes et des matières un minimum naturelles.
Vous verrez dans une première partie ce que je connaissais jusqu’à présent sur la Corée du Sud et sa mode.
Et vous verrez dans une seconde partie mon arrivée, l’état actuel du marché, et un aperçu de ce que je vais pouvoir vous montrer. (et c’est vraiment ultra excitant).
Sommaire
I CE QUE JE CONNAISSAIS JUSQU’A PRESENT
1 La Corée du Sud
Je connais en fait assez mal le pays du matin calme, et en particulier Séoul.
Comme beaucoup d’entre vous, j’en ai une image notamment à travers la filmographie de Park Chan-wook et son oeuvre Old Boy (le plus symbolique), ou encore I saw the Devil (le plus violent), The Man From Nowhere (un des mieux chorégraphiés à mon goût en terme de combats), Transperceneige/Snowpiercer (le plus envoûtant) et mon préféré, le remake de Le Bon, La Brute et le Truand avec quelques scènes épiques comme celles de la poursuite en cheval.
Une tenue classique mais une coupe irréprochable dans The Man from Nowhere
Un méchant stylé mais un peu cliché avec sa mèche et son trois pièces dans The Good, The Bad and The Weird
Regardez comment ce blouson prends bien la lumière dans I Saw The Devil
Certains verront une des scènes tragiques d’Old Boy, d’autres des proportions impeccables et de beaux contrastes de matières sur ce costume.
Un point commun ressort de ces films : les protagonistes sont stylés, ou font en tout cas un énorme effort sur leurs vêtements (même si ce n’est pas toujours si réussi que ça).
Le style est assez classique et formel, et on retrouve par exemple pas mal de costumes croisés avec des revers un peu plus fins, ou encore des costumes 3 pièces à rayures pour les films de gangster. Ce qui va plutôt bien aux coréens du fait de leur morphologie assez fine.
2 En mode masculine
1 Yesstyle
C’est un peu le site qui m’a fait découvrir la mode coréenne : à l’époque je l’avais trouvé grâce à un topic sur le forum CommeUnCamion.
Il était alors vraiment inhabituel de trouver sur un même site des vêtements à la fois basiques, mais avec toujours une coupe un peu plus originale et un détail qui fait la différence.
Pour la première fois, on trouvait aussi des mesures adaptées aux petites tailles (l’équivalent d’un L coréen est un S français) et des coupes près du corps (mais pas trop) qu mettaiet bien en valeur les plus frêles d’entre nous.
La commande y est plutôt facile et on trouve pas mal d’explications en Anglais. Il n’y a pas non plus de problèmes particuliers lorsque l’on commande depuis la France.
Tout y était bien présenté, mais les prix n’y étaient pas si avantageux que ça. Et on se retrouvait du coup tout de même à payer 120 euros pour un manteau de qualité équivalente à un modèle Zara à 150 euros.
Yesstyle est en effet un intermédiaire : c’est un site qui revends les vêtements de différents créateurs et marques coréennes, en prenant du coup une marge au passage (qui peut donc faire souvent doubler les prix)
2 Gmarket
Gmarket est un peu l’exact contraire de Yesstyle : en effet, c’est d’abord une marketplace. Une sorte d’ebay où les marques référencent directement leurs produits sur lesquels Gmarket ne touche qu’un petit pourcentage lors de la vente.
Le modèle économique est donc bien différent et l’ergonomie aussi.
Tout est archi bordélique, et il est bien difficile de commander dessus si vous ne parlez pas coréen et sans vouloir passer des heures à bricoler sur Google Traduction pour trouver les tailles et les couleurs de votre choix. (la commande est tellement compliquée que j’en avais fait à mes débuts un manuel de plus de cinquante pages).
Les inconvénients
Outre toutes les contrefaçons qu’on peut y trouver, ca demande BEAUCOUP de recherche d’être certain d’avoir un produit avec une bonne matière (les trois quarts des vestes et costumes ont le mélange un peu sale polyester/rayon) et surtout d’avoir une bonne coupe. Ce sont soit des infos qu’on trouve à force de recherches, soit en étant directement sur place.
Merci le costume à 130 dollars en polyester et rayon…
3 Woo Young Mii
Evidemment, je connaissais aussi la Corée des créateurs pointus aux silhouettes taillées au scalpel, comme notamment Woo Young Mi (j’allais ultra souvent dans la boutique rue Vieille du Temple). Par contre, le budget est bien différent avec un manteau qui s’approche du milliers d’euros. (même si le rapport qualité-prix reste correcte, ca devient forcément moins accessible)
II MES PREMIERS JOURS EN COREE DU SUD
1 La vie
Mon logement
Je suis en plein Séoul, et pourtant, ma vue ressemble à ça.
(je ne vais pas m’en plaindre)
Je vie en fait à Bukchon-ru, un peu l’équivalent à Séoul du Saint-Michel parisien, mais montagneux et avec des airs de Cité Interdite.
C’est comme Saint-Michel: blindé de touristes armés de selfie sticks. (mais bon je suis mal placé là aussi pour m’en plaindre)
Le coréen
Petit coup de coeur pour la langue: elle est aussi monotone que le français et n’a pas les tons du mandarin/cantonais ou les sons imprononcables du khmer, viet et thai.
Bref, c’est une langue facile au niveau de la prononciation et de l’intonation pour un français, et qui a première vue semble bien pénible au niveau syntaxe et grammaire (bref, tout comme le français).
Je prends une petite demi-heure par jour pour apprendre (avec notamment la méthode Pimsleur).
Les coréennes
Tinder confirme les a priori que j’avais: elles ont pour la plupart des traits fins et un teint très pâle.
Je ne suis par contre là pour travailler donc je ne pourrais malheureusement probablement pas vous en dire plus. #businessfirst #selfsacrifice
2 Rencontre des bloggeurs
La scène coréenne des bloggeurs est assez prolifique. Seul souci : beaucoup ne parlent pas un strict mot d’anglais.
J’ai donc du en spammer/démarcher une bonne quarantaine avant d’en trouver quelques un qui veuillent bien me rencontrer.
J’ai pour l’instant contacté les trentenaires/quarantenaires avec une bonne situation qui ont un intérêt pour le style sartorial au sens pur du terme.
Ils vont aux Trunks Shows, ont des costumes sur-mesure BN Tailor et s’intéressent de près aux tailleurs italiens. Ils portent aussi des Enzo Bonafé qu’ils cirent régulièrement tous les dimanches.
Un costume croisé sur-mesure (au sens noble du terme, c’est-à-dire bespoke) BN Tailor
Cet intérêt pour le tailoring existe aussi évidemment au Japon, ainsi qu’à Hong Kong et à Singapour.
J’ai pu du coup rencontrer un de ses représentants: Dr.Kwon (Docteur car il prépare un PhD en architecture)
On va voir du coup dans cette mini-interview son point de vue sur les savoirs-faire présents en Corée et sur l’offre disponible.
Voici un résumé de ma rencontre avec Dr.Kwon:
Comment t’es-tu intéressé à la mode ?
J’ai commencé par m’intéresser à des marques comme Dolce Gabana, Abercrombie and Fitch, Hollister etc. Je voulais porter tout ce qui avait un nom de marque bien bien connu. C’était il y a 10 ans.
C’est 5 ans plus tard que je me suis intéressé à un registre plus classique, grâce à des amis qui m’ont fait découvrir des marques comme Lardini, Boglioli ou encore Luigi Bianchi Mantova.
Une veste Lardini estivale en coton et lin, portée par Docteur Kwon
Un pantalon GTA (une marque italienne que je ne connaissais pas, un peu comme PT 01 et Incotex) et un sac Orobianco
On ne pouvait alors pas y accéder en Corée et je les achetais donc sur Internet. (via un petit e-shop qu’il m’a fait promettre de ne pas ébruiter…)
Quand as-tu commencé ton Instagram ?
Il y a trois ans, et j’ai toujours pris des photos avec mon iphone. J’ai posté une photo par jour pendant un an avant que ça commence à monter.(comme quoi la régularité paie)
Voici une de ses tenue du jour typiques
Il aime beaucoup Lardini, et cette boutonnière est une des marques de fabrique de cette maison.
Il y a une demande Coréenne pour ce genre de vêtements, quelles sont les marques coréennes, et qui fabriquent en Corée ?
Il y a des tailleurs coréens qui sont assez chers comme BN Tailor, dont les costumes sur-mesure valent plusieurs milliers de dollars et sont réservés aux vrais amateurs.
Il existe aussi des marques de chaussures made in Korea avec montage Goodyear, mais dont le cuir est importé d’Europe. (on arrive donc à des prix supérieurs à 200 euros, pour une qualité à peine du niveau de marques comme Orban’s)
Une autre veste BN Tailor qui a tout de la veste casual italienne. On sent que la matière est dingue.
On trouve cependant des marques un peu plus accessibles comme Memento Mori pour les cravates (environ 90 dollars) ou encore Lunedi ou pour les chemises (environ 120 à 150 dollars).
Lunedi aime faire des cols de chemise très imposants, un peu comme Kiton.
Quelques multimarques sont présents comme notamment Seasoning for Seasons pour le prêt à porter et Unipair pour les chaussures
Unipair est LA référence coréenne des chaussures haut-de-gamme en PAP et se paie le luxe de sortir des collabs avec des marques comme Trickers.
Seasoning for Seasons distribue des marques pointues, comme par exemple Ring Jacket.
3 Rencontre des marques
L’objectif du voyage en Corée du Sud n’est pas le très haut-de-gamme : on cherche à rencontrer des marques qualitatives (bonnes matières, finitions correctes et coupes soignées) , avec des esthétiques originales, rares mais facilement portables et à un prix accessible.
Et la Corée du Sud est championne pour ça en fouillant bien 🙂 Là encore, la tâche n’est pas simple car le pays est contrairement à ce que l’on croit loin d’être anglophone. (les gens y parlent largement moins anglais qu’au Cambodge, c’est assez déstabilisant).
J’ai pu repérer quelques marques qui répondent à cette exigence sur Instagram et j’en ai d’ores et déjà rencontré une.
Je vous prépare du coup un gros projet qui sortira à la fin du mois: c’est sûrement ce que je vais vous proposer de plus ambitieux sur JamaisVulgaire depuis sa création.
Voici en preview quelques visuels:
( excepté la cravate; tout est made in Korea par des marques accessibles sur ces photos)
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Super article,je suis fan! 😀 (mon amour pour la Corée du sud doit un peu y jouer)
Profite bien, c’est génial comme pays :). J’y ai passé six mois et en fait pas mal de jeunes coréens parlent anglais, mais la culture coréenne n’encourage pas à faire des erreurs de peur de perdre la face. Du coup, souvent les Coréenns auront peur et te diront qu’ils ne parlent du tout en anglais, mais si tu commences la conversation en coréen, ils verront que toi aussi tu apprends et seront moins timides.
D’ailleurs http://www.talktomeinkorean.com est vraiment cool pour apprendre la langue et découvrir la culture.
Des vestes jamais vulgaire ?