En horlogerie, les vraies innovations se font rares. La plupart du temps, les marques se contentent de réinterpréter leurs grands classiques avec quelques améliorations techniques ou esthétiques. C’est pourquoi lorsqu’une proposition originale émerge, elle mérite toute notre attention. La Nivada Grenchen Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel fait justement partie de ces montres qui sortent des sentiers battus.
Avec son système unique de lunette interchangeable sans outil, cette réinterprétation d’un modèle iconique des années 60 propose une approche rafraîchissante de la personnalisation. Une montre, cinq lunettes différentes, et voilà que le même garde-temps peut changer de caractère en quelques secondes. Cette idée, inspirée d’un modèle féminin vintage Nivada Colorama, transposée aujourd’hui à un chronographe sportif, est typique de l’approche agile d’une maison indépendante qui a su renaître de ses cendres.
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir si cette Chronomaster, au-delà de sa fonctionnalité ludique et originale, tient ses promesses en matière de qualité, de précision et d’ergonomie.
Dans un segment entre 1 800 et 2 500 €, face à des noms plus établis, cette Nivada a-t-elle les arguments pour convaincre les passionnés d’horlogerie en quête d’originalité sans compromis technique ?
Sommaire
Histoire de la marque Nivada Grenchen et positionnement actuel
Nivada Grenchen est une marque au long passé, fondée en 1926 à Granges (Grenchen) en Suisse. Historiquement, la maison s’est fait connaître par ses montres robustes, fiables et innovantes, adoptées aussi bien par les soldats que par les civils au milieu du XXe siècle.

Son heure de gloire survient dans les années 1950-60, avec deux modèles emblématiques : l’Antarctic, montre résistante conçue pour les expéditions polaires (portée notamment lors de missions en Antarctique) , et le Chronomaster Aviator Sea Diver (CASD).

Lancé en 1963, le Chronomaster CASD original était l’un des tout premiers chronographes véritablement polyvalents, pensé pour les aviateurs, les plongeurs et les aventuriers terrestres à la fois. Cette toolwatch avant l’heure combinait un chronographe, une lunette tournante pour la plongée ou le second fuseau, et une échelle tachymétrique et télémétrique – autant d’éléments que l’on retrouve dans la Broad Arrow Inter-Bezel aujourd’hui, signe de l’héritage assumé. À l’époque, le Chronomaster avait conquis un public d’initiés grâce à sa polyvalence hors norme et son excellent rapport qualité-prix, devenant une pièce culte pour de nombreux collectionneurs.

Comme beaucoup de marques indépendantes, Nivada a souffert de la crise du quartz dans les années 1970. L’arrivée massive des montres à quartz bon marché a fait chuter la demande de montres mécaniques, et Nivada Grenchen a périclité au point de disparaître du marché dans les décennies suivantes.
Il a fallu attendre la vague de renaissance des montres vintage pour que la marque renaisse de ses cendres. En 2018, grâce à l’initiative de Guillaume Laidet (un entrepreneur passionné d’horlogerie, également impliqué dans la relance de Vulcain et Excelsior Park), Nivada Grenchen est relancée sur le devant de la scène.
La stratégie est alors de capitaliser sur le riche héritage de la marque en rééditant ses modèles iconiques, mais avec des améliorations techniques actuelles. Cette philosophie “neo-vintage” séduit rapidement les connaisseurs : les nouvelles versions du Chronomaster Aviator Sea-Diver, de l’Antarctic, ou encore des modèles de plongée Depthmaster et Datomaster, reprennent fidèlement le design rétro tout en adoptant des mouvements suisses modernes (Sellita SW200, SW510, etc.), des matériaux actuels (verres saphir, Super-LumiNova) et des standards de qualité contemporains.
Le positionnement actuel de Nivada Grenchen est celui d’une marque indépendante au rapport qualité-prix très attractif, qui s’adresse aux amateurs de montres vintage et de toolwatches. Elle se situe sur un segment intermédiaire: plus exclusive et centrée passionnés que les grandes marques généralistes (Longines, Hamilton…), mais bien plus accessible que les garde-temps de collection haut de gamme ou certaines rééditions de grandes maisons. Nivada pratique principalement la vente directe en ligne, ce qui lui permet de proposer des tarifs contenus sans sacrifier la qualité de fabrication.
Son catalogue actuel met l’accent sur les montres sport-chic historiques de la marque : les chronographes d’inspiration 60s (Chronomaster, Chronoking) et les montres de plongée ou d’exploration (Antarctic, Depthmaster).
On y décèle une volonté de préserver l’ADN aventurier de Nivada – montres polyvalentes, robustes, prêtes à tout – tout en innovant pour se démarquer (par exemple, le système Inter.Bezel en est l’illustration). Cette démarche agile est rendue possible par la petite taille de l’entreprise, qui n’hésite pas à proposer de multiples variantes, collaborations et séries limitées pour entretenir l’enthousiasme de la communauté des collectionneurs.
Aujourd’hui, Nivada Grenchen se pose en alternative crédible pour qui veut une montre de caractère au charme vintage, sans compromis sur la fiabilité, et sans payer le prix fort d’une marque de luxe établie. La Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel incarne parfaitement ce positionnement : c’est une descendante directe d’un modèle légendaire de la marque, remise au goût du jour par une amélioration astucieuse (lunette interchangeable) et proposée à un tarif contenu.
Précision et performance du mouvement
La Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel embarque un calibre mécanique à remontage manuel Landeron 70, un mouvement suisse néo-vintage dérivé de l’architecture Valjoux 7750.

Ce calibre oscille à 4 Hz (28 800 alternances/heure), offrant une trotteuse de chronographe au balayage fluide et précis. La réserve de marche est d’environ 46-48 heures, garantissant presque deux jours de fonctionnement une fois remonté à fond.
En termes de précision, le Landeron 70 se montre fiable et stable – sans être certifié COSC, il est conçu pour délivrer des performances dans les tolérances habituelles des mouvements suisses de cette gamme. Les amateurs apprécieront le caractère « old school » de ce calibre manuel qui renoue avec l’histoire de Nivada (Landeron était déjà fournisseur de la marque dans les années 60).
Le remontage quotidien, souple et régulier, crée une connexion tactile agréable avec la montre, typique des chronographes traditionnels. À l’usage, le déclenchement du chronographe se fait avec un clic franc. Ce n’est pas un mécanisme à roue à colonnes haut de gamme, mais le système à came du Landeron/7750 offre une activation robuste et éprouvée. Par ailleurs, si vous optez pour le fond saphir en option, le mouvement révèle une décoration soignée avec côtes de Genève et vis bleuies, un détail appréciable dans cette tranche de prix.
Qualité de fabrication et finitions
Dès la prise en main, la qualité de fabrication de la Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel impressionne. Le boîtier en acier inoxydable 316L de 38 mm de diamètre alterne entre des surfaces brossées et polies, soulignant les jolis biseaux des cornes.

Cette exécution bi-tons met en valeur la silhouette vintage du modèle tout en lui conférant un aspect robuste. La face avant est protégée par un verre saphir doublement bombé avec traitement antireflet, qui imite l’allure des plexis anciens tout en offrant la résistance aux rayures du saphir moderne.

Le fond de boîte est vissé et gravé du blason Nivada (un fond saphir transparent est disponible en option sur certaines variations), garantissant une étanchéité jusqu’à 10 ATM (100 m). Cette étanchéité élevée pour un chronographe néo-rétro témoigne du sérieux de la construction : la montre peut sans crainte affronter une baignade ou une utilisation quotidienne intensive.
Le cadran de la version Broad Arrow affiche un esprit vintage assumé. Sur le modèle à cadran noir mat, les index sont peints de Super-LumiNova couleur crème imitant le tritium vieilli, et les aiguilles larges de style Broad Arrow en acier poli sont également remplies de cette matière luminescente.
Le tout offre un contraste élégant et une lisibilité satisfaisante en conditions variées, même si la luminosité nocturne de ce lume « cream » est un peu moins intense que celle d’un Super-LumiNova blanc moderne. La finition du cadran et des sous-compteurs est irréprochable pour cette gamme de prix : compteurs creusés avec azurage subtil, impression précise des échelles tachymétriques et télémétriques sur le pourtour, et logo appliqué selon les versions de cadran.

Nivada ayant collaboré historiquement avec le fabricant Singer (designé par Jean Singer) pour ses cadrans, on retrouve sur certaines déclinaisons des détails « exotic dial » (échelle des secondes excentrée en rouge, index carrés dans les sous-compteurs) qui ajoutent du cachet.
L’ensemble respire le sérieux horloger tout en restant dans une philosophie utilitaire. En somme, finitions de boîtier et de cadran placent cette Chronomaster au niveau des meilleures montres dans la fourchette 1 800–2 500 €, sans fausse note majeure.
Fonctionnalités et innovation : la lunette interchangeable
La Nivada Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel est livrée avec cinq lunettes interchangeables, ici présentées à côté de la montre : quatre versions unies (noir, rouge, vert, bleu délavé) et une lunette bicolore noire/rouge avec indications de villes.
Le trait marquant de cette Chronomaster est sans conteste son système Inter.Bezel innovant, qui permet de changer la lunette de la montre à volonté, sans aucun outil.

Inspiré d’un modèle vintage des années 1960 (la Nivada Colorama VI, une petite montre féminine vendue avec plusieurs lunettes colorées), Guillaume Laidet – l’entrepreneur derrière la renaissance de Nivada Grenchen – a transposé cette idée à un chronographe sportif moderne.
Le principe est simple et ingénieux : la lunette (pièce complète avec son insert, et non le simple insert) est clipsée sur le boîtier via un système de verrouillage à quatre billes. Il suffit de glisser un ongle ou le bout du doigt sous la lunette et de faire levier pour la déclipser, puis de presser la nouvelle lunette jusqu’à entendre un clic audible.



Pas besoin d’aligner précisément un ergot ou un cran : la lunette est maintenue en friction et peut tourner librement dans les deux sens une fois enclenchée. Le mécanisme a été rigoureusement testé par la marque, les quatre billes assurant un maintien sûr qui prévient toute dépose involontaire.
Attention en revanche à bien clipser les 4 billes, sinon la lunette tombera. Soyez vigilant car il est assez facile d’oublier un côté au début.
À l’usage, la rotation bidirectionnelle est douce et sans à-coups, avec juste ce qu’il faut de résistance pour rester en place pendant une mesure de temps.
La facilité d’utilisation est telle qu’on se surprend à changer de lunette au gré de ses envies, pour accorder la montre à sa tenue ou à l’activité du moment – un vrai jeu d’enfant auquel aucune autre grande marque ne s’est encore sérieusement risquée .
Nivada fournit directement cinq lunettes interchangeables avec la Broad Arrow Inter-Bezel, ce qui démultiplie les visages de la montre. Quatre d’entre elles reprennent le style de la lunette des Chronomaster « CASD » historiques : un insert aluminium anodisé uni (les couleurs disponibles sont noir, rouge, vert olive foncé et bleu « ghost ») combinant une échelle de 60 minutes et des index 12 heures.


Ce design polyvalent permet aussi bien de mesurer un temps écoulé (plongée, parking, cuisson…) que de lire un second fuseau horaire en utilisant l’index 12h comme repère. La cinquième lunette est la plus distinctive : bicolore noir et rouge, elle comporte une city ring avec le nom de 12 villes emblématiques en lieu et place des 12 heures.

Conçue dans l’esprit des lunettes « worldtime », elle offre une manière originale de suivre un autre fuseau horaire en alignant la ville souhaitée sur l’heure locale – tout en apportant une touche esthétique flamboyante à la manière d’une lunette Pepsi GMT.

La qualité de fabrication de ces lunettes est au rendez-vous : l’aluminium anodisé est léger mais robuste, avec des gravures remplies de peinture bien nettes, et des coloris à la fois sobres et variés (le vert et le bleu étant volontairement patinés pour un look vintage). On peut éventuellement regretter que toutes les lunettes fournies, sauf la worldtime, partagent la même double graduation 60min/12h – on aurait pu imaginer par exemple une lunette tachymétrique, télémétrique ou pulsométrique pour varier les fonctions.
Nivada indique d’ailleurs réfléchir à enrichir l’offre à l’avenir. Malgré ce petit bémol, l’Inter.Bezel apporte un vrai plus ludique et personnalisable à la montre : en un claquement de doigts, on change complètement le style de son chronographe (et même partiellement sa fonction), là où chez la concurrence il faudrait acheter un autre modèle ou réaliser des modifications plus complexes.
Ergonomie et confort au poignet
Grâce à son diamètre contenu de 38 mm et à ses cornes relativement courtes, la Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel se porte avec équilibre même sur un poignet moyen. La lunette bicolore « world time » ajoute ici une touche d’originalité sans surépaisseur notable.
Sur le plan du confort, Nivada a fait le choix d’un diamètre de 38 mm, fidèle à l’esprit des années 60, qui conviendra à une large gamme de poignets, y compris mes poignets vraiment fins.
Cette taille, assez réduite pour un chronographe, donne à la montre une présence raisonnable et évite toute sensation de lourdeur. Le boîtier épaissi par le mouvement chrono et le verre bombé atteint ~13,7 mm d’épaisseur, ce qui est conséquent pour le diamètre, mais la forme galbée du verre et l’affinement du profil par les biseaux atténuent la perception de cette épaisseur. Les cornes sont finement effilées et incurvées vers le poignet, assurant une bonne assise de la montre sans point de pression excessif .

Autre détail appréciable : les trous traversants dans les cornes (barrettes percées), qui permettent de changer de bracelet très facilement à l’aide d’un simple outil ou même d’une pointe de crayon. Cela renforce l’aspect utilitaire et modulable de cette Broad Arrow, cohérent avec son concept de lunette interchangeable.
Plusieurs options de bracelets sont proposées d’origine – tropic en caoutchouc, cuir vintage, cuir « rallye » perforé, ou bracelets acier maille plate et beads of rice style années 60 – tous en 20 mm de largeur, interchangeables rapidement. Sur caoutchouc tropic, la montre est particulièrement légère et prête pour une utilisation sportive (plongée occasionnelle, randonnée…).
Le bracelet acier type « grains de riz » lui apporte un charme rétro incontestable et un confort reconnu grâce à sa souplesse. Sur cuir, la montre se fait plus habillée, et le boîtier relativement compact permet de glisser sous une manche de chemise malgré l’épaisseur.

La couronne, non vissée pour faciliter le remontage manuel quotidien, est assez proéminente et moletée pour une bonne prise en main. Le remontage chaque matin devient vite un rituel, d’autant que la réserve de marche incite à un remontage quotidien pour ne pas interrompre le fonctionnement du garde-temps. En lecture de l’heure, le contraste du cadran Broad Arrow (fond noir mat, aiguilles argent et indexes crème) assure une lisibilité immédiate des heures et minutes. Les sous-compteurs du chronographe, plus petits (30 minutes à 3h, secondes permanentes à 9h), restent lisibles grâce à leur aiguilles blanches contrastant bien sur le fond noir ou blanc selon la version de cadran. Au final, la Chronomaster Inter-Bezel offre une ergonomie bien pensée : un format néo-vintage compact, un poids contenu, des commandes (couronne/poussoirs) faciles à manipuler, et un réel confort de porté au quotidien.
Rapport qualité/prix dans la gamme 1 800–2 500 €
Vendue à partir de 1 770 € (en version strap et fond plein, hors taxes) – soit environ 1 975 $ US –, la Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel se situe dans le bas de la fourchette de prix visée. À ce tarif, Nivada Grenchen inclut d’office les cinq lunettes interchangeables dans un coffret, là où d’autres marques feraient sans doute payer chaque insert séparément. Même en ajoutant l’option fond saphir ou un bracelet acier (+~200 €), on reste sous la barre des 2 300 €, ce qui place notre Broad Arrow en position très compétitive face aux chronographes suisses ou européens similaires.
En termes de prestation, la Nivada offre un savant équilibre entre héritage historique, spécifications modernes et originalité.

Le mouvement chronographe manuel de conception éprouvée assure fiabilité et longévité, tout en étant moins onéreux qu’un calibre manufacturé sophistiqué – un choix rationnel qui permet de contenir le prix. La qualité d’assemblage et de finition n’a pas grand-chose à envier à des concurrents plus chers (Longines Heritage Chrono ou TAG Heuer Autavia par exemple), et certains détails comme l’étanchéité 100 m ou la décoration du calibre sont rarement vus dans cette tranche de prix. Surtout, Nivada propose ici une polyvalence unique avec son système de lunette interchangeable, ce qui donne littéralement cinq montres en une.
En comparaison, un chronographe auto Hamilton Intra-Matic (env. 2 000 €) ou une Longines BigEye (~2 600 €) ne proposent qu’une seule configuration esthétique figée – et aucun ne dispose de la fonction ajoutée d’un second fuseau horaire par lunette comme le fait la Chronomaster. Bien sûr, la notoriété de Nivada est moindre que celle de Longines ou Hamilton, et cela peut jouer sur la valeur perçue ou la revente. Mais pour un passionné éclairé cherchant le meilleur rapport qualité/prix, cette Broad Arrow Inter-Bezel en offre énormément pour son prix : un véritable chronographe outil au charme vintage, personnalisable à l’envi, et produit par une maison horlogère historique ressuscitée avec succès.
Comparaison avec d’autres modèles à lunette interchangeable
Il faut le souligner, Nivada Grenchen est l’un des pionniers actuels du concept de lunette interchangeable sur une montre-outil mécanique. Peu de concurrents proposent un système équivalent, surtout parmi les chronographes. La plupart des marques se contentent de varier les inserts de lunette d’un modèle à l’autre, sans offrir au propriétaire la possibilité de les permuter facilement lui-même. Par exemple, les collectionneurs de Rolex Submariner ou GMT Master le font parfois en changeant les inserts (Pepsi, Coke, etc.), mais cela nécessite des pièces spécifiques et de la minutie, ce n’est pas un argument de vente officiel.
Dans le segment de prix 1 800–2 500 €, la Formex Reef est l’un des seuls garde-temps à proposer une approche similaire de personnalisation : cette montre de plongée suisse moderne (~2000 € sur bracelet acier) dispose d’une lunette tournante en acier ou céramique qui peut être retirée sans outil et échangée pour une autre couleur ou un autre style, modifiant instantanément le look de la montre.

Le principe est comparable (simplicité et rapidité du swap) bien que techniquement différent : la Reef utilise un mécanisme de fixation sécurisé pour sa lunette unidirectionnelle de plongée, garantissant l’étanchéité à 300 m, là où la Nivada opte pour une fixation à pression bi-directionnelle adaptée à un usage mixte terre/mer.
Formex mise sur des matériaux contemporains (lunettes en céramique haute dureté disponibles) et un mouvement automatique chronomètre COSC pour justifier son prix, tandis que Nivada joue la carte du charme rétro (lunettes aluminium au rendu vintage et calibre manuel historique). Au poignet, la Formex Reef (39.5 mm) aura une présence plus imposante et un style résolument moderne, quand la Chronomaster de 38 mm reste discrète et classique.
Enfin, Formex fait payer chaque lunette supplémentaire 160€.
D’autres montres offrant des lunettes interchangeables existent surtout dans le domaine des modèles quartz ou mode. On se souvient par exemple des montres Gucci ou Dior des années 90 vendues en set avec plusieurs lunettes colorées à clipser, mais il s’agissait de garde-temps féminins joailliers ou fantaisie, sans vocation de toolwatch et bien en deçà de la qualité horlogère de Nivada.

Ces offres se situaient d’ailleurs dans des gammes de prix nettement inférieures (ou au contraire très luxe pour certaines pièces joaillières).
À l’heure actuelle, dans le créneau des chronographes mécaniques néo-vintage, Nivada Grenchen n’a quasiment pas de concurrence directe sur l’aspect lunette interchangeable – c’est une innovation différenciante qui la place un cran à part. On peut penser que d’autres marques emprunteront peut-être ce chemin si le concept séduit les clients, mais pour l’instant la Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel reste une proposition quasi unique. Cela renforce son attractivité auprès des collectionneurs à la recherche d’originalité. En résumé, face aux « autres modèles du même style », la Nivada tient tête haut la main grâce à son concept ludique et ingénieux, tout en offrant des spécifications techniques sérieuses.
Ce chronographe n’est pas qu’un gadget : il se compare avantageusement aux meilleurs de sa catégorie, avec en prime cette versatilité esthétique que nul autre ne fournit actuellement.
Conclusion
En conclusion, la Nivada Grenchen Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel s’impose comme une véritable toolwatch néo-vintage polyvalente, qui réussit à conjuguer héritage et innovation. Son mouvement chronographe manuel Landeron assure une performance solide et ravira les puristes par son charme traditionnel. La qualité de fabrication est au rendez-vous, avec un boîtier finement fini, un cadran soigné et une robustesse appréciable (100 m étanche) pour un chronographe de ce style. Surtout, elle apporte un vent de fraîcheur dans l’horlogerie avec son concept de lunette interchangeable astucieux et ludique, qui multiplie les usages et les looks sans compliquer la vie de l’utilisateur.
Au quotidien, son format de 38 mm et ses nombreuses options de bracelets la rendent confortable et facilement adaptable à toutes les situations. Face à la concurrence, peu de montres offrent autant de caractère et de modularité pour un budget autour de 2 000 € – un segment où la Chronomaster Inter-Bezel se distingue clairement comme une option unique et séduisante.
Enfin, replacée dans le contexte de l’histoire de Nivada Grenchen, elle symbolise parfaitement le renouveau réussi de la marque : reprendre un modèle culte des sixties et lui injecter suffisamment d’idée neuve pour le rendre attrayant et pertinent aujourd’hui. Pour les amateurs de montres vintage qui cherchent un garde-temps performant, attachant et différent des productions standardisées, la Chronomaster Broad Arrow Inter-Bezel est un choix qui a du sens, offrant une expérience horlogère riche de passé mais résolument tournée vers le plaisir du présent.