« Cet article n’est pas assez technique »
C’est le reproche qui avait été fait au précédent guide des t-shirts, publié l’année dernière et dans lequel je me concentre surtout sur les différents styles et coupes disponibles (ce qui est toujours bien utile).
On va du coup dans cet article se pencher plus en détails sur les matières et les finitions d’un t-shirt.
Les t-shirts graphiques ne seront pas laissés de côté, et vous trouverez un bref récapitulatif sur les techniques d’impression, qui peuvent souvent sembler obscures et qui pourtant en disent long sur la qualité d’un t-shirt.
Je vais aussi vous présenter une petite sélection de t-shirts intéressants (en soldes ou non), soit pour leur style et leur qualité (et parfois pour les deux) avec aussi bien des t-shirts graphiques que des t-shirts unis.
Vous découvrirez aussi une petite annonce en fin d’article sur un nouveau projet qui sort dès mardi soir 🙂
Sommaire
I Les matières
Quand on pense à la matière d’un t-shirt, il ne s’agit pas en fait seulement de la composition (le sacro-saint 100% coton), mais aussi du traitement de la matière (et de sonn tissage), et enfin de son poids (qu’on appelle le grammage)
1 La composition
Lin: léger et respirant, mais froisse rapidement.
Coton pima et supima: des cotons de grande qualité, avec des fibres extra longues. Ces matières viennent des Etats-Unis, d’Australie et d’Amérique du Sud..
Le coton Supima désigne en fait du coton Pima d’origine 100% américaine. Ces cotons sont ultra durables et ne vont pas se boulocher ou s’étirer.
Coton organique: un coton cultivé avec moins de produits chimiques (engrais, pesticides etc). Il est censé être plus cher et plus doux que le coton classique. De ce que j’ai vu jusqu’à présent, on le mets surtout en avant pour mieux cacher du made in India ou Bangladesh avec une tonne de labels bio et commerce équitable.
Polyester: Ne bouloche et ne se froisse pas, mais ne respire pas non plus
Rayon: L’autre nom de la viscose, une fibre synthétique. Toucher soyeux mais fait bien bien transpirer.
Modal: Une autre forme de viscose, qui peut boulocher rapidement.
Les mélanges
Globalement, à déconseiller: les synthétiques apportent au tissu en terme de tenue et de rendu, mais vous y perdrez beaucoup sur la gestion de la chaleur.
Coton/Polyester: Utilisé pour adoucir un coton de mauvaise qualité et éviter qu’il ne bouloche trop
Coton/Elasthane: L’élasthane est utilisé dans une faible proportion (3 à 4%) pour permettre à la matière de se détendre et de s’ajuster à son porteur (un peu comme pour un jean brut)
2 Le grammage
Contrairement au titrage sur les chemises et les costumes, le grammage est généralement ici synonyme de qualité et de durabilité: une matière plus légère sur un t-shirt sera moins durable.
Entre 120 et 140 grammes: ce sont les t-shirts les plus fins et les plus bas de gamme, ils sont aussi les plus légers. Ce sont des t-shirts qui dureront tout au plus deux saisons: bref, pas le meilleur investissement. N’y mettez pas plus de 20 euros.
145-155 grammes: un grammage plus standard qu’on retrouve sur la plupart des t-shirts
Plus de 160 gramme: les grammages les plus lourds, et qui exigent la meilleure qualité de matière et de tissage
Au délà de ces observations très génériques, retenez ces quelques remarques:
– pour les t-shirts graphiques: un grammage élevé permettra un bien meilleur rendu en impression numérique, avec un résultat bien plus marqué.
– chaleur, coupe et légèreté: mieux vaut avoir un grammage élevé et une coupe aéré qu’un grammage faible (et un tissu léger) et une coupe plus cintrée. Le premier combo sera plus durable, et le second risque bien de se transformer en maillot de corps pendant les fortes chaleurs.
–un t-shirt lourd aura un bien meilleur tombé, de face comme de dos: c’est important en particulier pour un t-shirt graphique dont on veut bien mettre en valeur le motif
3 Tissage et traitements usuels
Le tricot ne me passionne absolument pas (et j’imagine que vous non plus): j’ai donc fait mon possible pour résumer ça le plus rapidement et simplement possible sans que cet article ne devienne un guide wikipédia.
Jersey: La maille classique des t-shirts: il s’agit d’une maille et non pas d’un tissage. Pas de chaine et de trame donc (pas comme les chemises): un seul fil est tricoté avec une aiguille (comme un pull).
Le jersey est une maille avec deux faces: l’une lisse et l’autre avec des mailles à l’envers. La surface lisse en fait un support idéal pour les imprimés.
Enfin, il est extensible dans les deux sens. Par contre, il se replie sur lui-même: c’est pour ça qu’on utilise des bords côtes notamment au col.
Côtelé: Les t-shirts en jersey utilisent des encolures en côtes: elles sont confectionnées en alternant des mailles à l’envers et à l’endroit. Le résultat est un aspect côtelé des deux côtés: ces côtes tiennent à plat et sont extensibles en largeur.
Flammé: la maille est irrégulière car on utilise des fils d’épaisseurs différentes, le rendu est beaucoup plus brut
Du coton flammé avec de très belles nuances de bleu
Coton peigné: on passe la matière à la brosse pour éliminer les bouloches et avoir des fibres longues et droite, pour un tissu à la fois plus solide et doux
Du coton peigné, qui permet de retirer les fibres de la moins bonne qualité (ce qui est au final le cas de tous les cotons de bonne qualité qu’on retrouve en moyen de gamme)
II Les finitions
Histoire d’aller assez loin dans l’analyse, j’ai disséqué plusieurs t-shirts: un fabriqué au Portugal et deux bases de t-shirts fabriquées en Inde et au Bangladesh (que beaucoup de marques de t-shirts milieu de gamme utilisent soit dit en passant).
Les différences sont souvent flagrantes: sur l’ensemble de cette série, les deux premiers t-shirts sont fabriqués au Bangladesh et en Inde et le dernier au Portugal.
Col: largeur et col de propreté
C’est le col que je regarde en premier pour repérer un bon t-shirt.
Fuyez face à un col démesurément large et mal proportionné, avec des côtes grossières et ultra apparentes.
En revanche, un col plus fin recquiert déjà un savoir-faire un peu plus développé, qui ne s’invente pas.
Autre détail: sur les deux premiers t-shirts, les coutures qui relient le col en côtes au jersey sont libres. Sur le dernier t-shirt , elles sont plaquées et on observe à l’extérieur une bordure supplémentaire pour les consolider (qui donne d’ailleurs un rendu plus travaillé)
Un col relativement fin, mais des côtes un peu grossières
Un col un peu plus large
Un col fin, et une seconde bordure pour plaquer et consolider les coutures
Finitions du col de propreté:
On trouve le col de propreté à l’intérieur du col: il s’agit d’une finition de plus en plus commune, qu’on retrouve à présent même sur les t-shirts made in India ou Bangladesh (ceux que les marques de t-shirt utilisent ensuite pour l’impression).
L’intérieur du t-shirt est généralement très révélateur du soin accordé à une pièce. Vous n’avez pas forcément besoin de retourner le t-shirt entièrement et vous pouvez par exemple simplement observer la jonction entre le col de propreté et les coutures.
Sur le dernier t-shirt, le col de propreté s’arrête légèrement avant les coutures pour un rendu plus propre.
Un peu bordélique
Déjà plus propre, même si ça rajoute une sacrée épaisseur
Une transition plus subtile
Vous pouvez sinon jeter un coup d’oeil à l’intérieur du t-shirt, notamment au niveau des aisselles ou des épaules: tous ces endroits avec des jointures un peu délicats qui sont révélateurs du soin accordé à la confection.
II T-shirts graphiques: les techniques d’impression
La sérigraphie
La sérigraphie brûle un pochoir avec avec le motif sur un écran: chaque écran peut gérer une couleur. L’écran est ensuite inséré dans une presse qui va imprimer l’encre à travers le pochoir sur le t-shirt.
Il s’agit d’une technique assez vieille: elle reste très populaire pour ses résultats durables, avec un fort contraste et des couleurs vives et intense (grâce à un fort dépôt d’encre)
Cependant, la mise en place des écrans d’impression demande du temps, surtout lorsqu’on doit faire plus d’une couleur (le maximum est 4 couleurs). Chaque couleur augmente les coûts et le temps de production.
Pour rentabiliser la mise en place de la sérigraphie, les marques produisent généralement une centaine de t-shirt pour un motif. Inutile de dire que dans ces quantités, nombreuses sont celles qui optent pour des t-shirts vierges low cost.
Voici un petit tuto video pour vous montrer le principe:
L’impression digitale
Vous voyez cette imprimante jet d’encre que vous avez à domicile ? L’impression digitale, c’est un peu la même chose mais avec un appareil plus grand, plus puissant (et BEAUCOUP plus cher).
Tout comme vos quatre cartouches de bases se mélangent pour créer de nouvelles couleurs, cette technique permet de couvrir à peu près tout le spectre des couleurs.
Le motif est ainsi intégré directement dans la matière.
La qualité est équivalente à la sérigraphie (et bien meilleure que le flocage, ça va sans dire).
Cette technique ne recquiert pas une longue et pénible mise en place d’écran: les frais d’installation sont donc inférieurs. Contrairement à la sérigraphie, il n’y a par contre pas d’économie d’échelles pour les très grosses productions.
A noter que les meilleurs résultats en impression digitale s’obtiennent quasi toujours sur des t-shirts blancs.
Une autre vidéo représentative du procédé:
Le flocage
Il s’effectue en imprimant le motif sur un papier transfert, qu’on va appliquer ensuite sur le t-shirt (à l’aide d’un fer à repasser ou d’une presse): il s’agissait d’une technique autrefois très répandue sur les t-shirts graphiques, et qui permettait en plus une meilleure restitution des couleurs.
Avec les progrès faits par l’impression digitale, cet avantage a disparu et ne fait en tout pas oublier les principaux inconvénients du flocage: une durabilité médiocre et un port peu agréable, avec l’impression d’avoir une couche de plastique en plus sur la poitrine (ce qui n’arrange rien l’été).
Détail: la mention du lieu d’impression
Et en parlant d’impression..méfiez-vous comme la peste des t-shirts qui portent la mention « Imprimé à Paris » si on en dit pas plus sur le lieu de fabrication, ça veut quasiment toujours dire qu’on utilise des bases un peu cheap fabriquées au Bangladesh ou en Inde.
III La sélection
Vous ne trouverez dans la séection que du 100% coton, avec un maximum de marques qui répondent aux critères de qualité citées plus haut (même si ça devient de plus en plus rare)
1 T-shirts graphiques
Pave on The Ground
Une vieille édition que je m’étonne encore de trouver: une qualité impeccable avec un t-shirt fabriqué en France à Troyes et de la sérigraphie. Un excellent rapport qualité/prix à 39 euros.
http://paveontheground.com/categorie-produit/homme/
Yonil
Du 100% coton et des proportions qui ont l’air à peu près correctes (surtout au col). J’ai surtout choisi cette marque pour la qualité esthétique des oeuvres et pour un prix plutôt accessible.
Aucune info par contre sur le lieu de fabrication et le type de coton utilisé (mais bon, on est sur des t-shirts à 25 euros)
https://grafitee.fr/mq/32-yonil
Fight for your Roots
Des imprimés engagés dans un bon format A3, des t-shirts de qualité (155g/m² et coton organique). Les t-shirts sont a priori fabriqués en France (à vérifier car à un prix de 32€ ça me paraît compliqué). Seul reproche: les imprimés sont placés un peu haut sur le t-shirt.
https://grafitee.fr/mq/48-fight-fy-roots
Et pour finir deux modèles en soldes repérés sur l’Exception, que j’ai choisi pour la qualité des marques et des motifs:
Sans être particulièrement concerné par le mouvement et le message, j’aime beaucoup l’esthétique du motif de Commune de Paris qui montre bien qu’un simple noir et blanc bien choisi dans un joli format A3 peut être une très belle combinaison (et facile à porter).
2 T-shirts unis
Attention avec les t-shirts unis: le 100% coton est loin d’être un acquis car beaucoup de marques utilisent des mélanges pour donner plus de détails à la matière.
COS
Pas forcément les plus durables, mais toujours un travail poussé sur la matière et un prix raisonnable.
http://www.cosstores.com/fr/Men/Sale/Melange_jersey_top/15546454-14594157.1#c-24480
BonneGueule
C’est ce qui me semble à peu près le plus intéressant en terme de t-shirt uni et durable avec un minimum de travail sur la matière et une confection de Troyes.
Malheureusement, peu de tailles sont disponibles et aucun réassort n’est prévu pour le moment
http://shop.bonnegueule.fr/16-tee-shirts
Le bon plan: acheter directement des bases de t-shirts
Si vous avez vraiment un petit budget et que vous voulez un t-shirt uni un peu travaillé qui tienne la route pour moins de 10 euros, c’est la meilleure solution.
Qu’est ce que j’entends par base ?
Ce sont les t-shirts utilisés par les créateurs pour l’impression (ou la sérigraphie): si les t-shirts sont vendus en magasin parfois à plus de 40 euros, ils peuvent en fait s’acheter directement en atelier d’impression à l’unité. Ca vous coûtera environ 8 à 9 euros la pièce (sauf si vous en achetez une dizaine, auquel cas ça passe tout de suite à 3/4 euros).
Si vous comptez juste vous faire un stock de t-shirt blancs à porter en sous vêtements, ça peut être intéressant de les acheter en groupe.
La plupart des bases viennent de la marque Continental. En voici quelques unes intéressantes:
Le t-shirt moucheté
C’est celui que j’ai pris en photo. Les finitions ne sont pas incroyables mais la matière est intéressante, c’est une bonne affaire à 8-9 euros (mais pas à 49 euros avec juste une sérigraphie dessus).
https://www.continentalclothing.com/style/view/N88
Le t-shirt manches retroussées
Celui-ci est intéressant pour ses manches retroussées et un coton peigné d’une qualité correcte: prenez-le en gris chiné
https://www.continentalclothing.com/style/view/EP11
Le t-shirt en coton flammé
Une belle illustration du concept de coton flammé (même si c’est ici fait un peu grossièrement)
https://www.continentalclothing.com/style/view/EP15
Je n’ai pas de site à vous recommander: à vous de vous rendre dans des ateliers d’impression dans votre ville pour voir ce qu’ils proposent (vous devriez trouver ça en tapant « impression textile + continental + ville » sur Google.
Pas sûr par contre que tous acceptent de vendre à l’unité.
Le nouveau projet JamaisVulgaire
Vous vous souvenez de la collab’ avec Saint-Paul ?
J’ai voulu continuer dans le même sens, en proposant cette fois-ci une ligne en propre bien plus diversifiée, mais toujours avec la même qualité Made in Portugal et la collaboration avec le peintre khmer, Sopheap Keo.
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Bonsoir,
Article très complet avec énormément de détails. Personnellement, j’attache de l’importance à la douceur du coton (on l’a contre la peau !!). Le coton mercerisé et le modal offre plus de douceur. Ce sont les matières que je recherche en priorité.
Le col comme tu le dit est important (primordial ?): S’il se déforme, on a vite un look négligé et ça donne vite une mauvaise image. Le tombé OK, mais pour moi, je privilégie la douceur au touché.
Merci pour ton retour LpL ! (désolé du retard je viens juste de voir ton commentaire)