Si certaines marques sont douées pour les gros manteaux en laine bien robustes, avec un véritable savoir-faire et un gros travail de matières, d’autres se font davantage remarquer l’été, grâce à des matières plus légères, à des couleurs pastels douces et bien choisies, ou à des jeux de superposition et de contraste.

En rédigeant le guide des blousons d’été, j’ai justement découvert une dizaine de marques intéressantes pour l’été, mais aussi pour la mi-saison, et dont je ne connaissais rien auparavant.

Je vais vous présenter en quelques mots ces marques ainsi que certaines des pièces les plus représentatives de leur savoir-faire.

Il est très probable que vous n’ayez jamais entendu parler de ces marques, étant donné qu’on les trouve principalement sur des sites comme Needsupply ou Rodengray: il s’agit pour la plupart de marques américaines très récentes, avec un style plus difficile à retrouver en France.
Il y a vraiment moyen de faire de bonnes affaires chez les marques outre-Atlantique, d’une part grâce à une parité euro/dollar qui nous est largement favorable et d’autre part du fait des soldes effectuées par les gros e-commerces locaux qui sont beaucoup plus fréquentes qu’en France.

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I La Paz

1 L’histoire

La Paz est une marque portugaise d’outerwear que j’avais en fait découverte en 2012 au salon d’acheteurs MAN (qui regroupe des marques assez pointues comme  Etudes, Commune de Paris ou encore La Panoplie).
Fondée par André Bastos en 2011, l’objectif était d’exprimer l’état d’esprit Portugais avec la qualité du fait main. Les collections sont inspirées par les matières vintage et traditionnelles  et s’inspirent de l’héritage nautique riche du Portugal, marié au style intemporel du pêcheur de l’Atlantique.

2 Les atouts de La Paz

Trois choses m’ont séduit dans ces collections:
– Les couleurs: on trouve de tout, à la fois des couleurs vives sur des blousons d’extérieur, qui sont calmées par des couleurs beaucoup plus pastels et douces sur les t-shirts
– Le travail des tissus: les matières employées sont respirantes et légères, en plus de présenter un léger effet usé qui rajoute du caractère.
– Les finitions: Sur ce point, c’est en particulier le duffle-coat imperméable qui m’a impressionné avec ses brandebourgs en métal : un moyen très symbolique d’associer tradition et modernité.

Même raisonnement sur la fermeture éclaire avec la veste en jean.

II Alex Mill

1 L’histoire de la marque Alex Mill

Pour le moment inconnu en France, ce créateur fait un sacré buzz aux Etats-Unis avec sa collection de basiques. Et ce n’est pas sans rappeler tout le bruit qu’il a pu y avoir autour d’un certain Robert Geller il y a une époque.
Alex Mill est une marque lancée par Alex Drexler, le fils du CEO de J.Crew.

La gamme de produits est encore réduite: les chemises sont déclinées en oxford, popeline et flannelle et on trouve aussi un simple denim selvedge japonais.
Tout comme Hentsch Man, Alex Mill a commencé en cherchant la chemise parfaite, et s’est ensuite diversifié dans une garde-robe complète.
Si la marque reste simple sur ses silhouettes, elle est très méticuleuse sur son sourcing: beaucoup de tissus sont confectionnés au Japon, puis subissent de nombreux traitements et lavages pour acquérir un toucher vraiment particulier. Les finitions sont elles aussi soignées avec des boutons Mother of Pearls et des coutures anglaises.
Enfin, il s’agit d’une des rares marques américaines à enfin s’intéresser aux petites tailles (pour sa clientèle japonaise) et à proposer du XS.

2 Les pièces de référence

Bref, trois valeurs sûres chez ce créateur: ses vestes bien coupées tirées de blazers basiques, ou de modèles militaires plus fouillés (comme la M43) , ses chemises pour lesquelles je retiendrais l’oxford et la flannelle de laine et enfin ses jeans délavés.

II Overall Mastercloth

1 L’esprit: Carharrt upgradé

L’idée de cette marque est de se rapprocher des labels les plus prestigieux. Ils sont bons dans deux choses : la durabilité et les détails, ainsi qu’un univers de marque cohérent. Les vêtements doivent être assez bien construits pour être intemporels et assez modernes pour être dans l’ère du temps (et donc perçus comme cools). C’est ce qu’ont réussi des marques comme Ovadia ou encore Engineered Garments et c’est précisément ce que vise Overall Mastercloth..

2 Quelques pièces symboliques

La marque associe à des vêtement symboliques, comme des chemises de chasse, des vestes de travail et des richelieux à bouts contrastants, des matières comme le Harris Tweed ou encore du cuir de bison. Si les silhouettes et la structure des produits restent fidèles à l’héritage workwear, fonctionnel et col bleu de Carharrt, tout le reste est amélioré.

Le design a été confiée à Luke Meier, qui n’est rien moins que l’ancien head designer de chez Supreme, et qui l’est resté pendant 8 ans. Les prix sont par contre extrêmement élevés pour le moment, et la marque n’est distribuée en France que chez Colette et TheNextDoor.

Par exemple la Jahn Shirt est une chemise avec un coton plus haut de gamme : il durera plus longtemps et aura un toucher beaucoup plus agréable. C’est aussi une laine feutrée qui est utilisée pour les patchs : toute la ligne est produite en Italie et en France.

IV Creep by Hiroshi Awai

1 Creep, et Hiroshi Awaii

Creep a été fondée à Osaka en 1997 par Kiyofumi Aawi. La marque tourne bien au Japon mais vise à s’étendre en Amérique du Nord, que connaît mal le créateur : le frère de Kiyofumi, Hiroshi Awaai, qui a grandit au Canada, la rejoint en 2008 et en devient le designer principal : il mélange les designs japonais novateurs avec sa passion pour l’esthétique simple et fonctionnelle du workwear américain. De l’aveu même d’Hiroshi Awaai (dans une interview donnée à Hypebeast), on peut considérer que les vêtements européens et nord-américains sont conçus avec une plus grande attention portée à la coupe et au fit du vêtement, sa structure basique et sa fonctionnalité.

2 Mode masculine: la différence entre l’Asie et l’Occident

D’un autre côté, au Japon, et plus généralement en Asie (c’est aussi vrai par exemple de la Corée du Sud), les créateurs portent plus d’attention au design et à l’esthétique, et un peu moins à la coupe et au fit. Ces domaines demandent moins d’attention car au Japon tout le monde a plus ou moins la même morphologie. Certaines marques au Japon vont jusqu’à ne produire qu’une seule taille. L’Europe et les Etats-Unis ont aussi beaucoup d’ethnies différentes, et donc de morphologies.

V Rogue Territory

1 Les débuts

Derrière Rogue Territory se cache un seul homme: Karl Thoennessen. C’est un peu le genre de marque que seul Internet pouvait rendre possible: un mec derrière son ordi dessine ses croquis et ses motifs, importe du denim de moulins japonais, confie la production à un atelier de Los Angeles et construit une identité de marque sur les réseaux sociaux et les forums.
C’est au début des années 2000 qu’il a le coup de foudre pour un jean Evisu, alors que la norme était encore au jean Diesel.
Il se lance alors dans un apprentissage de 3 mois chez Brian Kim (propriétaire de Thvm) puis démarre sa marque en 2007 en ne proposant que du sur-mesure et des retouches de jeans. C’est pendant ces trois années-là qu’il arrive à cerner les besoins de ses clients, et à trouver des manières originales de les satisfaire.

2 L’identité

La marque est lancée en 2009 : Rogue fait alors référence à l’esprit rebelle et baroudeur des Américains lors des années 50 et 60. Territory désigne davantage l’aspect pionnier, celui de la découverte et de la conquête du territoire : il existe aussi pour les jeans quand on use un jean brut avec le délavage, les plis d’usures, tâches et autres trous. Chaque jean raconte une histoire, et devient le territoire un peu sauvage de son propriétaire. Jolie phrase ! Le lancement de la marque fût prudent avec seulement trois styles différents de chemises de travail.

3 Les produits

Après le Stanton, le modèle de jean de référence de la marque, Rogue Territory s’est attaquée aux vestes en jean, mais sans vouloir répliquer, comme les autres marques, la fameuse veste Trucker’s de chez Levi’. Elle a ainsi créé la Supply Jacket et plus tard la Field Jacket. Ces deux vestes sont disponibles en 2014 et utilisent à présent du denim de chez Cone Mills, mais aussi du denim japonais de Yoshiwa Mills. Voici quelques exemples de produits :

Aller plus loin pour bien s’habiller: le guide d’achat et les marques encore plus confidentielles

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Valery

Fondateur de JamaisVulgaire, j'aime trouver des marques novatrices, au bon rapport qualité/prix et me demander en quoi elles apportent quelque chose dans le marché de la mode masculine.

Pour bien s'habiller, il faut comprendre le vêtement, mais aussi la marque et sa stratégie.

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