Vous le savez, j’étais en Asie du Sud-Est sur ces quelques derniers mois (Cambodge, Vietnam, Thailande) et j’aime à chacun de mes voyages vous en rapporter des petits trésors.
Ce que j’ai découvert sur mes derniers séjours est assez improbable: de superbes cravates vintage, venues tout droit du Japon et découvertes au fin fond de petites friperies confidentielles.
Sommaire
I DES CRAVATES VINTAGE VENUES DU JAPON
1 L’émergence du style preppy au Japon
Ceux qui connaissent bien ce pays le savent: les japonais ont des styles extrêmement pointus que ça soit en terme de style preppy, de style formel ou de style purement sartorial.
Et c’est dès les années 60 à 70 qu’ils commencent à se fournir massivement chez les marques preppy emblématiques (Michael J.Drake à ses débuts, Brooks Brothers, J.Press) mais aussi chez les maisons et tailleurs les plus prestigieux: Kiton, Charvet, Lanvin, Zegna, Borelli, Scabal.
Voici quelques photos de l’ouvrage de référence sur le sujet (Ametora) où vous pouvez voir les membres de l’illustre tribu Miuyki, un groupe de jeune errant sur la principale artère commerçante de Ginza: Miuyki-Dori.
Après les cours, ces jeunes rangeaient le sage uniforme scolaire pour enfiler ce qui était à l’époque une tenue de jeune voyou décadent: blazer, mocassins, chemise à col boutonné et tout autre symbole du preppysme. Ces jeunes étaient pour les Japonais une véritable honte et les autorités ont tout fait pour les dissimuler à la veille des Jeux Olympiques de 1964.
Ainsi, la nuit du 12 Septembre 1964, les autorités avaient ordre d’arrêter tous les jeunes portant une chemise à col boutonné, et avec les cheveux gominés. Heureusement, grâce à la croissance économique formidable de l’époque, cette population alors considérée comme rebelle devient bientôt la norme et répand dans toute la société japonaise son goût extrêmement raffiné.
(c’est impressionnant tout de même de voir à quel point c’était une époque différente…)
Kensuke Ishizu est celui qu’on appelle le Parrain de l’Americana au Japon: né en 1911, c’est lui qui lance la révolution du style Ivy au Japon à travers son rôle de distributeur.
Il fallait à l’époque être patient: le Japon était considérablement appauvri par la guerre, et peu pouvaient s’offrir des vêtements occidentaux de luxe.
C’est grâce à la Guerre de Corée de 1954 que l’économie s’améliore: les Etats-Unis ont besoin d’un producteur à proximité pour soutenir l’effort de guerre et le Japon devient un partenaire privilégié. 75% des exportations du pays sont alors destinés au conflit.
C’est une des clefs du retour en grâce économique du Japon, avec la montée en puissance d’une classe moyenne de cols blancs japonais avec bien plus de moyens.
Kensuke Ishizu y trouve une niche lucrative mais limitée sur les vestes de sport: il doit élargir sa gamme rapidement et s’inspire du vestiaire occidental, en particulier celui découvert lors de son arrêt à Princeton.
Chemises à col boutonné, cravates à rayures portées dénouées, vestes sport et pantalon en flanelle: il voit dans tout cet uniforme Ivy League un vestiaire idéal que pourraient s’accaparer les Japonais pour une tenue sophistiquée, facile à porter et qui n’a rien à envier à celle des Occidentaux.
C’est aussi du fait de la délocalisation au Japon que sont nées des marques comme Fairfax Collective: c’est l’atelier japonais à qui la plupart des marques preppy américaines (comme J.Press) aussi bien que britannique (Drake) ont délégué leur production de cravates en soie. On retrouve également du coup des cravates en nom propre Fairfax.
Cette atelier utilise toutes les finitions que vous connaissez bien: point d’arrêt, fils de tension, passants cousus main, triplures en laine.
Toutes ces cravates sont de marques soit emblématiques (Drake’s, J.Press etc) soit de marques complètement obscures: elles ont toutes cependant la même qualité, et ça se voit rien qu’au motif et à la matière.
Ces cravates sont d’une qualité telles qu’elles ont traversées les décennies pour injustement se retrouver déposées dans des friperies japonaises, par de jeunes japonais profanes.
Voici un petit aperçu des marques que nous vous avons
2 Notre sélection de cravates
Les marques preppy
Michael J Drake
Michael J.Drake est le premier nom de la marque mythique Drake’s qui avait (comme beaucoup de marques) commencé dans les accessoires. Vous pouvez retrouver tout l’univers de la marque sur l’Instagram bien connu @drakesdiary.
C’est sûrement l’une des enseignes les plus en vue en ce moment, dont les produits sont sans concessions sur la qualité mais avec un subtil mélange de flegme britannique et de décontraction italienne.
Nous n’avons ramené que trois cravates Michael J.Drake, mais nous en sommes sacrément fiers 🙂
J.Press
J.Press est une des marques les plus emblématiques du mouvement preppy américain, et pour cause: elle a été fondée en 1902 sur le campus de Yale par Jacobi Press dans le Connecticut.
Il s’agit sûrement de la marque la plus symbolique du style Ivy League: elle est ainsi la première à céder les droits d’exploitation sur le marché japonais.
C’est un succès commercial fracassant au Japon, alors que le mouvement Ivy League décline aux Etats-Unis: le Japon devient le marché principal de la marque. De manière assez logique, J.Press est rachetée en 1986 par le groupe japonais Onward Kashiyama, qui détenait la licence d’exploitation.
La distribution japonaise sous licence est six fois plus grande que celle du marché américain: elle est si symbolique qu’elle est aujourd’hui davantage distribuée au Japon, féru de vintage et d’authenticité, qu’aux Etats-Unis.
Celles-ci étaient à l’époque déjà fabriquées au Japon, avec des finitions ultra travaillées (point d’arrêt, passant cousu main, fil de tension) à partir de soie italienne.
Cette cravate en particulier reprend le code couleur du Royal Corps of Transport: des rayures blanches et rouges sur fond bleu. C’est sûrement la combinaison de couleurs la plus facile à porter dans ce style de cravate preppy.
Voici sinon un aperçu de ce que nous vous avons ramené d’autre (on va enrichir ça de photos sur les prochains jours):
Les britanniques
Les tailleurs: Richard James, Hardy Amies
Les marques héritage: Acquascutum, Burberry, Paul Stuart
PAP: Dunhill, Atkinson
Les italiens
Tailleurs: Kiton, Zegna, Battistoni, Luciano Barbera
PAP: Pal Zileri
Mode: Etro, Gucci
Les français
Les marques d’ultra-luxe: Lanvin, Balmain
Les maisons de tailoring: Charvet
Autres marques notables: Pierre Cardin, Agnès.B, Charles Jourdan; Kenzo
Prix et motifs
On a donc pu vous réunir une sélection d’une centaine de cravate vintage:
– pour tous les styles: de l’uni texturée au motif madder coloré et plus pointu
– et tous les budgets: de 15 euros à 80 euros
Au-delà de la bonne affaire évidente lorsque vous achetez vintage, il s’agit ici de véritables pièces de collection, sélectionnées par nos soin pour leur qualité et leur intérêt stylistique, mais aussi car elles sont véritablement chargées d’histoire et représentent l’émergence de styles tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Il s’agit de cravates qui ont traversé les décennies, et que vous pourrez avec un peu de chance transmettre à vos enfants. .
Si vous êtes un vrai passionné, vous verrez qu’il y a une émotion certaine à tenir entre ses mains une cravate Mickael J.Drake ou une J.Press, avec tout l’héritage que ces objets représentent.
II REDONNER UNE SECONDE VIE A CES CRAVATES VINTAGE: NOTRE PARTENARIAT AVEC SOYEZ BCBG
Mais nous avons voulu aller plus loin que cette simple sélection pour ce pop-up: on voulait vous proposer des produits irréprochables, pratiquement remis à neuf.
Et on voulait évidemment les meilleurs dans le domaine, ceux pour qui le pressing est avant tout un artisanat avant d’être une industrie: Soyez BCBG.
Chacune de nos cravates ont donc été remises à neufs par leur soin à l’occasion de ce pop-up.
L’équipe Soyez BCBG sera d’ailleurs à nos côtés au pop-up pour vous présenter leur service ultra-qualitatif de pressing à domicile, ainsi que pour vous donner de précieux conseils pour prendre soin de vos vêtements.
La braderie Jamais Vulgaire
Enfin, vous trouverez pour compléter ce pop-up une braderie de nos anciens stocks de prêt à porter (notamment en tenues parfaites), et des vestiaires personnels de la rédaction:
-une bonne dizaine de costumes, semi-entoilés et pour certains entoilés des tailles 44 à 46, à partir de 200 euros
-une sélection de chemises de nos anciennes tenues parfaites
-des souliers formels et casuals, peu portés et bien entretenu, pointues 41 et 42
J’ai hâte de vous y retrouver, et je ne doute pas que vous y ferez très probablement les meilleures affaires de votre premier week-end de soldes.
Valéry