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Guide d’achat complet des field watches (montres militaires de terrain)
Le saviez-vous ? Les montres conçues pour les soldats de la Seconde Guerre mondiale s’arrachent aujourd’hui à prix d’or. Pendant que nos smartphones calculent nos pas et notre rythme cardiaque, ces garde-temps mécaniques nés dans la boue des tranchées et perfectionnés pour les parachutistes du Jour J connaissent un succès fulgurant. Cette contradiction apparente mérite qu’on s’y attarde.
De la légendaire A-11 américaine (surnommée « la montre qui a gagné la guerre« ) aux mythiques « Dirty Dozen » britanniques, ces garde-temps racontent une histoire où chaque seconde pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Leur design épuré – cadran noir mat, chiffres luminescents, boîtier robuste – n’a rien perdu de sa pertinence, bien au contraire.
Mais comment expliquer que ces montres conçues pour synchroniser des bombardements ou coordonner des débarquements séduisent autant en 2025 ? Pourquoi la sobriété fonctionnelle d’une field watch fait-elle tant d’émules à l’ère du tout-connecté ? Et surtout, comment se repérer dans ce marché en pleine effervescence, entre authentiques pièces d’époque cotées plusieurs milliers d’euros et réinterprétations modernes qui flirtent avec la nostalgie militaire ?
Plongeons ensemble dans l’univers fascinant de ces montres de terrain, à la fois témoins d’histoire et compagnes de tous les jours.
Photo titre par https://www.instagram.com/time_is_equal/
Contexte historique des montres de terrain

Des observateurs de la Luftwaffe synchronisant leurs montres B-Uhr avant une mission (source : archives historiques)
Les montres de terrain trouvent leurs origines sur les champs de bataille du XXe siècle. Dès la Première Guerre mondiale, l’idée d’une montre-bracelet robuste et lisible s’impose : on voit apparaître les premières trench watches, montres de poche converties en montres de poignet avec de gros chiffres et du radium sur les aiguilles.

Mais c’est durant la Seconde Guerre mondiale que naissent vraiment les modèles légendaires qui définissent la field watch.
En Allemagne, la Wehrmacht équipe ses aviateurs de montres d’observation géantes appelées Beobachtungsuhren ou B-Uhr. Fabriquées par cinq maisons (dont Laco, Stowa, IWC…), ces montres de 55 mm au boîtier en laiton chromé sont pensées pour être portées par-dessus la combinaison de vol. Leur cadran noir est ultra-lisible : de grands chiffres arabes blancs, un triangle avec deux points à 12h pour s’orienter, et de larges aiguilles bleuies et lumineuses.

À l’intérieur bat un mouvement à remontage manuel de haute précision, protégé du magnétisme par un noyau en fer doux. La couronne « oignon » surdimensionnée permet de les remonter même avec des gants. Ces B-Uhr, déclinées en deux versions de cadran (Type A avec heures 1-12 et Type B avec minuterie périphérique), sont de véritables instruments de navigation portés par les équipages de bombardiers allemands.

Montre américaine A-11 par Bulova (1943) avec son cadran noir à chiffres lumineux et sa trotteuse centrale
Côté Alliés, les Américains introduisent en 1942 la fameuse A-11, souvent surnommée « la montre qui a gagné la guerre ». Produite par Bulova, Elgin et Waltham selon un strict cahier des charges militaire, la A-11 est beaucoup plus petite (∅ 32 mm). Son design est épuré : cadran noir mat avec chiffres arabes 1-12 et minuterie « chemin de fer », aiguilles fines de type seringue enduites de radium, boîtier acier ou laiton parkerisé. Elle est animée par un mouvement mécanique à 15 rubis avec fonction stop-seconde pour synchroniser les troupes. Fiable, simple et lisible, la A-11 équipe non seulement l’US Army mais aussi les forces alliées (Britanniques, Canadiens, Soviétiques…), devenant un standard du genre field watch. Sa robustesse et sa précision en font un atout vital pour les soldats, du Débarquement de Normandie aux jungles du Pacifique.
En Grande-Bretagne, la Seconde Guerre mondiale voit également la livraison d’une série mythique de montres de terrain : la « Dirty Dozen ». Ce surnom désigne les 12 modèles de montres semblables commandées en 1945 par le Ministère de la Défense britannique auprès de 12 manufacturiers suisses (IWC, Omega, Longines, JLC, etc.). Ces montres, marquées “W.W.W.” pour Watch, Wrist, Waterproof, ont un boîtier en acier d’environ 36 mm, un cadran noir à chiffres arabes et petites secondes à 6h, et un marquage militaire gravé au dos. Produites à environ 145 000 exemplaires au total, elles arrivent en fin de conflit mais seront largement utilisées dans l’armée britannique d’après-guerre. De nos jours, réunir la collection complète des 12 « Dirty Dozen » relève du défi – notamment parce que certaines marques comme Grana n’en ont produit que quelques centaines d’unités. Ces garde-temps cohérents dans leur esthétique utilitaire forment une véritable anthologie de la montre militaire classique.

Après 1945, la demande de montres de terrain ne faiblit pas, bien au contraire. Pendant la guerre du Vietnam, les soldats américains portent des montres encore plus économiques et rustiques, comme la GG-W-113 spécification MIL-W-3818B. Fabriquées dans les années 1960-70 par Benrus, Hamilton ou Marathon, ces montres de 34 mm à boîtier en résine phénolique ou en acier parkerisé arborent un cadran noir 12/24 heures très lisible et un mouvement à remontage manuel avec stop-seconde. Elles sont souvent dotées de tubes ou de peinture au tritium (symbole « H₃ » sur le cadran) garantissant la lisibilité nocturne sans avoir à recharger la luminescence. Distribuées en masse aux troupes US, ces GG-W-113 incarnent la montre de campagne du GI des rizières : fonctionnelle, peu onéreuse, facilement remplaçable. Leur héritage se perpétuera plus tard avec les montres de dotation militaires des années 80-90 (comme la Timex MIL-W-46374 ou la CWC G10 britannique).

Ainsi, qu’il s’agisse des énormes B-Uhr de la Luftwaffe, des petites A-11 toutes-terrain des G.I., des élégantes Dirty Dozen des Tommies ou des utilitaires GG-W-113 du Vietnam, la montre de terrain s’est imposée comme l’alliée fidèle du soldat. Son design répond avant tout aux impératifs du front : lisibilité immédiate, robustesse à toute épreuve, et mouvements fiables prêts à affronter boue, sable ou mousson. Un riche héritage historique qui explique la fascination durable des collectionneurs pour ces montres « outil » emblématiques.
Caractéristiques des mouvements et designs emblématiques
Si les styles varient, les field watches classiques partagent un ADN esthétique et mécanique commun né de leur usage militaire. Le cadran d’abord : quasiment toujours noir mat ou d’un ton sombre anti-reflet, avec de grands chiffres arabes contrastés pour chaque heure et une échelle des minutes de type « chemin de fer » en bordure pour une lecture précise du temps écoulé. Les index et aiguilles sont généreusement enduits de matière luminescente – historiquement du radium ou tritium, aujourd’hui du Super-LumiNova non radioactif – afin de briller dans l’obscurité. Sur les modèles anciens, on trouve souvent la mention « H3 » ou un petit trèfle radioactif sur le cadran, indiquant l’usage de tritium.
L’architecture du cadran est généralement simple et épurée, sans complication inutile. Pas de chronographe sophistiqué ni de phase de lune fantaisiste ici : une field watch affiche trois aiguilles (heures, minutes, trotteuse) – parfois deux seulement sur certaines rééditions vintage – et au plus un guichet de date ou jour/date sur les versions postérieures aux années 60. Cette sobriété garantit une lisibilité maximale en plein combat. Certaines montres de dotation britannique du milieu du XXe siècle se passaient même de logo de marque sur le cadran pour rester purement fonctionnelles. On retrouve souvent un double affichage 12/24 heures (les heures « militaires ») imprimé en plus petit à l’intérieur du cadran, pratique pour convertir rapidement l’heure en mode 24h.

Cadran typique d’une field watch moderne (Hamilton Khaki Field Mechanical) : chiffres clairs 12 et 24 heures, aiguilles à revêtement luminescent et minuterie précise chemin de fer.
Côté aiguillage, les designs varient mais privilégient toujours la clarté. Les montres américaines A-11 arboraient des aiguilles “seringue” effilées avec une boule luminescente près de la pointe, tandis que les montres allemandes B-Uhr optaient pour de larges aiguilles « épee » bleuies et enduites de peinture luminescente. Quelle que soit leur forme – seringue, bâton ou feuille – les aiguilles des montres de terrain sont dimensionnées pour être repérables d’un coup d’œil, la trotteuse possédant fréquemment une petite pastille ou flèche lumineuse.
Le boîtier d’une field watch est compact et robuste. Historiquement, les diamètres allaient de ~32 à 36 mm (norme A-11) pour ne pas gêner les mouvements du poignet, avec des exceptions plus grandes comme les B-Uhr (55 mm) destinées à être portées par-dessus un blouson. Aujourd’hui, les rééditions restent raisonnables (souvent 36 à 40 mm) afin de conserver cette sobriété proportionnée. Le matériau privilégié est l’acier inoxydable pour sa résistance aux chocs et à la corrosion. Pendant la WWII, les pénuries de métaux ont conduit à utiliser du laiton avec un traitement de surface mat dit parkerisation (phosphatage) lui donnant une couleur gris-vert antireflet. Ce fini « outil » a son charme utilitaire et on le retrouve sur certaines rééditions modernes en hommage. Les montres britanniques W.W.W. et leurs descendantes (CWC, Hamilton…) présentent souvent un boîtier acier microbillé mat, tout aussi discret sur le terrain. Le fond de boîte est généralement vissé ou maintenu par des vis, gravé de références militaires (numéro de série, contrat, année et symbole de broad arrow britannique, etc.). La couronne n’est pas vissée sur la plupart des modèles de terrain d’époque (étanchéité sommaire de 3 à 5 ATM tout au plus), sauf exceptions plus récentes.
L’intérieur abrite un calibre mécanique robuste, privilégiant fiabilité et entretien facile à la précision absolue. Les calibres à remontage manuel ont dominé jusqu’aux années 1970. Par exemple, les A-11 américaines embarquaient des mouvements 10½ lignes à 15 rubis dérivés de modèles de poche, réglés pour rester précis dans les conditions difficiles. Les Dirty Dozen britanniques utilisaient des calibres suisses (ETA, Fontainemelon, etc.) à 15 ou 17 rubis. Dans les années 60, Hamilton développa le calibre I et II pour ses montres MIL-W-3818A, remplacés ensuite par l’ETA 2750 dans la GG-W-113.
De nos jours, plusieurs rééditions conservent le remontage manuel par fidélité historique – par exemple Hamilton a conçu son calibre H-50 (base ETA 2801-2) à remontage manuel avec 80h de réserve de marche pour sa Khaki Field Mechanical moderne. Cependant, beaucoup de field watches actuelles optent pour des mouvements automatiques éprouvés, offrant le confort du remontage par rotor tout en gardant le look vintage. On trouve ainsi des calibres comme le Seiko 4R36 (24 rubis, 41h de réserve) dans les Seiko 5 Sports Field, ou le Miyota 821A (21 rubis) dans les Laco Augsburg 39. Marathon, fabricant pour l’OTAN, a même réédité sa General Purpose des 80s en version automatique NH35 (24 rubis) tout en proposant une variante quartz haute précision pour certaines armées.

Quel que soit le type de mouvement, les complications restent minimalistes : trotteuse centrale et parfois date. L’absence de quantième sur les modèles WWII était motivée par la nécessité de réduire les risques de panne – on ne voulait pas qu’un disque de date bloque la montre en pleine opération.
Enfin, impossible de parler caractéristiques sans évoquer le bracelet : la field watch est indissociable du bracelet textile NATO ou cuir robuste. Dès la Dirty Dozen, les montres étaient livrées sur bracelet en toile grossière ou en cuir simple, facilement remplaçable en cas de déchirure. Le standard NATO (une longue bande de nylon passant dans les barrettes fixes) s’est imposé après 1970 pour les montres militaires britanniques : 20 mm de largeur la plupart du temps, coloris kaki, gris ou noir selon les armées. Ce type de bracelet évite de perdre la montre si une barrette ressort se casse, un détail pratique crucial sur le terrain. Sur les photos d’époque comme sur les recréations modernes, on voit souvent ces montres sur des bracelets NATO ou Zulu robustes qui renforcent leur look « militaire » authentique.
En somme, qu’il s’agisse de la construction du boîtier, du design du cadran ou du mouvement embarqué, chaque caractéristique d’une field watch découle d’une exigence fonctionnelle. Lisibilité, robustesse, fiabilité : ces montres sobres incarnent la devise « form follows function ». Et c’est précisément cette esthétique utilitaire sans fioritures qui fait tout leur charme auprès des amateurs d’horlogerie militaire.
Modèles de référence incontournables
Après avoir exploré l’histoire et les spécificités techniques, passons à l’inventaire des field watches qu’un amateur se doit de connaître – et pourquoi pas d’acquérir. Des icônes historiques aux rééditions modernes réussies, voici quelques références incontournables du genre, illustrant la pérennité de ces montres de campagne.
- Hamilton Khaki Field Mechanical 38 mm : Probablement la field watch moderne la plus célèbre. Hamilton, héritier de la marque qui produisit des A-11 et des montres militaires durant la WWII et le Vietnam, propose avec la Khaki Field Mechanical une réédition quasi parfaite de ses modèles d’époque. Boîtier acier mat de 38 mm, cadran noir 24 heures ultra-lisible, mouvement H-50 à remontage manuel (80h de réserve) – cette montre est une ode aux montres de G.I. du milieu du siècle. Son fond porte gravé les spécifications militaires, et elle est livrée sur un robuste NATO vert. Le succès de ce modèle tient à son excellent rapport qualité-prix et son authenticité : c’est l’outil idéal pour qui veut une montre de tous les jours au style militaire vintage, sans renoncer à la fiabilité moderne. Hamilton en propose des variantes cadran blanc, vert « vernissé » ou même une édition boîtier bronze, mais la classique version acier / cadran noir reste la référence.

- Smiths Everest PRS-25 (36 mm) : Bien que baptisée “Everest” en hommage à la Smiths portée par Sir Edmund Hillary en 1953, cette montre anglaise de la micro-marque Timefactors s’inscrit dans la lignée des field watches britanniques. Son design s’inspire des montres Smiths W10 de la fin des 60s (dernières montres mécaniques fournies à l’armée britannique). On retrouve un cadran noir aux chiffres arabes 3-6-9-12 dans le style “Explorer”, de robustes aiguilles luminescentes et un boîtier acier de 36 mm au profil bombé typiquement vintage. Animée par un calibre automatique suisse Sellita, la Smiths Everest est particulièrement appréciée des collectionneurs pour son air de “Dirty Dozen” modernisée et sa fabrication en petite série. Avec son bracelet « grain de riz » en acier ou une simple sangle NATO, elle offre un look field watch un brin plus habillé, incarnation de l’élégance utilitaire britannique.

- Marathon General Purpose Mechanical (GPM) “GI Marathon” : Marathon est un fournisseur canadien de montres militaires pour l’OTAN depuis des décennies. Son modèle General Purpose Mechanical est la digne descendante des GG-W-113 Vietnam dont nous parlions. Au format 34 mm, elle arbore un boîtier en fibreshell noir (résine renforcée) ultraléger, un cadran 12/24 h avec la mention « US Government » et les fameux marquages “H3” et symbole radioactif signalant les tubes au tritium insérés dans les index et aiguilles. Ces micro-tubes garantissent une lisibilité constante sans recharge lumineuse – une technologie onéreuse que Marathon est l’un des seuls à proposer aujourd’hui dans des montres de ce type. Cette “Marathon GP Mechanical” est équipée d’un mouvement mécanique ETA 2801 (ou Sellita équivalent) à remontage manuel, fiable et facilement réparable. Livrée sur un strap nylon, étanche 3 ATM, c’est la montre field par excellence encore utilisée dans certains corps militaires. Marathon en propose une version en acier inox (dite “Officer”) un peu plus grande, mais le modèle fibreshell noir de base respire l’authenticité des montres de G.I. d’antan.

- Seiko 5 Sports SRPG35 “Field” (39 mm) : Seiko a conquis le marché des montres de sport abordables et fiables avec sa gamme “5 Sports”. La série Field introduite en 2021 reprend clairement les codes de la field watch traditionnelle, mais avec le savoir-faire Seiko. La référence SRPG35 présente un boîtier acier de 39,4 mm au fini sable mat, un cadran noir texturé orné de chiffres beiges au style vintage et un jeu d’aiguilles large rappelant certaines montres de pilotes. Le mouvement automatique 4R36 offre la date et le jour (affiché en anglais et espagnol sur la roue du SRPG35) – un clin d’œil aux montres de pilotes type Type A-7. Étanche 100 m, verre Hardlex bombé, bracelet NATO couleur sable : cette Seiko résiste à tout et apporte une touche plus moderne (on peut admirer son mouvement à travers le fond transparent vissé). Avec son prix attractif, elle représente une porte d’entrée idéale dans l’univers des montres de terrain, alliant esthétique rétro et robustesse japonaise .

- CWC G10 W10 “Fat Boy” (36 mm) : Cabot Watch Company (CWC) a succédé à Smiths dans les années 1970 pour fournir l’armée britannique en montres. Son modèle quartz G10 (surnommé “Fat Boy” dans une version précoce de 1980 à boîtier épais) est devenu emblématique des montres de dotation de Sa Majesté. Mais CWC propose aussi depuis peu une réédition mécanique de la W10 de 1976 en 36 mm, dotée d’un mouvement manuel à seconde centrale. Cette montre reprend trait pour trait le design sobre des montres britanniques : boîtier tonneau mat, cadran noir 12h sans fioritures avec larges index bâtons luminescents et trotteuse centrale. Le tout monté sur un NATO “Admiralty Grey”. Les versions originales des années 70 sont très recherchées – notamment la rarissime W10 1976 tritium – mais la réédition permet d’en porter l’esprit au quotidien sans crainte. CWC reste fidèle à l’ADN militaire avec un marquage de Broad Arrow sur le cadran et le fond. Une montre qui prouve que simplicité peut rimer avec élégance fonctionnelle .

- Laco Augsburg 39 (Automatique) : Clin d’œil aux racines historiques, ce modèle du fabricant allemand Laco est l’interprétation moderne d’une Flieger Type A dans un format polyvalent de 39 mm. S’il s’agit avant tout d’une montre d’aviation, on la considère souvent comme une field watch par son usage sur le terrain. Cadran noir avec chiffres 1-11 et triangle à 12h, aiguilles bleuies enduites de Super-LumiNova C3, boîtier acier sablé. Le mouvement automatique Miyota assure un usage sans souci. L’intérêt de l’Augsburg 39 est de proposer l’esthétique des B-Uhr de la Luftwaffe dans une taille portable au quotidien et à un tarif contenu (aux alentours de 400€). Pour les puristes, Laco offre même des versions “Erbstück” vieillies artificiellement pour simuler la patine du temps ! Voir deux Laco côte à côte – Type B 42 mm et Type A 39 mm – c’est contempler l’évolution d’une légende. Si votre idée de la montre de terrain inclut une touche d’histoire de l’aviation militaire, la Laco Augsburg est un choix tout trouvé.
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- Praesidus A-11 Type 44 (38 mm) : Pour boucler la boucle, impossible de ne pas mentionner cette micro-marque américaine dédiée à la renaissance de la mythique A-11. Praesidus a recréé méticuleusement la montre des soldats de la WWII en la déclinant en deux tailles – 32 mm comme à l’époque, et 38 mm plus adaptée aux poignets actuels. Le modèle “Type 44” en 38 mm, équipé d’un mouvement mécanique à remontage manuel, reprend le design Waltham de 1944 : boîtier poli sans épaulement, lunette fine, cadran noir orné de chiffres crème et d’une petite seconde à 6h sur la version 32 mm (la 38 mm a une trotteuse centrale). Le souci du détail va jusqu’à utiliser un verre hésalite bombé et un cadran sans logo, pour vraiment se croire en 1944 ! La lisibilité nocturne est assurée par du Super-LumiNova vieux radium du plus bel effet. Le modèle 32 mm offre une expérience “vintage” pure, tandis que le 38 mm apporte un confort contemporain. Praesidus propose en outre des éditions spéciales, comme la C-47 D-Day avec cadran texturé en sable de Utah Beach. En somme, c’est l’option parfaite pour porter une A-11 neuve comme en 40 : un mariage de vintage et de modernité qui ravira les nostalgiques du « Greatest Generation ».

Chacune de ces montres – et bien d’autres non listées – contribue à faire vivre l’héritage des field watches. Que l’on soit passionné d’histoire militaire ou simplement attiré par leur design épuré, ces modèles incontournables offrent un large éventail d’options pour arborer fièrement au poignet un morceau de la légende des montres de terrain.
Évolution des prix et marché en 2025
En ce milieu des années 2020, l’engouement pour les montres militaires de style vintage est à son comble, ce qui n’est pas sans effet sur les prix. Globalement, on constate que les field watches restent l’une des catégories les plus abordables en horlogerie, surtout pour les modèles neufs de production actuelle. Mais pour certaines pièces historiques ou éditions limitées, les cotes peuvent s’envoler sous l’effet de la spéculation des collectionneurs.
Sur le marché primaire (neuf, prix catalogue), on trouve d’excellentes montres de terrain modernes entre 200 et 600 € (~220 à 650 $). Par exemple, la Seiko 5 Sports SRPG35 vaut autour de 300 € (≈ 320 $) neuve, un tarif très raisonnable pour une automatique de manufacture japonaise. Hamilton positionne sa Khaki Field Mechanical vers 520 € (550 $) sur bracelet textile – souvent moins cher chez les revendeurs en ligne – ce qui en fait l’une des mécaniques suisses les plus accessibles du marché. Marathon, avec son GPM tritium fabriqué au Canada, est plus onéreux (environ 700 € / 750 $) à cause des tubes tritium et du cahier des charges militaire réel. Les micro-brands comme Praesidus ou Timefactors proposent leurs modèles aux alentours de 400-600 €, typiquement en vente directe sur Internet, en limitant les intermédiaires. En somme, pour quelques centaines d’euros on peut acquérir une excellente field watch neuve, fiable et solide, là où une plongeuse suisse équivalente coûterait bien plus cher.

Exemple de montre militaire vintage (Bulova “Hack” 1969) avec sa boîte d’origine – ces pièces NOS sont recherchées et atteignent plusieurs centaines d’euros (crédit : Catawiki)
Sur le marché secondaire, les opportunités ne manquent pas pour les amateurs, mais il faut distinguer deux segments : le vintage d’époque et les rééditions récentes d’occasion. Côté vintage authentique, les prix varient du simple au décuple selon la rareté et l’état. Une banale Hamilton ou Waltham A-11 des années 40 peut se dénicher autour de 300 € (320 $) si elle est en état moyen, mais les exemplaires parfaitement restaurés ou avec provenance documentée (par exemple une A-11 ayant appartenu à un vétéran) s’échangent plutôt 600-800 €. Les montres Dirty Dozen, elles, crèvent le plafond : chaque marque a sa cote. Les moins chères (Record, Cyma) dépassent quand même les 1 500 €, tandis que l’Omega ou l’IWC W.W.W. peuvent atteindre 5 000 € et plus en bon état. La plus rare, la Grana, a vu des exemplaires partir à plus de 20 000 € ! Clairement, la collection complète des 12 est un investissement conséquent en 2025.
Les montres de dotation des années 60-70 sont plus accessibles : une Benrus ou Bulova “Hack Watch” Vietnam peut se trouver autour de 400-500 € selon l’état. Idem pour une CWC W10 des 70s, aux environs de 600 €. Toutefois, l’offre se raréfie pour les pièces non “civilianisées” (avec cadran et fond originaux) – d’où une hausse progressive des prix. À noter que certaines de ces vintages existent en NOS (New Old Stock) sur le marché : de vieux stocks jamais utilisés, parfois vendus avec boîte et papiers d’époque. Ces NOS, comme des Benrus Vietnam encore emballées, font flamber les enchères car elles permettent d’avoir une “neuve d’époque”. Les prix peuvent doubler par rapport à une usagée (on a vu des Hamilton GG-W-113 NOS partir à plus de 1 000 € auprès de collectionneurs maniaques).
Pour les rééditions modernes et occasions récentes, le marché est très fluide. Ce sont souvent des montres robustes et assez répandues, donc la décote joue en faveur des acheteurs. Une Hamilton Khaki Field d’occasion se trouve aisément autour de 400 € (au lieu de 520 € neuve). Les Seiko 5 Field retombent sous les 200 €. Les Marathon conservent bien leur valeur grâce à leur diffusion limitée : comptez 600 € environ en seconde main, car les amateurs de tritium ne courent pas les rues. Les micro-marques étant souvent vendues en petites quantités, leur prix d’occasion dépend de la demande – parfois on fait de bonnes affaires si le modèle est méconnu, parfois on paye presque le prix du neuf s’il y a pénurie (ex : la Smiths Everest, souvent out of stock, se revend quasiment au prix d’achat). En général, ces montres étant assez indestructibles, on peut acheter d’occasion sans trop de crainte de mauvaises surprises mécaniques, d’autant que les mouvements ETA, Seiko ou Miyota se réparent facilement.
Un point à noter : la liquidité sur ce segment est bonne. Les field watches se revendent assez facilement car elles ont un public large, à la fois chez les novices (qui y voient une montre cool et vintage) et chez les collectionneurs aguerris. Ainsi, investir dans une belle Dirty Dozen ou même une Hamilton moderne n’est pas risqué financièrement parlant : il y aura toujours preneur si vous la remettez en vente, surtout avec l’attrait actuel pour le style military. Il convient toutefois de garder à l’esprit que ce marché suit les modes : un engouement subit peut faire grimper temporairement les prix (ex: la Bulova Hack quand Bulova a sorti sa réédition automatique en 2020, donnant envie aux gens de l’originale). À l’inverse, une saturation de modèles neo-vintage peut faire stagner la valeur de revente des montres récentes. Mais globalement, la tendance de fond est à la hausse modérée et régulière, reflet de l’intérêt durable pour ces montres pleines d’histoire. Autant dire qu’en 2025, c’est toujours le bon moment pour s’offrir une field watch : c’est probablement l’une des catégories où l’on peut se faire plaisir sans exploser son budget, tout en ayant le sentiment de porter un morceau d’héritage militaire au poignet.
Conseils d’achat et points à vérifier
L’achat d’une montre militaire de style field watch, qu’elle soit vintage authentique ou réédition moderne, nécessite un minimum de vigilance pour éviter déconvenues et contrefaçons. Voici une checklist d’authentification et de vérification des éléments clés avant de dégainer votre portefeuille :
- Numéro de stock militaire et gravures : Si vous achetez une pièce d’époque ou une réédition millésimée, examinez le fond de boîte. Les montres militaires comportent souvent des inscriptions réglementaires (Numéro de Stock OTAN / NATO Stock Number à 13 chiffres, code de contrat, année de production, symbole Broad Arrow britannique, mention “US Property”, etc.). Par exemple, une CWC W10 originale aura « W10 », l’année et une broad arrow gravés. Sur une GG-W-113 vietnam, vous lirez « Watch, Wrist, General Purpose » suivi d’un numéro de contrat et de la date. L’absence ou l’altération de ces marquages doit vous alerter (signe d’un boîtier remplacé ou d’une contrefaçon). Pour une Hamilton Khaki Field moderne, un numéro de série et la mention du calibre doivent figurer. En résumé, assurez-vous que les gravures correspondent bien à la montre annoncée.

- Type de luminescence : Les montres vintage ont souvent utilisé du radium (jusqu’aux années 50) puis du tritium (années 60-90) pour la luminescence. Une A-11 ou une Dirty Dozen d’origine aura généralement une patine jaunie/brune des indexes et n’émettra plus de lumière visible après 70 ans (le radium brille faiblement mais reste radioactif, le tritium peint est éteint après >50 ans). En revanche, si vous voyez une lueur verte intense dans le noir sur une montre supposée des années 40, méfiez-vous : soit le cadran a été re-lumé avec du Super-LumiNova moderne, soit c’est une reproduction. De même, vérifiez la mention “T” sur le cadran (parfois “T25” pour tritium < 25 mCi) sur les modèles d’après 1960 : elle atteste du tritium. Une montre moderne de style vintage utilisera du Super-LumiNova non radioactif, c’est normal. Mais assurez-vous que cela correspond à la description du vendeur. En cas d’achat vintage, soyez prudent avec le radium (montre avant 1960 avec peinture d’origine) : c’est collectable, mais il faut éviter de gratter le cadran ou d’inhaler des poussières radioactives.
- Étanchéité et intégrité du boîtier : Bien qu’une field watch ne soit pas destinée à la plongée, un minimum d’étanchéité est requis – historiquement souvent 3 ATM (30 m) symboliques, aujourd’hui 5 ATM (50 m) est une bonne base. Sur une montre neuve, pas de souci, mais sur une vintage, testez-là (dans un sachet étanche plongé dans l’eau par exemple) avant de la mouiller. Les vieux joints peuvent être secs ou absents. Par ailleurs, examinez l’état du boîtier : les barrettes de bracelet notamment. De nombreuses montres militaires ont des barrettes fixes soudées (surtout les britanniques) – c’est un gage de solidité (impossible de perdre la montre), mais vérifiez qu’elles ne sont pas tordues ou ressoudées grossièrement. Sur une Hamilton moderne, contrôlez la couronne et le fond vissé. Bref, assurez-vous que la montre est apte à une utilisation normale sans prendre l’eau à la première pluie.
- Matching dial/aiguilles : Pour les collectionneurs, une grande partie de la valeur d’une vintage réside dans l’authenticité du cadran et des aiguilles. Sur le marché circulent des A-11 ou des Dirty Dozen dont les aiguilles ne sont pas d’origine (remplacées par des pièces de rechange sans radium, aux teintes de lume différentes). Un cadran repeint ou “relumé” fera chuter la valeur. Apprenez à repérer les indices : une patine homogène entre aiguilles et index est bon signe (tout est d’époque), tandis que des aiguilles trop neuves ou un cadran au lume vert bien vif sur une montre ancienne indiquent une restauration. Selon vos préférences, cela peut ne pas vous gêner (pour une toolwatch on peut privilégier la lisibilité), mais négociez le prix en conséquence.
- Vendeur et documentation : Privilégiez autant que possible les vendeurs disposant d’une bonne réputation ou pouvant fournir des documents. Pour une montre récente, la garantie internationale (2 ans généralement) et la carte/certificat d’origine vous rassureront sur l’authenticité et vous permettront de faire jouer le SAV si besoin. Pour une vintage, demandez l’historique : la montre provient-elle d’une collection connue ? A-t-elle été révisée (facture à l’appui) ? Certaines enchères chez des maisons réputées fournissent un extrait d’archive ou un rapport de condition détaillé. Sur les forums ou sites entre particuliers, n’hésitez pas à demander des photos du mouvement, de la luminescence, etc., et à comparer avec les photos de référence disponibles dans la littérature ou en ligne.
Outre ces points d’authenticité, quelques recommandations d’achat s’imposent pour dénicher la perle rare sans encombre. D’abord, choisissez la bonne plateforme : les ventes aux enchères en ligne (eBay, Catawiki, etc.) regorgent de montres militaires, mais exigez des photos nettes et posez des questions précises au vendeur. Sur Catawiki, la sélection par un expert offre une relative sécurité et on y voit passer tant des lots de montres soviétiques que des pièces rarissimes. Les sites spécialisés et forums horlogers (comme Watchuseek ou Chrono24) permettent parfois de tomber sur des connaisseurs vendant une montre de leur collection avec beaucoup de détails – idéal pour un achat éclairé.

L’esprit des montres de terrain perdure de nos jours : robustes, lisibles et prêtes pour l’aventure (ici une Marathon moderne au poignet, source : Marathon Watch)
Ensuite, si vous visez un modèle militaire actuel (Marathon, CWC, etc.), pourquoi ne pas contacter directement les surplus militaires ou revendeurs agréés ? Certaines boutiques officielles ou surplus certifiés proposent des exemplaires neufs ou reconditionnés issus de stocks de l’armée – l’occasion d’acheter “comme un militaire” avec parfois le NSN gravé et l’emballage gouvernemental. Enfin, méfiez-vous des trop bonnes affaires et des mentions floues du type “montre d’aviateur WWII style”. De nombreuses montres bon marché imitent l’apparence, sans la substance : rien de mal à cela, mais il serait décevant de payer prix fort une simple fantaisie. Renseignez-vous, utilisez la checklist ci-dessus, et vous éviterez 90% des pièges.
En conclusion, acheter une field watch doit rester un plaisir autant qu’une plongée dans l’histoire. Que vous arpentiez les salles de ventes à la recherche d’une Dirty Dozen authentique ou que vous commandiez en ligne une Hamilton neuve, vous vous apprêtez à adopter une montre au charme intemporel, née de la nécessité et élevée au rang d’icône. Prenez le temps de bien choisir, et vous aurez à votre poignet une compagne fiable, chargée d’un récit qui continue de se transmettre de génération en génération. Bonne chasse horlogère, et portez fièrement votre future field watch – après tout, elle est faite pour vivre mille aventures à vos côtés !