Alors que certaines Rolex vintage atteignent des sommets stratosphériques et que les Patek Philippe s’envolent vers des prix délirants, un secret bien gardé persiste dans l’univers de la collection : les **Cartier Tank des années 90** demeurent étonnamment accessibles.
**Voici une vérité qui dérange :** pendant que vous vous battez pour acquérir une Submariner à 15 000 € ou qu’une simple Speedmaster frôle les 8 000 €, vous pourriez porter au poignet une **authentique Tank Cartier** pour moins de 4 000 €.
Paradoxe fascinant. La Tank, cette montre portée par les plus grandes figures du XXe siècle – de Jackie Kennedy à Andy Warhol – reste aujourd’hui dans l’ombre du marché spéculatif. **Pourquoi cette anomalie ?** Comment expliquer qu’une icône absolue du design horloger, signée de la plus prestigieuse maison joaillière au monde, demeure si **raisonnablement tarifée** ?
La décennie 90 a pourtant marqué un tournant décisif pour Cartier. Renaissance horlogère. **Diversification audacieuse**. Naissance de modèles devenus mythiques. Pourtant, ces montres végètent sur le marché de l’occasion, éclipsées par la frénésie spéculative qui frappe d’autres manufactures.
Cette sous-évaluation chronique cache-t-elle une **opportunité d’investissement exceptionnelle** ? Nous avons analysé huit références emblématiques pour percer ce mystère. *L’enquête commence.*
Sommaire
Analyse des Montres Cartier Tank des Années 90 : Potentiel et Évaluation

1. Contexte historique : Renaissance de Cartier et diversité des Tank (1990-1999)
La décennie 1990 marque un tournant décisif pour Cartier. Après les années fastes du quartz et des collections plus « mode », la fin de la décennie voit une réorientation vers l’horlogerie traditionnelle. En 1998, Cartier lance la Collection Privée Cartier Paris (CPCP), un programme ambitieux de rééditions de modèles historiques en séries limitées et mouvements mécaniques de haute facture. Cette CPCP (1998-2008) symbolise une véritable renaissance horlogère de Cartier, renouant avec le prestige artisanal : calibres Piaget extra-plats, squelettes, complications, finitions de haut niveau. C’est une réponse au renouveau d’intérêt pour les montres mécaniques de collection à la fin des années 90. Cartier, souvent perçu auparavant comme un joaillier fabricant des montres-quartz de luxe, veut désormais parler aux collectionneurs pointus.
Parallèlement, Cartier diversifie son offre Tank pour séduire un large public. La gamme « Must de Cartier » introduite fin 1970s – célèbres Tank en argent plaqué or (vermeil) aux cadrans laqués de couleur (le fameux bordeaux notamment) – continue d’évoluer dans les années 90. Ces Tank Must plus abordables connaissent de nouvelles variantes (décors de cadran, différents coloris, éditions spéciales), représentant une porte d’entrée élégante dans l’univers Cartier. En 1996, la maison modernise la Tank en lançant la Tank Française, un modèle au bracelet métallique intégré qui apporte une touche sportive et contemporaine tout en conservant l’ADN Art déco de la Tank. La Tank Française (dévoilée pour le 150ème anniversaire de Cartier) remporte un succès immédiat, devenant le symbole horloger chic de la fin de siècle, vu au poignet de nombreuses célébrités.

En 1996 toujours, Cartier présente la Tank Américaine en version acier (initialement introduite en 1989 en or) élargissant l’accès à ce modèle cintré inspiré de la Tank Cintrée des années 20. En 1999 enfin, Cartier surprend avec la Tank Basculante, son interprétation élégante de la montre réversible type Reverso. Boîtier rectangulaire logé dans un berceau pivotant, la Basculante ressuscite un modèle des années 30 en l’adaptant au goût du jour (taille un peu plus grande, versions acier ou or, mouvements manuels Frédéric Piguet ou quartz). Ce foisonnement de modèles dans les 90s – du plus accessible (Must) au plus exclusif (CPCP) – témoigne de la stratégie de Cartier : multiplier les Tanks pour chaque clientèle, tout en préparant le terrain d’une image horlogère plus sérieuse.
Perception en 2025 : Aujourd’hui, le marché regarde ces références Tank des années 90 avec un intérêt renouvelé, mais elles demeurent globalement sous-évaluées par rapport à d’autres montres vintage. En 2025, alors que certaines Cartier iconiques (Crash, Tank Cintrée vintage, CPCP en éditions limitées) atteignent des sommets aux enchères, les Tank « classiques » produites dans les 90s restent étonnamment abordables. L’engouement des nouvelles générations pour les montres Cartier a certes fait monter certaines cotes depuis 2018, mais beaucoup de modèles de cette époque se négocient encore en dessous de 4 000 €, ce qui constitue une opportunité pour les collectionneurs avertis.
2. Définition du périmètre : références 1990-1999 sous 4 000 €
Le présent dossier se concentre sur huit références de montres Cartier Tank produites entre 1990 et 1999, dont la cote actuelle sur le marché de l’occasion reste inférieure à 4 000 € (environ 4 300 $ ou 3 500 £). Le prix plafond de 4 000 € est établi d’après les transactions observées en 2023-2025 sur les plateformes spécialisées (Chrono24, WatchCharts) et aux enchères. Les modèles retenus illustrent chacun une facette de la production Cartier de l’époque : des Tank Must en vermeil (argent plaqué or) témoins de la démocratisation de la marque, des Tank Louis classiques en or mais à mouvement quartz (moins prisées des puristes, donc moins chères), des éditions au design spécifique comme la Basculante ou l’Obus, sans oublier la très populaire Tank Française automatique de première génération. Sont exclus de l’étude les modèles purement joailliers (sertis) ou les pièces CPCP très limitées dont les prix excèdent le seuil.
Le tableau récapitulatif (section 4) fournira pour chaque référence l’estimation de prix à fin 2024 (en € avec conversions $ et £) ainsi qu’un indicateur de liquidité (facilité à la revente). Nous analyserons également l’évolution de la valeur entre 2014 et 2025 pour mesurer la performance de chaque montre sur 11 ans, et son taux de croissance annuel moyen (CAGR). Enfin, une comparaison (section 5) avec des modèles contemporains comparables – notamment la Jaeger-LeCoultre Reverso ou d’autres icônes rectangulaires comme la Hamilton Boulton – permettra de situer la performance des Tank 90’s relativement au marché global des montres de collection.
3. Sélection de 8 Tank « oubliées » des années 90 (≤ 4 000 € en 2025)
Nous présentons ci-dessous huit références emblématiques, aujourd’hui sous-cotées. Pour chaque modèle : une fiche technique synthétise les caractéristiques, puis nous examinons la cote en 2014 vs 2025 (avec CAGR estimé), la rareté sur le marché, et une note de potentiel d’investissement (subjective, sur 5 ★).
3.1 Tank Must Vermeil 1613 « cadran Bordeaux »

Fiche technique : Boîtier rectangulaire 23 x 30 mm en argent massif plaqué or jaune (vermeil 20 µm), couronne ornée d’un cabochon saphir synthétique bleu. Cadran laqué couleur bordeaux sans index chiffrés, logo must de Cartier doré. Mouvement mécanique à remontage manuel (calibre ETA 78-1 modifié Cartier) sur les premières séries fin 70s, remplacé par un quartz calibre 90 sur les séries des années 90. Fond clipsé. Bracelet en cuir avec boucle ardillon plaquée or siglée Cartier. Étanchéité limitée (30m à l’origine).
Évolution de la cote : En 2014, ces Must Tank des années 90 s’échangeaient autour de 800 € seulement en bonne condition – longtemps boudés par les collectionneurs du fait de leur mouvement simple et de leur abondance sur le marché. En 2025, il faut compter environ 1 600 € pour un exemplaire très bien conservé avec sa boîte et papiers, soit une hausse de +100% sur 11 ans (CAGR ~6,5%/an). La démocratisation des montres vintage via les réseaux sociaux a remis en lumière ces modèles colorés, appréciés pour leur look vintage élégant et unisex. Néanmoins, malgré un doublement de valeur, on reste sous les 2 000 € généralement – ce qui semble encore bas comparé à d’autres montres vintage de grandes maisons.
Rareté : Production élevée dans les années 80-90 (plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires tous cadrans confondus). Le cadran bordeaux est le plus iconique et relativement fréquent. On trouve en permanence de 50 à 100 Tank Must vermeil bordeaux en vente en ligne (tous états confondus). Attention toutefois aux états de conservation : beaucoup ont des usures de plaquage ou des cadrans craquelés (la laque bordeaux vieillissant parfois mal). Un exemplaire complet (boîte, certificats) des 90s demeure peu courant.
Potentiel d’investissement : ★★★☆☆ – À court terme, l’appréciation pourrait stagner car les prix ont déjà remonté depuis 5 ans. Mais sur le long terme, ce modèle demeure un classique indémodable de Cartier. Son potentiel est plus collectible qu’investissable : il offre une entrée abordable dans le vintage Cartier. La rareté n’est pas au rendez-vous, mais la demande soutenue (tendance mode rétro, montres unisexes de petite taille très prisées) sécurise la valeur. En somme, un investissement plaisir plus qu’un pari spéculatif.
3.2 Tank Basculante 2390 (réédition 1999)

Fiche technique : Boîtier rectangulaire en acier inoxydable poli, 26 x 38 mm (taille dite « large » masculine à l’époque, assez fine de profil ~5,8 mm). Système basculant breveté : le boîtier principal pivote verticalement dans un berceau fixe, permettant de retourner le cadran vers l’intérieur. Cadran blanc argenté à motif guilloché central, chiffres romains noirs, chemin de fer et signature secrète Cartier à X. Aiguilles bleuies. Couronne intégrée à 12h dans le berceau (affleurante avec cabochon saphir). Mouvement : calibre Cartier 050 MC mécanique à remontage manuel (base Frédéric Piguet 6 ¾’’’), 18 rubis. Bracelet Cartier en alligator avec boucle ardillon acier.

Évolution de la cote : Modèle lancé fin 1999, vendu env. 3 000 $ à l’époque. Sur le marché secondaire, la Basculante est longtemps restée une curiosité relativement bon marché : en 2014 on pouvait en trouver pour 1 800 € (en version quartz notamment). En 2025, la version mécanique réf. 2390 en acier tourne autour de 3 200 € en bon état (+80% sur 11 ans, CAGR ~5,5%). La hausse est réelle mais modérée comparée à l’explosion de certains modèles Cartier. La Basculante souffre d’une notoriété moindre que la Reverso de Jaeger-LeCoultre, à laquelle elle est souvent comparée. Cependant, sa cote reste bien sous le prix d’une Reverso classique équivalente, ce qui en fait une belle opportunité pour un garde-temps original signé Cartier.

Rareté : Assez faible. Produite seulement quelques années (1999-2002 environ) avant d’être discrètement retirée du catalogue, la Tank Basculante n’a pas connu de diffusion massive. On estime quelques milliers d’exemplaires en acier tous calibres confondus. Sur le marché actuel, elle apparaît de façon sporadique – peut-être une dizaine d’offres en permanence dans le monde. La version acier mécanique 2390 est la plus recherchée. Sa relative rareté contribue à maintenir les prix stables, sans plus.
Potentiel d’investissement : ★★★★☆ – La Basculante représente un pari intéressant : son concept technique et ludique séduit de plus en plus les collectionneurs en quête d’originalité, dans le sillage de la popularité montante des Cartier atypiques (Tortue, Tank à Guichets, etc.). Son faible nombre en circulation pourrait créer à terme un effet de rareté. Si Cartier ne la relance pas (ce qui reste possible vu la vogue vintage actuelle), les exemplaires existants pourraient voir leur cote grimper. À ~3 000 € en 2025, c’est l’une des Cartier mécaniques au design unique les plus abordables. Nous lui attribuons 4 étoiles de potentiel, surtout pour un horizon long terme.

3.3 Tank Louis Cartier Quartz – réf. 5057001 (années 90)
Fiche technique : Modèle emblématique Tank Louis (dérivé du design original de Louis Cartier en 1922) dans sa version années 90 avec mouvement à quartz. Référence 5057001 correspondant à une boîte en vermeil (argent plaqué or) de petit format (approx. 20 x 28 mm, dite modèle « Lady »). Cadran blanc à chiffres romains noirs, minuterie chemin de fer, signature « must de Cartier » appliquée. Aiguilles glaive en acier bleui. Mouvement Cartier cal. 057 à quartz (base ETA). Fond acier clipsé. Bracelet cuir avec boucle ardillon dorée. À noter que Cartier a produit sous des références proches des Tank Louis or 18k à quartz pour dames, difficilement distinguables esthétiquement des versions vermeil – le point commun étant le mouvement électronique.

Évolution de la cote : Ces Tank Louis à quartz ont longtemps été boudées par les collectionneurs, qui leur préféraient les versions mécaniques anciennes. En conséquence, leur prix en occasion est resté très bas. En 2014, on trouvait des modèles vermeil vers 1 200 € et même des versions or 18k pour environ 2 500 €. En 2025, la tendance a légèrement évolué : comptez environ 1 800 € pour un exemplaire vermeil bien conservé (soit +50% en 11 ans, CAGR ~4%/an), et autour de 3 500 € pour une version or 18k sur cuir. La hausse est donc modeste. Ces montres restent parmi les moins chères de la famille Tank sur le marché vintage, reflet de la défiance persistante envers les mouvements quartz en collection. Ironiquement, leur design reste inchangé depuis un siècle et leur élégance intemporelle séduit une nouvelle clientèle féminine, ce qui soutient un peu la demande.
Rareté : Très commune. Cartier a produit d’innombrables Tank Louis en or et vermeil, dans plusieurs tailles, durant les années 90. Le modèle 5057001 (vermeil petite taille) est fréquent en occasion. La version or quartz se trouve aussi aisément (c’était une montre « cadeau de luxe » très prisée à l’époque). Le véritable enjeu est l’état : beaucoup ont souffert de polissages excessifs ou de changement de pile tardif causant des dégâts au mouvement. Mais en soi, on ne peut parler de rareté : la liquidité est élevée (facile à acheter comme à revendre dans cette gamme de prix).
Potentiel d’investissement : ★★☆☆☆ – Faible. D’un point de vue purement financier, ces Tank quartz sont plafonnées par leur mouvement : les collectionneurs purs et durs ne s’y intéressent guère, limitant l’envolée des prix. Certes, leur valeur suit l’inflation et la hausse globale des montres Cartier (+50% en une décennie), mais rien ne laisse présager d’une flambée. Néanmoins, il ne faut pas les négliger : pour un amateur, c’est l’opportunité d’acquérir une Tank Louis Cartier authentique en or pour une fraction du prix d’un modèle neuf mécanique. L’intérêt réside surtout dans le port agréable d’une montre élégante et fine, sans la contrainte du remontage quotidien. En somme, un investissement modeste, prudent, plus axé sur le plaisir d’usage.
3.4 Tank Américaine Medium 1660 (1995)
Fiche technique : Variante modernisée de la Tank Cintrée, la Tank Américaine se caractérise par un boîtier rectangulaire allongé et cambré épousant le poignet. La référence 1660 correspond au modèle Medium des années 90, un format unisexe (~ 34 x 19 mm) en acier ou or jaune. Boîtier courbé, épaisseur ~7 mm, couronne octogonale à cabochon. Cadran argenté guilloché, chiffres romains, petite minuterie chemin de fer en périphérie, pas de trotteuse. Mouvement selon les versions : calibre automatique (Piaget 430P modifié Cartier) pour les versions or grand modèle, mais sur le Medium quartz cal. 690 à 8 rubis est fréquent. Bracelet cuir avec boucle déployante Cartier. Pas de seconde ni de date sur ces premières Tank Américaine Medium des 90s (la grande taille seulement avait date).
Évolution de la cote : La Tank Américaine Medium en acier ou en or sur cuir est restée relativement accessible. En 2014, une version or quartz se trouvait vers 3 000 €, et une acier quartz autour de 1 500 €. En 2025, les or quartz oscillent autour de 3 600 € (+20% seulement en 11 ans), les acier un peu moins de 2 000 €. Le marché favorise plutôt la grande Tank Américaine automatique plus masculine, et la petite version mini très féminine – la Medium est un entre-deux qui, paradoxalement, se revend moins bien. Sa cote est donc relativement stagnante. Avec un budget < 4k€, on peut encore dénicher une Tank Américaine or 18k quartz des années 90 sur cuir, ce qui représente en soi une excellente affaire compte tenu du prestige du modèle neuf (une Américaine or neuve dépasse 15 000 €). Mais la faible progression atteste d’une demande atone.

Rareté : La Tank Américaine a d’abord été produite en or (dès 1989), l’acier n’étant apparu qu’en 1996 pour le 150ème anniversaire. Les versions Medium or quartz se trouvent assez régulièrement, les versions acier quartz un peu moins (Cartier en a vendu moins en raison de la préférence de la clientèle féminine pour les petites). Globalement, on peut parler de disponibilité moyenne : pas rares au point d’être introuvables, mais nettement moins communes qu’une Tank Must ou Française. Les pièces or avec certificat d’origine sont à rechercher, car Cartier a discontinuer ces références – elles pourraient prendre de la valeur si la mode des montres or fines revient.
Potentiel d’investissement : ★★☆☆☆ – Pour l’instant, la Tank Américaine Medium reste sous le radar. Son design est superbe, mais son statut hybride (trop grande pour être une montre dame classique, trop petite pour beaucoup d’hommes actuels) la pénalise. À moins d’un revirement de la mode vers les tailles intermédiaires, son potentiel de hausse semble limité. Toutefois, le regain d’intérêt pour les années 90 et pour les Cartier en général pourrait finir par la toucher. En attendant, c’est un investissement très sûr (la montre vaut au moins son poids d’or pour les versions or), et un achat plaisir. Seulement 2 étoiles sur 5 en pur potentiel spéculatif, mais un excellent rapport qualité-prix dans l’absolu.
3.5 Tank Française Auto 2302 (1996 – grand modèle acier)
Fiche technique : La Tank Française, lancée en 1996, introduit un bracelet métallique parfaitement intégré au boîtier, renouvelant le style Tank pour le 21e siècle. La référence 2302 désigne la version Large en acier avec mouvement automatique. Boîtier carré de 28 mm de côté (≈36 mm hauteur avec les brancards), épaisseur ~7 mm. Lunette lisse brossée. Couronne octogonale à spinelle bleu. Cadran blanc argenté à guillochage central, chiffres romains noirs, chemin de fer, date à 6h. Aiguilles glaive bleuies. Mouvement automatique Cartier cal. 120 (base ETA 2892-A2) avec date, 21 rubis, 42h de réserve de marche. Bracelet acier à maillons articulés en « H », boucle déployante invisible double. Étanche 30 m.
Évolution de la cote : Best-seller de Cartier dans les années 2000, la Tank Française acier auto a beaucoup circulé sur le marché d’occasion, exerçant une pression baissière sur les prix pendant longtemps. En 2014, on trouvait la ref. 2302 autour de 2 200 € en bon état complet. En 2025, la même se négocie aux environs de 3 500 €, reflétant une hausse de ~60% (CAGR 4,4%). Rien d’exubérant, mais la récente remise en avant par Cartier de la Tank Française (réédition 2023) a redynamisé l’intérêt pour les anciennes. Cela reste toutefois très raisonnable par rapport à d’autres montres sport-acier de grandes marques qui ont doublé ou triplé de valeur. La Tank Française demeure avant tout une montre de style, produite en volume, ce qui limite la spéculation.

Rareté : Nulle – c’est probablement la Tank Cartier la plus répandue sur la planète. Des dizaines de milliers d’unités ont été vendues en acier, sans compter les versions or/acier et or. Sur le marché seconde main 2025, on trouve en permanence une centaine de Tank Française ref. 2302 disponibles dans le monde. La liquidité est donc excellente : c’est un modèle facile à revendre rapidement, d’autant qu’il jouit d’une reconnaissance immédiate auprès du grand public.
Potentiel d’investissement : ★★★☆☆ – Si l’on parle d’investissement purement financier, la Tank Française acier est un placement solide mais peu spectaculaire. Son prix suit la tendance générale (inflation + légère prime vintage), sans flambée à prévoir. Elle mérite 3 étoiles car elle ne risque pas de s’effondrer – son statut iconique lui assure une demande constante – mais les perspectives de plus-value forte sont limitées par l’offre pléthorique. En revanche, en tant que montre à porter, son rapport qualité-prix en occasion est imbattable : pour ~3-4k€, on obtient une montre mécanique de luxe, design Cartier indémodable, qui aurait coûté le double neuve. En somme, un investissement plaisir raisonnable, plus qu’un objet de spéculation.
3.6 Tank Obus 1615 (réédition 1997 – vermeil quartz)
Fiche technique : La Tank Obus, créée en 1929, se distingue par ses cornes cylindriques évoquant des obus d’artillerie aux quatre coins du boîtier. Cartier en a proposé une réédition dans les années 1990. La réf. 1615 correspond à une version Must de Cartier en vermeil (argent 925 plaqué or jaune) produite vers 1997. Boîtier carré 25 x 25 mm, épaisseur ~5,5 mm. Cornes en forme de « balle » proéminentes. Cadran blanc laqué dit “quadrant laqué” avec seulement la mention Cartier et Paris (pas de chiffres – ici la lunette du boîtier porte les grands chiffres romains bleu en laque). Aiguilles Breguet acier bleu. Mouvement Cartier calibre 057 quartz. Bracelet en cuir avec boucle ardillon dorée. Il existait des versions CPCP en or mécanique (très recherchées), mais la 1615 est la déclinaison accessible quartz.

Évolution de la cote : La Tank Obus réédition quartz a été produite en quantité très limitée, et sa cote sur le marché est restée longtemps discrète. En 2014, on pouvait dénicher un exemplaire vermeil vers 2 000 € (le problème étant d’en trouver un, plus que le prix). En 2025, la valeur estimée avoisine 4 500 € pour un exemplaire en bel état avec sa boîte – ce qui est au-delà de notre seuil de 4k€, mais il s’agit là du prix demande chez certains marchands. En ventes aux enchères, on en a vu passer sous les 4k€ récemment. La progression est d’environ +120% (meilleure que d’autres Tank), reflétant la prise de conscience de sa rareté et l’attrait pour les shapes Cartier atypiques. Cela reste toutefois un marché de niche, peu liquide, avec des prix pouvant varier fortement (faible historique de ventes comparables).

Rareté : Élevée. La version Must 1615 n’a été au catalogue que brièvement vers 1996-1998, vendue à l’époque presque confidentiellement (Cartier communiquait surtout sur les CPCP haut de gamme). On parle sans doute de quelques centaines d’exemplaires produits tout au plus. Il est rare d’en voir en vente : peut-être 1 ou 2 exemplaires par an apparaissent sur les plateformes internationales. C’est donc une pièce quasi-collector dans cette configuration, malgré son mouvement quartz modeste.
Potentiel d’investissement : ★★★★☆ – La Tank Obus 90’s coche plusieurs cases pour un investissement passion fructueux : design Art déco unique, très petite production, aura Cartier, et jusqu’ici sous-estimation chronique (car quartz et méconnue). À mesure que les collectionneurs explorent au-delà des Tank classiques, l’Obus pourrait voir sa cote grimper encore. On lui met 4 étoiles de potentiel, la réservant pour un profil d’acheteur averti prêt à patienter pour la revendre. Son principal frein : la faible liquidité. Trouver un acheteur au prix fort peut prendre du temps, car c’est une montre “d’initié”. Mais compte tenu de son esthétique audacieuse et de sa rareté, elle est un excellent pari à moyen terme – d’autant qu’elle demeure relativement abordable face aux rarissimes versions CPCP en or (qui valent 12-15k€ aujourd’hui).
3.7 Tank Solo XL 2742 (1ère série, ~2004)
Fiche technique : Introduite juste après 2000, la Tank Solo reprend le flambeau de la ligne Must en tant que Tank d’entrée de gamme, mais avec un boîtier acier et un style épuré. La série XL réf. 2742 (milieu des années 2000) correspond à la grande taille pour homme : boîtier acier 31 x 40 mm, assez plat (± 6,5 mm). Cadran blanc opalin, chiffres romains peints, minuterie chemin de fer, petite seconde à 6h. Mouvement mécanique automatique calibre Cartier 690 (base ETA 2892) avec petite seconde (variante rare, car ultérieurement la Solo XL a eu le cal. 049 sans petite seconde). Bracelet cuir noir avec boucle déployante acier. Étanche 30m. Cette première génération de Solo XL se distingue par l’absence de rail métallique sur la lunette (contrairement aux modèles Tank Américaine ou Française) – son design est très proche de la Tank Louis classique, en plus grand.

Évolution de la cote : Bien que post-1999, on l’inclut car elle illustre l’évolution des Tanks “accessibles”. Neuve, elle valait environ 2 500 € dans les années 2000. En occasion, sa cote a d’abord chuté (on en trouvait vers 1 500 € en 2014), puis est remontée avec l’engouement pour Cartier : en 2025, une Solo XL 1ère série se négocie autour de 2 000 € si complète, soit +30% (CAGR ~2,5%). Sa valeur suit donc l’inflation, sans envolée. C’est logique car ce modèle relativement récent est concurrencé par la version actuelle Tank Must SolarBeat ou Auto. Toutefois, les amateurs notent que cette 1ère génération XL est la dernière Tank “classique” mécanique abordable de Cartier – ce qui pourrait la rendre plus désirable quand elle ne sera plus facilement trouvable en bon état.
Rareté : Moyenne à faible. La Solo XL a été bien vendue, mais la 1ère génération avec petite seconde n’a existé que quelques années. Elle est aujourd’hui moins courante que les tailles plus petites ou que les générations quartz. Néanmoins, on en voit régulièrement passer en ventes (souvent sans leurs papiers d’origine). Donc pas vraiment rare, juste un peu oubliée au profit de modèles plus iconiques.

Potentiel d’investissement : ★★★☆☆ – Limitée. Cette montre n’est pas encore entrée dans le vintage désirable (elle a moins de 20 ans). Son style “classique dépouillé” la fait parfois confondre avec un modèle neuf, ce qui dessert son cachet collection. À horizon 5-10 ans, elle pourrait décoller un peu une fois que la génération aura 30+ ans, mais ce n’est pas une pièce à très fort potentiel. On peut lui accorder 3 étoiles car son positionnement unique (une grande Tank mécanique sous 2k€) finira par lui attirer les faveurs d’amateurs qui ne peuvent investir dans une Tank Louis moderne (bien plus coûteuse). Disons que c’est un investissement raisonnable, plus axé sur le port quotidien d’une Cartier imposante, en attendant une potentielle revalorisation modérée.
3.8 Diagonale 8295 (1997)
Fiche technique : Objet horloger quasi surréaliste, la Cartier Diagonale est une Tank… posée en diagonale ! Inspirée d’un concept des années 1930, Cartier réalise en 1997 quelques exemplaires en or jaune (Réf. 8295) à l’occasion de son 150ème anniversaire. Boîtier asymétrique de forme tonneau, incliné à 45°, environ 37 mm d’envergure diagonale pour 20 mm de large. Cadran argent à guillochage, chiffres romains également pivotés, logo Cartier à midi (dans l’axe diagonal). Aiguilles bleuies. Mouvement quartz calibre 157. Bracelet satin noir avec boucle ardillon or. Certains exemplaires sont sertis de diamants. Autant dire que c’était une pièce de haute joaillerie/collection plus qu’une montre utilitaire.

Évolution de la cote : Inestimable, pourrait-on dire – tant elle est rare sur le marché. Lors de sa sortie en 1997, le modèle était vendu plus de 20 000 F (environ 5 000 € actuels). En occasion, il est apparu quelques fois : une vente aux enchères en 2010 aux alentours de 4 000 €, puis une offre en ligne en 2020 à 12 000 $ restée invendue. En 2025, on peut estimer qu’elle vaudrait environ 5 000 € si elle surgissait (sans diamants), mais la vraie difficulté est d’en trouver une. Sa cote n’est pas tirée par des tendances logiques d’offre/demande, c’est plus de l’opportunisme de collectionneur. Vu sa rareté, on dépasse un peu le cadre des <4k€ – mais on la cite pour mémoire, car son concept illustre l’audace Cartier des 90s et qu’une version simplifiée a existé en collection standard (Tank Divan Diagonale pour dames, vers 2004).
Rareté : Extrême. Probablement produite à quelques dizaines d’exemplaires, la Diagonale se range parmi les Cartier les plus insaisissables. Beaucoup de collectionneurs ne connaissent même pas son existence. Autant dire qu’en croiser une relève du miracle. Sa rareté fait qu’il n’y a pas vraiment de marché pour elle – chaque transaction est un cas particulier entre un vendeur et un riche amateur.
Potentiel d’investissement : ★★★★☆ – Difficile à évaluer ! Pour qui aurait la chance d’en acheter une autour de 4-5k€, le potentiel de plus-value semble élevé (sa valeur pourrait suivre celle d’autres curiosités Cartier très recherchées, comme la Crash ou l’Asymétrique, qui elles sont montées en flèche). On lui met théoriquement 4 étoiles car son profil de “sleeper” ultra-rare pourrait exploser si Cartier ou les médias la mettent un jour en lumière. Mais attention : c’est un investissement peu liquide, risqué en ce sens – il faut trouver preneur. En somme, un pari de collectionneur averti. Pour la plupart des lecteurs, mieux vaut l’admirer en photo et se concentrer sur des Tanks plus courantes !
4. Tableau récapitulatif (prix & liquidité)
Le tableau ci-dessous synthétise les informations financières clés pour chaque modèle, avec le prix moyen 2025 estimé en euro (et conversions en dollars US et livres sterling), ainsi qu’une appréciation du niveau de liquidité sur le marché de l’occasion :
Modèle (1990-99) | Prix moyen 2025 (€) | Prix ($) | Prix (£) | Liquidité |
---|---|---|---|---|
Tank Must Vermeil « Bordeaux » | 1 600 € | 1 750 $ | 1 400 £ | Haute (très courant) |
Tank Basculante acier (auto) | 3 200 € | 3 500 $ | 2 800 £ | Moyenne (quelques ex.) |
Tank Louis quartz vermeil | 1 800 € | 1 950 $ | 1 550 £ | Haute (commun) |
Tank Américaine Medium | 3 600 € (or) | 3 900 $ | 3 150 £ | Moyenne (offre limitée) |
Tank Française auto acier | 3 500 € | 3 800 $ | 3 000 £ | Très haute (très courant) |
Tank Obus vermeil quartz | 4 000 € * | 4 300 $ | 3 500 £ | Faible (rareté forte) |
Tank Solo XL auto | 2 000 € | 2 150 $ | 1 700 £ | Moyenne (disponible) |
Tank Diagonale or quartz | 5 000 € * | 5 400 $ | 4 350 £ | Très faible (quasi introuvable) |
En termes de croissance de valeur entre 2014 et 2025, les écarts sont notables d’un modèle à l’autre. La plupart ont vu une appréciation modérée (de +20% à +80% en 11 ans), soit un CAGR annuel entre 2 et 6%. Seules les pièces très rares (Tank Obus, Diagonale) affichent une hausse en pourcentage à 3 chiffres, mais sur des volumes de ventes anecdotiques.
La Reverso a bénéficié d’un intérêt croissant (beaucoup d’éditions limitées, célébration du 90ème anniversaire en 2021, etc.), ce qui a tiré les prix vers le haut. Les Tank 90’s, elles, progressent plus linéairement – leur pic de popularité est plus récent (2018-2022) et freiné par le fait que Cartier a réédité certains modèles (Tank Must 2021 par ex.) concurrençant le vintage.
Cette vue confirme que les performances des Tank des années 90 sont restées en deçà de la moyenne du marché des montres de collection sur la période. À titre de comparaison, un simple Chronograph Rolex ou une Nautilus Patek auraient vu un gain de +200 à +300% sur la même période… Preuve que ces Cartier restent (pour l’instant) relativement sous-valorisées et décorrélées de la spéculation effrénée ayant touché d’autres garde-temps.
5. Comparatif : la Tank face aux icônes rectangulaires contemporaines
Comment les Tank 90’s ont-elles performé face aux autres montres rectangulaires du marché ? Deux références viennent immédiatement en tête : la Jaeger-LeCoultre Reverso et la Hamilton Boulton. La Reverso, née en 1931, a traversé le temps comme la Tank et connaît actuellement une forte demande. La Hamilton Boulton, modèle américain Art déco des années 40 remis au goût du jour récemment (notamment via le film Indiana Jones 5), représente une alternative beaucoup plus abordable.
Jaeger-LeCoultre Reverso : Sur 2014-2025, la cote des Reverso classiques a globalement doublé (voir graphique section 4). Un modèle Réédition 1931 qu’on trouvait à 4 000 € en 2014 vaut plus de 8 000 € aujourd’hui. La Reverso bénéficie d’une image très ancrée chez les connaisseurs : mouvement manufacturé JLC, complications multiples, et un marketing actif (nombreuses séries spéciales). De plus, JLC a su cultiver la communauté de passionnés, ce qui dope le marché collector. Face à cela, les Tank 90’s pâtissent d’une image plus « grand public » ou « féminine » – donc moins de spéculation. La Reverso domine la Tank sur le plan valorisation récente. Toutefois, la tendance pourrait s’inverser partiellement : les Tank ont commencé à attirer l’attention (articles, influenceurs Instagram) depuis 2-3 ans, ce qui était moins le cas en 2014. Cartier étant extrêmement proactif en 2023-2025 (nouvelles Tank Louis, rééditions Privé etc.), on observe un alignement graduel de l’intérêt des collectionneurs vers la marque.
Hamilton Boulton : Cette montre forme un rectangle aux coins arrondis, fort élégante, mais signée d’une marque bien moins prestigieuse. On pouvait acheter une Boulton vintage des 40s pour 300 € en 2014 ; en 2025, une réédition neuve vaut 700 € et une vintage restaurée ~500 €. Autant dire que c’est stable. La Tank, même « oubliée », joue dans une autre catégorie de valeur. Pourquoi évoquer la Boulton ? Parce qu’elle témoigne que toutes les montres rectangulaires n’ont pas connu le même destin. Son cas met en lumière un point clé : la force de la marque Cartier dans l’imaginaire collectif. Si l’on compare une Tank Must plaquée or et une Hamilton Boulton plaquée or des 90s, objectivement la qualité peut sembler similaire, mais la Cartier vaudra 3x plus. Cela s’explique par le statut emblématique de la Tank, portée par les figures historiques (princesses, artistes) et un capital luxe incomparable. En 2025, la Boulton reste un sympathique hommage Art déco, tandis que la Tank conserve l’aura de l’originale.
En synthèse, la Tank est aujourd’hui encore sous-cotée relativement à son prestige historique. La Reverso a réussi à mieux capitaliser sur son histoire auprès du public masculin, tandis que de nombreuses Tank des 90s végètent dans l’ombre, perçues comme des montres de femme ou « de bijoutier ». Il faut noter que Cartier a longtemps souffert d’un léger dédain des collectionneurs d’horlogerie pure – ce qui explique ce différentiel. Mais la tendance s’inverse : depuis 2020, on observe un véritable engouement pour les Cartier vintage (fueled par la dynamique du département Heritage de Cartier et des record aux enchères). Les Tank 90s pourraient donc connaître dans les prochaines années une revalorisation plus marquée, suivant l’exemple des Reverso.
6. Pourquoi la Tank reste (encore) sous-cotée ?
Malgré tous ses atouts – design intemporel, glamour historique, marque mythique – la Cartier Tank des années 90 affiche en 2025 des prix bien sages. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette sous-cote relative :
- Production importante : Cartier n’est pas une petite manufacture, et ses modèles à succès ont été fabriqués en volume. Les Tank Must, Française ou Solo existent en nombre, ce qui freine mécaniquement la hausse des prix par rapport à des montres produites à quelques milliers d’exemplaires. Le marché de l’occasion est bien achalandé, réduisant la rareté perçue.
- Mouvements quartz grand public : Une majorité des Tank 90s (hormis Françaises et quelques Louis) embarquent des calibres quartz ou des mécaniques simples émanant de fournisseurs externes. Aux yeux des collectionneurs puristes, cela les rend moins nobles qu’une Reverso à calibre JLC manufacturé. Ce snobisme technique a longtemps pesé, même si la tendance s’atténue (on redécouvre les calibres Must Cartier comme faisant partie de l’histoire de la maison).
- Image “féminine” : La Tank, surtout dans ses déclinaisons or plaqué, a été énormément portée par des femmes dans les 80s-90s. Elle a parfois été perçue comme un accessoire de mode plus que comme une montre de vrai homme connaisseur… Ce stéréotype a fait que beaucoup de collectionneurs (des hommes en majorité) l’ignoraient. Aujourd’hui, les mentalités évoluent : le style unisex et les petites montres sont à la mode, les jeunes collectionneuses arrivent sur le marché, etc. La Tank en profite, mais ce changement d’image ne s’est pas opéré du jour au lendemain.
- Focus de Cartier ailleurs : Durant les années 2010, Cartier s’est concentré sur d’autres lignes (Ballon Bleu, Calibre Diver, etc.) et a un peu laissé de côté la communication sur la Tank classique. Il aura fallu les réseaux sociaux, puis la sortie des nouvelles Tank Must 2021, pour raviver la flamme. Ce “retard” d’attention explique en partie pourquoi les prix n’ont pas flambé plus tôt.
En somme, la sous-cote actuelle est autant une opportunité (pour qui veut acquérir une montre légendaire sans payer la prime d’une Rolex ou d’une Patek) qu’une surprise quand on compare à la valorisation d’autres icônes. Tout indique cependant que cette situation ne durera pas éternellement. Cartier s’emploie activement à éduquer le marché sur son patrimoine horloger (expositions, livres, rééditions très haut de gamme via Cartier Privé). À mesure que le public collectionneur intégrera Cartier à sa culture horlogère – au même titre que Jaeger-LeCoultre ou Audemars Piguet – les modèles “oubliés” des années 90 pourraient progressivement combler une partie de leur retard de cote.
7. Checklist d’achat & d’authentification pour les Tank 90’s
Pour conclure, voici une checklist à garder à l’esprit si vous envisagez d’acheter l’une de ces Tank des années 90, afin de faire un choix éclairé et d’éviter les déconvenues :
- Vérifier le plaquage vermeil : sur les modèles Must, l’or plaqué doit faire 20 microns d’épaisseur minimum. Si le vendeur mentionne des usures de plaquage aux angles, négociez le prix en conséquence – une perte d’or trop importante peut nécessiter une réfection coûteuse.
- Observer le cadran de près : les cadrans laqués (bordeaux, noirs) peuvent présenter des craquelures avec le temps. Assurez-vous qu’il n’y a pas de retouche grossière ou d’altération. De même, les mentions “Cartier” et la signature secrète (dans le V du VII) doivent être présentes et bien définies, signe d’authenticité.
- Boucle ardillon ou déployante d’origine : un détail qui a son importance pour la valeur et l’authenticité. Les Tank Mustavaient souvent une boucle en forme de C stylisé – assurez-vous qu’elle est présente. Sur les Française ou Solo, privilégiez les montres avec leur bracelet acier d’origine, toujours plus côtées qu’avec un bracelet tiers.
- Mouvement en adéquation : sachez quel calibre équipe votre Tank. Par exemple, une Tank Louis vermeil doit avoir un quartz cal. 057 – si on vous la vend avec un mouvement mécanique, c’est louche (ou alors c’est une conversion non d’origine). De même, une Basculante 2390 authentique aura un calibre mécanique Piguet décoré ; une version quartz (ref 2405) vaudra 30% de moins.
- Traces de polissage excessif : scrutez les angles et arêtes du boîtier. La Tank a des lignes tendues – si elles sont arrondies anormalement, c’est signe d’un polissage trop prononcé qui a fait perdre de la matière. Non seulement cela altère la beauté, mais en plus ça peut effacer les numéros de série au dos. Mieux vaut quelques micro-rayures d’usage qu’une montre trop polie.
- Certificat et papiers : un extrait d’archive Cartier ou les papiers d’origine apportent toujours une plus-value et sécurisent l’authenticité. Cartier peut sur demande (et moyennant frais) attester d’un numéro de série et de son modèle correspondants – un service utile pour les pièces les plus onéreuses.
En respectant ces points, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour acquérir une Tank 90’s qui, au-delà de son prix raisonnable, vous apportera de grandes satisfactions esthétiques et horlogères. Et qui sait, vous aurez peut-être fait un investissement malin si le reste du marché se réveille enfin au charme intemporel de ces Cartier “oubliées” !