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Guide et côtes Montre King Seiko Vintage Homme 2025 : 7 modèles mythiques à saisir avant l’explosion des prix

King Seiko, un nom légendaire de l’horlogerie japonaise qui évoque immédiatement qualité et raffinement. Cette collection prestigieuse, lancée au début des années 1960, est née d’une rivalité amicale entre deux filiales du groupe Seiko – Daini et Suwa – chacune cherchant à créer la montre la plus précise et la plus élégante du Japon.

Face à l’illustre Grand Seiko de Suwa, positionnée comme le sommet du luxe japonais, King Seiko représentait la réponse de Daini, offrant des pièces haut de gamme au design affirmé et aux mouvements sophistiqués. Historiquement réservées au marché domestique japonais, ces montres se distinguaient par une qualité de fabrication exceptionnelle, juste un cran en-dessous des Grand Seiko en termes de prix et de finitions.

Après l’ère glorieuse des années 1960-1970, les King Seiko ont disparu lors de la révolution du quartz en 1975. Mais à la surprise des collectionneurs, Seiko a orchestré une véritable renaissance contemporaine de la ligne dès 2020, faisant revivre ce patrimoine avec des modèles modernes inspirés des classiques d’antan.

Dans cet article, nous examinerons l’origine et l’histoire des montres King Seiko, leurs principales générations et innovations techniques, nous les comparerons aux Grand Seiko, puis nous vous proposerons un guide pratique pour les collectionneurs avertis qui souhaitent acquérir ces joyaux horlogers longtemps méconnus hors du Japon.

Origines de King Seiko : contexte et renaissance

Au tournant de 1960, Seiko décide de rivaliser avec l’horlogerie suisse sur le segment du haut de gamme. La manufacture adopte alors une stratégie originale : faire travailler en émulation ses deux filiales, Suwa Seikosha et Daini Seikosha, chacune développant sa propre montre de prestige.

L’usine Daini

C’est ainsi qu’en 1960 apparaît la première Grand Seiko (produite par Suwa) suivie, en 1961, par la première King Seiko (produite par Daini). King Seiko s’impose dès l’origine comme une ligne de montres de luxe au style affirmé, positionnée juste en dessous de Grand Seiko.

Les King Seiko partagent avec les Grand Seiko la quête de précision chronométrique et le soin apporté aux détails, tout en affirmant une personnalité propre – souvent un peu plus audacieuse dans le design. Cette concurrence interne stimulait l’innovation : Daini et Suwa affinaient tour à tour mouvements, réglages et designs, ce qui profita à Seiko en son ensemble. Par exemple, dès 1968, les deux branches introduisent chacune des calibres Hi-Beat à haute fréquence (36 000 alternances/heure) pour leurs modèles phares GS et KS, rivalisant avec les meilleurs chronomètres suisses.

Malheureusement, l’essor du quartz au début des années 1970 va sonner le glas des King Seiko mécaniques. En 1975, Seiko arrête simultanément la production des King Seiko et Grand Seiko pour se concentrer sur les montres à quartz (sous les appellations King Quartz, Grand Quartz, etc.). Il faudra attendre 1988 pour revoir le nom Grand Seiko sur une montre, et plus de quatre décennies pour que King Seiko renaisse. En 2020, Seiko crée la surprise en relançant King Seiko dans sa collection Prestige. Ces modèles contemporains – telle la réédition limitée « KSK » 1965 en 2021 – reprennent les éléments emblématiques (boîtiers anguleux polis miroir, cadrans épurés, logo KS historique) tout en y intégrant des calibres automatiques modernes. King Seiko est ainsi redevenu, dans la hiérarchie actuelle, l’offre premium de Seiko (en dessous de la marque indépendante Grand Seiko), séduisant les passionnés par son héritage raffiné.

Générations historiques de King Seiko

Plongeons maintenant dans l’histoire et explorons les principales générations de King Seiko, chacune marquée par des avancées techniques et esthétiques. De la toute première King Seiko manuelle aux exubérantes King Seiko Vanac des années 1970, nous détaillerons mouvements, fréquences, designs, périodes de production et innovations clés.

La toute première King Seiko (réf. J14102, 1961) – Crédit : Catawiki

La première King Seiko (1961) – La pionnière manuelle

La toute première King Seiko, référence J14102, sort des ateliers de Daini Seikosha en 1961. Elle constitue la réponse immédiate au Grand Seiko de Suwa lancé l’année précédente. Visuellement, cette King Seiko originelle affiche un style sobre et élégant : un boîtier en acier de ~35 mm aux lignes arrondies classiques, un cadran argenté avec de fins index bâtons appliqués et des aiguilles dauphine polies.

Le logo “King Seiko” orne fièrement le cadran, symbolisant la nouvelle lignée royale de Seiko. Sous le capot, on trouve un calibre 54A à remontage manuel (25 rubis) battant à 18 000 alt/h – une fréquence traditionnelle offrant environ 45 heures de réserve de marche. Ce mouvement sans complication (ni date ni seconde centrale sur les premiers modèles) est réputé pour sa robustesse et sa précision pour l’époque. Certaines variantes rares arborent un petit symbole d’étoile à huit branches sur le cadran, signe d’un “Special Dial” (SD) indiquant que les index sont en or massif 18 K – détail de prestige qui deviendra un code sur d’autres Seiko haut de gamme des sixties.

Produite en quantités limitées jusqu’en 1963, la King Seiko J14102 est aujourd’hui rare et très recherchée. Elle représente le point de départ de l’aventure KS et la première expression de cette philosophie : proposer, parallèlement aux Grand Seiko, des montres alliant haute précision chronométrique et design soigné, incarnant le meilleur du savoir-faire horloger japonais. Sortie à un prix élevé pour l’époque (plusieurs fois le coût d’une Seiko standard), la King Seiko première du nom témoigne de l’audace de Seiko à s’attaquer au segment du luxe mécanique.

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King Seiko 44KS (1964-1968) – L’ère du “Grammar of Design”

En 1964, Daini introduit une nouvelle génération majeure : la King Seiko 44KS. Son nom provient du calibre qu’elle embarque, le 44A, évolution du mouvement précédent. Toujours à remontage manuel, ce calibre 44A conserve 18 000 alt/h mais y ajoute une complication calendrier sur certaines références (la 44-9990 est sans date, tandis que la 44-2000 puis 44-8000 intègrent une date à 3 h).

King Seiko 44KS de 1967, présentant le design classique du boîtier et la petite seconde centrale – Crédit : Catawiki

La grande nouveauté de cette génération se situe dans le design du boîtier. Sous l’impulsion du designer Taro Tanaka, Seiko formalise à cette époque son fameux “Grammar of Design” : un langage esthétique fait de surfaces planes et d’angles prononcés capturant la lumière.

La King Seiko 44KS adopte ainsi un boîtier aux cornes facettées et arrêtes vives, alternant poli miroir et brossé – un style résolument moderne qui tranche avec les rondeurs des montres 50’s. Ce boîtier de 36 mm environ, avec son fond vissé arborant un médaillon doré “KS”, deviendra emblématique des KS et GS de la fin des années 60.

Le cadran de la 44KS arbore de larges index biseautés et des aiguilles dauphine élancées, offrant une excellente lisibilité et une esthétique épurée. Certaines versions portent la mention “Chronometer” suite à la certification chronométrique par le Japon, mais Seiko abandonnera rapidement cette appellation sur les cadrans après 1966 pour éviter toute confusion avec les standards suisses.

Côté technique, le calibre manuel 44A gagne en sophistication : il intègre un mécanisme de stop-seconde (hacking) – rare à l’époque – permettant de bloquer l’aiguille lors du réglage pour une mise à l’heure précise. La date, sur les modèles 4402-8000, est à changement semi-instantané. Le remontage reste manuel quotidien, Seiko n’ayant pas encore introduit l’automatique dans la gamme KS à ce stade. Produite jusqu’en 1968, la King Seiko 44KS jouit d’une excellente réputation de fiabilité et de précision. Elle marque aussi l’affirmation du style KS avec ses formes géométriques nettes, qui influenceront fortement les Grand Seiko “62GS” et “44GS” contemporaines.

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King Seiko 45KS (1968-1970) – La haute fréquence manuelle

Alors que Suwa développe des Grand Seiko automatiques, Daini réplique en 1968 avec la King Seiko 45KS. Cette nouvelle série franchit un cap technique important : son calibre manuel 45 (4500/4502) est un Hi-Beat oscillant à 36 000 alt/h, doublant ainsi la fréquence des premiers KS. Cette haute fréquence – 10 alternances par seconde – permet une meilleure stabilité de marche et fait des 45KS parmi les montres les plus précises de leur temps. Les références sans date (4500-7000) et avec date (4502-7000) offrent en outre un réglage plus aisé grâce à un dispositif de changement de date rapide. Le calibre 4502A à 25 rubis dispose du stop-seconde et d’un changement de date instantané à minuit – une prouesse mécanique qui évite l’attente d’un défilement lent du calendrier.

Esthétiquement, les 45KS reprennent le boîtier anguleux style “Grammar of Design” initié par la 44KS, en l’affinant encore. Le boîtier acier de 36 mm voit ses facettes polies soulignées par des tranches encore plus nettes.

Le cadran, souvent argenté soleillé ou parfois texturé (certaines versions dites “linen” à motif lin), exhibe le logo KS Hi-Beat et le petit symbole de l’usine conceptrice : un éclair stylisé (logo de Daini) sur les modèles de 45KS. Au dos, on retrouve le médaillon doré King Seiko. Les 45KS avaient parfois la mention “Chronometer” sur les tout premiers exemplaires de 1968-69, mais à partir de 1970 Seiko renonce aux certifications officielles pour King Seiko. En termes de production, la série 45KS est relativement brève : jusqu’en 1970 environ, car Seiko prépare déjà l’arrivée de mouvements automatiques performants.

Néanmoins, la King Seiko 45KS est souvent considérée comme l’aboutissement de la lignée manuelle – avec son mouvement 45 high-beat très abouti (qui servira de base aux chronomètres Grand Seiko V.F.A les plus précis) – et elle demeure une pièce de choix pour les collectionneurs pour sa fiabilité et sa précision chronométrique.

Un exemplaire de King Seiko 45KS Hi-Beat de 1971 avec rare cadran « lin » texturé – Crédit : Catawiki

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King Seiko 56KS (1968-1975) – L’avènement de l’automatique

1968 marque un tournant : pour la première fois, Seiko dote la ligne King Seiko d’un mouvement automatique. C’est le calibre 56KS (famille 5600) produit par Suwa qui inaugure cette ère. Le choix du savoir-faire de Suwa (jusque-là plutôt associé à Grand Seiko) illustre la fin de la segmentation stricte : désormais, les deux usines collaborent et partagent leurs avancées pour KS comme GS. Le calibre automatique 5626 (28 800 alt/h, 25 rubis, avec remontage manuel auxiliaire et stop-seconde) anime donc les nouvelles King Seiko à partir de 1968. Ce mouvement intègre un quantième avec jour et date, dotés d’une correction rapide par la couronne. On notera toutefois que le changement de date n’est plus instantané comme sur les 45KS, mais progressif autour de minuit, mécanisme plus simple mais imposant de ne pas régler la date durant la fenêtre critique (sous peine d’endommager le rochet).

Les King Seiko 56KS se déclinent en de nombreuses références jusqu’en 1975 (5625-7000, 5626-7040, etc.), proposant diverses variantes de boîtiers – du classique rond aux formes “tonneau” typiques des années 70. Le design de base reste fidèle à l’esprit KS : de beaux cadrans soleillés, souvent marqués “KS Hi-Beat” (car la fréquence de 28 800 alt/h est considérée comme du haut débit chez Seiko, bien qu’inférieure aux 36 000 des KS manuelles précédentes), des index facettés appliqués et un logo KS souligné de l’éclair (ou du tourbillon de Suwa selon l’usine d’assemblage).

Le boîtier conserve un médaillon doré, désormais parfois en or massif 14 K sur certaines références (ce qui ajoute de la valeur mais les rend sensibles aux vols ou à la chute du médaillon). Les 56KS ont été proposées avec ou sans certification chronomètre jusqu’en 1970. Après cette date, Seiko les vend simplement comme “Hi-Beat” standards, sauf pour quelques éditions spéciales (voir 52KS). Malgré leur excellence, les 56KS présentaient un point faible connu des collectionneurs : le mécanisme de changement rapide du jour-date, comportant des composantes en nylon, s’avère fragile si mal manié. Beaucoup de KS 56 ont ainsi un quantième partiellement défectueux suite à des erreurs de manipulation. Néanmoins, bien entretenue, une King Seiko 56KS offre le charme d’un automatique vintage fiable, précis et très portable (boîtier ~37 mm assez plat), combinant le meilleur des mondes KS et les avancées de Suwa.

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King Seiko 52KS “Special” (1971-1975) – Le chronomètre ultime

Parallèlement aux 56KS de Suwa, la filiale Daini ne reste pas en reste et développe sa propre série de calibres automatiques haute performance – la famille 52KS. Introduits à partir de 1970-71, les mouvements 5245 (date) et 5246 (jour/date) équipent une ultime génération de King Seiko appelées King Seiko “Special Chronometer”. Ces montres, produites jusqu’en 1975, représentent le pinacle de la précision chez KS. Les calibres 52 sont des automatiques à 28 800 alt/h, compacts (25,6 mm de diamètre), intégrant stop-seconde, double langue jour anglais/kanji (pour les 5246) et réglage manuel. Régulés en usine plus strictement, ils sont certifiés officieusement au moins équivalents aux meilleurs GS de l’époque (on dit qu’ils respectaient les tolérances des Grand Seiko “Special”). Pour refléter ce statut, les cadrans arborent l’inscription “Special” ou “Officially Certified Chronometer” sur les premiers exemplaires. Très vite cependant, Seiko doit retirer la mention “Chronometer” pour le marché export (suite aux contraintes du Bureau de chronométrie suisse) ; les modèles ultérieurs ne conservent que l’étoile “Special” et le logo KS.

Un exemple emblématique est la King Seiko Special réf. 5245-6000 de 1971, reconnaissable à son boîtier monocoque (monobloc sans fond amovible, on accède au mouvement par le devant une fois la lunette et le verre déposés). Ce boîtier monocoque améliore l’étanchéité (moins de points d’entrée d’eau) mais signifie qu’il n’y a pas de médaillon circulaire rapporté : à la place, le fond porte des inscriptions gravées (nom, référence, numéro de série) et un petit logo KS en creux. Côté face, le cadran argent présente de superbes index polis et la mention “KS Special Hi-Beat” au-dessus de 6 h. La production de ces 52KS fut relativement confidentielle : Daini en a fait sa “série de prestige” jusqu’à la fin, avec même des éditions limitées plaqué or. Aujourd’hui, les King Seiko Special sont parmi les plus recherchées, car elles allient le charme KS à une précision hors pair et une relative rareté. Elles incarnent en quelque sorte le chant du cygne de King Seiko à l’aube de l’ère du quartz.

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King Seiko Vanac (1972-1975) – L’audace funky des années 70

En 1972, alors que la mode se veut colorée et géométrique, Seiko lance une sous-série originale au sein de King Seiko : la KS Vanac. Sous ce nom exotique (dont l’origine exacte reste mystérieuse, aucune explication officielle n’ayant été donnée par Seiko), on trouve des King Seiko adoptant un style résolument “fashion” et avant-gardiste.

Boîtiers anguleux aux formes parfois hexagonales, bracelets métalliques intégrés dans le prolongement du boîtier, verres taillés facettés façon pierre précieuse, et surtout des cadrans aux couleurs vives avec appliques audacieuses – la gamme Vanac est un véritable concentré de design 1970s. Techniquement, la plupart des Vanac abritent le calibre automatique 5626 hi-beat jour/date de Suwa (on en revient donc au 56KS, preuve de sa fiabilité éprouvée). Seiko a toutefois doté certaines Vanac de caractéristiques particulières, comme des index peints de laque ou rehaussés de noir pour un effet visuel fort. Destinées au marché japonais, les Vanac visaient une clientèle plus jeune et tendance, contrastant avec l’image plus austère des KS “classiques”.

Elles n’en restent pas moins de véritables King Seiko en termes de qualité : boîtiers acier parfois plaqués or, étanchéité 70 m, et finition soignée.

Produites jusqu’en 1975, les Vanac seront les dernières King Seiko mécaniques lancées avant l’arrêt de la gamme. Leur look “seventies” prononcé a pu dérouter à l’époque, et elles se sont vendues en volumes modestes. De ce fait, elles sont assez rares de nos jours, surtout en bel état avec toutes leurs pièces d’origine (bracelet intégré, verre facetté intact – souvent remplacé par du standard en cas de casse). Parmi les Vanac notables, citons des versions à cadran violet, vert émeraude ou doré, souvent décorés de motifs ou de reflets irisés.

Longtemps boudées des puristes pour leur exubérance, les King Seiko Vanac connaissent depuis peu un regain d’intérêt – surfant sur la vogue du vintage funky – et constituent une pièce de collection à part, mariage de la qualité King Seiko et du design rétro-futuriste des 70s.

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King Seiko vs Grand Seiko : duel fraternel

Depuis leurs origines, King Seiko et Grand Seiko ont souvent été comparées, perçues comme des “sœurs rivales” au sommet de la gamme Seiko. Quelle était la philosophie de conception de l’une par rapport à l’autre ? Quelles différences techniques ou esthétiques notables ? Et comment sont-elles perçues aujourd’hui par les amateurs ? Plongeons dans ce comparatif.

Affiche japonaise vers 1969 illustrant le duel entre Grand Seiko (en haut) et King Seiko (en bas) – Crédit : Plus9Time

Philosophie de conception : Grand Seiko (GS) a été dès le départ imaginée comme la vitrine ultime du savoir-faire Seiko – des montres conçues pour rivaliser avec les meilleurs chronomètres suisses, sans compromis sur la précision, la finition et l’élégance, et vendues à un prix élevé. King Seiko (KS), elle, s’inscrivait dans une démarche similaire de qualité mais avec une touche de challenger et d’audace. On dit souvent que GS incarnait la tradition et le classicisme japonais, là où KS permettait d’expérimenter un peu plus en design tout en maintenant un niveau de performance quasiment équivalent. En interne, Suwa et Daini se livraient une saine compétition à travers GS et KS, se motivant mutuellement à innover. Par exemple, lorsque Suwa introduisit en 1968 la Grand Seiko 61GS automatique à 36 000 alt/h, Daini proposa aussitôt la King Seiko 45KS manuelle à 36 000 alt/h. De même, quand Grand Seiko sortit des versions “V.F.A” (Very Fine Adjusted) ultra-précises, King Seiko produisit ses séries “Special” chronomètres rigoureusement réglées. En somme, KS et GS partageaient la quête de l’excellence, KS se positionnant simplement un demi-ton en dessous en termes de prestige de marque.

Mouvements et complications : Sur le plan technique, les King Seiko ont souvent hérité (parfois avec un décalage de quelques mois) des mêmes avancées que les Grand Seiko. Durant les années 60, les GS utilisaient des calibres 3180 puis 44GS (manuels) et 62GS (automatiques) très précis. Les KS, de leur côté, avaient les calibres 44KS puis 45KS manuels équivalents, et le 56KS automatique qui était en fait cousin du 61GS automatique de Suwa (les deux partageant la base calibre 5600, avec des finitions et réglages différents).

La principale différence tenait au degré de finition et de réglage en usine : traditionnellement, les mouvements Grand Seiko étaient ajustés sur un nombre de positions/températures légèrement supérieur, pour atteindre des tolérances de marche plus strictes. En revanche, certains calibres KS “Special” étaient réglés tout aussi finement (les 5245 Special avaient une précision annoncée comparable aux GS). Côté complications, KS et GS offraient l’essentiel (date rapide, jour/date sur certains, stop-seconde). Notons que les GS ont proposé dès 1967 un modèle GS 45 “méca-quartz” ultraprécis (calibre 4580 V.F.A à ±2 s/jour) – une prouesse que KS n’a pas directement égalée, restant dans le domaine de la haute précision “classique” ±5 à 10 s/jour.

Finitions et esthétique : Grand Seiko a toujours mis l’accent sur une esthétique très épurée, presque austère, avec des cadrans clairs, des index polis zaratsu d’une grande netteté et peu de fioritures. King Seiko, tout en restant sobre, s’est permis parfois plus d’originalité : utilisation plus fréquente de cadrans texturés (motifs “lin”, etc.), index ou logos légèrement différents (par exemple le logo KS surmonté d’un éclair ou d’une étoile), et dans le cas des Vanac, explosion de couleurs et de facettes.


Sur les boîtiers, GS et KS partageaient souvent le même langage (beaucoup de KS et GS des late 60s sont difficiles à distinguer de loin tant leurs boîtiers anguleux se ressemblent). GS se voulait peut-être un chouïa plus raffiné dans les détails (coins plus adoucis sur certaines carrures, ou par exemple le fameux logo lion en or massif incrusté sur les fonds de boîtes GS des 60s, alors que KS arborait un blason “KS” généralement plaqué or). Globalement, les finitions KS, notamment sur les versions Special ou Chronometer, sont quasiment du niveau GS – Seiko ne lésinait pas sur la qualité, afin d’honorer le nom King Seiko.

Valeur perçue et collection : À l’époque, au Japon, les Grand Seiko jouissaient d’un prestige légèrement supérieur et d’un prix catalogue plus élevé (d’où leur moindre diffusion). King Seiko était la “2e ligne” de prestige, plus accessible, ce qui lui a valu paradoxalement un succès commercial un peu plus large sur le marché domestique dans les années 60. De nos jours, pour les collectionneurs internationaux, le nom Grand Seiko est beaucoup plus connu et mis en avant (d’autant que GS est devenu une marque autonome depuis 2017). Les Grand Seiko vintage atteignent ainsi des cotes souvent bien supérieures à leurs équivalents King Seiko, surtout pour les références cultes (Grand Seiko “First” 1960, “62GS” automatique, “45GS VFA” etc.).

Cependant, les King Seiko vintage ont vu leur cote grimper au fil des dernières années, à mesure que les amateurs découvrent qu’ils offrent une qualité de chronométrage et de finition quasiment équivalente aux GS, pour un tarif longtemps inférieur. En somme, un collectionneur averti sait qu’acquérir une King Seiko 45KS ou 56KS représente un excellent rapport qualité-prix par rapport à une Grand Seiko de même époque. En termes de valeur actuelle, les King Seiko manuelles hi-beat en bel état se négocient souvent aux alentours de 500 à 800 € (quand une Grand Seiko 61GS équivalente peut dépasser les 1000 €). Les modèles KS spéciaux ou rares (First, Vanac, Special Chronometer) voient toutefois leurs prix tirer vers le haut, rattrapant en partie les GS.

En conclusion de ce duel fraternel, on peut dire que King Seiko et Grand Seiko poursuivaient le même but – l’excellence horlogère japonaise – en empruntant des chemins parallèles. Grand Seiko a laissé une empreinte plus forte dans l’histoire à l’international, mais King Seiko n’est pas simplement une “petite sœur” : c’est une lignée à part entière, avec ses triomphes techniques (hi-beat, chronomètres spéciaux) et son style un brin plus aventureux, qui mérite pleinement la reconnaissance des passionnés. Aujourd’hui, la renaissance de King Seiko aux côtés de Grand Seiko redonne vie à ce passionnant duel, pour le plus grand plaisir des collectionneurs.

Guide du collectionneur King Seiko

Les King Seiko vintage suscitent un intérêt croissant. Mais collectionner ces montres requiert un œil averti pour identifier les meilleures pièces et éviter les déconvenues. Voici un guide expert couvrant les modèles les plus prisés, la rareté relative, les points d’authenticité à vérifier, les fragilités mécaniques connues, ainsi que les fourchettes de prix en 2025 sur le marché (données indicatives en USD et EUR). En bonus, un tableau récapitulatif synthétise les informations clés.

  • Modèles les plus recherchés : La King Seiko “First” J14102 (1961) figure en haut de la liste – véritable pièce historique, rarissime, qui peut atteindre des prix élevés si dans un état proche de l’origine. Viennent ensuite les King Seiko 45KS (1968-70) pour leur mouvement hi-beat manuel exceptionnel ; les exemplaires avec cadran “Chronometer” ou en état neuf peuvent dépasser 800 €$. Les King Seiko 5245/5246 Special (1971-73) sont également très cotées car rares et techniquement abouties – comptez autour de 1000 €$ pour une Special Chronometer en bel état. À noter, la série Vanac, longtemps sous-estimée, voit sa cote monter pour les variantes aux couleurs originales (un modèle Vanac or à cadran violet peut avoisiner 500 à 600 €$). Enfin, certaines références particulières comme la King Seiko Chronometer 5626-7040 (1970, avec inscription Chronometer avant la suppression de cette mention) sont recherchées en tant que “derniers chronomètres KS”.
  • Rareté : D’une manière générale, les King Seiko n’ayant été vendues qu’au Japon, leur diffusion initiale était limitée. Parmi elles, la plus rare est la King Seiko First (quelques milliers d’ex. peut-être). Les 44KS et 45KS sont un peu plus courantes mais restent moins produites que les 56KS (ces dernières étant automatiques, Seiko en a fabriqué un plus grand nombre au début 70s). Les 52KS Special Chronometer sont relativement rares car seulement produites ~4 ans. Quant aux Vanac, elles étaient une fraction de la production totale de KS sur 3 ans – certaines combinaisons couleur/bracelet ne sont quasiment jamais vues aujourd’hui. Sur le marché de l’occasion actuel, on trouve le plus fréquemment des King Seiko 56KS (souvent avec le jour ou date en panne), puis des 45KS. Les First et Specials se chassent plutôt via des ventes aux enchères spécialisées ou des réseaux de collectionneurs.
  • Authenticité – cadrans et marquages : C’est un point crucial. Beaucoup de King Seiko ont subi des “redials” (repeints) ou des remplacements de pièces non conformes. Il faut donc connaître les attributs d’origine. Par exemple, un cadran de King Seiko 45KS ne devrait pas porter la mention “Officially Certified” après 1969 ; de même, un cadran de 56KS post-1970 ne doit pas afficher “Chronometer” (Seiko ayant cessé de l’inscrire suite aux nouvelles règles suisses). Méfiez-vous donc des inscriptions incohérentes avec l’année du numéro de série. Les logos et indices doivent être bien appliqués et conformes : sur les KS Daini, on s’attend à voir le petit éclair stylisé (⚡) sur le cadran ou le fond, tandis que sur les KS Suwa, le tourbillon (☼) peut figurer sur la couronne ou le mouvement. Les cadrans “Special Dial” (SD) avec étoile dorée 8 branches (18 K) ou “Applied Dial” (AD) avec triangle ⚠️ sont un atout, mais attention aux faux symboles collés a posteriori. Le fond de boîte doit comporter soit le médaillon King Seiko (blason couronné “KS”) en plaquette or, soit – pour les boîtiers monocoques – des gravures claires. Un médaillon manquant ou lisse est signe d’une montre très polie ou trafiquée. Vérifiez aussi la signature de la couronne : les KS d’origine ont soit une couronne avec logo “Seiko” en relief, soit le sigle “KS”. Si vous voyez une couronne siglée “GS” sur une King Seiko, c’est possiblement une couronne de remplacement d’une Grand Seiko (erreur de restauration). Enfin, les aiguilles doivent correspondre au modèle : par exemple, les 45KS arborent des aiguilles dauphine facettées avec contrepoids, alors qu’une aiguille plate ou mal dimensionnée trahirait une substitution.
  • Fragilités mécaniques : Malgré leur qualité, certaines King Seiko ont des points faibles à surveiller. Le plus connu concerne le calibre 5626 auto (King Seiko 56KS) : son mécanisme de changement rapide du jour est en plastique et peut casser si on tente de régler le jour pendant la transition (généralement entre 21h et 3h). Beaucoup de 5626 vintage ont ce problème (jour qui ne saute plus ou reste bloqué). Heureusement, des horlogers spécialisés peuvent remplacer la pièce par une équivalente (parfois refabriquée en laiton). Les calibres 5246 ont une construction monocoque rendant la maintenance plus complexe : assurez-vous que la montre a bien son joint frontal et que l’étanchéité a été testée après révision, car sinon la sueur peut s’infiltrer avec le temps. Les 45KS manuelles n’aiment pas les chocs violents : leur fréquence élevée signifie qu’un choc peut dérégler la raquette de réglage fine. Évitez de les porter pour des activités physiques intenses. Enfin, attention aux médaillons de fond : ils sont collés sur les 44KS/45KS/56KS et peuvent se décoller si la montre est chauffée (par exemple lors d’une polissure). Conserver le médaillon original est vital pour la valeur, donc certains collectionneurs préfèrent ne pas trop polir le fond de boite pour garder la colle d’origine intacte.
  • Fourchettes de prix (2025) : Le marché des King Seiko reste plus abordable que celui des Grand Seiko, mais les prix montent. En entrée de gamme, une King Seiko 56KS automatique en état correct (quelques rayures, fonction calendrier à réviser) se négocie autour de 300-400 € (350-450 $). Les 56KS en excellent état, révisées, gravitent plutôt vers 600 € (650 $). Les King Seiko 45KS manuelles oscillent entre 500 et 800 € (550-900 $) selon la condition, la présence du médaillon et d’un éventuel cadran rare. Les versions Chronomètre ou premières séries peuvent atteindre 1000 € (1100 $). Les King Seiko Special (5245/5246) dépassent souvent 1000 € et frôlent les 1500 € (1200-1600 $) si particulièrement bien préservées avec boîte/papiers. La King Seiko “First” J14102, quasi introuvable, se vend au gré des enchères : on a vu des exemplaires partis autour de 800-1000 € (900-1100 $) en état moyen, et sûrement davantage en parfait état. Enfin, les Vanac, longtemps bon marché, voient des transactions aux alentours de 400-500 € (450-550 $) – certaines variantes NOS pouvant surprendre à 700 €+. En somme, avec 600 € on peut encore s’offrir une très belle King Seiko vintage en 2025, là où une Grand Seiko équivalente coûterait le double.

Tableau récapitulatif des King Seiko principales

Modèle (année)MouvementFréquenceCaractéristiquesPrix estimé 2025
KS “First” J14102 (1961)Cal. 54A manuel, 25j18 000 alt/hSans date, cadran souvent SD (index or)
Rare, premier modèle Daini
800–1200 € (900–1300 $)
King Seiko 44KS (1964–68)Cal. 44A manuel, 25j
(4402 avec date)
18 000 alt/hBoîtier “Grammar of Design”, stop-seconde
Fond médaillon doré, parfois Chronometer
400–700 € (450–800 $)
King Seiko 45KS (1968–70)Cal. 4500/4502 manuel, 25j36 000 alt/h (Hi-Beat)Stop-seconde, date instantanée (4502)
Inscription “Hi-Beat”, logo éclair Daini
600–900 € (650–1000 $)
King Seiko 56KS (1968–75)Cal. 5625/5626 auto, 25j28 800 alt/h (Hi-Beat)Jour/date bilingue, remontage auto+manuel
Fréquence 8 Hz, logo Suwa ou Daini
300–600 € (350–650 $)
King Seiko 52KS Special (1971–75)Cal. 5245/5246 auto, 25j28 800 alt/hChronometer “Special”, boîtier monocoque
Jour/date (5246), haute précision
1000–1500 € (1100–1600 $)
King Seiko Vanac (1972–75)Cal. 5626 auto, 25j28 800 alt/hStyles variés funky (cadrans colorés, verres facettés)
Bracelets intégrés acier, limité au Japon
400–600 € (450–650 $)

Conclusion

Héritage d’une époque où Seiko défiait les maîtres horlogers suisses sur leur terrain, les King Seiko incarnent l’alliance subtile de la précision chronométrique et du design japonais affirmé. Tour à tour classiques, sportives ou avant-gardistes, elles ont su marquer l’histoire horlogère du Japon de 1961 à 1975. Longtemps éclipsées par leurs glorieuses sœurs Grand Seiko, elles reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène, portées par un engouement pour les montres vintage de qualité et par la résurrection orchestrée par Seiko.

Pour le collectionneur averti, une King Seiko offre le plaisir d’une pièce fine et robuste, dotée d’une âme technique riche (mouvement hi-beat, finitions main impeccables) et d’une esthétique unique oscillant entre sobriété et audace. Que vous soyez séduit par la pureté d’une 45KS “Hi-Beat”, par la rareté d’une Special Chronometer ou par le charme disco d’une Vanac, les King Seiko sauront trouver une place de choix dans votre collection – tout en vous connectant à un pan fascinant de l’histoire de l’horlogerie nippone. En somme, les King Seiko ne sont plus les “outsiders” d’hier, mais bien des reines du temps redécouvertes, prêtes à régner au poignet des passionnés éclairés.

Valery
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