Savez-vous vraiment ce que vous portez au poignet quand vous arborez une Tudor vintage ? Bien plus qu’une simple « petite sœur » de Rolex…
Lorsqu’on évoque les montres de collection, les regards se tournent naturellement vers certaines marques prestigieuses dont personne n’ose prononcer le nom de peur de faire grimper les prix davantage. Mais dans l’ombre des grands noms, une maison horlogère a silencieusement écrit un chapitre fascinant de l’histoire horlogère : Tudor.
Ce qui rend les montres Tudor vintage des années 60-70 si extraordinaires, ce n’est pas uniquement leur qualité de fabrication Rolex (eh oui, même couronne, même boîtier Oyster), mais leur audace stylistique que la maison-mère n’aurait jamais osé. Quand les Rolex Daytona affichaient une allure stricte et monochromatique, les chronographes Tudor « Monte Carlo » explosaient en couleurs avec leurs cadrans évoquant des tables de roulette. Tandis que les Submariner classiques respectaient un code immuable, les Tudor « Snowflake » révolutionnaient la lisibilité sous-marine avec leurs aiguilles en forme de flocon.
Ces garde-temps de caractère, autrefois dans l’ombre de leurs prestigieuses cousines, atteignent aujourd’hui des sommes vertigineuses en vente aux enchères – certains modèles « Monte Carlo » dépassant les 20 000€, et les rares Submariner ayant équipé la Marine Nationale française s’échangeant à prix d’or.
Sommaire
1. Contexte historique : pourquoi ces modèles Tudor furent révolutionnaires
La marque Tudor est fondée en 1926 et développée par Hans Wilsdorf (le fondateur de Rolex) dans l’idée d’offrir des montres robustes aussi fiables que les Rolex, mais à un prix plus accessible. Tout au long des années 1950 à 1970, Tudor va progressivement s’émanciper du style de sa maison-mère et introduire des designs et fonctionnalités novateurs qui marqueront l’histoire horlogère. Comprendre le contexte de l’époque permet d’apprécier pourquoi certaines références Tudor vintage sont aujourd’hui si recherchées des collectionneurs.
Dans les années 1960, alors que Rolex s’en tient à des codes esthétiques très établis, Tudor prend des risques créatifs. En 1969, Tudor dévoile par exemple une nouvelle Submariner avec un cadran à larges index carrés et des aiguilles atypiques en forme de flocon de neige (surnommées « Snowflake ») – un changement radical par rapport aux cercles et aiguilles « Mercedes » traditionnels de Rolex. Cette évolution, motivée par une meilleure lisibilité sous l’eau pour les plongeurs de la Marine, marque le début d’un langage esthétique propre à Tudor.

La Snowflake affirme l’indépendance de Tudor en tant que marque de montres-outils au design unique, ce qui à l’époque fut perçu comme révolutionnaire dans le milieu des montres de plongée. Ces Submariner Tudor seront d’ailleurs adoptées par la Marine nationale française (MN) dans les années 1970 pour équiper ses plongeurs, soulignant leur fiabilité en conditions extrêmes.
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Parallèlement, Tudor s’illustre aussi dans le domaine des chronographes. En 1970, Tudor lance son premier chronographe Oysterdate (réf. 7031), surnommé « Homeplate » pour ses index en forme de pentagones. L’année suivante, en 1971, la seconde génération de chronographes Tudor apporte des améliorations techniques notoires ainsi qu’un design audacieux inspiré des jeux de casino. Ces modèles, rapidement baptisés « Monte Carlo » par les collectionneurs en raison de leurs cadrans bigarrés évoquant une roulette, arborent des combinaisons de couleurs vives (gris, bleu, orange) jamais vues chez Rolex à l’époque. Là où Rolex propose un chronographe Daytona monochrome et sans date, Tudor ose un affichage date à 6 h avec loupe cyclope et des couleurs flashy – une véritable prise de risque stylistique en 1971. De plus, ces chronos Tudor utilisaient des mouvements Valjoux évolués (on y reviendra) offrant une meilleure précision. Tudor se positionne ainsi en pionnier du chronographe accessible et hautes performances, à une époque où la montre sportive connaît un essor fulgurant.
Enfin, il ne faut pas oublier que Tudor a également innové dans d’autres complications. Dès 1957, Tudor propose par exemple le modèle Advisor, une montre-bracelet réveil (alarme) – fonctionnalité rare partagée seulement avec quelques références Jaeger-LeCoultre à l’époque. Cette Tudor Advisor intègre un calibre avec sonnerie mécanique logé dans un boîtier étanche estampillé Rolex, et son lancement fut accompagné de publicités soulignant son côté astucieux « pour vous rappeler vos rendez-vous ». À seulement £33 en 1958, l’Advisor offrait l’ingénieux réveil dans une montre habillée accessible, démontrant l’esprit d’innovation pratique de Tudor (voir figure ci-dessous).
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Grâce à ces choix audacieux, Tudor a su imposer un style néo-rétro avant l’heure : des montres-outils à l’esthétique originale (cadrans Snowflake, Monte Carlo, etc.), dotées de complications utiles (date, chronographe, alarme) et d’une qualité de fabrication Rolex. Pour les amateurs des sixties et seventies, ces modèles Tudor offraient donc une alternative révolutionnaire : le savoir-faire Rolex sans en payer le prix fort. Ils pouvaient ainsi arborer au poignet des montres de plongée ou de course automobilière tout aussi performantes et distinctives, signées Tudor mais « Made by Rolex » – comme l’indiquaient d’ailleurs certaines publicités de l’époque au Japon, où Tudor s’associa à une écurie de sport automobile.

En résumé, les Tudor vintage de collection furent révolutionnaires à leur époque parce qu’elles ont su combiner l’héritage Rolex et l’innovation audacieuse : boîtiers Oyster étanches, mouvements suisses fiables, mais designs distinctifs et complications nouvelles. Que ce soit pour les plongeurs militaires français, les pilotes de course japonais ou les gentlemen en costume, Tudor proposait des montres de caractère, souvent en avance sur Rolex dans certains domaines (premier chronographe automatique dès 1976 chez Tudor contre 1988 chez Rolex par exemple), le tout à un tarif plus abordable. C’est cette philosophie originale des années 60-70, faite de créativité technique et d’audace stylistique, qui explique pourquoi aujourd’hui les collectionneurs considèrent ces modèles Tudor vintage comme de véritables trésors horlogers.
2. Mouvements & complications majeures : dates clés et innovations techniques
Si l’esthétique a distingué les Tudor vintage, leurs mouvements et complications internes méritent tout autant l’attention. Tudor a en effet bâti sa réputation sur l’utilisation de calibres suisses éprouvés (FHF, ETA, Valjoux) qu’elle a su améliorer ou adapter aux besoins de robustesse, tout en introduisant des fonctions utiles. Passons en revue les évolutions majeures en termes de mouvements et complications pour nos références phares :
- Calibres de base (années 1950-60) : Les Tudor de ces décennies embarquent des mouvements mécaniques de fournisseurs suisses réputés, choisis pour leur fiabilité. Par exemple, de nombreuses Oyster Prince des années 1960 sont animées par des calibres automatiques ETA 24xx (ou FE) à 25 rubis, connus sous le nom « Tudor Auto-Prince ». Ce choix permettait à Tudor d’assurer une excellente précision à moindre coût, tout en offrant remontage automatique et parfois date (modèles Oysterdate). Un calibre notable est l’ETA 2484 (automatique avec date) présent dans des Tudor Prince Date-Day ou Ranger de 1967. Côté précision, ces mouvements battent généralement à 18 000 alternances/heure dans les années 60 (soit 5 battements/sec), ce qui était standard avant l’ère des hautes fréquences.
- La fonction alarme (1957) : Tudor introduit le calibre FE 120 modifié (réveil mécanique) dans la Tudor Advisor. Cette complication ajoute un barillet et un marteau de sonnerie, permettant de programmer une alarme sonore. L’Advisor (réf. 7926) devient ainsi l’une des rares montres-bracelets à alarme de l’époque, aux côtés de la Memovox de Jaeger-LeCoultre. Elle préfigure l’attention de Tudor pour les complications pratiques.
- Montres de plongée (années 1960-70) : Les premières Tudor Submariner (réf. 7928 ou 7016) empruntent le calibre automatique ETA 390 puis ETA 2776 (version avec arrêt seconde). En 1969, le passage à des mouvements ETA à seconde centrale et date permet à Tudor d’ajouter une fonction date sur la Submariner réf. 7021. Par la suite, le fameux modèle Snowflake no-date 9401/0 lancé en 1976 est équipé du calibre ETA 2776 à stop-seconde (17 rubis), tandis que sa version Date 9411/0 reçoit le calibre ETA 2784 (21 rubis, avec date). L’ajout du dispositif de hacking (stop-seconde) est particulièrement apprécié dans un contexte militaire, car il permet aux plongeurs de synchroniser exactement leur montre – fonctionnalité cruciale en mission. De plus, ces mouvements tournant à 21 600 alternances/heure offrent une meilleure précision que les générations précédentes. Côté complications de plongée, les Tudor Submariner adoptent bien sûr la lunette tournante unidirectionnelle graduée 60 minutes (dès les années 60) pour le calcul des temps d’immersion, et bénéficient d’une étanchéité garantie à 200 m (grâce au boîtier Oyster et à la couronne vissée Rolex Twinlock). En somme, des montres-outils de plongée très abouties techniquement, fiables et faciles à entretenir (grâce aux calibres ETA communs).




- Chronographes manuels (1970-1971) : Le premier chronographe Tudor Oysterdate de 1970 (réf. 7031/0) embarque un calibre Valjoux 7734 manuel. Ce mouvement de chronographe à came, 17 rubis, bat à 18 000 A/h et offre 45 minutes de chronométrage avec fonction date – c’est en fait le même « moteur » que de nombreux chronos suisses abordables de la fin des 60s. Cependant, dès 1971, Tudor améliore le cœur de ses chronos : la deuxième série dite Monte Carlo abandonne le 7734 pour le calibre Valjoux 234, toujours à remontage manuel mais à haute fréquence (21 600 A/h) et doté d’un mécanisme à roue à colonnes bien plus sophistiqué. Résultat : une mesure du temps plus précise et un déclenchement des poussoirs plus net et doux (grâce à la roue à colonnes). Ce calibre 234 conserve 45 min de totalisation et la date rapide, ce qui en fait un mouvement extrêmement complet pour l’époque. Les références de chronos Tudor 7149, 7159 et 7169 produites entre 1971 et 1977 bénéficient toutes de cette amélioration technique majeure. À noter qu’aucun chronographe Rolex de l’époque (les Daytona calibre Valjoux 72) n’avait ni date ni fréquence de 21 600 A/h – Tudor offrait donc un véritable plus technique sur ce segment.


- Chronographes automatiques (1976) : Tudor fait très fort en 1976 en lançant le chronographe Oysterdate dit « Big Block » (réf. 9430, 9420), équipé cette fois d’un calibre Valjoux 7750 à remontage automatique. Ce mouvement tricompax (3 sous-compteurs) bat à 28 800 A/h et propose en plus du chronographe (12h, 30min, petite seconde) un quantième à 3h – c’est le même qui équipera plus tard certaines Breitling ou Tag Heuer. Tudor est ainsi l’une des premières marques au monde à commercialiser un chronographe automatique (seuls Zenith avec l’El Primero et Heuer/Breitling avec le Chronomatic l’avaient fait en 1969, mais Rolex ne s’y mettra qu’en 1988 avec la Daytona Zenith). Ce « Big Block » Tudor de 1976 est révolutionnaire : il allie la commodité d’un remontage auto à la robustesse du 7750, dans un boîtier Oyster épais (d’où son surnom de Big Block). Il marque une date clé où Tudor devance Rolex sur la modernité du chronographe. À partir de là, Tudor ne cessera d’améliorer ses chronos (réf. 79180 à la fin 80s avec verre saphir, etc.), tandis que les modèles vintage manuels Monte Carlo gagnent en aura de collection.
- Autres complications : Bien que Tudor se soit concentré principalement sur les fonctions essentielles (heure, date, chrono, alarme), on peut mentionner l’apparition en 1969 de modèles Day-Date (double guichet jour+date, réf. 7017) qui reprennent la complication emblématique de Rolex President dans un format plus large (39 mm). De même, certaines Tudor Prince des 70s proposent l’indication 24h ou la réserve de marche, mais ces pièces restent rares. L’essentiel à retenir est la stratégie Tudor : utiliser des calibres éprouvés et accessibles, y ajouter des fonctionnalités utiles, et garantir une robustesse sans faille. Cette approche technique explique qu’aujourd’hui encore, une Tudor Submarine ou Chrono vintage puisse être portée quotidiennement sans souci de fiabilité, à condition d’un bon entretien.
En synthèse, les montres Tudor vintage de collection allient des mouvements suisses fiables (ETA, Valjoux) à des innovations notables pour l’époque : introduction du stop-seconde dans les Submariner militaires, adoption précoce du chronographe automatique, présence d’un quantième sur des chronos avant Rolex, ou encore démocratisation d’une complication réveil dans l’Advisor. Cette solide base mécanique, moins prestigieuse peut-être que les calibres manufacturés Rolex de l’époque, s’est avérée un atout : elle a permis à de nombreuses Tudor vintage de traverser les décennies en conservant une maintenance aisée et des performances honorables. Le collectionneur d’aujourd’hui y trouve donc son compte – une belle mécanique vintage simple à réviser, au service d’une montre chargée d’histoire.
3. Références incontournables : trois modèles Tudor légendaires
Passons maintenant à la présentation détaillée de trois références phares de Tudor vintage. Chacune incarne un aspect emblématique de la marque : la Toolwatch de plongée militaire, le chronographe au cadran exotique, et la classique élégante des sixties. Nous décrirons leurs caractéristiques techniques, leur contexte, et ce qui fait leur intérêt en collection. Un tableau comparatif synthétique viendra ensuite récapituler les informations clés.
3.1 Tudor Submariner « Snowflake » réf. 9401/0 (1976)
Lorsqu’on parle de Tudor de plongée de collection, le surnom « Snowflake » revient immanquablement. Il désigne les Submariner Tudor dotées d’aiguilles à embout carré évoquant un flocon de neige et d’index horaires carrés épais. La référence 9401/0 est l’un des modèles Snowflake les plus prisés. Lancée vers 1976, elle représente l’aboutissement de la seconde génération de Tudor Submariner débutée en 1969.
Description générale : La 9401/0 est une Submariner « no date » (pas de guichet de date, contrairement à sa sœur 9411/0 Date). Elle arbore un cadran noir ou bleu marine mat avec les fameux index peints carrés remplis de tritium. L’aiguille des minutes dite « snowflake » (en forme de losange élargi) est devenue iconique – conçue pour accroître la surface luminescente et différencier immédiatement l’aiguille des heures et celle des minutes sous l’eau. Le logo Tudor à 12h est le bouclier (adopté à la place de la rose dès la fin des années 60), ici blanc imprimé. On lit « Tudor Oyster Prince » et « Submariner 200m=660ft » sur le cadran. Le boîtier en acier de 39-40 mm de diamètre est identique en forme aux Rolex Sub de l’époque, fabriqué par la manufacture Rolex (carrure Oyster avec épaulements de protection de couronne, Rolex Twinlock). La couronne vissée arbore d’ailleurs le coronet Rolex. La lunette tournante unidirectionnelle crantée est également en acier, avec un insert aluminium bleu ou noir gradué 60 minutes (triangle à 12h avec perle luminescente). Le fond de boîte vissé est gravé à l’intérieur « Montres Tudor SA » et à l’extérieur un simple fond lisse poli (certains exemplaires destinés à la Marine peuvent porter des marquages spécifiques comme M.N.77 etc. pour Marine Nationale + année). La montre était livrée sur un bracelet Oyster Rolex référence 9315 à maillons rivetés puis pliés, avec fermoir siglé Rolex. L’ensemble est visuellement très proche d’une Rolex Submariner 5513/5514 de la même période, à la différence près du cadran Snowflake unique à Tudor.

Mouvement : À l’intérieur de la 9401 bat le calibre ETA 2776 (automatique, 25 rubis, 21’600 vph) équipé d’un arrêt seconde. Tudor l’appelle alors « calibre Tudor 2776 » ou « Auto-Prince », car signé Tudor. Ce mouvement à heure-minute-seconde centrale et date fictive (non utilisée ici) offre ~40h de réserve de marche. Il est reconnu pour sa robustesse et sa facilité de service. Sur la version 9401, l’absence de date signifie que la position intermédiaire de la couronne sert uniquement au stop-seconde. Le réglage se fait par la couronne vissée une fois dévissée (positions : remontage, stop-seconde/réglage). Notons que beaucoup de 9401 militaires ont eu leur mouvement remplacé ou révisé par l’armée, mais un exemplaire civil intact aura son calibre d’origine numéroté.
Particularités et histoire : La Snowflake 9401/0 a été notamment fournie à la Marine Nationale française à la fin des années 70. Ces exemplaires militaires, appelés « MN » suivis de l’année gravée sur le fond (par ex. M.N.80 pour 1980), sont extrêmement recherchés.

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La 9401 bleu est célèbre pour avoir été utilisée par les plongeurs-démineurs français, car très lisible et fiable. En collection, on distingue les cadrans bleus et noirs. Les bleus attirent souvent une prime car la couleur peut s’éclaircir joliment avec le temps (effet ghost bezel et tropical dial bleuté). On trouve deux types de cadrans : Snowflake jusqu’en 1980-83, puis Tudor a remis des aiguilles Mercedes et index triangulaires sur les derniers exemplaires 9401 (dits « Transitional »). Les collectionneurs puristes recherchent donc les vrais Snowflake (1969-1983). La 9401 est la dernière Submariner Tudor no-date produite avec le look vintage (elle sera suivie en 1984 par la 76100 Lollipop à index ronds). Cela en fait une pièce charnière. En résumé, la Tudor Submariner 9401/0 Snowflake incarne la toolwatch par excellence : esthétique inimitable, pedigree militaire, performance éprouvée. Elle est à la fois un morceau d’histoire (symbole de l’émancipation de Tudor vis-à-vis de Rolex) et une montre très port-able au quotidien grâce à sa fiabilité. Sur le marché, ses exemplaires avec cadran d’origine non restauré et patine homogène se négocient cher (cf. section Prix).

3.2 Tudor Chronograph Oysterdate « Monte Carlo » réf. 7169/0 (1971)
Deuxième pièce incontournable : le chronographe Tudor Oysterdate réf. 7169/0, surnommé « Monte Carlo ». S’il existe plusieurs variantes de Tudor Chrono vintage, la 7169 se singularise par sa lunette tournante 12 heures et son cadran aux accents de casino, ce qui lui a valu ce sobriquet évocateur auprès des collectionneurs.
Contexte et positionnement : Présentée en 1971, la réf. 7169 fait partie de la série « 7000/0 seconde génération » lancée cette année-là. Tudor améliore sa formule de chronographe initiale (réf. 7031/7032 de 1970) en introduisant notamment le nouveau calibre Valjoux 234 (plus précis, cf. section mouvements) et en diversifiant les designs de cadran et de lunette. La 7169/0 est particulièrement intéressante car elle est la version dérivée du prototype 7033/0 non commercialisé : c’est un chronographe avec lunette tournante graduée sur 12 heures, permettant une fonction additionnelle de second fuseau horaire ou de mesure de durée plus longue. En d’autres termes, Tudor propose avec la 7169 un chronographe qui peut aussi faire office de GMT rudimentaire – fonctionnalité rare combinée à un chrono. La production de la réf. 7169 s’étale de 1971 à environ 1977, avec deux principales déclinaisons de couleurs de cadran : gris/bleu et gris/noir, toutes deux relevées de touches orangées.
Design et esthétique : Le boîtier de la 7169/0 est en acier de 40 mm de diamètre, épais (~14 mm) en raison du mouvement chrono. Il reprend la carrure Oyster avec protège-couronne. La couronne vissée et les deux poussoirs de chronographe (non vissés sur ce modèle) sont signés Rolex (couronne coronet). La grande particularité externe est la lunette tournante bidirectionnelle 12h, de type « 12 heures » (chiffres de 1 à 11 et triangle). Sur la version bleu par exemple, la lunette est en aluminium anodisé bleu avec chiffres blancs. Cela permet de suivre un second fuseau ou de mesurer un intervalle jusqu’à 12h. Cadran : la 7169 adopte le fameux cadran exotic dit Monte Carlo. Il est généralement gris clair, avec deux sous-compteurs (à 3h et 9h) de couleur contrastée (bleu marine ou noir, selon la version) et une échelle de secondes périphérique azurée aux accents orange et bleu. L’effet visuel rappelle une roulette de casino, d’où le surnom. Les index horaires sont peints, de forme bâton, blancs avec tritium en leur centre, sauf un triangle orangé à 12h. L’aiguille des secondes du chrono est orange vif, tout comme l’aiguille des minutes sur certaines versions. À 6h figure un guichet de date avec loupe Cyclope sur le verre acrylique (Rolex date). On lit « Tudor Oysterdate» sous 12h et « Rotor Self-Winding » au-dessus du sous-compteur de 6h, même si en réalité le mouvement est manuel (Tudor a réutilisé le cadran mentionnant Oysterdate rotor par économie, un détail amusant). Le tout donne un cadran très chargé en informations, mais extrêmement charismatique pour les amateurs de style 70’s. Le bracelet d’origine est un Oyster 7836 plié avec endlinks 382, là encore fourni par Rolex.
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Mécanique : La réf. 7169/0 est motorisée par le calibre Valjoux 234 (manuel à roue à colonnes). Ce mouvement, visible si l’on dépose le fond, comporte 17 rubis et bat à 21 600 A/h, assurant environ 45h de réserve. Il pilote deux registres : à 3h le compteur 45 minutes du chronographe, à 9h la petite seconde continue. Le chronographe se déclenche/arrête via le poussoir à 2h, et se remet à zéro via celui de 4h. Le quantième à 6h saute instantanément à minuit. Notons que contrairement aux chronos Big Block ultérieurs, il n’y a pas de trotteuse centrale permanente – la grande aiguille n’est que pour le chrono. Le remontage se fait quotidiennement via la couronne (pas de rotor). Ce Valjoux 234 est réputé plus précis que le Valjoux 7734 précédent grâce à sa fréquence supérieure. Il confère à la montre une fiabilité remarquable si entretenu, bien que son ajustement nécessite un horloger connaissant les chronos à colonnes.

Pourquoi « Monte Carlo » est-elle incontournable ? Plusieurs raisons. D’abord, son esthétique incomparable en fait l’un des chronos vintage les plus facilement reconnaissables. À une époque où les cadrans de Daytona ou Speedmaster étaient sobres, Tudor osait la couleur et la complexité visuelle. Ensuite, c’est un chronographe qui intègre un double fuseau (rare sur un chrono, cela reviendra bien plus tard sur des modèles comme la Breitling Chronomat GMT). La 7169 est donc un véritable outil de voyageur autant que de pilote de course. Par ailleurs, sa production limitée (seulement ~6 ans) et l’arrêt des chronos Tudor manuels en 1977 font qu’il y a relativement peu d’exemplaires en circulation, dopant son attrait en collection. Il existe quelques variations intéressantes : par exemple, la première série de 7169 a le mot « Tudor » seul à 12h (on parle de Solo Dial), ensuite vient le logo bouclier + Tudor. De plus, les versions noir/gris (surnommées parfois « Joker ») semblent légèrement moins courantes que les bleu/gris.

Les collectionneurs recherchent surtout les cadrans en bel état, non oxydés, avec la peinture d’origine intacte – ce qui peut être difficile car ces cadrans ont parfois vieilli (craquelures, tritium tombé). En somme, la Monte Carlo 7169 offre une personnalité débridée et attachante, incarnation des années 70, et elle est le pendant accessible des Rolex Daytona vintage, ces dernières étant aujourd’hui inabordables.

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En définitive, la Tudor « Monte Carlo » 7169 est un must-have pour tout collectionneur de chronographes vintage. Elle marie l’héritage sportif (courses, rallyes) et l’ingéniosité horlogère de Tudor. Ses couleurs pop et son aura seventies en font une pièce centrale de toute collection consacrée aux chronos vintage.
3.3 Tudor Oyster Prince 1960’s (exemple : Oysterdate « Ranger » réf. 7966/0, ~1967)
La troisième référence incontournable que nous évoquerons n’est pas une montre précise mais plutôt un type de modèle : la Tudor Oyster Prince des années 1960. Sous cette appellation se rangent les montres classiques de la marque, souvent des trois aiguilles avec ou sans date, qui étaient l’alter ego des Rolex Oyster Perpetual ou Datejust, en version économique.


Parmi elles, une se détache aux yeux des collectionneurs : la fameuse Tudor Ranger de la fin des sixties, très recherchée pour son look d’Explorer. Prenons pour illustration la Tudor Oyster Prince Oysterdate réf. 7966/0 vers 1967, surnommée plus tard « Ranger » en raison de son cadran particulier.

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Style et caractéristiques : La plupart des Tudor Oyster Prince 60’s se présentent dans un boîtier Oyster en acier 34 mm de diamètre (taille standard homme à l’époque). La référence 7966/0 est l’une d’elles : boîtier acier rond, lunette lisse ou parfois finement crantée (engine-turned sur certains exemplaires), carrure monobloc signée Rolex (couronne vissée coronet, fond vissé Rolex). Le cadran de la version Ranger est noir mat avec des chiffres arabes à 12, 3, 6, 9 et des index bâtons luminescents aux autres heures – un agencement rappelant beaucoup le cadran des Rolex Explorer 1016. Le logo Tudor est encore la petite rose dorée à 12h, sur certains exemplaires tardifs une rose argentée. L’inscription « Tudor Oyster Prince » figure sous la rose, et la mention « Ranger » apparait vers 6h sur les modèles concernés. Nombre de ces Oyster Prince possèdent un guichet de date à 3h avec loupe (on parle alors d’Oysterdate). Les aiguilles sur les premières séries sont de style dauphine avec tritium, puis sur la Ranger on trouve une trotteuse à pointe fléchée et une grande aiguille des heures dite « shovel hand » (en forme de pelle) distinctive. L’ensemble offre une lisibilité excellente et un style militaire sobre. À l’origine, ces montres étaient livrées sur bracelet Oyster plié 19 mm signé Rolex ou sur cuir.
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Mouvement : À l’intérieur de la réf. 7966/0 bat un calibre automatique ETA 2484 (ou calibre Tudor 2484) avec affichage de la date. Ce mouvement 25 rubis tourne à 18 000 A/h et dispose d’un mécanisme de date semi-rapide. Il est connu pour sa robustesse et équipe de nombreuses Tudor de la période. Certaines Oyster Prince antérieures (réf. 7934 sans date par ex.) utilisaient le calibre ETA 2461 (19 rubis). Globalement, ces calibres assurent une précision honorable (quelques secondes par jour) et un remontage bidirectionnel efficace grâce au rotor « Rotor Self-Winding » souvent indiqué sur le cadran. La simplicité de ces mouvements (heure, minute, seconde, date) a contribué à faire des Oyster Prince des montres très fiables au quotidien pendant des décennies.
Pourquoi c’est un incontournable : Les Tudor Oyster Prince des 60’s représentent la genèse de Tudor en tant que marque de montres classiques de qualité. Ce sont ces modèles qui ont permis à Tudor de se faire connaître du grand public, en offrant l’esthétique et la qualité Rolex à un tarif plus abordable. À l’époque, une Oyster Prince coûtait environ la moitié d’une Rolex Datejust, pour une performance très similaire. Du point de vue du collectionneur actuel, elles offrent un charme vintage discret : diamètres modestes, élégance des cadrans à logo Rose (emblème Tudor abandonné en 1969), et souvent de belles patines sur les cadrans argentés ou noirs.
La version Ranger est particulièrement recherchée car relativement rare et sujette à caution (beaucoup de contrefaçons ou de montages spurious existent, le mot “Ranger” ayant parfois été ajouté sur des cadrans Oysterdate standard). Un exemplaire authentique de Tudor Ranger 60’s se vend aujourd’hui à prix d’or, avoisinant souvent le prix d’une Rolex Explorer équivalente, c’est dire la cote!. Plus généralement, toute Oyster Prince bien conservée, avec ses pièces d’origine (couronne, bracelet, cadran non repeint) constitue une pièce de collection attachante. On peut citer d’autres références cultes : la Tudor Advisor 7926 (mentionnée plus haut, avec son calibre réveil AS 1475 modifié), la Tudor Prince Date+Day 7017 (équivalent de la Rolex Day-Date, en 37,5 mm, sortie en 1969), ou encore la Tudor 7809 des 50’s (première Oyster Prince, calibre FEF 390). Chacune a son histoire et sa place dans l’évolution de Tudor.

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En somme, les Oyster Prince sixties symbolisent la crédibilité horlogère de Tudor : des montres élégantes, précises, partageant 90% de composants avec Rolex, portées par toute une génération (ingénieurs, enseignants, militaires…) pour qui Rolex était un rêve inaccessible mais Tudor une réalité fière et durable. Le fait qu’on trouve encore beaucoup de ces montres en bon état fonctionnel aujourd’hui atteste de leur qualité de fabrication.
Après ce tour d’horizon, voici un tableau récapitulatif des trois références Tudor abordées, afin de comparer leurs spécifications clés :
Modèle (Référence) | Période | Mouvement | Diamètre | Complications | Particularités |
---|---|---|---|---|---|
Tudor Submariner « Snowflake » (ref. 9401/0) | 1969-1983 (ex. 1976) | Cal. ETA 2776 (Auto, 21 600 A/h, stop-seconde) | 39-40 mm | Divers : Lunette 60min Étanche 200 m | Cadran Snowflake (index & aiguilles carrés tritium) Versions bleu ou noir Boîtier & couronne Rolex |
Tudor Chrono « Monte Carlo » (ref. 7169/0) | 1971-1977 | Cal. Valjoux 234 (Manuel, 21 600 A/h, roue à colonnes) | 40 mm | Chronographe 45 min Date à 6h Lunette 12h (2e fuseau) | Cadran « roulette » gris/orange à 2 compteurs Lunette tournante graduée 12 heures Produite en 2 coloris principaux (bleu ou noir) |
Tudor Oyster Prince (ref. 7966/0 « Ranger ») | 1960s (ex. 1967) | Cal. ETA 2484 (Auto, 18 000 A/h) | 34 mm | Heure, minute, seconde Date (selon modèle) | Cadran style Explorer (chiffres 3-6-9-12) Logo Tudor Rose (jusqu’à 1969) Bracelet Oyster 19 mm Rolex |
4. Évolution des prix en 2025 (EUR & USD) : la flambée du vintage Tudor
Au cours des dernières années, la cote des Tudor vintage de collection a connu une hausse spectaculaire, portée par l’engouement général pour les montres vintage et par le succès contemporain de Tudor (qui revalorise son patrimoine). Longtemps cantonnées au rôle de « seconde main » par rapport aux Rolex vintage, les Tudor anciennes voient leurs prix se rapprocher de plus en plus de ceux de certaines Rolex, en particulier pour les modèles les plus rares ou en excellent état. Voici un point sur l’évolution des prix en 2025, avec des estimations actualisées du marché (valeurs moyennes début 2025, en euros € et en dollars $).
- Tudor Submariner Snowflake (réf. 9401/0 & 9411/0) : Durant la décennie 2010, il était possible de trouver des Snowflake aux alentours de 3 000 € – 4 000 € en bon état. Ce temps est révolu. En 2025, les Snowflake atteignent couramment des prix avoisinant 8 000 € à 12 000 € selon la configuration et l’état, soit environ 8 500 $ à 13 000 $ au cours actuel. Par exemple, un exemplaire 94010 sans date avec cadran noir d’origine et son bracelet Oyster d’époque se négociait autour de 9 300 $ (≈ 8 500 €) en ventes aux enchères fin 2024. Les versions bleues partent souvent dans le haut de la fourchette (12k€) surtout si la patine est recherchée. Les pièces Marine Nationale avec marquages militaires, très prisées, peuvent pulvériser ces chiffres : l’une d’elles (M.N.80 avec historique complet) s’est affichée à près de 35 000 $ récemment sur le marché spécialisé. On constate donc une appréciation x2 à x3 en dix ans sur les Snowflake. Cette tendance haussière semble se poursuivre du fait de la raréfaction des exemplaires non altérés (cadrans tritium jamais retouchés, etc.). À titre de comparaison, une Rolex Submariner 5513 de même période dépasse aujourd’hui les 15 000 €, donc les Tudor restent encore en dessous, mais l’écart se réduit.
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- Tudor Oysterdate Chrono « Monte Carlo » (réf. 7169/0 et consœurs) : Les chronographes Tudor vintage ont littéralement explosé en valeur depuis 5-6 ans. Vers 2010, une Monte Carlo pouvait s’échanger autour de 7 000 $ – 8 000 $. En 2025, difficile d’en trouver en bon état à moins de 15 000 € (≈ 16 000 $). La plupart se situent plutôt autour de 18 000 – 22 000 € (19k$ – 24k$). D’après les indices du marché, le prix médian des ventes de Monte Carlo 7169 s’établit à environ 18 600 $ (≈ 17 000 €) sur fin 2024. Avec boîte et papiers d’origine, certains exemplaires atteignent 25 000 $ (23k€). Là encore, c’est une augmentation de +100% en quelques années. En juin 2018 par exemple, une Monte Carlo s’était vendue ~16 200 $ aux enchères ; aujourd’hui ce montant correspond plutôt à une pièce avec défauts. Les variantes 7031/0 « Homeplate » (première génération, sans lunette 12h) sont encore plus chères, dépassant parfois 30 000 €. À noter que ces niveaux restent en-dessous des Rolex Daytona vintage (qui flirtent avec les 100k$), ce qui fait encore des chronos Tudor un choix attractif financièrement parlant. Mais l’évolution récente montre que l’écart continue de se resserrer.
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- Tudor Oyster Prince / modèles classiques 60s : Sur ce segment, les prix varient énormément selon le modèle exact. Les Oyster Prince “standards” (sans particularité rare) restent relativement abordables par rapport aux sportives. On peut par exemple dénicher une Tudor Oysterdate 1965 avec cadran champagne pour 1 500 € – 2 000 € environ (1 600 $ – 2 100 $). Toutefois, les versions Ranger avec cadran Explorer se vendent bien plus cher. Une authentique Tudor Ranger fin 60s est estimée autour de 7 000 € à 9 000 € (7k$ – 10k$) en 2025, du fait de la demande élevée et de la faible offre (beaucoup d’exemplaires sur le marché sont des assemblages ou redials). Un exemple concret : une Tudor Prince Oysterdate « Ranger » de 1967 a été estimée entre 3 538 et 4 953 $ en enchère (déjà ~4 000 €) mais les lots sont souvent passed et revendus bien plus cher ensuite. Autre montre classique : la Tudor Advisor (réveil) autrefois boudée, vaut maintenant autour de 4 000 € (4 300 $) si complète. De manière générale, toutes les Tudor vintage ont vu leurs prix grimper d’au moins +50% sur les 5 dernières années. La réédition moderne de certains modèles a aussi créé un effet de halo : par exemple, la sortie d’une Tudor Ranger contemporaine en 2022 a suscité un regain d’intérêt pour la vintage éponyme, faisant monter sa cote.
En résumé, l’évolution des prix au début 2025 confirme que les Tudor vintage ne sont plus du tout des alternatives bon marché. Elles s’affirment comme des collectibles à part entière, avec des cotations élevées et une liquidité sur le marché de l’occasion. Les montres présentées dans cet article – Snowflake, Monte Carlo, Oyster Prince 60s – se négocient à des prix qui peuvent surprendre ceux qui se souviennent qu’il y a 15 ans ces pièces se trouvaient encore à quelques milliers d’euros. Cette hausse reflète la reconnaissance tardive de la valeur historique et esthétique de Tudor. Pour autant, tout n’a pas flambé uniformément : les Tudor Submariner des années 80-90 par exemple restent encore accessibles (souvent 3k€-5k€ pour une 79090 fin 80s), de même que certaines Princess ou Glamour féminines vintage. Mais pour les modèles emblématiques discutés, il faut désormais un budget conséquent – qui, soulignons-le, reste environ 3 à 5 fois inférieur à l’équivalent chez Rolex vintage. Cette décote relative nourrit l’intérêt continu des collectionneurs avisés, qui voient en Tudor vintage un investissement avec encore du potentiel de progression.
5. Conseils d’achat de Tudor vintage : checklist et adresses utiles
Acquérir une Tudor vintage de collection peut être un véritable plaisir… à condition de prendre quelques précautions. Voici une checklist de conseils et de points de vigilance avant d’acheter, ainsi que des indications sur où chercher la montre de vos rêves :
- Authentification & état d’origine : Vérifiez scrupuleusement l’authenticité de chaque composant. Les Tudor vintage partagent des pièces avec Rolex, il est donc crucial que les numéros gravés correspondent. Entre les cornes, vous devez trouver la référence du modèle et le numéro de série, cohérents avec les archives Tudor connues pour l’année supposée. Par exemple, une Tudor Snowflake de 1977 aura un numéro de série ~ xxxxxxx et un fond de boîte estampillé « Montres Tudor S.A. Geneva » intérieur. La présence de la mention “Original Oyster Case by Rolex” sur le fond extérieur (ou intérieur selon modèle) et d’une couronne siglée Rolex est normale pour la plupart des Tudor vintage – attention donc, leur absence peut indiquer un boîtier de remplacement non officiel. Assurez-vous que le cadran est bien d’origine (logos imprimés nets, bonne police de caractères, tritium ancien marqué « T » éventuellement). Les cadrans repeints (redial) ou faux existent, notamment pour les Tudor Ranger et certaines Submariner : mieux vaut comparer avec des photos de référence provenant de sources fiables (forums spécialisés, Tudorcollector, etc.). De même, les aiguilles doivent correspondre au modèle (une Snowflake sans aiguilles Snowflake est suspecte, une Ranger doit avoir ses aiguilles spécifiques shovel). N’hésitez pas à demander des photos du mouvement : un calibre signé Tudor avec le bon numéro de calibre est indispensable. S’il s’agit d’un chrono, le mouvement Valjoux doit comporter la roue à colonnes bleui (sur les Monte Carlo) ou le rotor gravé Tudor (sur les Big Block auto). En cas de doute, faites authentifier par un expert ou via les communautés en ligne avant l’achat.
- État général et restauration : Privilégiez les montres en bon état d’origine. Un peu de patine est normal (et même désirable), mais méfiez-vous des pièces “trop neuves pour être vraies” : un cadran tritium des années 70 parfaitement blanc sans aucune patine peut être un service dial (changé lors d’une révision) ou un faux récent au luminova. De même, les boîtiers trop polis peuvent avoir perdu du volume : assurez-vous que les cornes sont encore épaisses et régulières, avec les chanfreins éventuellement présents. Vérifiez que la lunette est bien celle d’origine (par ex., une lunette 12h Monte Carlo est très spécifique et difficile à retrouver si manquante). Un insert de lunette qui a vieilli harmonieusement est un plus. Concernant les bracelets, beaucoup de Tudor vintage ont perdu leur bracelet d’origine Rolex au fil du temps – ce n’est pas rédhibitoire (on peut monter un beau cuir ou NATO), mais si le bracelet Oyster Rolex d’époque est présent, c’est un bonus de valeur. Inspectez son état (maillons étirés ou non, référence estampillée). Enfin, renseignez-vous sur le fonctionnement : la montre a-t-elle été récemment révisée ? Tient-elle l’heure ? Les complications (date, chrono, alarme) fonctionnent-elles correctement ? Une révision par un horloger spécialisé peut coûter entre 300 et 600 €, à prendre en compte dans votre budget si la montre n’a pas été entretenue.
- Pièges courants : Sur le marché des Tudor vintage, quelques pièges sont connus. Les contrefaçons ou “Franken” : certaines montres sont assemblées à partir de pièces de diverses provenances (par ex. un cadran refait avec le mot “Ranger” ajouté sur une Tudor Oysterdate banale, ou une boîte de Submariner avec un mouvement générique). Ce sont des montres sans valeur de collection qu’il faut éviter absolument. Les fausses inscriptions Marines : vu la cote des Tudor MN, méfiez-vous des gravures M.N. bidon apposées sur un fond pour faire monter le prix. Exigez la traçabilité (papiers militaires, extrait d’archive Tudor si possible, etc.). Les cadrans repeints : un redial diminuera fortement la valeur ; reconnaissable souvent à une impression un peu grossière ou une absence de tritium (logo “Swiss” sans “T” alors que ce devrait être “T Swiss T” par ex.). Les pièces polies à l’excès : un polissage trop prononcé fait perdre les arêtes vives du boîtier et peut effacer des marquages – c’est irréversible et cela baisse l’intérêt collection. Préférez une montre avec ses coups et ses micro-rayures d’époque plutôt qu’une “remise à neuf” qui détruit le charme vintage.
- Où acheter ? Pour trouver une Tudor vintage authentique, plusieurs canaux : les maisons d’enchères (Christie’s, Sotheby’s, Phillips) proposent parfois des Tudor rares – sécurité d’authenticité mais prix souvent élevé avec commissions. Les marchands spécialisés et galeries vintage : par ex. en Europe Bulang & Sons, Oliver and Clarke, Hodinkee Shop, European Watch Co, Menta Watches, etc., qui sélectionnent et révisent des pièces vintage (avec garantie de quelques mois). En France, des boutiques comme Joseph Bonnie (Paris) ou La Capsule – Bucherer Vintage offrent parfois des Tudor vintage certifiées. Les plateformes en ligne : Chrono24 permet d’accéder à un large choix, mais soyez prudent et favorisez les vendeurs “Trusted” et bien notés ; n’hésitez pas à poser des questions et à demander des photos supplémentaires. Les forums de collectionneurs (Timezone, Watchuseek, VRM, Facebook groups dédiés Tudor) sont aussi une mine : on y trouve des petites annonces sérieuses de passionnés connus dans le milieu – l’avantage est la transparence (historique de la montre souvent documenté), et parfois des prix un peu plus doux sans intermédiaire. Cependant cela requiert de bien connaître le vendeur ou d’utiliser un escrow sécurisé. Les salons et bourses horlogères (e.g. Bourse horlogère de Paris, Munich Watch Fair) peuvent permettre de voir la montre physiquement et de négocier avec des marchands.
- Documents et accessoires : La majorité des Tudor vintage sur le marché sont vendues sans boîte ni papiers d’origine – c’était souvent perdu. Si par bonheur le set est complet (écrin Tudor d’époque, certificat avec numéro de série, tags), c’est un gros plus qui justifie un surcoût. Assurez-vous que les numéros sur les papiers correspondent bien à la montre. Parfois, on trouve la notice d’époque ou même des maillons supplémentaires du bracelet – tous ces petits “extras” apportent de la valeur et de l’intérêt historique. Ne négligez pas l’importance d’un extrait d’archive Tudor (service que Tudor commence à proposer pour certains modèles anciens) qui peut attester de la livraison à une marine ou autre.
En suivant ces conseils, vous éviterez les déconvenues et pourrez profiter pleinement de votre acquisition. N’hésitez pas à partager votre trouvaille sur les communautés : les amateurs de Tudor vintage sont généralement très accueillants et de bon conseil pour l’entretien et la conservation de ces pièces. Rappelez-vous qu’une montre vintage, surtout de cette époque, reste fragile sur certains points (étanchéité rarement garantie – ne pas plonger avec sans l’avoir fait vérifier ! –, chocs à éviter sur les montres à mouvement manuel, etc.). En la portant avec soin et en la faisant réviser tous les 5-10 ans chez un horloger compétent, votre Tudor vintage pourra vous accompagner encore des décennies.
Conclusion
Les montres Tudor vintage de collection ont parcouru un long chemin dans le cœur des amateurs. Autrefois vues comme des « sous-Rolex », elles sont désormais adulées pour ce qu’elles sont : des garde-temps de caractère, témoins d’innovations audacieuses et dotés d’une âme horlogère bien à elles. Du cadran Snowflake emblématique gage de lisibilité extrême, aux couleurs flamboyantes des chronos Monte Carlo, en passant par la fière rose Tudor des classiques sixties, chacune raconte une histoire unique – celle d’une marque qui a su conjuguer l’excellence technique de Rolex avec un style anticonformiste et fonctionnel.
En 2025, collectionner une Tudor vintage, c’est s’offrir un morceau d’histoire à un prix encore raisonnable comparé aux intouchables Rolex. C’est aussi rejoindre une communauté de passionnés qui apprécient la subtilité de ces montres : leurs petites différences, leurs évolutions, leurs marquages militaires éventuels, leurs rares documents d’époque. C’est enfin prendre part à la renaissance actuelle de Tudor, qui puise largement son inspiration dans ces modèles heritage (Black Bay, Heritage Chrono, etc.) et fait ainsi grimper la valeur des pièces originales.
Que vous soyez attiré par la robustesse d’une Submariner ayant servi dans la Marine, par le look « Gentlemen Diver » d’un chronographe Monte Carlo au poignet en week-end, ou par le charme discret d’une Tudor Advisor réveillant votre nostalgie, il y a une Tudor vintage pour vous. Armé des conseils d’achat et des connaissances partagées dans cet article, vous pouvez envisager sereinement de sauter le pas. Examinez, comparez, et surtout faites-vous plaisir : ces montres, pensées pour les hommes et femmes actifs d’hier, n’attendent que de reprendre vie au poignet de nouveaux passionnés aujourd’hui. Comme le proclamait fièrement une publicité Tudor de 1960 : « Tudor – conçue par Rolex, pour ceux qui osent en faire plus ». Plus d’un demi-siècle plus tard, osons à notre tour redonner vie à ces icônes du passé.