Small Is Big : le comeback des boîtiers 34-36 mm
Le monde horloger est-il prêt à reconnaître que nous avons collectivement fait fausse route? Alors que les garde-temps masculins XXL ont dominé deux décennies, un phénomène fascinant s’opère dans l’ombre: le retour triomphal des boîtiers 34-36 mm, symboles d’une élégance sophistiquée que beaucoup croyaient définitivement révolue.
Et si je vous disais que votre prochaine montre de collection serait… petite? Surprenant, n’est-ce pas? Pourtant, ce qui se murmure dans les salons horlogers depuis quelques saisons devient une évidence en 2025: les boîtiers de 34 à 36 mm sont en train de détrôner leurs cousins mastodontiques de 42, 44 ou 46 mm.
Cette révolution silencieuse n’a rien d’anecdotique. Contrairement aux idées reçues assénées pendant vingt ans, une montre n’a pas besoin d’être imposante pour affirmer sa présence. Ce retour aux dimensions contenues reflète un changement profond dans notre rapport à l’élégance masculine: l’époque du « bigger is better » cède la place à une vision plus raffinée où la discrétion devient la véritable signature du connaisseur.
Les indices sont partout. Des maisons prestigieuses comme Rolex ramènent leur Explorer à 36 mm, les enchères s’enflamment pour les Omega Constellation « Pie Pan » de 35 mm, tandis que les collectionneurs s’arrachent les Universal Genève Polerouter à des prix jamais vus. Ce n’est pas un simple effet de mode, mais une lame de fond qui transforme le marché.
Découvrons ensemble pourquoi ces garde-temps aux dimensions « vintage » représentent aujourd’hui l’un des segments les plus dynamiques de l’horlogerie contemporaine – et peut-être l’investissement le plus judicieux pour votre poignet.
1. Histoire des diamètres : cycles de mode et innovations techniques

Au fil des décennies, la taille des montres-bracelets masculines a connu des fluctuations notables.
Dans les années 1930-1950, un boîtier de 30 à 34 mm était la norme pour une montre d’homme, reflétant les contraintes techniques de l’époque (calibres plus petits à remontage manuel) et un certain goût pour la discrétion.
À partir des années 1960-1970, grâce à l’essor de l’automatisation et à des avancées comme les premiers mouvements automatiques extra-plats (l’invention du micro-rotor par Universal Genève en 1955, par exemple), les boîtiers atteignent plus volontiers 35-36 mm. Cependant, on reste dans des proportions mesurées.
Par contraste, les années 1980 et surtout 1990-2000 voient une inflation progressive du diamètre moyen : la folie des montres de plongée surdimensionnées, des chronographes sportifs et l’apparition de designs audacieux (Panerai Luminor, Audemars Piguet Royal Oak Offshore, etc.) propulsent les tailles communes à 40 mm et au-delà. Bref, la période “big is better” atteint son apogée dans les années 2000-2010 avec des pièces de 44-46 mm sur de nombreux poignets.
Toutefois, l’histoire est un éternel recommencement. À partir de la fin des années 2010, un renouveau pour les codes vintage s’installe : on redécouvre la douceur visuelle et le charme des montres dites “mid-size”.
Des rééditions de modèles historiques dans des diamètres proches de l’original (souvent 36-38 mm) fleurissent. Ainsi, en 2021, Rolex a replacé son modèle Explorer dans un boîtier de 36 mm (contre 39 mm auparavant), signe que même les marques les plus influentes entérinent ce retour aux sources.
La boucle est bouclée : après plusieurs cycles où les contraintes techniques (miniaturisation des calibres, matériaux) et les tendances esthétiques (goût du spectaculaire puis de l’élégance classique) ont fait varier la taille des garde-temps, on assiste à un nouvel équilibre.
Les amateurs d’horlogerie d’aujourd’hui, nostalgiques des modèles vintage, plébiscitent les diamètres de 34 à 36 mm – dimensions jadis communes, redevenues pointues et recherchées. Les innovations techniques ont de nouveau un rôle à jouer pour conjuguer ces tailles contenues avec les exigences modernes (étanchéité, réserve de marche accrue, complications), mais l’industrie a prouvé par le passé qu’elle savait relever ce défi.
2. Avantages ergonomiques & esthétiques : confort, proportions, universalité

Pourquoi dit-on souvent qu’une montre “bien proportionnée” fait oublier sa présence ? Le confort d’une montre de 34 à 36 mm est incomparable sur le poignet.
D’abord, en termes de portabilité : ces montres mid-size épousent la courbe du poignet sans excès, glissent facilement sous une manche de chemise et ne “tournent” pas autour du bras. Leur poids modéré, grâce à un volume de boîte réduit, se fait oublier au quotidien – fini la sensation d’une enclume au poignet en fin de journée.
Ensuite, l’équilibre visuel d’un cadran contenu est souvent plus abouti. Un cadran de 34-36 mm offre une lecture épurée, sans les étendues vides que peuvent présenter des diamètres trop généreux. Les index et sous-compteurs (s’il y a complication) trouvent naturellement leur place, conférant au design une symétrie plaisante.
Esthétiquement, un petit diamètre évoque spontanément l’élégance classique des montres des années 1950-60. Les amateurs de vintage apprécient ces pièces à l’allure discrète et raffinée, loin des surenchères parfois ostentatoires des gros garde-temps modernes.
Par ailleurs, un boîtier modeste met en valeur le poignet lui-même plutôt que de le submerger. Sur un poignet fin, il évite l’effet “bracelet de force” d’une montre trop large. Sur un poignet plus fort, il assume un parti-pris d’understatement très chic.
Cette universalité est un atout majeur : une montre de 35 mm environ peut aisément être portée par un homme ou une femme sans paraître hors propos – là où les mastodontes de 45 mm restent cantonnés à certains gabarits ou styles vestimentaires.
Enfin, soulignons le plaisir presque intime procuré par ces dimensions : la montre devient un objet personnel, que l’on porte pour soi avant tout. On la sent juste ce qu’il faut, on la regarde de près pour en apprécier les détails de finition. Ainsi, les boîtiers 34-36 mm restituent à la montre ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un compagnon quotidien, confortable et élégant, plutôt qu’un démonstrateur de puissance.
3. Mécanismes de valeur 2025 : rareté des calibres compacts, storytelling, tendance unisexe
En 2025, l’engouement pour les montres de petit diamètre ne relève pas seulement du goût rétro : il s’accompagne de facteurs de valorisation concrets.
D’abord, la rareté des calibres mécaniques compacts. Durant les années 2000-2010, bon nombre de manufactures ont concentré leurs développements sur des mouvements de grande taille (28-32 mm de diamètre) pour équiper des montres de 40 mm et plus. Aujourd’hui, relancer la production de calibres extra-plats ou de petit diamètre représente un investissement significatif.
Quelques maisons comme Jaeger-LeCoultre, Piaget ou Vacheron Constantin disposent encore d’une expertise en la matière (calibres manuels JLC 849 de 1,85 mm d’épaisseur par exemple, conçus pour des boîtiers réduits). Mais globalement, se procurer un mouvement performant dans un boîtier de 34 mm peut relever du défi ou du luxe.
Cette rareté technique alimente la valeur : une montre contemporaine abritant un calibre “niché” de petit diamètre sera perçue comme exclusive – et elle l’est, littéralement, car produite en faible quantité comparée aux calibres standards. Les collectionneurs comprennent qu’acquérir une pièce dotée d’un tel moteur, c’est posséder un aboutissement horloger dans un format inhabituel de nos jours.
Ensuite, vient le storytelling. Chaque montre de 34-36 mm raconte un peu l’histoire d’une autre époque. Les marques ne s’y trompent pas : elles capitalisent sur leurs archives pour rééditer des modèles emblématiques dans ces tailles.
Posséder une Omega Seamaster 1948 de 38 mm ou une Longines Heritage Classic 36 mm, c’est porter un fragment de légende au poignet. Mieux, les authentiques vintages dans cet intervalle de taille jouissent d’un storytelling naturel : “c’était la montre de mon grand-père”, “ce garde-temps a connu les années folles, la guerre, etc.”.
Autant d’éléments intangibles qui gonflent la valeur perçue de l’objet. En horlogerie, la provenance historique et affective peut compter autant que la matière précieuse… Ainsi, un petit boîtier, s’il est chargé d’âme et d’anecdotes, devient un grand atout sur le marché du collectionneur.
Enfin, la tendance unisexe dope la demande. Aujourd’hui, la frontière entre montres “pour hommes” et “pour femmes” s’estompe au profit d’une approche plus libre. Un même modèle en 35 mm peut être porté avec style par un homme sensible au chic vintage, comme par une femme en quête d’une montre de caractère mais proportionnée à son poignet.
Cette convergence des publics double potentiellement le vivier d’acheteurs pour une même référence : ce qui était hier un “petit diamètre pour homme” peut servir de “taille boy-friend” pour madame, ou tout simplement convenir à toute personne préférant la discrétion. Les marques surfent sur cette vague inclusive en communiquant de façon moins genrée, ou en proposant des lignes explicitement pensées pour convenir à tous.
Résultat, certaines références néo-vintage en 36 mm s’arrachent parce qu’elles plaisent “à 360°”, au-delà des catégories marketing habituelles.
En somme, en 2025, le small case n’est pas qu’une affaire de nostalgie : c’est un segment à part entière, où la valeur se construit sur la rareté technique, la richesse émotionnelle et la polyvalence d’usage. À l’heure où tout le monde peut arborer une grosse montre voyante, le vrai luxe est peut-être de porter une petite montre pleine de subtilité.
4. Sélection « Small-Case Smart Buy 2025 » – 11 modèles à suivre de près
Passons des principes à la pratique avec une sélection fouillée de 11 montres “small is big” qui constituent d’excellents choix d’achat en 2025. Chacune est décrite précisément, avec ses atouts techniques et historiques. Vous trouverez en fin de section un tableau comparatif résumant calibre, diamètre, année de référence et fourchette de prix de chaque modèle.

1. Rolex Datejust 36 mm (réf. 1601) : Incontournable icône de chez Rolex, la Datejust 36 mm a traversé les âges sans prendre une ride. La référence vintage 1601 des années 1960, avec son cadran bombé “pie-pan” et sa lunette cannelée en or blanc, incarne à merveille l’équilibre de proportions de la Datejust. Son calibre automatique Rolex 1575, robuste et précis, et son affichage date avec loupe Cyclope en ont fait le modèle de tous les jours par excellence pour des générations d’amateurs.

Pourquoi c’est un smart buy ? Parce qu’une Datejust 36 mm ancienne offre le prestige Rolex, l’élégance intemporelle (elle passe aussi bien en costume qu’en polo) et une fiabilité éprouvée – le tout à un prix encore raisonnable sur le marché vintage comparé aux sportives de la marque. Un classique “valeur sûre” dont la cote continue de grimper modérément chaque année à mesure que les exemplaires en bel état se raréfient.

2. Omega Constellation Automatic “Pie Pan” (35 mm) : Véritable symbole de l’excellence Omega des sixties, la Constellation “Pie Pan” tire son surnom de son cadran à pourtour biseauté évoquant un moule à tarte. En 35 mm, ce garde-temps était l’une des premières montres-bracelets certifiées chronomètre conçues pour un public large. Son calibre Omega 561 ou 564 à rotor central allie fiabilité et finition soignée (médaillon de l’Observatoire sur le fond vissé, gage des performances chronométriques).

Pourquoi c’est un smart buy ? Parce qu’elle offre à la fois un charme vintage fou (index en relief, étoiles de la certification sur le cadran) et une mécanique de haut vol. En acier ou en or, la Constellation Pie Pan 34-35 mm demeure relativement accessible par rapport à des modèles concurrents (ex. Rolex Datejust) tout en offrant une aura historique et technique indéniable. C’est une pièce de choix pour qui veut une montre habillée de taille modérée avec un pedigree horloger solide.

3. Patek Philippe Calatrava (33-36 mm selon réf.) : Synonyme de la montre habillée par excellence, la Calatrava incarne depuis 1932 le style Patek Philippe : rond, épuré, élégant. Les références vintage abondent autour de 33 à 35 mm (ref. 96 de 1932 ~31 mm, ref. 570 des années 50 ~35 mm, etc.), mais nous mettons en lumière une rare version “jumbo” de 36 mm de 1966 (ref. 3495 dite “monocoque”). Boîtier extra-plat en or jaune, cadran soleillé champagne aux index bâtons, mouvement Calibre 27-460 automatique d’une finition exquise…

Pourquoi c’est un smart buy ? Parce qu’une Calatrava vintage offre un ticket d’entrée – certes coûteux – dans l’univers très fermé de Patek Philippe. Son design est indémodable, sa qualité perçue et réelle est exceptionnelle, et sa production limitée en fait un objet de collection dont la valeur ne faiblit pas. Les versions 33-35 mm sont prisées des puristes, tandis que les rares 36 mm (“grandes” pour Patek à l’époque) séduisent ceux qui veulent un peu plus de présence tout en restant dans l’esprit Calatrava. En somme, posséder une Calatrava de petit diamètre, c’est toucher du doigt l’essence du luxe horloger discret – un investissement patrimonial autant qu’un plaisir quotidien.

4. Vacheron Constantin Dress Watch (Patrimony 34-35 mm) : Troisième pilier de la Sainte Trinité horlogère, Vacheron Constantin a produit dans les années 1950-60 de sublimes montres habillées aux diamètres contenus. Par exemple, une référence Patrimony 34 mm en or jaune de 1965, ultra-plate et dotée d’un cadran opalin à index romains, représente le summum du classicisme. Son calibre manufacture K1001 à remontage manuel, d’une épaisseur de 3 mm environ, témoigne d’une prouesse technique pour l’époque, le tout emboîté dans un écrin discret de quelques grammes d’or.

Pourquoi c’est un smart buy ? Les Vacheron vintage en petites dimensions sont encore sous-cotées relativement aux Patek équivalentes. Elles offrent pourtant une qualité de réalisation exemplaire (cadrans souvent réalisés par Stern Frères, boîtes fabriquées par des orfèvres genevois) et l’héritage prestigieux de la plus ancienne manufacture (1755) toujours en activité. Acquérir un élégant garde-temps Vacheron 35 mm des sixties, c’est profiter d’une certaine “aura” du luxe à un prix certes élevé mais loin de la folie des enchères Patek ou Rolex. Et avec la résurgence d’intérêt pour ces pièces, on observe une augmentation régulière de leur cote – le moment est opportun pour en dénicher une avant qu’elles ne deviennent les prochaines stars des ventes vintage.

5. Universal Genève Polerouter (34,5 mm) : Création du jeune Gérald Genta en 1954, la Polerouter est l’une des premières montres automatiques à micro-rotor de l’histoire. Son boîtier acier d’environ 34,5 mm abrite le calibre UG 215 Microtor, dont l’ingénieux rotor périphérique permit de réduire l’épaisseur du mouvement. Le design du Polerouter, avec ses élégantes cornes “twistées” et son double pourtour de cadran (chemin de fer et anneau miroir), est à la fois typiquement fifties et furieusement moderne.

Pourquoi c’est un smart buy ? Véritable légende à l’ombre des géants, l’Universal Polerouter offre une dose de “cool factor” énorme pour un budget encore raisonnable. Longtemps sous-estimée, elle voit sa popularité grimper du fait de son designer star (Gérald Genta, père du design de la Royal Oak et de la Nautilus) et de son contenu technique avancé. En collection en 2025, une Polerouter 35 mm en bel état, surtout dans des variantes spécifiques (cadran noir laqué, version Polerouter Date tropicale, etc.), peut encore se dénicher autour de quelques milliers d’euros. Compte tenu de son importance historique et de sa rareté relative, c’est une montre dont la valeur ne peut qu’augmenter à mesure que les connaisseurs se la disputent.

6. IWC Mark XI (36 mm) : Développée en 1948 pour la Royal Air Force, l’IWC Mark XI est une montre de pilote légendaire, dont le boîtier de 36 mm fut pendant longtemps la référence absolue en matière de proportions pour montre outil. Son cadran noir ultralisible (chiffres blancs, triangle à 12 h) et son calibre manufacture IWC 89 à remontage manuel en font un bijou de fiabilité et de simplicité fonctionnelle. Produite jusqu’au début des années 60, souvent dotée d’un antichoc et d’une cage antimagnétique, la Mark XI a traversé les époques sans prendre une ride esthétique.

Pourquoi c’est un smart buy ? Les montres militaires authentiques ont la cote, et celle-ci cumule les atouts : une histoire riche (équipement des aviateurs britanniques), une fabrication signée IWC (grande maison de Schaffhausen) et un diamètre de 36 mm très portable aujourd’hui. Sur le marché des collectionneurs, les exemplaires en bon état avec marquages militaires d’origine sont très recherchés. Leur prix s’est apprécié (autour de 5 000 à 10 000 € selon état et provenance), mais reste justifié par la qualité et la rareté croissante de ces pièces – d’autant plus que la vague néo-vintage remet en lumière ces montres d’apparence sobre mais au charme fou. Une Mark XI, c’est un investissement “plaisir-sûreté” : plaisir de porter une montre historique au quotidien, et sûreté de posséder un objet dont la demande ne faiblira pas.

7. Tudor Submariner “Mid-Size” (36 mm, réf. 75090) : Dans les années 1980-90, Tudor (sous-marque de Rolex) proposa des versions réduites de son Submariner destinées aux poignets plus fins et au public asiatique. La référence 75090, dite “mid-size”, offre un diamètre de 36 mm peu commun pour une plongeuse automatique. Elle reprend l’esthétique du Submariner classique : lunette rotative 60 minutes, couronne et fond vissés, cadran noir à larges index ronds luminescents et aiguilles “Mercedes”.

Animée par un calibre automatique ETA 2824-2 fiable, elle assure les 200 m d’étanchéité tout en offrant un encombrement réduit.
Pourquoi c’est un smart buy ? Longtemps boudées par les puristes obsédés par les 40 mm, ces versions mid-size connaissent un regain d’intérêt explosif avec la tendance actuelle. Les collectionneurs réalisent qu’un Submariner 36 mm conserve toute la fonctionnalité et le style du grand frère, tout en étant bien plus rare sur le marché. Son positionnement Tudor en fait en outre une porte d’entrée moins onéreuse dans le monde des “Sub”. Résultat : les prix des 75090 (ou équivalents Prince Oysterdate Sub) ont commencé à grimper sérieusement ces deux dernières années. En acquérir un exemplaire maintenant, c’est surfer sur la vague montante de la valorisation Tudor vintage, avec une montre attachante au quotidien et appelée à devenir un petit collector de demain.

8. Cartier Santos Galbée (35 mm) : La Cartier Santos, créée à l’origine en 1904 pour l’aviateur Santos-Dumont, a été réinventée en 1978 dans une version moderne bicolore acier/or à bracelet intégré visé. Son boîtier carré mesurait environ 35 mm de côté, une dimension volontairement “universelle” qui a contribué à son succès fulgurant. Avec son cadran blanc à chiffres romains, ses aiguilles bleuies et son rubis de remontoir, la Santos est l’emblème du chic parisien.
Pourquoi c’est un smart buy ? Icône design, la Santos des années 80-90 en taille Galbée 29 mm (modèle moyen) ou XL 32 mm de large – équivalents ~35 mm ronds – a longtemps été considérée comme une montre féminine ou de petite taille.

Mais la donne change : nombre d’hommes redécouvrent cette montre fine et distinctive, tandis que les femmes continuent de l’apprécier, faisant exploser la demande en seconde main. Son prix s’envole sur certaines références (les premières séries “Carrée” signées C de Cartier, ou les éditions limitées). Pourtant, comparée aux modèles Cartier Tank vintage, la Santos reste abordable. Investir dans une Santos Galbée 35 mm maintenant, c’est parier sur un classique indémodable dont la cote montera avec la vague néo-vintage – tout en s’offrant un garde-temps aussi confortable qu’élégant, qui attire l’œil sans jamais être tapageur. Un choix aussi rationnel que passionnel.

9. Seiko “King Seiko” 45-7001 (36 mm) : À côté de Grand Seiko, Seiko produisait dans les années 60-70 les “King Seiko”, montres haut de gamme réservées au marché domestique japonais. La référence 45-7001 de 1968 environ en est un fleuron : boîtier acier de 36 mm aux arêtes vives respectant le célèbre Grammar of Design de Taro Tanaka (surfaces planes polies et angles nets), cadran “silver sunburst” avec index facettés, et surtout un calibre 45A Hi-Beat à 36 000 alternances/heure (10 bps) qui rivalisait en précision avec les suisses.
Pourquoi c’est un smart buy ? Les Seiko vintage de collection ont le vent en poupe, et les King Seiko Hi-Beat sont encore relativement sous-estimées par rapport aux Grand Seiko.

Pourtant, elles partagent une grande partie de leur ADN technique et esthétique, pour une fraction du prix. On trouve des King Seiko 45-7001 (mouvement sans date) ou 45-7000 (avec date) aux alentours de 1000-1500 €, souvent avec d’élégantes patines. Vu la qualité de fabrication (ces montres étaient des chronomètres non officiels) et la rareté hors du Japon, elles représentent une opportunité d’investissement et de plaisir horloger certaine. Le diamètre de 36 mm, idéal, permet de les porter facilement au quotidien – une toolwatch habillée qui surprendra les amateurs connaisseurs et dont la valeur suivra l’engouement grandissant pour le patrimoine horloger japonais.

11. Jaeger-LeCoultre Memovox (35-37 mm selon réf.) : On triche légèrement avec 1 mm de plus, mais comment ne pas citer la Memovox, la fameuse montre-réveil de JLC ? Les références Memovox des années 50-60 oscillent entre 34 et 37 mm, la plus classique étant la E855 automatique (37 mm) ou la E853 manuelle (35 mm). Boîtier “classique” mais épais, double couronne (l’une pour l’heure, l’autre pour armer l’alarme), disque central mobile servant de cadran d’alarme – la Memovox est à la fois utile et follement attachante avec son brrr sonore qui vous rappelle un rendez-vous.

Pourquoi c’est un smart buy ? Les Memovox vintage ont longtemps été sous les radars, mais la tendance s’inverse. Leurs prix sont encore accessibles (compter 3 000-6 000 € pour un bel exemplaire en acier, plus en or ou avec cadrans particuliers), et on assiste à un regain d’intérêt car Jaeger-LeCoultre elle-même remet en avant son héritage (rééditions du Polaris Memovox, exposition au musée etc.).
Posséder une Memovox, c’est posséder une complication utile et amusante du milieu du XXe siècle, logée dans un écrin de taille contenue. De plus, JLC étant une manufacture de premier plan, la qualité de ces montres est au rendez-vous – et l’on sait que le marché finit toujours par reconnaître la vraie valeur. Une Memovox 35-37 mm est donc un pari raisonnable sur l’originalité et la rareté : vous aurez à la fois le plaisir d’une montre vintage au charme fou (essayez de faire sonner son alarme en soirée devant d’autres passionnés, effet garanti !) et la quasi-certitude de voir sa valeur se maintenir, voire croître, à mesure que ces modèles deviendront plus difficiles à dénicher.
Modèle & référence | Calibre (type) | Diamètre | Période | Fourchette de prix 2025 |
---|---|---|---|---|
Rolex Datejust 1601 | 1575 (auto) | 36 mm | années 60 | 5–8 k€ |
Omega Constellation “Pie Pan” | 561/564 (auto) | 34–35 mm | années 60 | 2–4 k€ |
Patek Philippe Calatrava | 27-460 (auto) | 33–36 mm | années 50–70 | 10–20 k€+ |
Vacheron Constantin dress | K1001 (manuel) | 34–35 mm | années 60 | 5–8 k€ |
Universal Genève Polerouter | 215 Microtor (auto) | 34,5 mm | années 50–60 | 2–6 k€ |
IWC Mark XI RAF | 89 (manuel) | 36 mm | années 50 | 5–10 k€ |
Tudor Submariner 75090 | ETA 2824-2 (auto) | 36 mm | années 90 | 4–6 k€ |
Cartier Santos Galbée | ETA 2671 (auto) | 35 mm | fin 70s–80s | 2–4 k€ |
Seiko “King Seiko” 45KS | 45A (manuel, Hi-Beat) | 36 mm | fin 60s | 1–2 k€ |
JLC Memovox E855 | K825 (auto) | 37 mm | années 60 | 3–6 k€ |
5. Tendances de prix & catalyseurs futurs : analyses et graphiques
Qu’en est-il de la tendance des prix pour ces montres de petit diamètre ? Les analyses de marché indiquent une progression régulière de leur valeur moyenne ces dix dernières années.
Le graphique ci-dessus illustre un indice de prix (base 100 en 2015) de quelques modèles vintage 34-36 mm pris de façon arbitraire, convertis en différentes devises (USD, EUR, JPY, SGD). On constate en dollars (USD) une augmentation d’environ +120 % sur la décennie : cela reflète la forte demande renouvelée pour ces références autrefois négligées. En euros (EUR), la hausse est similaire (+110 %), tandis qu’en yen japonais (JPY) l’indice grimpe encore plus (+150 %) – effet combiné de la hausse intrinsèque des montres ET de la perte de valeur du yen face au dollar, rendant les montres plus chères localement au Japon. Singapour (SGD) suit une courbe intermédiaire (+130 %), confirmant que sur tous les grands marchés collectionneurs (États-Unis, Europe, Asie), le mouvement de réévaluation est mondial.
Plusieurs catalyseurs futurs pourraient prolonger ou accentuer cette tendance haussière.
D’une part, le relais commence à être pris par les grandes maisons lors des ventes aux enchères : on a vu récemment des Universal Polerouter ou des IWC Mark XI atteindre des prix records pour des exemplaires exceptionnels (provenance militaire, état neuf, etc.). Ces ventes vitrines agissent comme des étalons qui tirent l’ensemble des prix vers le haut – un phénomène bien connu pour Rolex par exemple, qui commence à s’appliquer à ces modèles de niche.
D’autre part, les médias spécialisés et influenceurs jouent un rôle : la couverture d’événements comme Only Watch ou les GPHG mettant en lumière des rééditions de montres plus petites, les articles (“Why 36 is the new 40?”) se multiplient, alimentant l’engouement du public et donc la disposition à payer plus cher.
Sur le plan des devises, on peut aussi anticiper que la faiblesse relative de l’euro et du yen rend les montres européennes et japonaises attractives pour les acheteurs étrangers (américains, chinois) qui viennent chasser sur ces marchés, faisant mécaniquement monter les prix localement. Un yen qui resterait bas pourrait encore accroître les indices en JPY, comme on le voit sur le graphique où la courbe JPY dépasse les autres.
À l’inverse, un durcissement monétaire global (hausse des taux d’intérêt) pourrait calmer la frénésie spéculative sur les pièces de collection – mais jusqu’ici, le segment des montres vintage résistantes (celles dont nous parlons ici) a montré une certaine résilience, les acheteurs étant souvent des passionnés plus que des spéculateurs.
En projection, il est raisonnable d’anticiper une hausse continue mais modérée des prix, avec quelques accélérations ponctuelles dues aux catalyseurs mentionnés. Les montres 34-36 mm possèdent un double attrait : celui de la rareté (on l’a vu) et celui de la portabilité pour la nouvelle génération de collectionneurs, souvent plus jeunes, mixte et à la recherche de garde-temps originaux mais faciles à porter.
Ce vivier d’acheteurs va grandir, assurant une demande soutenue. Si l’on ajoute la crainte de manquer (“FOMO”) qui s’installe quand on voit les prix grimper d’année en année, il y a fort à parier que les cinq prochaines années verront encore un bel accroissement de la valeur de ces pièces. Seule une crise économique majeure ou un retournement complet de mode pourrait inverser la vapeur – et encore, les petites montres ayant un caractère historique, elles se comportent presque comme des œuvres d’art, refuges de valeur en temps incertains.
En conclusion, la tendance prix est clairement à la hausse pour les montres de 34 à 36 mm, portée par des catalyseurs structurels (rareté, mixité de la demande) et conjoncturels (taux de change, effet médias). Pour les passionnés, c’est peut-être maintenant le moment d’acquérir les modèles convoités avant qu’ils ne deviennent hors de portée. “Small is big”… et de plus en plus cher, pourrais-je ajouter malicieusement.
6. Checklist achat & entretien : authentification, services, réseaux agréés
Acheter une montre vintage ou néo-vintage de 34-36 mm requiert autant de précautions que n’importe quelle pièce de collection. Voici une checklist à garder en tête pour un achat serein et un entretien optimal de votre trésor horloger :
- Authentification minutieuse : vérifiez les numéros de série et de référence gravés sur la boîte (entre-cornes, fond) et assurez-vous qu’ils correspondent bien aux papiers ou archives disponibles. Comparez le cadran, les aiguilles, la couronne à des photos de référence fiables ; les montres de petit diamètre, naguère moins cotées, ont parfois été modifiées ou “frankensteinées” (assemblage de pièces diverses). En cas de doute, n’hésitez pas à solliciter l’expertise d’un horloger agréé ou d’un connaisseur sur les forums spécialisés.
- État du mouvement et historique de service : un calibre vintage compact peut être délicat à remettre en état, notamment s’il s’agit d’une pièce rare (certaines pièces de rechange ne se fabriquent plus). Privilégiez un exemplaire dont le vendeur peut attester d’un entretien récent par un professionnel. Examinez la propreté du mouvement à l’œil nu ou à la loupe lors de l’achat : traces d’oxydation, de laiton apparent ou résidus de vieille huile sont le signe qu’une révision s’impose. Pour les pièces modernes (ex. Baltic MR01), vérifiez si la garantie constructeur est encore valide.
- Réseaux de vente agréés : si vous investissez un montant conséquent dans une Patek, une Rolex ou une Vacheron vintage, privilégiez les vendeurs réputés. Les maisons de ventes aux enchères renommées, les plateformes certifiées (Chrono24 avec Trusted Checkout, etc.) ou les marchands établis offrent plus de garanties qu’une petite annonce entre particuliers – même si les bonnes surprises existent partout, le risque aussi. En France, des boutiques comme Lepage, Bucherer (pour le Certified Pre-Owned) ou des experts comme ceux de la communauté Les Rhabilleurs peuvent vous orienter. Dans tous les cas, exigez la transparence totale sur les interventions effectuées sur la montre (polissage du boîtier, changement de pièce, etc.).
- Entretien sur mesure : une fois la belle acquise, prenez-en soin. Évitez de la porter lors d’activités violentes : malgré leur robustesse parfois (cf. IWC Mark XI ou Tudor Sub), ces anciennes montres ne demandent qu’à vivre longtemps sans subir de chocs inutiles. Faites fonctionner les complications (alarme de la Memovox, date) en respectant les notices d’époque pour ne pas forcer les mécanismes à des heures inappropriées. Conservez autant que possible les éléments d’origine : bracelet, boucles signées, boîte et papiers si vous avez la chance de les avoir – cela préserve la valeur.
- Révisions chez les horlogers agréés : confiez la montre à un horloger expérimenté sur les vintages, voire directement au SAV de la marque si celle-ci propose un service pour les pièces anciennes (Jaeger-LeCoultre, par exemple, a un département Heritage très compétent). Pour les montres étanches, faites changer les joints et tester l’étanchéité si vous comptez les mouiller, mais n’insistez pas si le modèle est trop ancien pour garantir une imperméabilité parfaite. Enfin, demandez toujours à ce que les pièces remplacées (verre, couronne, etc.) vous soient retournées – juste au cas où, c’est mieux pour la documentation.

En suivant ces conseils, vous maximiserez vos chances de profiter pleinement, et sur le long terme, de votre garde-temps “Small Is Big”.
L’achat d’une montre de 34-36 mm, qu’elle soit vintage ou réédition moderne, est un voyage dans le temps autant qu’un investissement émotionnel et financier. Authentique, bien entretenue, elle deviendra sans nul doute la compagne fidèle de vos moments importants – et pourquoi pas, la pièce fétiche que vos proches se disputeront dans quelques décennies.
N’oublions pas que la passion horlogère se nourrit de transmission : et quelle plus belle transmission qu’une montre à taille humaine, riche de sens et d’histoire, qui traverse les générations avec élégance ? Small is big… et pour longtemps !