Imaginez un chronographe des années 70 jamais commercialisé, un modèle prototype dont seule une vingtaine d’exemplaires avaient vu le jour avant de disparaître dans les limbes de la crise du quartz. Et si je vous disais que cette montre fantôme était revenue d’entre les morts, portant en elle l’ADN des mythiques Rolex Daytona « Paul Newman » dont elle partageait le fabricant de cadrans?
La Nivada Grenchen Chronosport VK64 n’est pas simplement une réédition néo-vintage comme les autres. Elle incarne ce moment précis où une marque centenaire décide de ressusciter non pas ses best-sellers, mais un prototype jamais commercialisé. Cette approche peu conventionnelle défie la logique habituelle du marketing horloger.
Les chronographes mécaniques suisses s’affichent rarement sous la barre des 1500€. Pourtant, ce calibre mécaquartz japonais logé dans un boîtier acier de 38mm parvient à séduire même les collectionneurs les plus puristes. Le secret? Cet équilibre subtil entre respect du patrimoine et pragmatisme moderne, cette fusion réussie entre esthétique racing authentique et facilité d’utilisation quotidienne.
L’histoire de cette pièce ravira autant l’amateur averti que le néophyte cherchant une montre à forte personnalité. Plongeons ensemble dans les détails fascinants de cette résurrection horlogère.
Sommaire
Aux origines : Chronomaster et Chronosport (1963–1977), puis renaissance néo-vintage
La Chronosport VK64 puise son ADN dans l’héritage de Nivada Grenchen, manufacture suisse fondée en 1926 et réputée pour ses montres-outils innovantes. En 1963, Nivada lance la Chronomaster Aviator Sea Diver, un chronographe polyvalent capable de tout faire (plongée, aviation, mesure de temps) et doté de complications rares pour l’époque. Cette “Super-Chronographe” au boîtier de 38 mm avec lunette tournante tachymétrique et télémétrique a connu de nombreuses variations jusqu’en 1977. Elle est aujourd’hui considérée comme une icône vintage, recherchée pour son design équilibré et son logo double (Nivada Grenchen ou Croton selon les marchés).

Prototype Chronosport des années 1970 – Crédit : Nivada Grenchen
Vers la fin des années 1960 et début 1970, Nivada explore de nouveaux chronographes au style plus audacieux. C’est là qu’apparaît le nom Chronosport : un projet de chronographe inspiré des courses automobiles, présenté en prototype vers 1970. Ce chronographe arbore un cadran noir à deux sous-cadrans contrastés (agencement “panda inversé”), rappelant furieusement les Rolex Daytona “Paul Newman” de la même époque. En effet, Nivada s’approvisionnait auprès du fabricant de cadrans Singer, auteur des fameux cadrans Newman, ce qui explique la ressemblance frappante entre la Chronosport et le Daytona 6239.
Malheureusement, seulement une vingtaine d’exemplaires de la Chronosport originale furent produits – sans doute des pièces d’essai jamais commercialisées, la maison Nivada n’ayant pas donné suite en raison de la crise du quartz naissante. La marque elle-même finit par sombrer à la fin des années 1970, incapable de rivaliser avec l’invasion des montres électroniques.
C’est l’histoire classique d’une belle endormie… qui renaît plusieurs décennies plus tard. En 2018, deux entrepreneurs, Guillaume Laidet et Remi Chabrat, s’associent pour ressusciter Nivada Grenchen en obtenant la licence d’exploitation du nom. Leur stratégie : surfer sur la tendance néo-vintage en rééditant fidèlement les modèles historiques phares de la marque (Chronomaster, Depthmaster, Antarctic, etc.), avec des composants modernes.
Après le succès des premières pré-commandes de Chronomaster fin 2020, ils décident de faire revivre également la mystérieuse Chronosport.

En 2021, un échantillon de Chronosport “Racing” est dévoilé en collaboration étroite avec la communauté (notamment via les réseaux sociaux et forums). Deux variantes automatiques à calibre Valjoux 7750 de style très vintage (l’une à lume blanc moderne, l’autre à lume jaune « fauxtina ») sont lancées en 2022, confirmant la renaissance du modèle.

Dans le même temps, Nivada perçoit la demande pour une version plus abordable : en 2023, elle présente la Chronosport Meca-Quartz VK64, au look identique ou presque, mais embarquant un mouvement hybride mécaquartz Seiko, ce qui lui permet d’afficher un prix plancher autour de 500 €. Cette démarche s’aligne sur la philosophie néo-vintage de Nivada : offrir aux passionnés l’esthétique et les sensations des montres anciennes légendaires, tout en garantissant fiabilité et confort modernes, le tout à un tarif étudié. La Chronosport VK64 incarne ainsi la rencontre entre un passé glorieux (celui des chronos de course des seventies) et les attentes contemporaines en matière de praticité.
Architecture technique de la Chronosport VK64 : un concentré de vintage moderne

Esthétiquement, la Chronosport mécaquartz actuelle semble tout droit sortie de 1973, mais ses entrailles et sa fabrication sont bien du XXIe siècle.
Le boîtier est en acier inoxydable 316L, finition alternée poli / brossé, et affiche un diamètre contenu de 38 mm (très proche des 37–38 mm des anciens Chronomaster). Les cornes droites percées (drilled lugs) facilitent le changement de bracelet et accentuent le style vintage toolwatch. L’entrecorne est de 20 mm, dimension classique offrant un vaste choix de bracelets de rechange.
La lunette rotative en aluminium anodisé noir a un profil cannelé type “coin de monnaie” pour une bonne prise en main. Particularité intéressante : cette lunette présente une double échelle – graduations 60 minutes et indication 12 heures – permettant de l’utiliser à la fois comme compte-tours (chronométrage additionnel) ou comme second fuseau horaire improvisé, un clin d’œil direct aux chronographes de sport des années 60–70. Le repère triangulaire à 12h (au Zéro de la lunette) est souligné d’un point luminescent jaune vif sur la version “lume vintage”, ou blanc sur la version standard.

À 3 heures, la couronne signée du logo N vissé (screw-down crown) assure l’étanchéité, assistée par un fond de boîtier vissé en acier plein.

L’ensemble permet d’atteindre une étanchéité remarquable de 20 ATM (200 m), un chiffre très élevé pour un chronographe – la plupart des concurrents s’arrêtent à 50 ou 100 m. Ce résultat témoigne du soin apporté aux joints et à la construction générale, et place la Chronosport au niveau de montres-outils professionnelles (même si soyons honnêtes, peu d’utilisateurs plongeront à 200 m avec un chrono vintage au poignet).
Les poussoirs du chronographe, de forme cylindrique lisse (“piston”), ne sont pas bloquants à vis – un choix axé sur la facilité d’utilisation au quotidien, d’autant plus que l’armature interne assure déjà l’isolement nécessaire à 20 ATM.

La glace qui coiffe le tout est un saphir bombé double dôme avec traitement antireflet interne. Son galbe imposant reproduit l’allure des plexiglas d’antan (et contribue largement à l’épaisseur totale de la montre, qui atteint ~15,7 mm tout compris, pour environ 11 mm de boîtier nu sans verre). Cette hauteur peut surprendre sur une montre de 38 mm de diamètre : vue de profil, la Chronosport mécaquartz apparaît trapue, avec un rapport « épaisseur/diamètre » assez élevé.

Cela s’explique en partie par le choix de conserver la même carrure que les versions automatiques à Valjoux 7750 (mouvement plus épais), par souci d’industrialisation. Certains amateurs regrettent que Nivada n’ait pas réduit de 1 mm l’épaisseur du boîtier pour la variante mécaquartz, vu que son calibre hybride est plus plat qu’un 7750, mais d’autres y voient un charme supplémentaire, celui d’une « petite grosse » aux proportions volontairement à l’ancienne. Posée sur le poignet, la montre garde de toute façon une assise confortable grâce à ses cornes courtes et à un fond relativement plat.
Passons au cadran : la Chronosport adopte une configuration bicompax atypique, avec deux registres auxiliaires décentrés. Sur les versions automatiques Valjoux, Nivada avait choisi de ne faire figurer que deux sous-compteurs (minutes à midi et secondes à 9h), masquant le troisième pour coller à l’esthétique du prototype originel. Sur la version mécaquartz, en revanche, la disposition est tri-compax 12–9–6 fonctionnelle : on trouve un totalisateur des minutes à 9 heures, un indicateur de 12 heures chronographiques à 12 heures, et une petite seconde en marche à 6 heures.
Cependant, l’agencement visuel reste très équilibré et symétrique car les compteurs supérieurs dominent la lecture, le sous-cadran de 6h étant discrètement intégré au design général (de nombreux utilisateurs confient même ne pas remarquer d’emblée qu’il y a trois compteurs tant la présentation globale fait penser à un bicompax classique). Le fond du cadran est noir mat à micro-texture grenée, offrant une belle profondeur. Les deux compteurs principaux sont en creux et arborent une teinte contrastée : soit « sand » beige sable tirant sur le kaki clair, soit saumon rosé dans l’édition limitée « Salmon » (nous y reviendrons).

Ces sous-cadrans rehaussés d’un filet circulaire adoptent une police Art Déco très caractéristique pour les chiffres (la même fonderie Singer que sur le Daytona Newman, encore une fois), conférant au cadran son identité visuelle forte. Une graduation chemin de fer blanche parcourt le réhaut, avec l’inscription “Tachymeter” et des marquages jusqu’à 1000 sur le pourtour extrême – clin d’œil purement esthétique ici, puisque la lunette remplit déjà la fonction tachy. À 3 heures, un guichet de date carré s’ouvre dans le cadran (fond noir et chiffres blancs assortis, donc assez discret). Ce calendrier à 3h n’existait pas sur le prototype original (dépourvu de date) mais s’avère pratique à l’usage. Nivada a préféré garder la date pour éviter un trou mécanique sur le calibre mécaquartz qui l’intègre de série.
La signature Nivada Grenchen s’inscrit en blanc à 3h30, faisant pendant au cartouche rouge “Chronosport” à 4h30 – un joli détail de couleur qui dynamise le cadran. Les index sont de fins batons appliqués, avec un point de Super-LumiNova à leur extrémité. Les aiguilles principales (heures et minutes) sont droites, biseautées et remplies de lume (Super-LumiNova blanc ou jaune vintage selon version). L’aiguille de chronographe, longue et effilée, est peinte en blanc et pourvue d’une pointe fléchée. Un réhaut argenté circulaire en relief entoure la base de chaque sous-cadran – un détail subtil qui apporte du volume. L’ensemble du cadran parvient ainsi à rester lisible et cohérent malgré la richesse des indications.

Au cœur de la montre bat un calibre Seiko de série VK méca-quartz. Nivada annonce un “VK64”, mais en pratique il semble s’agir du Seiko SII VK67A (même base technique que le VK64, avec module supplémentaire 12 heures). Ce mouvement hybride est bien connu des micro-brands : il combine un oscillateur quartz (32 kHz) qui assure la précision de la mesure du temps (avec une dérive infime de ±20 secondes par mois) et un mécanisme de chronographe à engrenages activé par des boutons-poussoirs physiques.
Concrètement, l’heure et la date avancent comme dans n’importe quelle montre à quartz – alimentées par une pile (ici une SR936SW, autonomie environ 3 ans). Mais dès qu’on lance le chrono, l’aiguille centrale effectue sa course avec la fluidité d’un calibre méca classique (balayage 5 tics par seconde) et la remise à zéro claque nettement, grâce à un embrayage mécanique et une roue à colonnes miniaturisée. Cela procure une sensation “dans le pur jus” fort appréciée des amateurs, sans les contraintes d’une montre 100% mécanique (ni remontage quotidien, ni entretien coûteux tous les 5-10 ans).
Le VK67 offre en outre l’avantage d’éliminer le sous-cadran 24h décoratif souvent jugé inutile sur d’autres calibres mécaquartz (comme le VK63 ou VK64). Ici, le compteur de 12 heures à midi apporte une vraie fonctionnalité de chronométrage long, tout en occupant la place du 24h “AM/PM” dont l’absence ravit beaucoup de puristes. La pile assure environ 3 ans de fonctionnement normal et son remplacement est simple (pas de reset complexe, une fois changée la trotteuse du chrono se recalibre automatiquement via le module quartz).
En somme, le calibre mécaquartz de la Chronosport concilie le meilleur des deux mondes : la précision et la fiabilité sans souci d’un quartz (pas de décalage horaire notable, montre toujours à l’heure exacte, même après quelques jours laissée sur la table), et le plaisir interactif d’un chronographe à aiguilles au mouvement visuel linaire et au toucher dynamique (déclenchement net, remise à zéro “flyback” instantanée). Pour de nombreux collectionneurs, c’est un compromis idéal sur une montre de style vintage : on peut la porter régulièrement sans se soucier de la régler en permanence, tout en s’amusant à chronométrer son café du matin avec une trotteuse dont la course rappelle celle des chronos Valjoux d’antan.
Côté bracelet, Nivada propose de multiples options lors de l’achat : un beau bracelet acier style Oyster “Chronosport” à maillons larges brossés (20 mm, effilé à 16 mm vers la boucle déployante ajustable), plusieurs bracelets cuir Rallye perforés (noir, brun, surpiqûres vintage) et un strap caoutchouc type Tropic noir pour le look plongée. Cette polyvalence permet de changer radicalement le style de la montre en quelques secondes et souligne son côté “strap monster”.
Sur acier, la Chronosport présente un esprit “toolwatch” très sportif et une belle unité de ton avec la boîte métal.

Sur cuir à trous, elle devient la parfaite compagne des balades en voiture classique, l’odeur du cuir et le compte-tours du chrono rappelant l’ambiance des rallyes historiques. Sur Tropic en silicone, elle renoue avec son étanchéité de 200 m et n’hésite pas à piquer une tête (on a alors quasiment une “Nivada Chronomaster” de plongée, l’architecture étant proche).
Avis utilisateurs : qualité de finition, confort et charme vintage plébiscités, quelques critiques sur l’ergonomie
Dès sa réception par les premiers collectionneurs, la Nivada Chronosport mécaquartz a suscité un engouement palpable sur les forums spécialisés, les groupes Facebook horlogers et Reddit.
Les points forts concernent d’abord l’esthétique et la qualité perçue de la montre. Beaucoup soulignent que la finition du boîtier et du cadran est excellente pour le tarif : les surfaces acier alternent poli et satiné sans défaut, les arêtes sont nettes, la couronne et le fond vissé tombent bien en face, signe d’un assemblage sérieux.
Malgré son épaisseur notable, la montre reste très agréable au poignet grâce à son diamètre contenu et son design de cornes “droites” qui la fait bien poser sur des poignets de 16 cm comme de 19 cm. Le poids est équilibré (environ 120 g sur acier) et donne une impression de robustesse sans être pesant.
Le style vintage est un succès unanime : la Chronosport est fidèle aux chronos des seventies: la forme délicate des chiffres Art Déco, le rendu légèrement “tropical” des sous-compteurs sable ou saumon selon la lumière, ou encore la fameuse aiguille rouge/orange de la lunette qui « pimente » le look.

Sur le plan mécanique, même les réfractaires au quartz seront séduits par le calibre méca-quartz du fait de sa simplicité d’utilisation (pas besoin de remonter la montre ni de la régler fréquemment), la précision déconcertante (on peut la laisser quelques jours, elle restera à l’heure à la seconde près), tout en retrouvant le plaisir tactile du chronographe d’ordinaire réservé aux seuls calibres 100% mécaniques. Le balayage fluide de l’aiguille chrono impressionne et amuse leurs amis lorsqu’ils leur montrent la montre en action.
Enfin, la communauté apprécie le SAV et l’attention de Nivada : la montre est garantie 2 ans, et la marque (toute petite équipe) a généralement répondu présente lors des quelques soucis de logistique ou d’ajustement de bracelet signalés au début. La disponibilité des pièces (lunette, maillons supplémentaires, etc.) est aussi un point rassurant : Nivada a confirmé garder du stock de composants pour entretenir ses modèles, gage de sérieux dans la durée.

Si l’enthousiasme est général, la Chronosport VK64 n’est toutefois pas exempte de petites critiques relevées par certains utilisateurs pointilleux.
La remarque la plus fréquente concerne l’épaisseur : sur poignet très fin, la montre peut paraître un peu proéminente, et surtout le dôme saphir génère des reflets latéraux qui nuisent parfois à la lisibilité en plein soleil (malgré le traitement AR). Quelques passionnés regrettent que Nivada n’ait pas opté pour un verre hexalite (plexi) comme sur la Chronomaster, ce qui aurait réduit l’épaisseur et collé encore plus à l’aspect vintage – mais la plupart reconnaissent que le saphir est bien plus résistant aux rayures pour un port régulier.
L’ergonomie du cadran tri-compax suscite également des discussions : d’aucuns auraient préféré un pur bi-compax sans trotteuse à 6h, afin d’optimiser l’esprit « racing » épuré. Cependant, d’autres soulignent que la petite seconde animée confère de la vie au cadran et sert d’indicateur de bon fonctionnement du quartz (plutôt agréable sur une montre à pile, pour savoir d’un coup d’œil si elle tourne).

La luminescence est correcte sans plus : les index et aiguilles brillent en bleu (lume BGW9) ou en jaune verdâtre (Super-LumiNova “Old Radium” sur version à patine simulée) mais la couche de lume n’est pas très épaisse, offrant une lisibilité nocturne moyenne. C’est souvent le cas sur les chronos vintage réédités, et la Chronosport ne fait pas exception : la priorité était d’abord esthétique (couleur de lume cohérente) plutôt que fonctionnelle (lire l’heure en plongée de nuit n’est pas son terrain de jeu principal).

Autre point soulevé sur les réseaux : l’absence de mention “Swiss Made” sur le cadran. En effet, la Chronosport mécaquartz n’est pas estampillée suisse, car le mouvement Seiko la disqualifie selon les normes d’origine (plus de 50% de la valeur doit être suisse). Certains collectionneurs puristes l’ont déploré, craignant qu’il s’agisse d’une production bas de gamme exotique. Nivada a répondu en toute transparence que l’assemblage était effectué en Asie chez un partenaire de confiance (d’où le prix contenu), tout en assurant un contrôle qualité strict et en utilisant de l’acier et un saphir de grade suisse.
L’arbitrage était assez simple: mieux vaut une excellente mécaquartz “non Swiss Made” à 500€, qu’un chrono mécanique suisse mal fini ou hors budget.
Face à la concurrence : qui pour rivaliser avec ce chrono néo-vintage à ~600 € ?
Le segment des chronographes « vintage inspirés » de milieu de gamme est devenu très dynamique ces dernières années. La Chronosport VK64 y occupe une position originale, de par son mouvement hybride et son héritage historique réel.
Examinons quelques modèles concurrents potentiels autour de 600 € (ou moins) et partageant soit un look 60s/70s, soit une motorisation mécaquartz similaire, afin de situer la Nivada dans ce paysage.

Modèle | Mouvement | Matériaux & verre | Dimensions | Étanchéité | Image de marque | Style / Usage |
---|---|---|---|---|---|---|
Nivada Chronosport VK64 (mécaquartz) | Seiko VK67A (hybride méca-quartz), 3 sous-compteurs, date | Boîtier acier 316L, lunette alu, verre saphir double dôme | 38 mm diam 15,7 mm épais 20 mm entrecornes | 200 m (couronne vissée) | Marque historique suisse ressuscitée (micro-brand premium) | Chrono racing 70s authentique, usage quotidien ou sport chic |
Tissot PRX Chronograph (Quartz auto) | Valjoux A05 auto (variante Powermatic 80 auto pour le non-chrono) | Boîtier acier intégré 70s, verre saphir plat | 42 mm diam 14,5 mm épais integrated bracelet | 100 m | Grande marque suisse (Swatch Group), grand public renommée | Chrono sporty-chic intégré années 70, polyvalent (tenue de ville) |
Dan Henry 1964 GT (mécaquartz) | Seiko VK63 (méca-quartz), 2 registres + 24h, date | Acier 316L, verre saphir (simple dôme), lunette tachy fixe | 38 mm diam 12,9 mm épais 19 mm entrecornes | 50 m | Micro-brand américaine très accessible (créateur Dan Henry) | Chrono vintage abordable (style Carrera 60s), usage décontracté quotidien |
Yema Speedgraf (Automatique) | Seiko NE86 auto (28 800 vph, 34 rubis), 3 compteurs, date | Acier 316L, lunette bi-directionnelle, verre saphir bombé | 39 mm diam 15,5 mm épais 19 mm entrecornes | 100 m | Marque française historique relancée, positionnée mid-market | Chrono inspiré Daytona 60s, mouvement auto haut de gamme, usage collectionneur |
Undone Vintage “Killy” (mécaquartz) | Seiko VK61 (méca-quartz), 2 compteurs + 24h, date | Acier 316L, verre K1 dômé (minéral saphiré) | 40 mm diam 13 mm épais 20 mm entrecornes | 30 m | Micro-brand custom (Hong Kong), image trendy-personnalisable | Chrono élégant années 40-50 (inspiré Rolex Killy), usage citadin chic |
Baltic Tricompax “Panda” (Manuel) | Sellita SW510M (chronographe à remontage manuel, 63h réserve) | Acier 316L, lunette fixe tachy, verre saphir double dôme | 39,5 mm diam 13,5 mm épais 20 mm entrecornes | 50 m | Micro-brand française très en vue (prestige dans la sphère indie) | Chrono haut-de-gamme inspiré 60s (Compax), usage collection/passion (1500 €+) |
Cette cartographie fait apparaître des choix contrastés.
Face à la Chronosport, la Tissot PRX Chronograph (version automatique à ~1 800 €) n’est pas positionnée sur le même créneau de prix mais il faut la mentionner tant elle représente l’engouement actuel pour les designs 70s : avec son bracelet intégré, son cadran à sous-compteurs “reverse panda” et la caution d’une grande marque, c’est une concurrente indirecte pour qui recherche un chrono vintage moderne. Plus accessible, Tissot propose aussi la PRX en version quartz simple (sans chrono) à ~375 €, qui peut faire hésiter certains acheteurs : à budget égal, chrono hybride ou trois-aiguilles suisse ?
Dan Henry 1964 Gran Turismo est une alternative bien plus économique (~270 € neuf) avec un calibre mécaquartz équivalent. Son style s’inspire des Heuer Carrera 1964, avec un boîtier mince et épuré très agréable à porter. Cependant, sa qualité de fabrication est en deçà : étanchéité réduite, verre saphir moins bombé, détails de cadran moins élaborés, et surtout aucune légitimité historique (c’est un « homage » assumé, créé de toutes pièces par la micro-brand américaine).
À l’inverse, la Yema Speedgraf joue dans une toute autre cour : mouvement automatique de qualité (le même calibre 8R48 que les Seiko Presage chronographes, intégré et très plat), finitions superbes, mais prix élevé (~1 300–1 500 €) et disponibilité limitée (séries éphémères). Elle plaira à ceux qui acceptent de payer le double pour avoir une “vraie” mécanique, au détriment parfois de la facilité d’usage (le remontage manuel nécessaire et le besoin de régler la date après arrêt peuvent rebuter en usage quotidien).
La Undone Vintage Killy, quant à elle, se positionne comme un chrono “mode” personnalisable : son look s’inspire des chronographes Dress des années 40 (d’où son surnom en référence à Jean-Claude Killy), et elle utilise également un mécaquartz Seiko. Vendue autour de 260 €, elle offre un intéressant potentiel de customisation (couleurs de cadran, inscriptions au dos, etc.), mais son étanchéité très faible et son positionnement plus “fashion” la rendent moins polyvalente qu’une Chronosport.
Enfin, citons la Baltic Tricompax pour illustrer le haut de gamme des micro-brands vintage : cette jolie française à ~1 600 € adopte un calibre chronographe à remontage manuel de fabrication suisse, un boîtier très fin et un style inspiré des Zenith et Universal Genève des sixties. C’est une pièce enthousiasmante pour passionné, mais qui n’est pas sans compromis (pas de trotteuse centrale de chrono, étanchéité 50 m, etc.) et reste bien plus chère que la Nivada.

Au final, la Nivada Chronosport VK64 occupe une position équilibrée sur son segment : elle offre un véritable pedigree historique (chose que n’ont ni Dan Henry ni Undone), des spécifications techniques solides (200 m, saphir bombé, mouvement robuste) difficilement trouvables ailleurs à ce prix, et un charme vintage sincère.
Elle se distingue des alternatives mécaquartz moins chères par une exécution plus poussée (cadran très travaillé, choix de couleurs patrimoniaux, boîtier complexe) et se permet même de rivaliser en qualité perçue avec des pièces bien plus onéreuses. Son mouvement hybride sera perçu comme un avantage ou un inconvénient selon le profil de l’acheteur : l’amateur de tradition horlogère préférera peut-être mettre plus cher dans une Baltic manuelle ou une Yema auto pour avoir « un vrai moteur mécanique », tandis que l’amateur pragmatique saluera l’alliance entre look ancien et confort moderne proposée par Nivada.
Cette dichotomie se retrouve d’ailleurs dans les discussions en ligne : « Mécaquartz overpriced or just right? » titrait avec humour un fil Reddit, où la conclusion majoritaire était que 500 $ n’a rien d’abusif pour une montre aussi aboutie et attachante.
Conclusion : une montre à forte personnalité, entre hommage et innovation, pour passionnés éclairés
Au terme de cette exploration, la Nivada Grenchen Chronosport VK64 apparaît comme une réussite à plus d’un titre.
Respectant fidèlement le cahier des charges historique, elle fait revivre un chronographe de légende jamais produit en série, en restituant son allure à la fois élégante et sportive des années 70. Le design néo-vintage est authentique sans tomber dans l’excès de patine artificielle (sauf si l’on opte pour la version lume jaune, ce qui reste subtil).
Surtout, elle parvient à émouvoir cet cette montre constitue à la fois un bel objet rétro et un compagnon de tous les jours. L’attractivité émotionnelle de la Chronosport est indéniable – il suffit de voir l’enthousiasme avec lequel les collectionneurs en parlent, partageant volontiers des photos de leur exemplaire sur différents bracelets, ou chroniquant ses moindres détails avec passion. Cette montre semble rendre fiers ceux qui la portent, car elle raconte une histoire (celle de Nivada, de la Daytona oubliée, de la renaissance d’une époque) tout en se montrant ludique à utiliser au quotidien.
En termes de qualité-prix, difficile de lui trouver un véritable point faible. À environ 500–600 € (selon bracelet, taxes et éditions limitées), la Chronosport VK64 offre une exécution presque sans reproche et des spécifications techniques supérieures à la moyenne. Certes, elle n’a pas la prestigieuse mention Swiss Made sur le cadran, mais dans les faits elle n’a rien à envier aux productions helvétiques de même gamme – et sur certains aspects (étanchéité, précision), elle les dépasse même.
Sa durabilité devrait être au rendez-vous : le mouvement Seiko peut fonctionner 10 ou 20 ans sans entretien (il suffira de changer la pile), et tous les composants extérieurs sont robustes ou remplaçables. Finalement, c’est une montre que l’on achète avec la raison et le cœur, ce qui est assez rare dans cette tranche de prix intermédiaire.
Quel profil d’acheteur se laissera tenter par la Chronosport mécaquartz ? Sans doute l’amateur averti de belle horlogerie historique, qui possède déjà des garde-temps mécaniques prestigieux, mais qui recherche un chrono “plaisir” à porter sans crainte tous les jours, et pourquoi pas lors d’une sortie circuits ou d’un rallye de régularité.
Ce peut être également le jeune passionné qui souhaite s’offrir sa première montre de marque mythique, sans exploser son budget – il aura ici une vraie histoire au poignet, bien plus qu’avec un chrono mode ou une réédition aseptisée.
La Chronosport VK64 conviendra par ailleurs à l’amateur de design vintage qui cherche une montre de caractère, différente de ce que portent les autres : dans un monde de Speedmaster et de Monaco, arriver avec une Nivada Chronosport suscite la curiosité et l’admiration des connaisseurs.
Notons enfin que, grâce à sa polyvalence et à sa fiabilité, elle peut parfaitement devenir la montre quotidienne d’un non-initié amoureux de style rétro, qui appréciera de ne pas devoir la remonter ou la régler.
En conclusion, la Nivada Grenchen Chronosport VK64 est bien plus qu’un simple hommage vintage : c’est une montre attachante et légitime, réalisée par une maison au patrimoine réel, et qui réussit le pari d’offrir un fragment d’histoire horlogère au poignet sans renoncer au confort moderne.