Test&Avis Blugiallo: une offre MTM variée avec une identité lifestyle inspirationnelle

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas testé de nouvelle offre MTM. Vous savez pourquoi ? Car en France, la plupart des enseignes MTM ne communiquent que sur le mariage (et vu l’enjeu financier, on peut bien les comprendre).

Vu qu’une grande partie des mariés n’est malheureusement pas sensible à l’art sartorial, on se retrouve donc bien souvent avec des lookbooks remplis de costume deux boutons bleu électrique et de trois pièces vert forêt fades au possible. Rajoutez à cela que la plupart des tailleurs travaillent avec les mêmes ateliers, et vous obtenez au final une offre uniforme et lisse, qui ne se différencie que par le degré de service et la justesse des mesures.

C’était donc très rafraîchissant pour moi de découvrir et tester la maison suédoise de MTM Blugiallo qui, au-delà d’une offre qualitative, propose enfin une vision un peu plus lifestyle du MTM et de l’art sartoriale, dans laquelle on se voit bien enfin porter ces vêtements tous les jours.

I Blugiallo: minimalisme scandinave et sprezzatura italienne

1 Histoire

Blugiallo est fondée en 2016 par Alexander Molström et Daniel Apler, tous deux passionnés de tailoring: ceux-ci font le constat que seulement une personne sur cinq parvient à s’habiller en prêt-à-porter. Ils décident alors de lancer leur offre MTM pour donner une alternative abordable au prêt-à-porter, avec plus de possibilités.
La vision est simple: réconcilier l’artisanat traditionnel avec la flexibilité d’une offre digitale pour permettre une offre plus personnalisée.

Pour trouver le nom, ça aura été rapide puisque les couleurs du drapeau suédois ont été reprises à travers « Blu », bleu, et « Giallo », jaune.

2 Identité et lookbook

Jusqu’ici, pas grand chose d’extraordinaire me direz-vous puisqu’on retrouve des offres similaires ailleurs. Ce qui le rend le plus admiratif de cette enseigne et qui m’a décidé à collaborer avec elle, c’est son univers ultra soigné et les visuels partagés par la marque depuis 2017.

Gardez à l’esprit en les regardant que nous sommes alors en 2017-2018, bien avant que la fameuse trend TikTok « old money » soit inlassablement déclinée à toutes les sauces (et même avant que les figures de proue de cette tendance comme Loro Piana en émergent).

Car non content de proposer un contenu et des inspirations lifestyle qui à l’époque manquaient cruellement au tailoring européen, Blugiallo est parvenu à créer 6 ans en avance , en mélangeant minimalisme scandinave et sprezzatura italienne, les prémices de ce qu’est aujourd’hui l’imaginaire Old Money: coupes sobres, tenues monochromes ou camaïeu et matières luxueuses.

Bref, c’est un style que j’avais envie d’intégrer à ma garde-robe, et j’avais hâte de voir ce que Blugiallo me proposerait.

3 Offres: Expressive Luxury

Pour Blugiallo, le vrai luxe est de pouvoir s’exprimer, avec une offre de vêtement pertinente personnalisée. Cette notion d' »Expressive Luxury » se manifeste à travers trois niveaux d’offre.

a Custom Made

C’est l’offre que j’ai testée et l’aboutissement du concept d' »Expressive Luxury » de Blugiallo: vous choisissez un modèle qui vous plaît, et un tailleur prend vos mesures.

Attention en revanche, c’est un peu plus rigide que le custom-made classique: vous ne pourrez par exemple pas vraiment changer le style des poches ou des revers. Pour moi, cela permet vraiment de se plonger dans le style en respectant les partis pris de la marque (qui sont il faut dire de plutôt bon goût).

Ainsi, lors de la prise de mesure, après avoir discuté de mes goûts et de mes besoins, je me suis tourné vers ce modèle:

b Ready-to-wear

On peut se faire une bonne idée du style de Blugiallo à travers le prêt-à-porter. Si la plupart des pièces sont des classiques assez efficaces, il est toutefois assez remarquable d’avoir autant de pièces fortes en mailles pour une marque de MTM (qui en restent généralement plutôt au tailoring sur leur offre RTW).

c MTO

Si vous voulez le choix du custom-made et que les tailles standards du prêt-à-porter vous conviennent bien, alors c’est une excellente solution.

II Test du costume sable en laine et cachemire Loro Piana

Je voulais à travers ce costume faire le test à 100% de l’univers de Blugiallo, et sortir de ma zone de confort: j’ai ainsi opté pour un costume clair hivernal, ce que je ne possédais pas encore. Il s’agit ici d’un MTM assez rapide réalisé en Italie: mes mesures ont été prises fin Septembre et je l’ai reçu début Novembre.

Pour une fois, j’ai attendu la saison entière pour vous donner mon avis sur ce costume que j’ai porté très régulièrement.

1 La matière

Il s’agit d’un mélange 90% laine 10% cachemire de chez Loro Piana: ce n’est pas un beige ou un greige classique mais plutôt un sable du fait de sa texture subtile

2 Coupe

On remarque tout de suite des proportions qui respectent bien les canons de l’art tailleur: un pantalon taille haute et une veste longue. Le pantalon s’arrête pile au niveau du bouton qui ferme: il faut dire que la coupe deux boutons et demi qui allonge légèrement le revers est pratique pour ça.

3 Finitions

a Veste

Construction

Epaules: J’ai choisi des épaules très souples avec un léger padding et des fronces très légères, qui ne se voient finalement qu’à peine.
Revers: des revers de 10.5 cm classiques qui vont bien à ce patronage deux boutons et demi assez travaillé, ils sont relativement généreux pour un costume deux boutons sans paraître exagérés. Je ne pense pas que ça soit une marque chez laquelle vous pourriez demander des revers anorexiques.

Poches: par défaut, on trouve des poches avec double passepoil. J’ai demandé des poches plaquées arrondies qui ne dénaturent pas vraiment le style de la maison.
Entièrement doublé

Finitions diverses: on note l’absence de milanaise faite main et des coutures AMF présentes le long des revers (ce qui est toujours de bon goût pour habiller un peu ce genre de matières unies).

b Pantalon

N’allez pas chez Blugiallo si vous cherchez le dernier patronage de pantalon extravagant à le mode avec un ceinturage ultra large et des boucles en veux-tu en voilà.

Blugiallo propose avant tout une coupe minimaliste avec
– une taille semi-haute (qui s’arrête juste en dessous du nombril)
– une ouverture à la cheville assez conservatrice de 19 cm (pour ma taille 46), c’est ce qui convient bien à mon style et aux chaussures que je porte en général

– des ajusteurs latéraux assez classiques

Elle s’appuie pour se différencier par un vaste choix de matière assez lourdes pour un tombé plus marqué: ma flanelle Loro Piana 320g doit être une des matières les plus légères. On trouve aussi en effet des moleskine ou encore des frescos.

Vous pouvez en revanche vous exprimer à travers les pinces: j’ai du coup choisi deux pinces étant donné que la ceinture minimaliste laisse de la marge.

III Conseils de style

D’abord, c’est un des costumes qui m’a le plus servi pour mes shootings de cravate vintage: il allait littéralement avec toutes les cravates vives et foncées

Tenue 1

L’enjeu sur un costume clair avec mon teint de peau, c’est de créer du contraste et donc de porter du plus foncé en dessous. Pour cela, le premier choix consiste à un ensemble assez homogène entre la cravate, la chemise et le cardigan.
C’est ce que j’ai fait ici avec:
– une chemise aux rayures bleu moyen très rapprochées qui donnent presque une impression de faux-uni
– un cardigan d’un bleu presque électrique qui contraste fortement avec le sable de la veste
– une cravate en flanelle marron pour donner un côté Gentleman Farmer à l’ensemble.

Je porte avec le costume Blugiallo:
– une cravate Paolo Albizzati x JamaisVulgaire
– une montre Yema Urban Traveller (test à venir)
– un bracelet Le Gramme
– des mocassins à mors Morjas
– un cardigan Paris-Yorker
– une chemise Atelier Privé

Tenue 2

Ici, je porte le pantalon Blugiallo pour calmer une tenue hivernale avec des teintes beaucoup plus marquées. De même, les mocassins à mors Morjas servent également à calmer la tenue.

Je porte avec le pantalon Blugiallo:
– une cravate vintage
– une veste chevrons Zignone
– une montre Mido Smiling Moon
– un bracelet Le Gramme
– des mocassins à mors Morjas
– un cardigan Paris-Yorker
– une chemise Atelier Privé

Tenue 3

Dans cette tenue, l’idée est de porter le costume Blugiallo avec un esprit plus printannier et des couleurs plus claires et vives. Il faut donc non pas une cravate foncée mais plutôt une cravate vive pour contraster avec le beige du costume: la transition se fait ici grâce à la chemise blanche souligne bien la tonalité de la cravate.

Je porte avec le costume Blugiallo:
– une chemise Couturier Parisien
– une cravate Hermès vintage
– un bracelet Le Gramme
– des mocassins Septième Largeur x Hast

Conclusion

En somme, Blugiallo se démarque sur le marché du MTM par une identité forte qui mêle avec brio le minimalisme scandinave et la sprezzatura italienne. Loin des offres uniformes et lisses qu’on trouve trop souvent, la marque propose une vision rafraîchissante et lifestyle de l’art de s’habiller, dans laquelle on se projette aisément au quotidien.

Le test de ce costume sable en laine et cachemire Loro Piana confirme la qualité de l’offre Custom Made. Les finitions sont soignées, avec des détails de bon goût comme les coutures AMF le long des revers. La coupe, bien que classique, est impeccablement exécutée avec des proportions qui respectent les canons de l’art tailleur.

Mais la force de Blugiallo, c’est surtout la polyvalence stylistique de ses pièces. À travers mes différentes tenues, j’ai pu explorer tout un panel d’associations, des plus classiques aux plus printanières, en jouant sur les contrastes de couleurs et de matières. Ce costume clair s’est révélé être un véritable caméléon, capable de s’adapter à mon style et à mes envies.

Blugiallo réussit haut la main son pari de réconcilier tradition et modernité, en proposant des pièces intemporelles et élégantes, mais résolument dans l’air du temps. Un combo gagnant.