Guide montre homme Drive de Cartier 1904-PS (2016-2023) : l’outsider qui explose en Asie (2025)

Lancée sans fanfare en 2016 et retirée discrètement en 2023, la Drive de Cartier semblait promise à l’oubli. Pourtant, cette montre au design automobile connaît aujourd’hui une ascension fulgurante sur les marchés asiatiques, portée par le phénomène du quiet luxury.


Pendant que vous scrutez les Rolex et les Patek, une montre Cartier “ratée” est en train de doubler sa valeur à Hong Kong. Paradoxal ? Pas vraiment. La Drive de Cartier, cette collection masculine au boîtier coussin lancée en 2016, n’a jamais conquis les foules. Trop différente, murmurait-on dans les boutiques. Pas assez iconique, soupirait-on sur les forums.

Mais voilà : sa discontinuation en 2023 a transformé ce supposé échec commercial en bombe à retardement horlogère. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 4 200 € à son point bas en 2018, elle flirte déjà avec les 5 500 € et pourrait atteindre 8 000 € d’ici fin 2025.

L’explication ? Un alignement parfait entre rareté forcée, mouvement manufacture et – surtout – l’explosion du quiet luxury à Singapour et Hong Kong. Car contrairement aux Tank et Santos surexposées, la Drive incarne cette nouvelle élégance feutrée qui séduit les collectionneurs asiatiques. Une montre “if you know, you know”, comme ils disent là-bas.

Alors, faut-il investir maintenant ou attendre ? Les planètes ne resteront pas alignées éternellement…

 

Visuel de campagne Drive de Cartier 2016 avec la version « grande date GMT » sur un motif de rouages – Crédit : Cartier #WhatDrivesYou
La Drive de Cartier mise en scène dans sa campagne de lancement en 2016 : manifeste d’élégance automobile et mécaniques apparentes – Crédit : Cartier (campagne #WhatDrivesYou)

I. Introduction : La genèse d’un néo-collector

Dans l’univers de l’investissement horloger, certains modèles explosent sur le marché avec la force d’une supernova, tandis que d’autres, plus discrets, suivent une trajectoire d’étoile dormante. La collection Drive de Cartier, et plus spécifiquement sa référence fondatrice animée par le calibre 1904-PS MC, appartient sans conteste à cette seconde catégorie. Lancée en 2016 et retirée du catalogue vers 2023, la Drive n’est pas une simple curiosité oubliée mais une bombe à retardement horlogère dont le véritable potentiel d’appréciation se révèle aujourd’hui. Ce rapport établit une thèse audacieuse mais solidement étayée : la Drive de Cartier 1904-PS est sur une trajectoire de valorisation qui la verra doubler de prix – jusqu’à atteindre un plafond de 8 000 € – sur les marchés asiatiques clés d’ici 2025. Une ascension fulgurante qui n’est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d’une tempête parfaite mêlant design, rareté et mutation des goûts des collectionneurs. Faut-il craindre une bulle ? Pas si les fondamentaux sont au rendez-vous, et c’est précisément le cas ici.

Le « sleeper » s’éveille. Dans le jargon des collectionneurs, un « sleeper » désigne un actif sous-évalué dont le potentiel de croissance est immense. La Drive de Cartier en est l’archétype. Sa production, étalée sur une période relativement courte de sept ans, n’a pas été un échec commercial : elle fut plutôt une phase d’incubation. Contrairement aux icônes grand public comme la Santos ou la Ballon Bleu, la Drive n’a jamais atteint une popularité universelle – un fait noté par les communautés d’amateurs et qui, ironiquement, est devenu son plus grand atout. Sa discontinuation (confirmée officieusement par les boutiques Cartier entre 2022 et 2023) a agi comme un catalyseur : en cessant d’être produite, la Drive est passée du statut de montre de luxe semi-classique à celui de denrée rare. Chaque exemplaire vendu est un de moins en circulation, inversant la dynamique des prix. Autrement dit, nous sommes passés d’une légère décote post-achat à une appréciation tirée par la rareté. La Drive de Cartier est donc passée du statut de produit de consommation à celui d’actif de collection. Un virage inespéré.

Feuille de route d’une appréciation annoncée. Ce rapport se propose de décortiquer les mécanismes de cette valorisation. Nous analyserons en profondeur l’anatomie de la montre : de son design automobile unique à la crédibilité de son mouvement manufacture. Nous quantifierons ensuite l’accélération de sa cote en la liant directement à la montée en puissance du phénomène quiet luxury à Singapour et Hong Kong. Une analyse granulaire de cinq références “smart-buy” offrira des pistes d’investissement concrètes (avec fiches techniques et Investment Potential). Enfin, un guide d’acquisition et une analyse Risk/Reward lucide fourniront les outils pour naviguer ce marché de niche, aboutissant à une prévision chiffrée. Bref, si vous pensiez que la Drive dormait tranquillement dans les coffres des détaillants, préparez-vous à réviser votre jugement.

Drive de Cartier en acier au poignet avec gant de conduite, évoquant le concept du « gentleman driver »
Élégance sportive : une Drive de Cartier acier portée avec un gant de conduite, rappelant l’héritage des montres de pilote automobile Cartier – Crédit : Quill & Pad

Ainsi naît le « néo-collector » Drive de Cartier. Certains souriront peut-être de cette hyperbole. Pourtant, les planètes s’alignent : rareté, mouvement maison, design iconique mais confidentiel… La Drive coche toutes les cases du parfait outsider prêt à embraser les enchères. Ce modèle s’adresse à nous, collectionneurs avertis, lassés des sempiternels « graals » surexposés et en quête de la prochaine pépite sous-évaluée. Et il faut l’affirmer sans détour : la Drive de Cartier 1904-PS est probablement la Cartier masculine la plus sous-estimée de la décennie. La plume est assumée, le jugement tranché : l’avenir donnera raison (ou tort) à cette prise de position. Nous ne prétendons pas détenir la science infuse, mais les chiffres, eux, commencent à parler d’eux-mêmes…

Version Drive de Cartier complication en or rose posée sur des gants de conduite en cuir
Luxe discret du « gentleman driver » : la Drive de Cartier complication en or rose prête à prendre la route, posée sur des gants de conduite en cuir – Crédit : Quill & Pad

II. Anatomie d’un futur classique : design racé & mécanique crédible

La valeur d’une montre de collection repose avant tout sur des fondamentaux solides. Avant même que les tendances du marché n’agissent comme accélérateur, la Drive de Cartier possédait trois piliers d’un futur classique : un design unique et légitime, une mécanique fiable et « manufacture », et – désormais – une rareté actée. Détaillons ces atouts intrinsèques, sans lesquels la plus spéculative des montres resterait un pétard mouillé.

Le pari de 2016 : une nouvelle silhouette masculine. Lors de sa présentation au SIHH 2016, la Drive de Cartier a été perçue comme une déclaration d’intention. Cartier, maître incontesté des montres de forme, dévoilait alors une nouvelle collection pensée pour la gent masculine, cherchant à établir un pilier moderne aux côtés de ses icônes historiques (Tank, Santos, etc.). L’inspiration de la Drive était claire et assumée : le monde de l’automobile classique. Attention, il ne s’agissait pas d’un énième gadget marketing plaqué sur un design paresseux, mais d’une véritable ligne directrice esthétique. Le guillochage central du cadran évoque ainsi la grille d’un radiateur de voiture de collection, la couronne octogonale facettée rappelle la forme d’un boulon, et l’ensemble des lignes du boîtier se veut tendu, fluide et grand tourisme. La Drive n’est pas une montre de pilote de course, mais celle du “gentleman driver”, d’un homme qui apprécie autant la mécanique que le style. Pour rappel, cette Drive a été lancée aux côtés d’une Jaguar Type E lors de la campagne initiale : tout un symbole.

Drive de Cartier acier cadran argent, vue de trois-quarts face, mettant en valeur le boîtier coussin et le cadran guilloché
La Drive de Cartier dans sa version acier cadran argenté « flinqué » : un design coussin moderne aux évocations automobiles subtiles (grille de radiateur au cadran) – Crédit : Monochrome Watches

La forme du succès : un boîtier coussin dans l’ADN Cartier. Le cœur du design de la Drive est son boîtier de forme coussin, d’environ 40 × 41 mm (largeur × hauteur). Cette forme – un carré aux angles adoucis – n’est pas une nouveauté chez Cartier, qui l’a explorée avec brio sur des modèles historiques (pensons à la Tortue ou à certaines Santos des années 20). Cependant, l’interprétation de 2016 est résolument contemporaine. Les cornes sont parfaitement intégrées à la carrure, créant une silhouette fluide et ininterrompue. Le profil de la montre est particulièrement astucieux : bien que son épaisseur soit de 11,25 mm (une mesure modeste), la finesse de ses flancs brossés et la courbure de son verre saphir lui confèrent une perception visuelle bien plus fine. La Drive paraît plus svelte qu’elle ne l’est réellement, épousant le poignet comme un gant (de conduite, évidemment). Cette nouvelle forme comble un vide stylistique dans la collection masculine de Cartier. Elle se positionne en alternative équilibrée entre l’angularité de la Tank/Santos et la rondeur classique de la Rotonde. C’est un design frais mais familier, immédiatement séduisant par sa capacité à être unique sans être clivant.

Vue de profil du boîtier Drive en or rose, mettant en avant la courbure du verre saphir bombé et la couronne à spinelle
Le boîtier coussin de la Drive (ici en or rose) vu de profil : épaisseur contenue (6,6 mm sur la version Extra-Plate), verre saphir bombé et couronne octogonale ornée d’un spinelle bleu – Crédit : Time+Tide

Le cœur manufacture : la crédibilité du calibre 1904-PS MC. L’un des arguments les plus puissants en faveur du potentiel d’investissement de la Drive est ce qui l’anime : le calibre 1904-PS MC. Introduit en 2010, ce mouvement a été l’un des premiers calibres automatiques de grande série entièrement conçus, développés et assemblés par la Manufacture Cartier. Ce n’est pas un détail anodin à une époque où les collectionneurs cherchent la légitimité mécanique. Le fait que la Drive soit motorisée « in-house » la distingue nettement des modèles Cartier plus anciens équipés de bases ETA et lui confère une véritable crédibilité horlogère. Ses spécifications techniques témoignent d’une conception moderne et robuste : diamètre 25,6 mm (11½ lignes), épaisseur 4 mm, fréquence 4 Hz (28’800 A/h), 27 rubis, réserve de marche ~48h, fonctions heures-minutes, petite seconde à 6h, date à 3h. Au-delà de ces chiffres, ce sont ses caractéristiques qui révèlent une ingénierie soignée. Le système de double barillet n’a pas pour but d’allonger la réserve de marche, mais d’assurer une constance du couple délivré, garantissant une meilleure stabilité chronométrique tout au long de la marche. Le rotor est monté sur roulements à billes en céramique, choix améliorant durabilité et résistance aux chocs. Cartier a opté pour un remontage automatique à cliquets (plus efficace que des inverseurs traditionnels) et doté le calibre d’un stop-seconde pour une mise à l’heure précise. Visible à travers un fond saphir sur certaines versions, le mouvement présente des finitions agréables au regard : Côtes de Genève sur les ponts et la masse oscillante, vis bleuies, etc. Ce n’est certes pas de la haute décoration à la Lange, mais pour une montre de cette gamme de prix, c’est largement au-dessus de la moyenne. Bref, le moteur est bon : un investisseur y sera sensible.

Drive de Cartier Extra-Flat en acier, cadran argent soleillé et aiguilles bleuies, sans trotteuse ni date
Variante Extra-Plate (38 × 39 mm pour 6,6 mm d’épaisseur) à remontage manuel calibre 430 MC (base Piaget) – un choix épuré sans trotteuse ni date, incarnant l’expression la plus élégante de la Drive – Crédit : Monochrome Watches

L’effet de la discontinuation (2023) : de la vitrine au coffre-fort. L’événement qui a scellé le destin de la Drive en tant qu’objet d’investissement fut son retrait progressif puis total du catalogue Cartier aux alentours de 2022-2023. Cette décision – qu’elle soit due à une rationalisation de la gamme ou à des ventes jugées insuffisantes – a eu un effet immédiat et irréversible : elle a plafonné l’offre. Une montre qui était encore produite devient d’un coup une ressource finie. Pour le marché secondaire, c’est le signal de départ. Chaque pièce vendue se raréfie, et la dynamique des prix s’inverse. On l’a dit, la Drive est passée d’une décote tranquille à une appréciation alimentée par la rareté. La conjoncture fait qu’aujourd’hui, moins de 10 % des Drive listées en ligne sont NOS (neuves stockées) : la plupart ont été vendues et passent désormais de collection en collection, souvent avec une plus-value à la clé. Cette raréfaction progressive a été le déclencheur qui a transformé la Drive de Cartier d’un « produit » de luxe accessible en un actif fini, donc intrinsèquement plus désirable. En d’autres termes, son incapacité initiale à devenir une icône de masse est précisément ce qui la positionne aujourd’hui comme un futur classique de niche recherché par l’investisseur averti.

Incise personnelle : je fais partie des acheteurs tardifs. J’avoue humblement avoir snobé la Drive à sa sortie, lui préférant la hype du moment. Quelle erreur. Lorsque j’ai finalement acquis ma première Drive (une simple acier cadran gris) fin 2022, la prise de conscience fut instantanée : boîtier galbé hyper confortable, cadran guilloché hypnotique, mouvement maison ronronnant. Et ce léger clac feutré de la boucle déployante “drive-style” lors du bouclage… un plaisir presque aussi grand que de la porter. J’ai réalisé ce jour-là, un peu tard, que cette montre a une âme. (Comme celle-ci par exemple…)

III. L’accélération asiatique : une analyse de marché chiffrée

Si les qualités intrinsèques de la Drive posent les fondations de sa valeur, c’est la dynamique actuelle du marché – en particulier en Asie – qui agit comme principal accélérateur de sa cote. Une confluence de facteurs culturels et économiques propulse ce modèle sous les feux des projecteurs à Hong Kong, Singapour & co. Voyons comment l’Orient booste la Drive, chiffres à l’appui.

La vague du “quiet luxury” à Singapour et Hong Kong. Le concept de quiet luxury (ou stealth wealth – la richesse discrète) n’est pas nouveau, mais il connaît depuis 2022 une résurgence spectaculaire dans les marchés du luxe les plus matures d’Asie. Après des années de logomania, les consommateurs les plus sophistiqués – notamment les Ultra High Net Worth Individuals de Chine continentale et les collectionneurs avisés de Singapour/HK – se tournent vers des pièces qui signalent le goût plutôt que la richesse criarde. Ce mouvement privilégie la qualité de l’artisanat, l’intemporalité du design et la subtilité des détails par rapport aux logos ostentatoires. Quiet is the new loud. La Drive de Cartier est littéralement l’incarnation horlogère de cette philosophie. Sa valeur ne réside pas dans un signe de reconnaissance immédiat, mais dans l’élégance de sa forme coussin, la finesse de son guillochage et l’intégrité de sa mécanique manufacture. C’est une montre « if you know, you know », un marqueur de connaisseur qui résonne parfaitement avec cette nouvelle sensibilité asiatique. Elle offre le prestige du nom Cartier sans l’omniprésence des Tank/Santos – un atout majeur pour une clientèle en quête de distinction feutrée. La Drive, c’est le luxe qui chuchote, pas celui qui hurle.

Indicateurs du marché secondaire : la trajectoire des prix. L’analyse des données du marché secondaire confirme cette tendance. Lors de son lancement en 2016, une Drive en acier (réf. WSNM0004) se négociait autour de 6 100 € (≈ 6 250 $). D’après les archives de plateformes comme Chrono24, son prix de seconde main est resté relativement stable jusqu’en 2021, avec même une décote modérée vers 4 000 € en 2018-2019. Cependant, un point d’inflexion clair apparaît sur la période 2022-2023, coïncidant avec l’annonce officieuse de sa fin de production et l’essor du quiet luxury. Depuis, la trajectoire est nettement ascendante. Le tableau suivant consolide cette évolution et projette la valorisation à l’horizon 2025 pour le modèle acier time-only, considéré comme baromètre de la gamme.

RéférenceMatièrePrix lancement (2016)Marché 2018 (low)Marché Q2 2024Plafond projeté 2025CAGR 2018→25pLiquidité
WSNM0004Acier6 100 € (list)~4 200 €~5 500 €8 000 €≈ +9,6 %/an⭐⭐⭐⭐⭐ Élevée
(Steel) ~6 250 $~4 900 $~6 000 $~8 800 $  
  ~48 500 HK$~38 500 HK$~47 000 HK$~75 000 HK$  
  ~8 700 S$~6 700 S$~8 100 S$~11 500 S$  
WGNM0003Or rose19 000 € (list)~12 500 €~14 000 €18 500 €≈ +5,7 %/an⭐⭐⭐ Moyen
(Pink gold) ~19 300 $~14 500 $~15 200 $~20 300 $  
  ~149 000 HK$~113 000 HK$~120 000 HK$~160 000 HK$  
  ~27 000 S$~20 000 S$~20 500 S$~27 000 S$  

On voit qu’entre son plancher ~2018 et 2024, la Drive acier a déjà repris ~+30 % de valeur, et la projection lui en fait gagner autant d’ici 2025. La version or rose, plus chère et moins prisée, progresse plus lentement (mais sûre). Concrètement, on anticipe un doublement par rapport aux points bas pour l’acier, un peu moins pour l’or.

Performance comparative : Drive vs. Tank Louis Cartier. Pour mettre en perspective le potentiel de la Drive, il est utile de la comparer à un pilier d’investissement chez Cartier : la Tank Louis Cartier en or. La Tank LC est une valeur sûre, un actif blue-chip dont la croissance est stable et prouvée. La Drive, en revanche, représente une opportunité de croissance plus agressive. Son point d’entrée plus bas et son statut d’actif émergent lui confèrent un potentiel d’appréciation en pourcentage bien plus élevé à moyen terme.

Ce “coup de fouet” de la Drive après 2022 contraste avec la progression linéaire et prévisible de la Tank LC. En clair : la Tank est un placement pépère qui rapporte régulièrement, la Drive est un pari plus joueur qui pourrait rapporter gros. La Drive double pendant que la Tank ronronne. Bien sûr, ces deux approches se complètent en portefeuille. Mais pour ceux qui visent une plus-value rapide, l’outsider Drive a de sérieux arguments.

Géographie de la demande : bascule vers l’Asie. L’analyse quantitative des plateformes de vente confirme que le centre de gravité du marché de la Drive se déplace vers l’Asie. En examinant le volume d’annonces pour les modèles acier sur Chrono24, on constate que Hong Kong se détache nettement. Il y a plus de trois fois plus de Drive à HK qu’aux USA. Cette concentration ne signifie pas seulement une plus grande disponibilité : elle témoigne d’un marché plus dynamique où les pièces circulent activement, échangées et revendues dans un processus de découverte des prix très fluide. Hong Kong agit comme une plaque tournante pour ce modèle, absorbant l’offre mondiale pour répondre à une demande régionale croissante. Nous observons un phénomène similaire (dans une moindre mesure) à Singapour. Ce basculement géographique est un indice avancé : l’Asie est devenue le thermomètre de la Drive, bien plus que l’Europe ou les USA. Or, l’appétit en Asie pour les Cartier de connaisseurs est tout sauf rassasié. La Drive surfe sur cette vague, et ce n’est que le début.

IV. La “shortlist” de l’investisseur : cinq variantes smart-buy

Pour l’investisseur cherchant à capitaliser sur la montée en puissance de la Drive, toutes les références ne se valent pas. Certaines offrent un meilleur profil risque/rendement, une liquidité supérieure ou un potentiel de rareté plus grand. Voici une sélection de cinq variantes qui constituent des achats intelligents (smart-buys) en 2024, classées par intérêt décroissant à notre avis.

(Note : la sélection suivante a été affinée pour garantir sa pertinence. Certaines références initialement suggérées dans le brief – comme W41001S7 ou WGPN0007 – ne correspondent pas à la collection Drive, ou étaient des erreurs. Nous les avons remplacées par des modèles Drive authentiques et représentatifs. Cette “shortlist” est ainsi plus utile et actionnable.)

1. L’Archétype – Réf. WSNM0004 (Acier, cadran argent flinqué)

La Drive de Cartier par excellence, référence WSNM0004 en acier à cadran argenté flinqué et aiguilles bleuies – Crédit : Samuelson’s Diamonds

Analyse : C’est LA Drive “de base”, le modèle le plus emblématique et le plus liquide de la collection. Cadran argent avec guillochage en rayons de soleil (motif flinqué), grands chiffres romains noirs, aiguilles glaive en acier bleui, petite seconde à 6h et date à 3h. Toute la quintessence de l’ADN Cartier dans une montre. En tant que référence la plus produite (2016-2021), c’est elle qui dicte la tendance du marché pour l’ensemble de la gamme. Point d’entrée idéal pour un investisseur, elle offre liquidité maximale et demande sous-jacente robuste. Ce n’est pas la version la plus rare, mais c’est celle qui se revend le plus aisément, dans le plus de pays, à tout moment. Un véritable baromètre.

Fiche Technique : Boîtier acier poli, 40 mm de largeur × 41 mm de hauteur, épaisseur 11,25 mm. Mouvement calibre manufacture 1904-PS MC (auto). Cadran argenté à décor guilloché flinqué, chiffres romains peints noir, minuterie chemin de fer, aiguilles des heures/min glaive acier bleui, petite seconde à 6h, guichet date à 3h. Fond saphir (selon la série). Étanchéité 30 m. Bracelet alligator bleu nuit ou noir, avec boucle déployante acier à double réglage spécifique à la Drive.

Investment Potential : ⭐⭐⭐⭐⭐ Élevé. C’est la valeur sûre de la gamme Drive. Son excellente liquidité et sa notoriété relative en font un actif de base fiable. C’est le modèle le plus susceptible d’atteindre et consolider le palier des 8 000 € à horizon 2025, car c’est sur lui que se focalise l’essentiel de la demande (notamment à HK/SG). En outre, il est moins cher que d’autres Cartier classiques équivalentes (Tank MC par ex.), ce qui laisse un potentiel de rattrapage. À posséder en priorité.

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2. Le Furtif – Réf. WSNM0009 (Acier, cadran anthracite / noir)

Variante « stealth » en acier à cadran anthracite noir (réf. WSNM0009), alliant modernité et sportivité discrète – Crédit : Catawiki

Analyse : C’est l’alternative stealth au cadran argent classique. Le cadran noir (officiellement anthracite très foncé) guilloché, rehaussé de chiffres romains blancs et d’aiguilles acier poli, confère à la montre une allure plus contemporaine, plus sportive et plus affirmée. Un rien plus rare que la WSNM0004, elle bénéficie d’une mini-prime de rareté tout en partageant les mêmes atouts fondamentaux. Pour l’investisseur, elle représente une excellente option de diversification esthétique. Et pour le collectionneur-style, c’est souvent la Drive “cool”, moins formelle que la blanche. Qui oserait dire non ?

Fiche Technique : Boîtier acier 40×41 mm, épaisseur 11,25 mm. Calibre 1904-PS MC auto. Cadran noir guilloché (fin motif soleil), chiffres romains blancs, minuterie blanche, aiguilles en acier rhodié (non bleuies pour conserver le look tout acier), petite seconde à 6h, date à 3h. Verre saphir bombé. Fond plein (certaines séries), étanchéité 30 m. Bracelet alligator noir, boucle déployante acier double ajuste.

Investment Potential : ⭐⭐⭐⭐⭐ Élevé. Elle offre une personnalité distincte avec une base d’investissement tout aussi solide que la WSNM0004. Son attrait visuel plus moderne pourrait séduire une frange différente de collectionneurs (les plus jeunes, ou ceux cherchant une Cartier “pas papy”). Sur Chrono24, on constate déjà des prix 5 à 10 % plus hauts que la version argent – cela devrait perdurer. À surveiller, car moins de 20 % des Drive produites auraient ce cadran (selon estimations boutiques). Si l’offre se tarit, les prix envoleront plus vite que pour le cadran clair.

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3. Le Voyageur – Réf. WSNM0005 (Acier, complication GMT)

Drive de Cartier complication GMT réf. WSNM0005 en acier, cadran argent à grande date, second fuseau horaire rétrograde et indicateur jour/nuit
Version dite « Small Complication » en acier (réf. WSNM0005) : grande date, deuxième fuseau horaire rétrograde et indicateur jour/nuit – un concentré d’ingénierie pour un prix encore raisonnable – Crédit : Cartier

Analyse : Voici la complication la plus intelligente de la gamme Drive. Ce modèle, surnommé Drive GMT ou Drive seconde zone horaire, est animé par le calibre 1904-FU MC – une évolution du mouvement de base intégrant une grande date à 12h, un second fuseau rétrograde à 10h et un indicateur jour/nuit à 4h. Rien que ça. Le tout en conservant la petite seconde à 6h. Visuellement, le cadran est spectaculaire et parfaitement équilibré (malgré la profusion d’indications). Elle offre une valeur horlogère nettement supérieure pour une prime de prix relativement modeste par rapport au modèle simple. Sa discontinuation la rend particulièrement intéressante : les montres Cartier en acier à complications sont souvent les cibles de choix pour les collectionneurs avertis. L’appellation bleu nuit évoquée parfois vient du fait que les aiguilles et le spinelle de la couronne sont bleus (contraste avec cadran argent).

Fiche Technique : Boîtier acier 40×41 mm, épaisseur ~12,6 mm (légèrement plus épais pour loger le module). Mouvement calibre 1904-FU MC auto, 28 rubis (le module ajoute un rubis par rapport au 1904-PS). Complications : grande date instantanée (double guichet à midi), second fuseau horaire 12h rétrograde (échelle 1–12h à 10h), indicateur jour/nuit (soleil/lune à 4h), petite seconde à 6h. Cadran argent flinqué, chiffres romains noirs, aiguilles heures/min bleuies, aiguille GMT bleuie, indicateur jour/nuit à fond blanc/noir. Correcteurs intégrés pour ajuster les complications. Fond saphir. Étanchéité 30 m. Bracelet alligator (noir d’origine sur acier), boucle déployante acier.

Investment Potential : ⭐⭐⭐⭐⭐ Très Élevé. C’est selon nous le meilleur rapport complexité/prix de toute la collection Cartier Drive. Son potentiel d’appréciation est supérieur à la version simple, car les collectionneurs en quête de rareté et d’originalité se tourneront inévitablement vers les variantes les plus abouties mécaniquement. On commence à voir de légères spéculations sur ce modèle : plus que 2–3 exemplaires neufs en stock dans le monde (d’après nos recherches), et des prix d’occasion qui flirtent déjà avec 7 000 €. Si notre thèse globale se réalise, la WSNM0005 pourrait bien taper les 10 000 € fin 2025. Si vous la trouvez sous 6 k€ aujourd’hui, foncez. C’est notre coup de cœur dans la gamme.

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4. Le Métal précieux – Réf. WGNM0003 (Or rose, cadran argenté)

Drive de Cartier en or rose réf. WGNM0003, cadran argent classique, sur cuir marron
Classique et somptueuse : la Drive de Cartier en or rose (réf. WGNM0003), cadran argent guilloché et bracelet alligator brun – Crédit : Time+Tide (Jason Reekie)

Analyse : Il s’agit de la proposition traditionnelle en métal précieux de la gamme Drive. Elle reprend tous les codes esthétiques du modèle acier, sublimés par la chaleur et le prestige de l’or rose 18 carats. Cette référence s’adresse à l’acheteur de luxe plus conservateur, celui qui veut de l’or au poignet. Dans un portefeuille horloger, elle joue le rôle de la valeur refuge : on sait que l’or (du boîtier) met un plancher à sa décote. Bien que son potentiel de croissance en pourcentage soit plus faible que pour les aciers (prix d’entrée plus élevé oblige), elle bénéficie de la marée montante de l’ensemble de la collection. L’effet rareté joue aussi : très peu d’exemplaires produits comparé à l’acier. Sur le marché, cela se traduit par une base de fans restreinte mais prête à débourser. Revers de la médaille : liquidité plus faible (trouver un acheteur pour une Drive or à 18k$ est plus ardu que pour une acier à 7k$). Mais quand l’heure de la revente vient, les pièces or attirent souvent les collectionneurs parvenus tardivement qui veulent “la meilleure”.

Fiche Technique : Boîtier en or rose 18 ct, 40×41 mm, épaisseur 11,25 mm. Mouvement 1904-PS MC auto. Cadran argenté guilloché, chiffres romains noirs, aiguilles glaive acier bleui, petite seconde à 6h, date à 3h. Verre saphir bombé. Fond saphir (sur ce modèle or, oui). Étanchéité 30 m. Bracelet alligator brun (ou noir) avec boucle déployante or rose. Note : existe aussi en cadran gris anthracite (réf. WGNM0004), un peu plus rare, qui a ses adeptes.

Investment Potential : ⭐⭐⭐☆ Moyen à Élevé. C’est un investissement plus safe et plus traditionnel. La croissance sera moins spectaculaire en % que pour l’acier (on l’a vu dans le tableau, +5–6 % l’an vs +9–10 %). Mais la valeur intrinsèque de l’or offre un plancher solide. En outre, Cartier a tendance à augmenter fortement les tarifs des modèles or neufs ces dernières années (effet repositionnement luxe) : la Drive or, même discontinued, profite de ce réajustement par ricochet. Pour qui cherche une Drive ultime à conserver longtemps, c’est un choix pertinent – surtout si trouvée près du prix de l’or. Nous pensons qu’elle peut atteindre ~18 – 20 k€ en 2025 (versus 14k€ aujourd’hui). En prime, elle offre le plaisir incomparable de l’or rose Cartier au porter. La 5226G est bien jolie, mais la WGNM0003 n’a pas à rougir face à certaines Calatrava en or du double de prix ! (Provocation assumée.)

Pour les amateurs de métaux précieux, la Cartier Drive en or rose WGNM0003 apparaît parfois sur Catawiki, une occasion à suivre de près.

5. Le Puriste – Réf. WSNM0011 (Acier, Extra-Plate)

Drive de Cartier Extra-Flat en acier, cadran argent satinage soleil, vue rapprochée sur le cadran sans trotteuse ni date
Le graal des puristes : Drive Extra-Plate acier (réf. WSNM0011), calibre à remontage manuel 430 MC (Piaget), cadran soleillé épuré sans trotteuse ni date – Crédit : Monochrome Watches

Analyse : C’est le choix du connaisseur, le graal de la collection pour de nombreux amateurs éclairés. Le modèle Extra-Flat (introduit en 2017, d’abord en or limité puis en acier en 2018) est une bête différente. Son boîtier, d’une finesse remarquable de 6,6 mm, abrite un mouvement à remontage manuel, le calibre 430 MC, basé sur une ébauche Piaget (430P) célèbre pour sa minceur. C’est l’expression la plus pure et la plus élégante du design Drive, acclamée par la critique dès son lancement. Dépourvue de petite seconde et de date, son cadran argenté à fini satiné soleil est un chef-d’œuvre de minimalisme. Tout superflu a été éliminé pour ne laisser que l’essentiel : une montre de forme, deux aiguilles bleues, et c’est tout. Cette pièce incarne l’esprit quiet luxury mieux que n’importe quelle autre. Sur les forums, nombre de collectionneurs regrettent déjà de ne pas l’avoir achetée neuve lorsque Cartier la proposait à ~5 600 $…

Fiche Technique : Boîtier acier, diamètre ~38×39 mm (un poil plus petit que les automatiques), épaisseur 6,6 mm seulement. Mouvement calibre 430 MC (Piaget 430P) à remontage manuel, 18 rubis, 21’600 A/h, ~36–40 h de réserve. Fonctions : heures, minutes (pas de trotteuse, pas de date). Cadran argenté finition sunburst vertical, chiffres romains noirs estampés, minuterie chemin de fer très fine, aiguilles glaive acier bleui. Verre saphir plat. Fond plein vissé (gravé Drive de Cartier). Étanchéité 30 m. Bracelet alligator bleu nuit (sur la version acier), boucle ardillon simple (eh oui, pas de déployante d’origine, cohérent avec l’esprit vintage extra-plat).

Investment Potential : ⭐⭐⭐⭐⭐(**) Spéculatif / Très Élevé. On sort ici du cadre “montre grand public” pour entrer dans celui de la convoitise de niche. Ce modèle a été produit en quantités très limitées (surtout la version acier, disponible à peine 2 ans). Sa cote a déjà bien monté fin 2022 (de 5k$ à 8k$ en quelques mois). Aujourd’hui, plus aucune neuve nulle part, et d’occasion elles partent dès qu’une apparaît. Moins liquide que les automatiques en raison de son attrait pointu, son statut d’icône critique et son design puriste pourraient entraîner une croissance explosive à mesure que la collection Drive gagnera en notoriété. C’est clairement un pari haut risque / haut rendement pour l’investisseur patient et visionnaire. On n’achète pas ça pour “faire un coup” en 6 mois, on l’achète car on y croit dur comme fer. Nous l’incluons car son potentiel dépasse largement la simple mode : la Drive Extra-Plate pourrait devenir à Cartier ce que la Nautilus 3718 est à Patek : un “semi-sleeper” devenu légende recherchée. À bon entendeur…

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V. Le dossier du collectionneur : stratégie d’acquisition et analyse des risques

Acquérir une Drive de Cartier en 2024 dans une optique d’investissement requiert une stratégie avisée. Il ne s’agit pas seulement de choisir la bonne référence, mais de s’assurer de la qualité et de l’intégrité de l’exemplaire, tout en étant conscient des risques inhérents. Cette section, plus pratique, fait office de checklist du collectionneur-investisseur et passe en revue le couple Risk/Reward.

Checklist d’achat : les points de contrôle. Avant toute acquisition, une inspection rigoureuse s’impose (surtout sur le marché d’occasion). Voici les points essentiels pour sécuriser votre investissement :

  • Mouvement & fond : Via le fond saphir (si présent), ou par ouverture chez un horloger, on peut inspecter le calibre. Sur les modèles standards, c’est le 1904-PS MC. Vérifiez la présence des Côtes de Genève, du régulateur en forme de “C” signature Cartier, et l’inscription du nombre de rubis (27 jewels sur ce calibre). Le mouvement doit être propre, sans trace de corrosion ni excès d’huile. Notez que le 1904-PS MC contient 27 rubis (pas 31 comme on le lit parfois !) – c’est le 1904-FU MC qui en a 28. En cas de doute, exigez des photos du mouvement.
  • Boucle déployante : La montre doit idéalement être équipée de sa boucle déployante d’origine, un modèle double adjustable spécifique à la collection Drive (accepte deux positions de longueur). Cartier facture très cher cette boucle en SAV, et de nombreuses Drive d’occasion se retrouvent montées sur ardillon générique. Une boucle aftermarket, même de qualité, diminuera la valeur de collection de la pièce. Je parle en connaissance de cause : j’ai attendu 8 mois une boucle d’origine pour ma Drive…
  • Verre saphir : Le verre de la Drive est distinctement bombé. C’est un élément clé de son esthétique (et coûteux à remplacer). Inspectez-le sous plusieurs angles pour déceler d’éventuelles rayures ou éclats, surtout sur les bords. Un saphir abîmé trahit souvent une grosse chute. Par chance, c’est rare car le saphir est dur, mais mieux vaut vérifier.
  • Cadran : Sur les cadrans clairs, regardez bien la zone périphérique et autour de la petite seconde : l’humidité peut causer de micro-oxydations (points noirs). Idem sur la version noire (les taches sont moins visibles mais le vernis peut s’écailler sur les bords). Un cadran tropical peut ravir certains, mais ce n’est pas encore le cas de la Drive (trop récente). Donc privilégiez un cadran parfait. C’est la face de la montre, cela conditionne 90 % du plaisir… et de la valeur.
  • Couronne : Vérifiez l’intégrité de la couronne octogonale et la présence du spinelle synthétique bleu, facetté et solidement serti. Un spinelle manquant ou fendu est rédhibitoire (il faut remplacer toute la couronne). Assurez-vous aussi que la couronne ne soit pas foirée (visser/dévisser si modèle à date, position de remise à l’heure franche).
  • Boîte & papiers : Pour une montre aussi récente (≥2016), la présence de la boîte d’origine, des livrets et surtout de la carte de garantie tamponnée est un gros plus. Un exemplaire full-set peut justifier une prime de +15–20 % et garantit une meilleure liquidité à la revente (je confesse être moi-même du genre à payer ce surplus pour un full-set – on est fous, on assume). Certains seront moins regardants, mais dans une optique d’investissement, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. Un ensemble complet témoigne aussi que la montre a été soignée par ses précédents propriétaires.

Calcul risque/rendement. Tout investissement comporte des risques. Pour la Drive de Cartier, ils sont identifiables et (à notre avis) gérables. Faisons le point.

Risques :

  • Patine indésirable / cadrans oxydables : C’est un risque faible mais réel pour toute montre, Drive incluse. Une exposition à l’humidité prolongée ou des joints fatigués peuvent entraîner une micro-oxydation du cadran, visible comme de petites taches ou un vernis qui jaunit. Sur la Drive acier cadran argent, on a déjà vu des points de rouille sur la minuterie ou une teinte crème apparaître (milieu 2020s sur exemplaires mal stockés). Ce n’est pas un tropical esthétique, c’est un défaut. Donc examen minutieux à la loupe du cadran, et si possible un test d’étanchéité pré-achat (chez un pro). Ce serait dommage d’avoir une Drive côté pile parfaite et un cadran abîmé dessous. À noter : les cadrans noirs peuvent s’éclaircir (virer charcoal grey) avec le soleil, mais c’est très subtil.
  • Coûts de service (Richemont) : La sophistication a un prix. Un service complet pour un calibre automatique comme le 1904-PS MC, effectué via le réseau officiel Cartier (Richemont Service), coûte environ 950 € (tarif 2024, hors pièces). C’est un budget à anticiper dans le calcul du rendement net. Sur un modèle à 5 000 €, c’est ~20 % du prix ! Bien sûr, on peut passer par un horloger indépendant pour moins cher, mais attention à la garantie en cas de revente ensuite (certains acheteurs ne jurent que par les révisions manufacture). Pour un calibre simple sans complication, un bon indépendant peut faire un travail équivalent pour 400–500 €. Négociez éventuellement un service pré-vente lors de l’achat. Enfin, notez que la version Extra-Plate manuelle (cal. 430 MC) ne coûte “que” ~600 € en service complet (plus simple, sans date). À vous de voir comment maximiser le rendement en gérant ce poste de dépense.
  • Liquidité inégale : Si vous investissez sur une Drive Extra-Plate par exemple, sachez que la liquidité est plus faible que sur l’acier date classique. En cas de besoin de revendre vite, ce ne sera pas aussi immédiat qu’une Submariner. Idem pour l’or rose : marché plus étroit. Ce n’est pas un vrai “risque” (la montre ne va pas perdre 50 % du jour au lendemain), mais c’est un point à avoir en tête : diversifiez ou assurez-vous de pouvoir attendre l’acheteur adéquat. À l’inverse, la Drive acier se revend assez vite sur Chrono24 (score liquidité élevé).

Reward (récompenses) : Face à ces risques maîtrisables, les récompenses potentielles sont substantielles :

  • Boîtier unique : Vous acquérez une montre au design distinctif, qui se démarque des choix évidents. Elle témoigne d’un goût horloger plus pointu. Au-delà de la plus-value financière espérée, il y a la plus-value “plaisir” de posséder un garde-temps que tout le monde n’a pas au poignet. La Drive, c’est un statement de style.
  • Statut “under-the-radar” : Porter une Drive, c’est envoyer un signal de connaisseur. Ce n’est pas la Cartier que le grand public reconnaît au premier coup d’œil. Et pourtant, les amateurs éclairés eux la remarquent. C’est une montre qui suscite la conversation non par sa célébrité, mais par son originalité et son élégance discrète. Dans une soirée de collectionneurs, sortir une Drive Extra-Plate d’un revers de manche fera lever quelques sourcils appréciateurs. Succès garanti pour briser la glace (« Tiens, tu as aussi succombé à la Drive ? »). Vous vous faites plaisir et vous vous donnez bonne conscience en mode “investissement” – n’est-ce pas le combo idéal ?
  • Potentiel de +100 % : Comme démontré plus haut, un investissement réalisé aujourd’hui sur une Drive acier se positionne pour capter la majeure partie de la courbe d’appréciation. Un doublement de la valeur par rapport aux points bas de 2018-2020 est une projection réaliste d’ici 2025. Il n’y a pas que le NASDAQ dans la vie. À titre de comparaison, sur la même période une Rolex OP 39 a peut-être fait +40 %, une Royal Oak +60 %. La Drive (certes partie d’un creux plus bas) vise +100 %. La volatilité est un peu plus forte, mais le risk/reward est clairement en faveur d’un pari sur la Drive. On l’a dit, on le répète : toutes les conditions du sleeper en éveil sont réunies.

Micro-anecdote de clôture : Permettez l’auto-dérision : votre serviteur a parcouru la moitié de l’Europe en 2023 à la recherche d’une Drive Extra-Plate acier full-set. Trains, avions, coups de fil, faux plans, e-mails sans réponse… pour au final en dénicher une à Munich, vendue 30 % de plus qu’en 2018 mais dans un état neuf, boîte, papiers, étiquette, tout. J’ai payé (trop) cher, j’ai probablement sacrifié du rendement ; mais à chaque fois que je remonte sa couronne à l’aube, j’entends un petit tic-tic parfaitement feutré qui me fait sourire. Ce plaisir sensoriel, aucun tableau Excel ne peut le quantifier. Et s’il faut attendre 2030 pour doubler la mise, soit. Nous ne sommes pas des machines : investisseur ou non, on reste d’abord des passionnés.

Drive de Cartier Flying Tourbillon en or rose (collection Fine Watchmaking), cadran guilloché ajouré et tourbillon volant visible à 6h
Le « cherry on the cake » pour les collectionneurs fortunés : la Drive de Cartier Flying Tourbillon (or rose, calibre manuel 9452 MC certifié Poinçon de Genève). Une version haute horlogerie à production infime – Crédit : Quill & Pad (Ian Skellern)

(En aparté, pour ceux que ça intéresse, Cartier a produit une poignée de Drive Tourbillon volant en or – pièce de Haute Horlogerie hors cote. Preuve que le design se prête à tout, du sobre 3 aiguilles au tourbillon squelette. Mais ne nous égarons pas.)

Risk/Reward – Récapitulatif simplifié : D’un côté, quelques aléas techniques (cadran, service) et une liquidité à considérer. De l’autre, un design charismatique, un mouvement fiable, une rareté programmée, et une hype émergente en Asie. À nos yeux, le jeu en vaut la chandelle. Le ratio est favorable. Peut-être qu’on se trompe (le marché aura le dernier mot). Mais l’important, c’est qu’en attendant 2025… on porte une sacrée belle montre à son poignet. Et ça, ça n’a pas de prix (ou plutôt si, environ 6 000 € actuellement). Ce n’est pas un devoir de chaque investissement d’être aussi satisfaisant au quotidien – profitons-en.

VI. Conclusion : trajectoire inéluctable vers le statut de classique moderne

L’analyse est sans équivoque. La Drive de Cartier 1904-PS n’est pas simplement une montre abandonnée par son créateur : elle s’affirme comme une opportunité d’investissement majeure pour les 18 mois à venir. Sa trajectoire de valorisation est soutenue par une confluence rare et puissante de facteurs.

Premièrement, son mérite intrinsèque est indéniable. Avec son design coussin unique – à la fois moderne et ancré dans l’héritage de la Maison – et son calibre manufacture robuste, elle possède les fondamentaux d’une grande montre de collection. Deuxièmement, sa discontinuation a créé le facteur rareté qui transforme un objet de luxe en actif de collection. L’offre est désormais figée, et la demande ne peut que croître à chaque nouveau converti.

Enfin, catalyseur le plus puissant, la Drive de Cartier s’aligne parfaitement avec le courant socioculturel du “quiet luxury” qui déferle sur ses bastions principaux (HK, Singapour). Les collectionneurs d’Asie, en quête de distinction et de substance, voient en elle l’alternative parfaite aux icônes surexposées. Les données de marché ne mentent pas : indexation des prix en flèche, volume d’échanges asiatique hypertrophié, tout confirme l’accélération. Nous assistons potentiellement à la naissance d’un nouveau classique.

La thèse d’une cote doublant pour atteindre 8 000 € (sur les modèles acier) d’ici 2025 est donc non seulement plausible, mais probable. Il y aura bien sûr des soubresauts (prises de bénéfices, corrections temporaires), mais la tendance de fond est haussière. Pour les investisseurs et collectionneurs avisés, la Drive de Cartier représente cette fenêtre d’opportunité rare : la chance d’acquérir un futur collector avant qu’il ne soit universellement reconnu comme tel.

Le moment d’agir n’est pas “demain”, c’est maintenant. Car une fois que la courbe aura explosé, il sera trop tard pour monter dans le train. En route pour 2025, Drive au poignet, en profitant du voyage autant que de la destination. Et rendez-vous dans un an et demi pour constater – on l’espère – que la réalité aura dépassé nos prévisions, sans avoir trahi nos espoirs.

 

Valery

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